Auteur : Entrail_Jl
Traductrice : Moonkissed
« Qu’en pensez-vous… ? Quels sont les résultats de cette année ? »
La voix du professeur Kelson résonnait alors qu’elle se tenait au bout du terrain d’entraînement avec ses trois autres professeurs assistants.
La journée était presque terminée et, jusqu’à présent, chaque groupe avait passé deux des trois évaluations qu’il était censé passer.
Ils faisaient tous une pause à ce moment-là. Qu’il s’agisse de professeurs ou d’étudiants.
« … Dans mon groupe, plusieurs étudiants se distinguent. »
L’une des professeures adjointes, une jeune femme aux cheveux noirs courts, fit un commentaire.
Elle poursuivit en disant :
« Evelyn de la famille Verlice et Luxon de la famille Ravenscroft. Ils ont obtenu des notes assez élevées à l’examen de Mana, avec respectivement 2,58 et 2,31. Ils ont également obtenu des scores assez élevés à l’examen mental, avec respectivement 2,01 et 2,11… Leurs résultats dépassent déjà ceux des meilleurs cadets de la promotion de l’année dernière. »
« Humm. »
Le professeur Kelson acquiesça doucement en écoutant le rapport. En effet, les résultats étaient assez effrayants.
Il était assez rare que des cadets de première année obtiennent un score supérieur à 2. Cela signifiait que le cadet se situait déjà dans la catégorie 2.
Un tel exploit était extrêmement rare et l’académie n’avait que rarement la chance de compter de tels individus parmi ses rangs.
Que deux d’entre eux apparaissent…
« J’aimerais ajouter quelque chose. »
Un homme grand, aux longs cheveux noirs et à la silhouette élancée, montra son bloc-notes.
« En fait… C’est à propos de mon groupe. »
Son expression était très sérieuse.
« Mon groupe a participé à l’examen physique et mental. Deux étudiants se sont également distingués dans mon groupe. C’est juste que… »
Il fit une courte pause tout en regardant le bloc-notes qu’il tenait dans sa main. Se grattant l’arrière de la tête, son visage se plissa dans ce qui semblait être de l’incrédulité.
« Je n’arrive vraiment pas à croire que nous ayons eu de tels monstres dans notre classe… Leon Ellert. Score à l’examen physique : 2,91. Score à l’examen mental : 2,98. Aoife Megrail. Score à l’examen physique : 2,87. Score à l’examen mental : 3,01… »
« … ! »
« C-c’est… ! »
Un silence pesant enveloppa la pièce tandis que le professeur Kelson et les autres assistants restaient bouche bée devant les résultats.
Il leur fallut un moment pour se ressaisir, et lorsqu’ils le firent, l’un d’eux demanda à nouveau pour s’assurer qu’ils n’avaient pas mal entendu.
« … Je n’ai pas mal entendu, n’est-ce pas ? Tu viens de… »
« Leon Ellert. Score de l’examen physique : 2,91. Score de l’examen mental : 2,98. Aoife Megrail. Score de l’examen physique : 2,87. Score de l’examen mental : 3,01… »
Le professeur assistant répéta.
Ce n’est que lorsqu’il répéta que cela finit par pénétrer l’esprit des personnes présentes qui se regardèrent, complètement abasourdies.
« Des monstres… »
Le professeur Kelson rompit le silence et regarda le bloc-notes avec incrédulité tout en répétant.
« … Nous avons des monstres cette année. »
Puis, son regard se posa enfin sur le dernier professeur assistant.
« Et toi, Gilbert ? Des chiffres notables dans ton groupe ? »
« Oui. »
Sa voix grave résonna doucement dans le groupe.
Sortant son bloc-notes, il fronça les sourcils.
« … Mais un seul. »
Nul ne pouvait savoir s’il parlait par déception ou non. Son expression était difficile à déchiffrer.
Il commença à annoncer :
« Kiera Mylne. Test d’examen de mana, 2,504. Test d’examen physique, 2,281. »
« Encore un monstre… »
« Ouah. »
Les autres professeurs assistants semblaient impressionnés par sa performance. Tous sauf le professeur Kelson qui avait compris le nœud du problème.
