Auteur : Entrail_Jl
Traductrice : Moonkissed
« Keuf… ! »
En me tenant la bouche, je me forçai à m’allonger sur le canapé.
« Putain, ça fait mal… »
Chaque partie de mon corps me faisait mal.
« … Pourquoi est-ce que je me fais ça à moi-même ? »
S’il était vrai que je pouvais supporter la douleur, cela ne voulait pas dire que j’en étais immunisé. C’était inconfortable.
Mais quand même,
« Ugh. »
Il y avait autre chose qui prenait le dessus sur mon esprit.
Je fixai mes mains.
Elles tremblaient toutes les deux.
« Haa… Haa… »
Ma respiration était également rapide. Mes cheveux se dressaient sur ma tête et, de temps en temps, je regardais derrière moi pour vérifier si quelqu’un était là.
Rien que cela me semblait plus ennuyeux que la douleur que je ressentais.
Il y avait une raison pour laquelle j’avais tendance à ne pas utiliser la première feuille. Les effets secondaires de l’utilisation d’une telle compétence n’étaient pas quelque chose que j’attendais avec impatience.
« … Merde. »
C’était une sensation agaçante.
Et pourtant, je savais que je ne pouvais pas m’en passer.
J’avais réussi à augmenter [Peur] grâce à cette compétence. Contrairement à la deuxième feuille, la première feuille donnait de bien meilleurs résultats.
Mais cela avait un prix.
« H-huu… »
En prenant une profonde inspiration, ma poitrine se mit à trembler.
Magie émotionnelle.
….. C’était puissant. Le fait que j’aie pu battre Leon montrait à quel point c’était puissant.
Malheureusement, ce n’était pas encore suffisant.
Je n’étais pas encore prêt.
« Je dois l’améliorer. »
Pour l’instant, [Peur] et [Tristesse] étaient les seuls sorts que je pouvais utiliser pour induire les émotions par ma voix.
Les autres sorts n’étaient pas encore tout à fait au point.
Du fait que j’avais besoin de toucher quelqu’un pour les utiliser, au fait qu’ils n’étaient pas encore assez puissants pour complètement briser quelqu’un.
Je devais trouver le temps de les améliorer.
À part ça, je voulais faire passer [Peur] et [Tristesse] au niveau supérieur. J’étais curieux de voir ce que cela apporterait.
« Peut-être affecter plus d’une personne ? »
Actuellement, je ne pouvais influencer qu’une seule personne avec ma voix. C’était bien face à un seul adversaire, mais face à plusieurs, c’était inutile.
Mais si je pouvais influencer directement beaucoup de gens en même temps avec ma voix ?
Ce serait très pratique.
« H-haa. »
Mais ce n’étaient que des pensées pour plus tard.
Pour l’instant, je n’étais pas dans le bon état d’esprit.
Allongé sur mon canapé, je plaçai mon avant-bras sur mes yeux et pris une profonde inspiration.
Ma priorité absolue à ce moment-là était de ne pas me laisser envahir.
Par la peur.
***
Dans une autre pièce.
Leon était assis à son bureau, enduisant ses plaies de pommade. Il n’y en avait pas beaucoup. Il y en avait plutôt plus sur son visage que sur le reste de son corps.
C’était presque comme s’il avait délibérément ciblé son visage.
« … »
Son œil gauche se contracta….
Il se souvint d’un certain souvenir.
« Ton visage a l’air stupide. »
« Pouah. »
Son visage tressaillit alors qu’il ressentait une vive douleur dans la région des côtes. En baissant les yeux, il aperçut un énorme bleu.
Il tamponna rapidement cette zone avec de la pommade.
Presque immédiatement après avoir fait cela, il se sentit mieux. Cela allait probablement prendre quelques jours pour guérir.
Leon continua à faire cela pendant la demi-heure suivante.
Une fois qu’il eut terminé, il s’assit dans sa chambre en silence.
« …. »
Ses pensées continuaient à dériver vers le combat.
« J’aurais dû faire ça. »
« … J’ai été négligent. »
« Comment ai-je pu oublier ça. »
« Je n’étais tout simplement pas prêt. Si j’avais été prêt… »
« Je ne savais pas qu’il pouvait faire ça. »
Mille excuses différentes flottaient dans son esprit.
« Haa. »
À un moment donné, Leon ferma les yeux et prit une profonde inspiration pour se calmer.
Perdre…
Ce n’était pas comme s’il n’avait jamais perdu auparavant.
