Zheng Yang était son condisciple, son aîné. Il avait ouvert son cœur à cette Su Feifei, mais avait été cruellement rejeté. Si cette femme odieuse avait vécu paisiblement par la suite, elle n’aurait rien eu à dire. Cependant, elle s’était jetée dans les bras d’un vieux gros lard.
Bien sûr, elle avait le droit de choisir comment mener sa vie. Toutefois, Wei Ruyan ne pouvait s’empêcher d’être énervée par la tournure des événements.
Et puisqu’elle l’était, comment pouvait-elle leur permettre de continuer à être heureux en apparence ?
Il ne s’était pas attendu à ce que sa cadette refusât de partir. Zheng Yang eut un mauvais pressentiment. « Ne faites pas n’importe quoi. Ce ne sont que des gens ordinaires… »
– « C’est bon, je ne dépasserai pas les bornes ! » Ignorant ses protestations, elle s’assit devant le stand de thé et sourit gentiment au propriétaire. « Apportez-moi à boire ! »
Une fois son thé servi, elle le sirota tranquillement, comme si elle flânait simplement dans le quartier.
Sachant qu’il lui serait impossible de la forcer à partir, Zheng Yang se prit le visage entre ses paumes avant de s’asseoir juste à côté d’elle, l’air défait.
Su Feifei regarda l’homme à côté d’elle et demanda : « Xiang chéri, allons-nous vraiment au palais royal ? »
– « Oui. J’ai demandé à ce Shen Zhui de m’envoyer des soldats d’élite, mais il ne l’a toujours pas fait. Il ne tient probablement plus à son fauteuil de roi ! » hurla-t-il froidement, une lueur glaciale traversant ses pupilles.
– « Ce Shen Zhui est vraiment effronté, il refuse de t’obéir ! Si nous ne lui donnons pas une leçon, il pensera être quelqu’un d’important ! » Elle couvrit ses lèvres avec sa main, moqueuse, sans cacher son dédain pour le dirigeant du Royaume de Tianxuan.
Aux yeux des autres, Shen Zhui était respectable et puissant. Pour elle, il ne valait rien.
– « Exact ! Il est juste le maître d’un misérable royaume non classé, et il a une si haute estime de lui-même ! Sans ma bienveillance, il serait déjà mort de nombreuses fois… » ricana-t-il.
Mais alors, son visage tressaillit, et toute force quitta ses jambes.
Putong !
Il tomba à genoux.
Surprise, Su Feifei s’exclama, horrifiée : « Xiang chéri ! »
Elle savait parfaitement à quel point l’homme à côté d’elle était puissant. Même Shen Zhui ne lui arrivait pas à la cheville. Il surpassait de loin le royaume Zhizun. Et pourtant, s’effondrer ainsi… Quelque chose de terrible avait lieu !
– « Qui m’a attaqué ? »
Irrité d’avoir été humilié en public, il regarda autour de lui, hargneux, les mâchoires serrées.
– « Vous avez été touché par mon Poison Séduisant le Cœur du Fantôme Divin ! » dit une voix calme. « Si vous voulez vivre, quelqu’un doit volontairement vous céder son sang. Sinon, dans un quart d’heure, vous mourrez d’une hémorragie par tous vos orifices, et même les divinités ne pourront plus rien pour vous ! »
Xiang leva précipitamment la tête et aperçut une jeune femme assise gracieusement devant un étal, une tasse de thé à la main.
– « Qui êtes-vous ? Nous ne nous connaissons pas, alors pourquoi vouloir me tuer ? »
Elle était capable de l’empoisonner d’aussi loin, de le rendre totalement impuissant, et il ne pouvait évaluer sa puissance. Il réalisa qu’il ne lui arrivait pas à la cheville. Il n’osa donc pas faire preuve d’imprudence.
– « Comment pourrais-je connaître chaque insecte de ce monde ? » Wei Ruyan passa tranquillement ses cheveux derrière ses oreilles et posa sa tasse sur la table. Avec une nonchalance absolue, elle annonça : « Il ne vous reste plus beaucoup de temps. Je ne pense pas que vous ayez le luxe de bailler aux corneilles si vous voulez vivre. »
– « Je… »
Il rassembla rapidement le zhenqi dans son corps dans l’espoir de neutraliser le poison, mais il en était incapable. Son agresseur ne mentait probablement pas en affirmant qu’il avait besoin de changer son sang.
Livide, il se tourna vers Su Feifei et cria : « Feifei, venez par ici ! »
– « Je… » Sachant ce à quoi il pensait, son visage pâlit d’horreur. Elle recula, apeurée.
Même le véritable amour vacillait face à la mort, alors une relation fondée sur des bénéfices mutuels ?
En la voyant reculer, son mari plissa les yeux, menaçant. « Croyez-vous pouvoir désobéir ? »
– « Je… » Elle tremblait de peur.
