Auteur : Entrail_Jl
Traductrice : Moonkissed
‘Page 516…’
Je faisais attention à mes mouvements. Je ne pouvais pas émettre de sons.
Juste un petit bruit, et j’étais fichu.
En avalant ma salive, j’ai brossé le bas des pages pour chercher le numéro de page. Contrairement au premier livre que j’avais vérifié, celui-ci était beaucoup plus épais. Il y avait au moins plus de mille pages.
‘… Je l’ai trouvée.’
Finalement, je trouvai la page que je cherchais et lentement et soigneusement, je poussai les pages de côté pour atteindre la page.
Je sentis mon rythme cardiaque s’accélérer rapidement en faisant cela.
Enfin, j’allais en savoir plus sur l’arbre.
Du moins, c’est ce que je pensais.
‘Ceci…’
Mon esprit se vida au moment où je tournai les pages.
En fixant la page devant moi, je ne voyais qu’une image. La page en dessous était complètement déchirée.
Me cramponnant fermement au côté du livre, je fis de mon mieux pour garder un rythme de respiration régulier.
‘Comment… ?’
Que ressentais-je à cet instant ?
De la colère ? De la frustration ? Ou était-ce un mélange des deux ?
Quoi qu’il en soit, elles m’ont toutes deux plongé dans un sentiment d’impuissance qui ne semblait pas vouloir disparaître. Respirant doucement sans faire de bruit, je suis passé à la page suivante. Mais là encore, il n’y avait rien.
J’ai vérifié la page suivante, puis la suivante, mais il n’y avait toujours rien.
J’ai même essayé de retourner les livres dans l’espoir de trouver la page à l’intérieur, mais cela aussi s’est avéré inutile.
‘Bon sang.’
Je voulais jurer à voix haute de toutes mes forces.
Cependant, je savais que je ne pouvais pas.
Cela ferait de moi une cible pour les mangeurs.
‘Eh bien, c’est une bonne chose que Kiera ne soit pas là.’
En pensant à comment elle se débrouillerait dans cette situation, j’ai soudainement eu envie de rire.
Si c’était elle, elle serait morte en quelques secondes.
Ce ne serait qu’une malédiction après l’autre. Je ne le savais que trop bien, car elle m’avait probablement jeté toutes les malédictions du livre pendant la période où j’avais commencé à lui enseigner.
En fait, il y en avait pas mal que j’avais apprises d’elle
« Bâtard sans père. »
J’aimais bien ça. Ça roulait bien sur la langue.
À la fin, j’ai dû prendre encore plus de respirations pour me calmer et me concentrer sur la page déchirée devant moi.
Il n’y avait qu’une seule image….
C’était l’image de l’arbre. Il ressemblait exactement à ce que j’avais vu dans ma vision.
Dominant de manière inquiétante, son écorce était d’un noir profond et artificiel, et ses branches étaient tordues et noueuses comme les doigts d’une main squelettique. Les feuilles couleur sang semblaient se balancer dans l’image tandis que les images de la vision défilaient dans mon esprit.
Sur l’écorce, plusieurs mains s’étiraient.
Je frissonnai à cette vue.
« … ? »
En suivant des yeux le bas de la page, je pus reconstituer quelques mots qui n’avaient pas été effacés.
‘Éroder l’esprit… ?’
Ce n’étaient que trois mots, mais c’était comme si une nouvelle voie s’ouvrait à moi.
‘Éroder l’esprit. Éroder l’esprit. Éroder l’esprit.’
Murmurant ces mots dans ma tête pendant plusieurs secondes, je commençai à avoir une idée de la situation.
‘Se pourrait-il que l’arbre soit déjà en pleine action et contrôle l’esprit de certaines personnes dans le bunker… ?’
Cela expliquerait plusieurs choses.
Comme la raison pour laquelle j’avais été détenu et que j’avais fait des recherches sur l’arbre. Leon aussi. Ce type… Il commençait à me manquer. Les choses auraient été beaucoup plus faciles pour moi s’il avait été là. N’était-il pas censé être le personnage principal du jeu ?
Pourquoi était-il si inutile dans les moments importants ?
