Auteur : Entrail_Jl
Traductrice : Moonkissed
Les jours suivants à l’Académie furent étrangement paisibles.
Un peu trop paisibles.
Au point que j’ai commencé à avoir l’impression que quelque chose n’allait pas.
‘Cette sensation de paix… J’ai l’impression que ça fait longtemps.’
Eh bien, ce sentiment fut de courte durée.
Aujourd’hui était le jour où je devais quitter l’Académie une fois de plus….
Il était temps pour moi de recevoir mon prix.
Celui d’interprétation.
C’était censé être un événement assez important qui ne durerait qu’une journée. J’espérais secrètement que tout se passerait bien, mais connaissant ma vie, je savais que quelque chose allait forcément arriver.
J’espérais juste que ce serait quelque chose de raisonnable.
Je… ne voulais pas retomber dans une autre illusion. Je ne voulais pas non plus affronter des monstres qui pouvaient me suivre grâce au son et qui étaient effrayants à regarder.
Il y avait autre chose.
‘J’espère que je vais gagner quelque chose.’
J’avais vraiment besoin d’argent.
Mon rythme de progression était assez bon par rapport à celui des autres cadets, mais j’étais loin d’être satisfait.
Je voulais plus.
Devenir encore plus fort.
Je savais que j’étais encore un peu à la traîne par rapport à Leon et aux meilleurs.
« Êtes-vous prêt… ? »
Plusieurs personnes m’accueillaient à l’entrée de l’Académie.
Je pouvais en reconnaître quelques-uns, mais pas très bien. Tout ce que je savais, c’est qu’il s’agissait de membres du collectif Curtain Call que j’avais rencontrés pendant le festival.
Aoife était également présente.
Vêtue d’une robe rouge assortie, son apparence attirait l’attention de tous ceux qui la croisaient.
Malgré son apparence normale, je pouvais dire d’un seul coup d’œil qu’elle était extrêmement nerveuse.
Je me sentais obligé de lui dire quelque chose.
« Ne t’inquiète pas. »
J’ai pensé à lui tapoter l’épaule, mais j’ai changé d’avis.
Elle a tourné la tête et a eu l’air choquée de me voir.
Mais son expression s’est ensuite apaisée.
J’étais sur le point de lui dire qu’elle n’avait pas à être nerveuse puisqu’elle ne gagnerait probablement pas.
« … Je ne suis pas inquiète. Je sais que je ne vais pas gagner. Je voulais juste voir combien de votes je recevrais lors de la cérémonie. Avec le tien, j’espère en avoir un de plus. »
« … »
Je pinçai les lèvres.
Tout à coup, j’eus l’impression d’avoir reçu une gifle encore et encore.
‘Merde.’
C’était un souvenir que j’avais presque complètement oublié.
Mais…
‘Je n’ai pas voté pour elle.’
Ce jour-là, j’avais menti parce que je ne voulais pas qu’elle pense que j’avais voté pour moi-même.
Même moi, je connaissais la honte.
« D’accord. »
Je me mordis la langue et mon expression se tendit un peu.
« … Tu peux le faire. »
« Merci. »
Aoife avait l’air vraiment reconnaissante, et j’avais envie de me faire gifler à nouveau.
‘Oh merde.’
***
Le lieu de la cérémonie de remise des prix était assez éloigné.
Situé à Roselle, une petite ville proche de Bremmer, la capitale, il nous a fallu environ quatre heures pour atteindre notre destination.
C’est aussi pour cette raison que l’événement s’est déroulé pendant un week-end.
Il s’agissait d’un événement qui durait toute la nuit.
Un hôtel avait été réservé à l’avance pour nous, et dès notre arrivée, nous nous sommes dirigés vers l’hôtel où nous avons déposé tous nos bagages.
« Ce n’est pas mal. »
L’endroit était plutôt agréable.
En regardant autour de moi, je constatai que la décoration était de bon goût, avec du papier peint élégant et des meubles stylés qui créaient une ambiance à la fois chaleureuse et sophistiquée.
Le lit, avec ses oreillers moelleux et sa couette luxueuse, semblait incroyablement confortable.
Malheureusement, je n’eus pas beaucoup de temps pour admirer la chambre.