« L’Étoile Noire… »
Elle commença à parler,
« N’était-il pas dans ton groupe ? Quel était son résultat ? »
« C’est de ça que je veux parler… »
Finalement, l’expression de Gilbert changea et s’assombrit.
« Julien Evenus. Test d’examen de mana, 1,716. Test d’examen physique, 1,189. »
Gilbert serra le tableau de plus en plus fort.
« … Il est actuellement classé parmi les derniers de mon groupe en termes de moyenne. C’est embarrassant. »
Le mépris total dans son ton ne pouvait être caché. Bien qu’il ait fait de son mieux pour ne pas montrer une telle émotion, cela commençait à devenir difficile face à de tels résultats.
‘Il n’est pas digne d’être l’Étoile Noire.’
C’était la seule pensée qui lui traversait l’esprit.
« Ce sont en effet des notes assez basses. »
Le professeur ne pouvait pas le nier. Son regard se tourna vers le lointain où une silhouette particulière apparut. Il se démarquait facilement du reste des étudiants. Son apparence seule suffisait à le justifier.
Mais il y avait aussi le fait qu’il était seul, les cadets l’évitant activement.
Il était difficile pour elle de ne pas le repérer dans de telles circonstances.
Elle se frotta le front.
« Pour l’instant, nous ne pouvons rien y faire. Passons à l’examen suivant. J’aimerais rentrer tôt à la maison. Qui sait, il fera peut-être un peu mieux au prochain examen. »
« … J’en doute. »
Gilbert passa son bloc-notes sous son aisselle et retourna vers son groupe. Le dernier examen était le test mental. De tous les autres examens, c’était le plus difficile pour obtenir une bonne note.
Il doutait que Julien puisse réussir un tel examen étant donné ses piètres performances aux autres examens.
En marchant, il secoua la tête.
‘… Pathétique.’
***
La nouvelle de la note de Julien commença à se répandre parmi les cadets de première année. Beaucoup montrèrent des regards surpris tandis que d’autres ne semblaient pas aussi surpris.
« Tu as entendu parler de la note de Julien… ? »
« Oui. »
« Alors… »
« Rien de surprenant. »
Leon étira ses muscles tout en canalisant secrètement le mana dans son corps. Son prochain test était imminent. Celui sur le mana. Il comptait bien réussir celui-là aussi.
« Pourquoi cette réaction ? Pourquoi n’as-tu pas l’air surpris ? »
« Parce que je ne le suis pas. »
Prenant une profonde inspiration, Leon tourna la tête et regarda Evelyn. Elle n’arrêtait pas d’alterner entre lui et Julien.
« À ce rythme, il ne va pas avoir des ennuis ? En tant que son chevalier, cela ne va pas t’affecter ? »
« Ah… »
Vu sous cet angle…
« Ça ira. »
En y réfléchissant, il n’avait pas à s’inquiéter.
« Il ira bien aussi. »
« Mais… »
« Je ne serais pas aussi détendu que toi. »
Une voix interrompit soudainement. Lorsque Leon tourna la tête, il vit Aoife s’approcher d’eux.
Son regard se posa également sur Julien qui se tenait seul au loin.
« Il a réussi à dissuader les gens de l’approcher pendant le premier cours grâce à sa performance. Cependant, maintenant que les résultats sont connus… Combien de temps penses-tu qu’il faudra avant que quelqu’un le défie ? »
« … Je ne sais pas. » répondit Leon sincèrement.
« … »
Aoife fixa Leon pendant quelques secondes, puis secoua la tête tout en marmonnant silencieusement à voix basse : « Es-tu vraiment son chevalier ? » avant de reprendre son expression.
« Tu oublies que nous avons actuellement besoin de lui. Je ne pourrai pas lui retirer son titre avant les examens de mi-parcours. Dans ce cas, il doit s’assurer de conserver son image. »
« … »
Leon écouta calmement Aoife parler tout en gardant son regard rivé sur elle. Elle semblait plutôt déterminée à prendre sa place lors des examens de mi-parcours.