Où diable était son immunité du scénario quand on en avait besoin ?
‘Peu importe, ce n’est pas important.’
Je me concentrai à nouveau sur les trois mots imprimés sur la page devant moi.
‘… Il n’est pas difficile de réduire le champ d’action du coupable derrière tout cela.’
La Guilde des Chiens Noirs était certainement suspecte. En particulier, le chef de poste. Bien que je ne l’aie pas rencontré, j’avais vu les souvenirs du secrétaire.
C’était lui qui avait ordonné l’enquête.
S’il y avait quelqu’un de suspect, c’était bien lui.
‘Il pourrait aussi être celui qui a déchiré la page.’
Cela avait du sens s’il était sous le contrôle de l’arbre.
Mais la vraie question était…
‘L’a-t-il fait parce que son esprit a été érodé par l’arbre, ou parce qu’il est celui qui se cache derrière l’arbre… ?’
J’avalai ma salive et essayai de calmer mes nerfs.
J’avais l’impression d’être sur une piste.
Mais cette sensation ne dura pas longtemps.
Craquement.
Un certain grincement me fit sursauter, me forçant à retenir mon souffle. Je pensais que le moment passerait lorsque le mangeur partirait, mais un souffle chaud me parcourut l’arrière du cou.
« … ! »
Je sentis les poils de tout mon corps se hérisser.
‘Du calme. Je dois rester calme.’
Je répétais le même mot dans ma tête, encore et encore.
Du calme.
Du calme.
Du calme.
Du calme.
Du calm.
Du clm.
Ma main commença à me picoter.
Je ne savais pas pourquoi cela se produisait. J’étais resté silencieux tout ce temps, ne faisant que peu ou pas de mouvements.
« Haa… Haa… »
Mon cou se refroidit lorsque j’entendis la respiration lourde de la créature derrière moi.
Je fus soudainement saisi d’anxiété et mes muscles se tendirent.
Je voulais m’enfuir mais je savais que je ne pouvais pas. Les créatures étaient plus rapides que moi. La seule chose que je pouvais faire était de rester silencieux.
Je devais rester totalement immobile.
« Haa… »
Les respirations continuaient.
Cela continuait de me chatouiller le cou.
Chaque seconde était angoissante.
Les secondes continuaient de s’écouler et le temps semblait s’arrêter. En me mordant les lèvres, j’essuyais soigneusement la sueur qui coulait sur mes joues.
Je devais faire très attention à mes mouvements.
Mes muscles étaient raides et mon cœur battait la chamade.
Le fait que le « Mangeur Silencieux » ne l’ait pas encore entendu était un miracle.
« …. »
La respiration finit par s’arrêter.
Grincement.
Et j’entendis le sol grincer.
Je ne me détendis pas.
En tournant lentement la tête pour faire face à la direction où se trouvait le Mangeur Silencieux, je pus voir son dos s’éloigner.
Sa silhouette était longiligne et émaciée, les arêtes vives de sa colonne vertébrale étaient clairement visibles même de loin. Toute sa peau avait une teinte rosâtre maladive, tendue sur son ossature.
Mes yeux se portèrent en particulier sur ses ongles anormalement longs, qui s’étendaient jusqu’au sol et traînaient sur le sol lorsqu’il marchait.
Ce n’est que lorsque son dos ne fut plus visible que je me détendis enfin.
Après avoir pris une grande respiration, je tournai la tête pour regarder le livre lorsque mon cœur s’arrêta à nouveau.
« … ! »
À quelques centimètres de mon visage apparut un autre Mangeur Silencieux. Ses grands yeux et son sourire grotesque me regardaient directement.
‘Quand… !?’
Malgré tous mes efforts pour garder mon souffle régulier, je n’y parvins pas et la créature pencha la tête.
Baboum ! Baboum !
Jamais auparavant le battement de mon cœur n’avait fait autant d’écho.
J’avais espéré….
Espéré que la créature ne l’entende pas.
Mais elle l’a entendu.
Ouvrant grand la bouche, exhibant des centaines de dents différentes, elle s’est précipitée sur moi.