« Ce devrait être celle-ci. »
J’ouvris mon sac et enfilai rapidement quelque chose de décent. C’était un costume noir avec une chemise blanche impeccable.
Le costume était parfaitement ajusté, mettant en valeur ma silhouette aux bons endroits.
Rien de trop compliqué, mais je dois admettre qu’il m’allait à merveille.
Après avoir lissé mes cheveux et m’être assuré qu’ils étaient bien coiffés, je pris une profonde inspiration avant de sortir de la pièce.
Enfin…
Mon argent.
***
Aoife fixa le miroir devant elle.
Elle s’était habillée avant de venir sur les lieux, s’étant maquillée et tout avant de monter dans le train.
Le processus avait suscité quelques regards étranges, mais étant donné qu’il lui aurait fallu des heures pour se préparer autrement, c’était un inconvénient nécessaire.
« Huu. »
Prenant une profonde inspiration, elle pressa sa main contre sa poitrine.
Elle pouvait sentir son cœur battre fort.
Aoife pouvait à peine contenir sa nervosité.
Malgré le fait qu’elle se disait que ce n’était pas important et que cela ne signifiait pas grand-chose, elle savait qu’elle se mentait à elle-même.
C’était important pour elle.
Tous les efforts qu’elle avait déployés pour en arriver là, c’était pour être validée. Même si ce n’était que par une seule personne, Aoife voulait le voir.
« Pour moi. »
Ce n’était pour personne d’autre qu’elle-même.
Toc Toc…
On frappa soudain à la porte et Aoife tourna la tête.
C’était le personnel du Collectif Curtain.
« J’arrive. »
Après avoir ajusté une dernière fois ses vêtements et son maquillage, Aoife prit une autre inspiration pour calmer ses nerfs avant de se diriger vers la porte.
C’était l’heure de la cérémonie de remise des prix.
***
Le prix Jovinc était un prix très prestigieux.
Dans l’Empire, tout le monde connaissait ce prix et ce qu’il signifiait.
C’est pour cette raison que la cérémonie était diffusée dans tout l’Empire pour que les citoyens puissent la voir.
« …. »
En entrant dans la salle, mes yeux ont été éblouis par les lustres scintillants et les lumières qui illuminaient chaque recoin. La salle était bondée, avec de belles femmes et de beaux hommes qui se pressaient, ajoutant à l’atmosphère opulente.
Pendant un bref instant, la salle s’est considérablement calmée.
J’ai senti les regards de nombreuses personnes se poser sur moi en particulier.
Il en était de même pour Aoife, mais pas aussi intensément.
Je me sentais comme un animal dans une exposition de zoo et mes sourcils se froncèrent légèrement. J’étais sur le point de dire quelque chose quand une femme est apparue.
« Ah, te voilà ! »
Je l’ai reconnue instantanément. En tant que scénariste de la pièce, c’était quelqu’un que je connaissais trop bien. Son regard était inhabituellement intense, presque pesant.
C’était assez étrange pour me faire légèrement frissonner.
« Je suis contente que vous ayez tous pu arriver à l’heure. »
Bien qu’elle ait essayé de s’adresser à tout le monde, il était clair qu’elle s’adressait à moi. Son attitude était assez différente de celle du passé.
Elle…
N’avait jamais été aussi enthousiaste auparavant.
Néanmoins, cela ne me dérangeait pas et j’acquiesçai de la tête en signe de reconnaissance.
« Viens, allons nous asseoir. La cérémonie va bientôt commencer et je suis sûre que tu ne veux pas passer trop de temps à discuter avec les autres. »
Et donc, en me tirant par le bras, elle me traîna jusqu’à un autre endroit où une scène très éclairée apparut.
Sous la scène se trouvaient plusieurs chaises où des dizaines de personnes bien habillées s’assirent.
À en juger par la réaction de certaines personnes, il s’agissait de gros bonnets du show-biz, et leur apparence ne faisait que confirmer cette impression, mais malgré tous mes efforts, je n’arrivais pas à reconnaître une seule personne.