En entrant dans le combat, il s’était attendu à ce que le match soit difficile. Perdre semblait également être une possibilité très réelle.
C’était juste que,
« … J’aurais dû faire mieux. »
Pendant la majeure partie du combat, c’était lui qui avait le dessus.
Bien qu’il ne sût pas pourquoi Julien n’avait pas utilisé la même puissance que celle dont il avait fait preuve lors des examens de mi-semestre, Leon avait le sentiment qu’il aurait dû gagner ce combat.
… Tout cela jusqu’à ce qu’il utilise sa magie émotionnelle.
Même maintenant que quelque temps s’était écoulé, il ne pouvait s’empêcher d’y penser.
Ses mains… Elles tremblaient encore de l’expérience.
Pas seulement ses mains.
Tout son corps et son esprit s’en souvenaient.
Il était difficile d’oublier la sensation d’étouffement qu’il avait ressentie pendant le combat. C’était presque comme s’il s’enfonçait lentement dans les profondeurs de l’océan sans aucun moyen de remonter.
Quelle sensation.
C’était difficile à oublier.
« … »
Dans le silence qui s’était emparé de la pièce, Leon ferma les yeux.
Il était frustré par lui-même.
Cependant, il acceptait également le résultat.
En fin de compte, Julien était l’Étoile Noire.
Il n’avait fait que prouver pourquoi il était l’Étoile Noire.
Et,
« … C’est aussi celui que je sers. »
***
Les jours passaient.
C’était le jour du match d’exhibition entre Evelyn et Leon.
Leur combat ne serait diffusé nulle part, mais tous les étudiants de première année avaient été appelés sur le terrain de l’arène pour assister à leur combat.
Les représentants des grandes guildes allaient également se présenter.
Il y avait une certaine excitation à ce sujet.
« Huaam. »
Le soleil brillait et il faisait assez chaud dehors.
C’était une belle journée.
« Huaam. »
Bien sûr, cela aurait été encore mieux si j’avais pu dormir.
Je n’avais pas pu le faire ces deux derniers jours.
« … Je regrette tellement. »
Chaque petite chose me dérangeait dans mon sommeil. Les petits bruits et la brise occasionnelle qui me hérissaient les cheveux.
Ce n’était clairement rien, mais sous l’influence de la première feuille, j’ai commencé à avoir peur des petites choses.
Juste comme,
« Ah, putain, merde ! »
Je tressaillis et reculai.
« D’où vient ce nain aux allures de garnement ?! »
« …. »
Surpris, un petit enfant aux cheveux noirs me regarda avec de grands yeux.
« Oh, c’était toi. »
Je posai ma main sur ma poitrine et soupirai.
Ce n’était pas bon.
« … Aux allures de garnement ? »
Delilah cligna des yeux en me regardant.
Elle était actuellement sous sa forme enfantine.
En regardant autour de moi, je soupirai de soulagement en remarquant qu’il n’y avait personne.
Cela aurait été gênant s’ils m’avaient vue comme ça.
« Pourquoi es-tu comme ça ? »
« …. »
Delilah ne répondit pas.
La tête baissée, elle continua à murmurer
« … d’apparence de garnement ? »
Je me grattai le côté du visage.
Ce n’était pas vraiment ma faute. Elle était apparue de nulle part, et comme mon esprit n’était pas dans le bon état d’esprit, les mots m’avaient échappé.
Mais pourquoi était-elle sous cette forme ?
« Tu prévois de regarder le combat comme ça ? »
Delilah leva les yeux.
« Oui. »
« Pourquoi ? »
« … C’est trop gênant d’y aller sous ma forme normale. Je n’aime pas les gens des guildes. »
« Ah. »
C’était logique, mais…
« Ne serais-tu pas plus visible ainsi ? »
« Pourquoi ? »
« …. »
Je la regardai.
Ne pouvait-on pas le remarquer plus ?
« Ça va. »
Delilah croisa les mains derrière le dos. Puis, se retournant, elle se dirigea vers l’arène.
« … Personne ne le remarquera. »
‘Si, ils le remarqueront.’
Je voulais dire de tels mots mais je me suis arrêté. Finalement, avec un soupir, je l’ai suivie de derrière et je suis entré dans l’arène.
Le terrain m’était quelque peu familier.
J’y étais déjà venu.
Pendant les examens de mi-session. Mais contrairement au passé, je me trouvais maintenant dans la zone réservée au public, d’où je pouvais tout voir d’en haut.