« Hiiiiiiieeek- »
Je m’écroulai en arrière, tombant de ma chaise.
Pan !
« Hiiieeek- »
« Hiiieeek- »
« Hiiieeek- »
« Hiiieeek- »
J’entendis plusieurs cris venant de l’arrière, et mon cœur se figea. Fixant la créature qui se tenait à quatre pattes sur la table, je reculai précipitamment.
Crac. Crac. Crac. Crac. Crac.
Le sol trembla alors que j’entendis plusieurs pas se précipiter dans ma direction.
Rien qu’à leur bruit, je sus que plusieurs mangeurs venaient vers moi.
« Hiiiiiieeek- »
La situation me semblait désespérée. J’étais désespéré, mais en même temps, je ne paniquais pas. Bien que mon esprit me dise de fuir et que mon cœur batte si fort que c’est la seule chose que j’entende, je ne faisais aucun bruit et je fouillais rapidement dans ma poche où je sentais un objet rond.
« Hiiiiieeek- »
Le mangeur devant moi poussa un cri, ses muscles se tendant alors qu’il se préparait à se jeter sur moi.
J’étais à quelques secondes d’être dévoré.
Mais je ne paniquai pas.
Injectant mon mana dans le petit objet, je le jetai rapidement.
Tok…
La balle heurta le sol au loin, et la créature devant moi s’arrêta.
Pendant un bref instant, nos regards se croisèrent. Bien que je savais qu’elle ne pouvait pas me voir, il semblait qu’elle le pouvait.
Et puis,
BOOOUM…
Une explosion retentit.
« Hiiiiiiiiieeek- » « Hiiiiiiiiieeek- » « Hiiiiiiiiieeek- »
J’ai profité du bruit pour me retourner et partir. En courant, je ne me suis pas du tout soucié du bruit de mes pas, car toutes les créatures couraient vers l’endroit où la bombe de mana avait explosé.
« Haaa… Haa… Haa… »
J’ai essayé de retenir ma respiration, mais c’était difficile.
Serrant les dents, je me précipitai hors de la bibliothèque et me dirigeai vers les escaliers.
Derrière moi, j’entendais encore les gémissements des mangeurs. Ma peau me picotait, et cela me rappelait de presser le pas.
« Hoh. »
En descendant au premier étage, j’interrompis mes mouvements et pris une profonde inspiration.
C’était difficile et je voyais à peine.
Prenant le temps de calmer ma respiration, j’avançai tranquillement vers la sortie du bâtiment. Sans savoir ce qui se trouvait derrière la porte, je ne pouvais pas faire de bruit qui risquait de m’exposer.
Non, il n’y avait aucune garantie que ce soit une bonne idée.
Vu le bruit de la bombe, il y aurait probablement beaucoup de mangeurs qui attendaient dehors.
Pour cette raison, au lieu de me diriger vers l’entrée principale, je fis demi-tour et me dirigeai vers la sortie de derrière.
« …. »
C’était calme et sombre.
Sans les faibles lignes luminescentes qui marquaient mon chemin, j’aurais perdu de vue depuis longtemps l’endroit où je me trouvais.
‘D’après mes souvenirs, la sortie devrait être à quelques mètres devant.’
Tirant ma main le long des murs, je plissai les yeux pour mieux voir la distance.
Marchant doucement, je distinguai au loin un léger contour carré. Voyant que le contour était rouge, je supposai que c’était la lumière venant de l’extérieur qui mettait en évidence le cadre de la porte.
J’accélérai le pas et tendis la main vers la poignée.
Clac…
Malgré tous mes efforts pour être subtile dans mes actions, un léger cliquetis résonna au moment où j’ouvris la porte, et alors que la chaleur s’engouffrait, je sentis une douzaine de paires d’yeux se poser sur moi.
« … »
Je restai immobile sur place, à bout de souffle.
‘… Et moi qui pensais qu’ils ne couvriraient que l’entrée.’
J’avais mal calculé.
En regardant autour de moi et en fixant la douzaine de créatures qui entouraient l’étroite ruelle, je pinçai les lèvres.
Cette fois-ci…
J’avais vraiment mal calculé.