« Assieds-toi ici. C’est ta place. »
Olga désigna un siège et je m’assis. Aoife suivit juste derrière et s’assit sur le siège à côté de moi sur la droite tandis qu’Olga s’assit sur la gauche.
Alors que je m’asseyais, je ne pus m’empêcher de remarquer le léger tremblement des lèvres d’Aoife et mes lèvres se tordirent.
« … »
‘Comment régler ça… ?’
S’il était révélé qu’elle n’avait obtenu aucun vote… Le pourcentage de calamité augmenterait-il ?
Cette pensée me fit frissonner.
Actuellement, outre l’échec de la quête, il n’y avait pas de véritable indicateur de ce qui affectait l’augmentation du pourcentage de sérénité.
Je voulais que ce soit juste les échecs de quête, mais je savais très bien qu’il y avait d’autres facteurs en jeu.
La quête était probablement là pour me faire comprendre la situation plutôt que pour augmenter leurs pourcentages.
« … Comme je le disais, il y a quelque chose dont j’aimerais te parler après ça. Si ça ne te dérange pas, pourrais-tu me consacrer un peu de temps, plus tard ? »
Sortant de mes pensées, j’entendis la voix d’Olga venant de ma gauche.
Je tournai la tête, perplexe.
‘De quoi veut-elle me parler… ?’
Je ne voyais que quelques possibilités et secouai la tête.
« Je suis désolé, mais je ne pense pas pouvoir remonter sur scène. J’ai… »
« Discutons-en plus tard avant que tu ne refuses. Écoute-moi au moins. Ça te va ?… Cela pourrait être extrêmement bénéfique pour toi aussi. »
Je pris un moment pour la regarder pendant quelques secondes.
‘Quelque chose d’extrêmement bénéfique pour moi aussi ?’
Je ne pus m’empêcher de m’intéresser à elle. Même si je n’étais pas sûr que ce qu’elle disait était vrai, et que ce qu’elle avait prévu était vraiment bénéfique pour moi, cela ne me prendrait que quelques minutes pour l’écouter.
Je ne voyais pas pourquoi pas.
Si au final, cela s’avérait vraiment bénéfique pour moi, alors tout irait bien.
J’avais surtout besoin de beaucoup d’argent.
Si cette opportunité me permettait de gagner un peu d’argent, alors…
Clap, clap, clap !
Une salve d’applaudissements soudaine attira mon attention, et lorsque je regardai autour de moi, tout le monde applaudissait, certains même debout.
Je me demandais pourquoi, et je trouvai rapidement la raison.
Un homme d’âge moyen, avec une barbe bien taillée et des cheveux noirs, se tenait sur la scène. Ses yeux bleus semblaient extrêmement brillants et, dès son apparition, il sembla attirer l’attention de tous ceux qui l’entouraient.
« Merci à tous. Merci à tous. »
En montant sur scène, il commença à remercier tout le monde tout en s’inclinant légèrement.
Je ne savais pas qui il était, mais à en juger par l’accueil de la foule, il devait être une personne très accomplie dans ce secteur.
Comme prévu, dès que j’ai commencé à me poser cette question, Aoife m’a chuchoté quelque chose à l’oreille.
« C’est Jeremy Lynch, quatre fois lauréat d’un prix. Il est considéré comme le meilleur acteur de notre génération. »
Surpris, je me suis tourné vers Aoife qui semblait un peu pâle.
« Je me suis dit que tu ne le connaissais pas, alors… »
« Merci. »
Elle avait raison.
Je ne le connaissais vraiment pas.
Mais après avoir entendu parler de ses récompenses, je savais pourquoi tout le monde l’accueillait si chaleureusement.
Peu à peu, les applaudissements se sont tus et le silence s’est emparé de la salle.
Cla Clank !
Les lumières de la scène se sont allumées et celles de la salle se sont tamisées.
Le sourire aux lèvres, Jeremy balaya du regard toute la salle de ses yeux bleus avant de sourire lui aussi.
« Merci beaucoup de m’avoir permis d’animer la 27e cérémonie des Jovinc Awards. C’est un grand honneur pour moi, et sans plus attendre, j’aimerais annoncer le début officiel de l’événement ! »
Et c’est ainsi que la cérémonie de remise des prix a commencé.