– « Vous n’êtes qu’une bouseuse, une campagnarde. Ne me dites pas que vous pensiez faire partie de la noblesse ? Vous n’ignorez pas le prix à payer pour avoir vécu dans le luxe à mes crochets ! Dépêchez-vous et donnez-moi votre sang ! Si je survis, rien ne changera entre nous. Si vous refusez, je vous emporterai dans la tombe ! » cria-t-il, un éclat meurtrier dans son regard.
Qu’étaient Su Feifei et Su Maoqing ? Des outils à sa disposition !
– « Non ! »
Sachant qu’elle allait y passer dans tous les cas, elle recula craintivement. Cependant, elle sentit soudainement une puissante énergie l’entourer. À cet instant, elle réalisa que si elle continuait, son mari prendrait sa vie.
Ses yeux devinrent ternes, son cœur se serra.
Elle se rappela que quelqu’un l’avait aimée de tout son cœur un an auparavant. Il lui avait avoué ses sentiments, mais elle l’avait méprisé pour sa pauvreté et l’avait rejeté. Qui aurait pu prédire qu’il trouverait un excellent professeur et atteindrait le sommet ? Même Shen Zhui devrait désormais l’honorer !
Elle avait pensé avoir perdu sa seule chance de sortir de la misère. Mais elle avait rencontré Xiang un an plus tôt.
Ce dernier l’avait très bien traitée, lui construisant même un immense manoir. Elle avait pensé qu’il était vraiment amoureux d’elle, mais à ce moment-là elle réalisa qu’elle n’était rien de plus qu’un jouet pour lui.
Ne leur prêtant plus aucune attention, Wei Ruyan se tourna vers Zheng Yang, un sourire sur son visage. « Alors ? »
Rien de mieux pour tester les sentiments d’une personne qu’une menace de mort ! … Et il était évident que ces deux personnes ne faisaient que se servir égoïstement de l’autre !
– « C’est sa vie, cela ne me concerne pas. Je n’ai pas le droit d’interférer, » répondit-il, même s’il avait l’impression que son cœur était coupé en petits morceaux.
Il avait aimé cette jeune femme depuis son plus jeune âge, et son plus grand souhait avait alors été de partager sa vie. Il n’aurait jamais pensé qu’ils finiraient ainsi.
– « Je peux vous donner l’occasion de jouer au héros. Ne voulez-vous pas qu’elle regrette sa décision ? C’est une occasion unique ! »
– « Non, ce n’est pas nécessaire. Elle n’occupe plus la même place dans mon cœur ! »
Il réalisa qu’entrer à nouveau dans sa vie n’aurait aucun sens, même si elle regrettait sa décision. Ils appartenaient déjà à deux mondes différents. Il leur était de toute façon impossible de s’unir.
De plus, connaissant sa nature, il savait qu’il douterait toujours d’elle, même s’ils se mariaient. Serait-elle réellement amoureuse de lui ? Ou plutôt attirée par sa fortune et son pouvoir ? Il détestait l’idée de remettre constamment en question l’intégrité de son partenaire.
Puisque qu’il en était ainsi, pourquoi s’ennuyer avec elle ?
– « Si vous ne faites rien, elle va vraiment y passer, » observa calmement Wei Ruyan en se remettant à siroter son thé.
Zheng Yang leva précipitamment la tête. Les yeux de l’homme étaient injectés de sang. Xiang leva son bras et attira Su Feifei à lui à l’aide de son zhenqi. Utilisant son doigt comme une épée, il trancha son poignet pâle, faisant couler le sang.
Transférer du sang et transférer une lignée étaient deux choses distinctes. Dans le premier cas, il suffisait de remplacer le fluide vital d’une personne par celui d’une autre. Le processus n’avait rien de compliqué, et même un Médecin 2 étoiles pouvait réussir une telle opération. Xiang avait été empoisonné, mais sa cultivation n’avait pas été touchée. Tant qu’il procédait prudemment, il serait capable de le faire tout seul.
Voyant que Su Feifei allait vraiment perdre la vie à ce rythme, Zheng Yang se leva immédiatement et hurla : « Arrêtez ça ! »
L’homme tourna la tête et le regarda froidement.
La femme trembla en entendant cette voix familière. Elle pivota rapidement vers la silhouette qui marchait vers elle, et des larmes commencèrent à couler de ses yeux.
– « Zheng Yang… Vous… Vous êtes de retour ? »
Il lui était impossible de ne pas reconnaître cette voix. Elle appartenait au jeune homme qui avait rassemblé tout son courage pour lui avouer ses sentiments, mais qu’elle avait rejeté.
Il avançait, un pas à la fois. Il lui parut être incomparablement grand, frappé par les rayons du soleil.