Outre l’insaisissable Ciel de la Liberté, l’organisation la plus mystérieuse du Firmament était probablement la Hutte à l’Épée.
Les palais des Dieux Monarques étaient connus pour leur grandeur et leur splendeur, mais le Dieu Monarque du Ciel de l’Épée Divine vivait dans une hutte en paille d’apparence ordinaire.
– « Monarque… » Un homme d’âge moyen entra pour présenter un rapport, mais il fut interrompu avant même de pouvoir commencer sa phrase.
– « J’ai entendu. Un génie spécialisé dans le maniement de l’épée est apparu sur la Montagne Céleste. »
– « Ou… Oui, c’est le cas… »
– « J’ai vu son jeu d’épée. Il est en effet remarquable. Il a atteint un niveau qui est presque à égalité avec le nôtre… Mais ce n’est pas quelqu’un pour nous. »
– « Mais la cloche des Dieux Rois Gouverneurs a sonné… » L’homme d’âge moyen était surpris. Il s’exclama, anxieux : « Si nous ne nous dépêchons pas, les autres organisations vont lui mettre le grappin dessus ! Cela signifiera que notre Hutte à l’Épée recevra moins de sièges pour le prochain Déluge d’énergie spirituelle, et nous nous verrons également retirer nos territoires… »
– « Est-ce important ? Nous visons à encourager les épéistes à se tailler leur propre voie, une qui leur appartient à eux seuls. Il n’a jamais été question de sauter sur le premier venu pour lui enseigner n’importe quoi. Peu importe à quel point on apprend, le plus haut niveau que l’on peut atteindre ne sera qu’un simple reflet de ce que d’autres ont déjà atteint de leur côté. Il n’y a pas besoin de s’inquiéter pour le Quatrième Déluge. La personne que j’attends est déjà apparue, je lui rendrai personnellement visite très prochainement. »
– « Je comprends… »
Voyant que le Dieu Monarque avait ses propres plans, l’homme baissa la tête et sortit respectueusement.
Peu de temps après son départ, un profond soupir résonna dans la hutte. Un murmure calme mais triste retentit. « Je ne sais pas si votre décision est la bonne. »
…
Sur une montagne imposante cachée au milieu des nuages, un grand Doyen regardait ses disciples debout juste devant lui.
Une sagesse extrême sonnant comme une symphonie jaillissaient de ses lèvres, ravissant ses élèves. Absorbant la connaissance qui leur était transmise, ceux-ci trouvèrent rapidement leur voie dans la cultivation.
– « Arrêtons-nous ici pour aujourd’hui ! » Tout d’un coup, l’homme cessa de parler et tourna la tête dans une certaine direction.
Remarquant que quelque chose n’allait pas, un individu d’âge moyen se leva et s’inclina. Professeur, est-ce que tout va bien ? »
Son enseignant croyait dur comme fer que la transmission du savoir était cruciale pour fonder un monde meilleur, et il s’était dévoué à cette cause. Ainsi, il s’assurait toujours de fournir des leçons complètes aux autres. Pourtant, il avait cette fois-ci préféré s’arrêter à mi-chemin…
Il était clair que quelque chose d’important s’était produit.
– « Le Ciel de la Liberté s’est décidé. Notre combat aura lieu le quinze du mois prochain, » dit-il en souriant.
C’était presque comme s’il parlait de quelqu’un d’autre que de lui-même. Il ne montrait aucune trace de stress à ce sujet.
– « Le Ciel de la Liberté est le centre des Neuf Cieux, et son Monarque est le souverain suprême de myriades de mondes… Professeur, je crains que votre duel ne… » L’homme ne pouvait s’empêcher d’appréhender profondément la bataille qui se profilait à l’horizon. Il avait confiance dans les capacités de son maître, mais l’ennemi était le plus fort du Firmament. Même les autres Dieux Monarques s’inclinaient en sa présence…
Ce serait sûrement difficile, même pour lui.
Plus important encore, ce serait un combat à mort, contrairement aux simples “échanges” avec les autres Dieux Monarques.
– « Ça ira, » répondit le Doyen en se caressant la barbe. « Puisque c’est une bataille, il y aura forcément un vainqueur et un perdant. Personne ne peut gagner toute sa vie. L’important est que je me donne à fond. »
– « Mais… Pour vous combattre, ce Dieu Monarque est descendu dans les mondes inférieurs pour trouver le Grand Codex du Printemps et de l’Automne et ainsi acquérir une meilleure compréhension de vos pouvoirs ! J’ai peur que la vraie raison pour laquelle cette femme accepte votre défi est qu’elle connaît déjà vos capacités… Dans une bataille entre égaux, cet avantage peut faire toute la différence ! »
Son Professeur avait défié le Ciel de la Liberté depuis un certain temps, mais il n’y avait eu aucune réponse. Cependant, ils avaient appris que son adversaire était descendu dans un monde inférieur. Dès son retour, la date du duel avait été immédiatement fixée.
On pouvait y voir le signe d’une préparation parfaite et de la confiance dans la victoire.
Dans un combat entre deux individus aussi puissants l’un que l’autre, le facteur qui déterminait le vainqueur était souvent l’asymétrie des connaissances. Si cette femme connaissait précisément les capacités de son Professeur, cela signifiait qu’il était dans une position extrêmement dangereuse.
– « Et alors ? Il ne lui sera pas facile de me vaincre ! » Il regarda son disciple et sourit calmement.
Malgré son ton calme, on pouvait y percevoir une confiance absolue. Après avoir vaincu tant de Dieux Monarques, sa force avait déjà atteint le sommet du Firmament.