C’était complètement différent.
« C’est assez haut. »
Ce qui était particulièrement intéressant, c’était le fait que les sièges se trouvaient à environ cinq à huit mètres au-dessus du terrain de l’arène.
En me tenant à la rampe et en regardant en bas, j’ai eu un peu la nausée.
Superpuissance ou pas, si je tombais de cette hauteur, je me transformerais en crêpe.
« Qui penses-tu qui va gagner ? »
« Pourquoi poses-tu la question ? La réponse est évidente. »
« C’est vrai. »
Surplombant le terrain de l’arène, j’entendais les discussions des cadets près de moi. Tous parlaient du combat et de qui allait gagner, selon eux.
Ils étaient tous d’accord….
Et c’était que Leon allait gagner.
Je ne pouvais pas le contester.
Je ressentais la même chose. Pour l’avoir combattu, je savais à quel point il était fort.
Evelyn était également forte.
Cependant, elle était un peu à la traîne par rapport à lui.
‘Je perdrais probablement aussi contre elle.’
À moins d’utiliser la première feuille. Peut-être que je pourrais alors gagner contre elle.
Mais ça n’en valait pas la peine.
« Qu’est-ce que tu fais ? »
Entendant la voix de Delilah, je me retournai. Assise sur l’un des sièges, elle désigna le siège à côté du sien. Comme si elle me disait de m’asseoir.
« … »
C’est ce que je fis.
Pendant un moment, aucun de nous ne dit un mot alors que nous regardions le sol de l’arène en contrebas.
Delilah fut la première à rompre le silence.
« Qui a gagné ? »
« Hein ? »
Je baissai les yeux pour croiser son regard.
En fixant ses yeux noirs comme de l’encre, je me perdis presque en elle.
Je me ressaisis rapidement.
« Entre toi et Leon. Qui a gagné le combat ? »
« … »
Je sentis mon cœur s’arrêter pendant une seconde.
Cependant, en y réfléchissant, je me détendis.
Qu’elle le sache. Je m’y attendais en quelque sorte. Il était impossible qu’elle ne le sache pas, étant donné qu’elle maîtrisait probablement tous les domaines de l’académie.
« J’ai gagné. »
Répondis-je au bout d’un moment.
« … Le combat. Je l’ai gagné. »
C’était agréable de le dire.
Je savais que si nous nous battions à nouveau tous les deux, je n’aurais probablement pas gagné.
Mais quand même.
Une victoire est une victoire.
« Je vois. »
Delilah ne semblait pas surprise par le résultat.
Ou l’était-elle ? Je ne saurais le dire. Il m’était généralement difficile de lire ses émotions.
J’étais sur le point de reporter mon attention sur l’arène lorsqu’une silhouette passa devant moi. Avec ses longs cheveux platine et ses yeux rouges éclatants, elle se démarquait du reste, attirant le regard de tous ceux qu’elle croisait.
Elle venait de passer devant moi lorsqu’elle s’arrêta.
Elle fronça les sourcils, tourna la tête et nos regards se croisèrent.
Puis, baissant la tête, son regard se posa sur Delilah.
Et ensuite de nouveau sur moi.
« Tu es père ? »
« …. »
« …. »
Je restai sans voix.
Il en fut de même pour Delilah qui la regarda d’un air vide.
« Non, elle n’est pas ma fille. »
« ….. Kek, je sais. »
Kiera se pencha et pinça la joue de Delilah.
« Elle est mignonne quand même. »
J’ouvris grand les yeux et regardai précipitamment Delilah qui regardait Kiera d’un air absent. Pour aggraver les choses, Kiera commença à lui pincer les joues avec ses deux mains, les écartant puis les resserrant.
« J’ai l’impression de toucher de la guimauve. Putain de merde. »
Elle tirait et serrait.
« Quelle enfant mignonne. »
Tapotant sa tête et ébouriffant ses cheveux en un désordre, Kiera mit sa main dans sa poche avant de lancer une petite barre en direction de Delilah.
« Mange-la. »
Après cela, me jetant un coup d’œil, elle partit.
Je m’assis raide, le dos droit. Avalant une bouchée de salive, je tournai la tête pour regarder Delilah.
M’attendant au pire, je réfléchis à des moyens de la calmer, quand,
« Cette fille… » dit Delilah, ses yeux s’attardant sur le dos de Kiera qui s’estompait.
Crinckle~
« … C’est une bonne fille. »
Munch.
« … ? »
« Bonne fille. »