Il ne pouvait pas vraiment lui en vouloir.
Le titre d’« Étoile noire » avait beaucoup d’importance. Que ce soit au sein de l’institut ou sur le plan politique.
« … Il s’en sort toujours grâce à ce qu’il a fait le premier jour et au fait que l’institut n’accorde pas ce titre à la légère. Cependant, à ce rythme, les gens vont commencer à l’oublier. »
Aoife fronça les sourcils tout en passant doucement ses cheveux roux derrière ses oreilles.
« Il y a de fortes chances qu’il ne soit pas en mesure de bien réussir son dernier test. Je te suggère de te préparer aux conséquences. Ce ne sera pas grand-chose, mais tu devras y être préparé. »
Elle fit une pause et se tourna vers Leon.
« … Parce que tu seras aussi au centre de tout ça. En tant que son chevalier. »
***
Après une courte pause, nous avons été conduits vers un étrange appareil qui se trouvait au milieu du terrain d’entraînement. De là où j’étais, je pouvais encore voir les autres groupes se préparer pour les examens à venir.
Au final, mes résultats se sont avérés inférieurs à la moyenne.
La façon dont certains des cadets me regardaient a changé à mesure que mes résultats se répandaient. Bien qu’aucun d’entre eux ne semblait encore vouloir me prendre pour cible, je pouvais sentir que certains des cadets les plus audacieux y songeaient.
‘Comme c’est ennuyeux.’
C’était effectivement devenu ennuyeux, mais c’était encore gérable.
Je n’avais pas peur d’être défié. En fait, j’étais plus qu’enthousiaste à l’idée.
Mais…
‘Je me demande si mon moi actuel est capable de faire une performance… ?’
La seule chose que j’avais était la Magie Émotive et un seul sort que je pouvais à peine utiliser. Il était assez évident pour moi que je finirais par perdre lamentablement.
Malgré tout…
Une partie de moi voulait vraiment se battre. Non pas parce que je me fichais de perdre, mais parce que je savais que c’était le moyen le plus rapide de progresser.
« L’examen mental est sans doute le test le plus difficile. Il ne mettra pas à l’épreuve votre mana ou vos capacités physiques, mais la fermeté de votre esprit. Être capable de supporter la douleur dans des situations critiques, de rester calme dans des situations graves… »
Le professeur adjoint a commencé à nous présenter l’examen.
« C’est l’une des évaluations les plus importantes auxquelles vous serez confrontés, alors assurez-vous de faire de votre mieux. »
Il a ensuite pointé du doigt l’appareil qui se trouvait derrière lui. À première vue, cela ressemblait à une chaise ordinaire.
Non, peut-être que c’était…
« Le test est simple. »
Le professeur adjoint a sorti de sa poche un petit bracelet métallique noir.
« C’est l’appareil que nous allons utiliser pour l’examen. Il surcharge vos systèmes sensoriels de toutes sortes de sensations. Mais surtout, il vous fera souffrir. Votre tâche principale est de supporter la douleur aussi longtemps que possible sans crier ni vous évanouir. Plus le temps passe, plus la douleur est intense. »
Cherchant des yeux, son regard finit par se poser sur une silhouette en particulier. Celle d’une femme aux longs cheveux blancs et aux yeux rouges.
« Kiera, tu seras la première à l’essayer. »
« Haa… Ça… »
Je voulais rire de la situation. L’ordre jusqu’à présent avait toujours été le même. Moi d’abord, puis Kiera, et ainsi de suite…
La raison pour laquelle il n’avait pas prononcé mon nom était assez évidente.
Je n’étais pas le seul à l’avoir remarqué. Les autres cadets l’avaient aussi remarqué en me jetant des regards en coin.
Je gardai mon expression ferme tout en regardant droit devant moi.
« Compris. »
Kiera s’approcha de la chaise et s’assit.