– « Je n’ai aucun doute sur votre puissance, mais je suis juste un peu confus… Pourquoi devez-vous vous battre avec le Dieu Monarque du Ciel de la Liberté, et pourquoi un duel à mort ? » Il ne pouvait tout simplement pas comprendre la raison. Son Professeur avait déjà reçu la bénédiction de huit des Dieux Monarques, et il avait déjà acquis une large notoriété en tant que dixième Dieu Monarque du Firmament. Était-il vraiment nécessaire de se battre contre le plus puissant d’entre eux ? Était-ce pour quelque chose qui valait la peine de mettre sa vie en danger ?
– « C’est inévitable, aucun de nous ne pourra l’éviter. Vous ne pourriez pas comprendre, même si je vous l’expliquais… » soupira le barbu en secouant la tête. Puis il regarda tranquillement l’homme pendant un moment avant de dire : « Si je perds la vie dans le duel, je veux que vous attendiez tranquillement. Ne faites rien. Attendez que mon successeur apparaisse et tenez compte de ses paroles. »
– « Votre successeur ? Le successeur du Professeur ? » répéta-t-il avec perplexité. Il le suivait depuis très longtemps, et pas à pas, ils avaient atteint le sommet de nombreux mondes. Mais il n’avait jamais entendu dire que son Professeur avait un successeur !
– « Tout à fait. Il vient également du Continent des Maîtres Enseignants et il possède des capacités comparables aux miennes. »
– « Puis-je savoir quel est son nom ? Comment pouvons-nous l’identifier ? »
– « Vous le reconnaîtrez une fois que vous le verrez. Quant à son nom… Je suppose que je peux vous le dire. Il s’appelle Zhang Xuan ! »
…
Pendant ce temps, dans une certaine pièce du Ciel de la Liberté…
D’épaisses bouffées de vapeur remplissaient la salle, empêchant de voir ce qu’il y avait à l’intérieur.
Huala !
Le bruit des éclaboussures retentit. Une belle silhouette sans défaut sortit d’une piscine au centre. Des cheveux noirs soyeux associés à une peau si délicate qu’elle semblait pouvoir se briser au toucher… Elle était si renversante qu’il était difficile de croire en son existence.
D’un geste gracieux, elle se couvrit d’une fine couche de soie.
– « Jeune Maîtresse ! »
Une femme vêtue de vert s’approcha rapidement pour lui passer un peigne.
Elle mit ses cheveux devant sa poitrine et commença à les arranger lentement. Ses mouvements étaient d’une élégance si naturelle qu’il était tout simplement agréable de la regarder vivre.
– « Avez-vous transmis la nouvelle ? »
– « Oui, » acquiesça la subordonnée en vert.
– « Une réponse ? »
– « Aucune pour le moment. » Elle réfléchit un moment avant d’ajouter : « Jeune Maîtresse, nous avons réussi à trouver la personne que vous recherchez. »
– « Oh ? » Ses yeux pétillaient. Elle arrêta de se coiffer et tourna la tête, lui faisant signe de continuer.
– « Un jeune homme nommé Zhang Xuan est apparu à la Cité du Crépuscule. Lui et ses disciples sont plutôt talentueux. Pendant qu’ils parcouraient la Montagne Céleste à la recherche de l’Aura de Divinité, ils ont réussi à déclencher de nombreuses Cloches des Dieux Rois Gouverneurs ! »
– « C’est bien lui… » Un doux sourire fleurit sur ses lèvres.
– « Jeune Maîtresse, avez-vous l’intention de partir à sa rencontre ? »
Son éclat s’estompa sur un froncement de sourcils. Elle hésita, puis secoua la tête : « Ce n’est pas nécessaire. Je dois me préparer au combat qui arrive, je ne rencontrerai donc personne. Surtout pas lui… J’ai peur de perdre ma détermination… »
– « Jeune Maîtresse, pardonnez-moi, mais si vous hésitez déjà… Pourquoi ne reculez-vous pas ? Le Monarque Subjuguant le Ciel est assez puissant pour vaincre les huit autres Dieux Monarques. Je crains que… »
La Jeune Maîtresse possédait une force suprême dans ce monde, mais l’ennemi n’était pas faible. En seulement quarante ans, cet homme avait réussi à se faire une place parmi les échelons supérieurs du Firmament, devenant une existence que personne ne pouvait plus ignorer. Il avait défié les huit autres Dieux Monarques, et même si personne ne connaissait officiellement les détails, ils l’avaient reconnu comme étant l’un des leurs, le dixième. Le vainqueur des duels était évident.
Ses exploits avaient ouvert un nouveau chapitre de l’histoire du Firmament.
Cela pouvait sembler lâche, mais fuir était une option. De plus, même s’ils devaient se battre, perdre ou gagner n’était pas d’une importance si capitale. Fallait-il réellement en faire un duel à mort ?
– « C’est une fatalité. Je dois le tuer de mes propres mains. Il n’y a pas d’autre voie que je puisse emprunter… C’est la mission qui m’échut, et je ne peux pas me dérober à cette responsabilité, » répondit-elle solennellement.
– « Mais… »
– « Il suffit. Cela a déjà été décidé et vous ne pouvez rien y faire. Bien, je vais m’isoler pour cultiver… » La beauté se retourna et s’éloigna.
– « Jeune Maîtresse… » La dame en robe verte n’avait pas imaginé qu’elle était si obstinée. Mais même si elle n’était pas satisfaite de la façon dont les événements s’enchaînaient, elle poussa un profond soupir et décida de garder ses opinions pour elle.