« Mets celui-ci. »
Prenant le bracelet, elle le plaça sur son poignet alors qu’il s’y accrochait. Elle ne semblait pas du tout nerveuse et se pencha en arrière sur la chaise.
D’un autre côté, le professeur assistant sortit un petit appareil de sa poche. Une sorte de chronomètre, et appuya sur l’extrémité supérieure.
« Commençons. »
« Euh… ! »
Son corps se secoua immédiatement après que la voix du professeur assistant se soit tue. Ses yeux s’ouvrirent brusquement tandis que le bracelet dans sa main tremblait.
« Ah… euh… ! »
Sa lutte ne fut pas aussi prononcée au début. Cependant, au fil des secondes, son corps se mit à trembler avec plus d’intensité.
« Ne crie pas. Si tu cries, tu échoues. »
La voix froide du professeur assistant lui rappelait de garder son calme.
« 0,1 »
« 0,2 »
« 0,3 »
Tout en racontant son score.
« 0,8 »
« 0,9 »
« 1,0 »
« Akh… ! »
Au moment où le compteur atteignit 1,0, la douleur sembla atteindre un niveau différent alors que le corps de Kiera se contractait avec encore plus de force.
Malgré cela, elle se retint de crier.
L’environnement était calme car tous les yeux étaient rivés sur elle.
« 1,7 »
« 1,8 »
« 1,9 »
« 2,0 »
« … ! »
Son corps se secoua et sa tête se renversa en arrière. Tout son corps se contracta et, pendant un bref instant, elle faillit crier.
Cependant…
Avec une volonté absurde, elle parvint à se retenir de crier.
Kata ! Kata ! Kata !
La chaise trembla violemment tandis que son corps continuait à se contorsionner.
« 2.1 »
« 2.2 »
Le décompte continua.
Ses jambes s’agitèrent dans tous les sens.
« Akh… ! Ukh… ! »
De la salive jaillit de sa bouche alors qu’elle serrait les dents et fixait l’horizon.
« Ukh… ! »
« 2,5 »
« 2,6 »
« 2,7 »
Le décompte continua.
Tout le monde se tenait debout en silence, la regardant avec des expressions lourdes alors qu’elle continuait à se débattre.
À ce stade, elle semblait avoir perdu la tête, mais le fait qu’elle n’ait pas encore crié prouvait qu’elle avait tout sauf perdu la tête…
Elle était toujours là.
Suspendue là.
Retenant la douleur. C’était presque impressionnant.
Mais cela a finalement pris fin…
« … Akhhhhhhhhh ! »
Son cri finit par percer son silence alors que son corps commençait à se contracter de manière incontrôlable.
Clic !
Un léger clic retentit à ce moment-là et son corps se détendit enfin.
Ce n’est que lorsqu’elle se fut complètement calmée et fut capable de bouger à nouveau que le professeur assistant annonça son résultat.
« Kiera Mylne. Score à l’examen mental… 2,93. »
Swoosh !
L’expression de nombreux étudiants changea après avoir entendu le score, beaucoup la regardant avec une trace d’admiration.
J’étais moi aussi impressionné par son score.
Même si je ne savais pas à quel point cela lui faisait mal, vu la façon dont elle se débattait et son expression, cela devait faire très mal.
« Prochain cadet. »
Mais les choses ont évolué assez rapidement.
Un autre cadet a été appelé.
« Jaylen Roshtelia. »
Une fois de plus, mon nom n’a pas été appelé.
Un homme grand aux cheveux noirs courts s’est avancé et s’est assis sur la chaise.
« Tu as vu les étapes. Mets-le sur l’appareil. Je vais bientôt commencer. »
Il a ensuite obtenu un score de 1,81.
Un autre nom a été appelé.
Encore une fois, ce n’était pas le mien.
Je restais patiemment à l’arrière, attendant que mon nom soit finalement appelé.
Mais cela n’est jamais arrivé.
Pas jusqu’à ce que…
Je sois le dernier cadet debout.
« Julien Evenus. »
Ce n’est qu’alors que mon nom a été appelé.
« C’est à toi. »