Bo u m !
La caverne trembla et la lave bouillonna furieusement. L’Ancien Sage Ardent plissa les yeux et dit d’une voix assez cassante pour briser les plaques tectoniques : « Qu’avez-vous dit ? »
Alarmé, Mo Ling se rapprocha de Zhang Xuan : « Et vous, qu’essayez-vous de faire ? » Il ne s’attendait pas à ce que le Directeur de la Guilde fût aussi direct. Cependant, il avait choisi de suivre ses ordres. Il ne reculerait pas.
– « J’ai entendu dire que les Oracles des Âmes étaient un ramassis d’arrogants. C’est parce que vous avez refusé de vous soumettre au Maître Enseignant Kong que vous avez été décimés par le Pavillon des Maîtres Enseignants et avez été forcés de fuir jusqu’ici… Je pensais que ce n’étaient que des histoires, mais on dirait que non ! »
L’Ancien Sage Ardent fit un pas en avant. De puissantes vagues de chaleur écumèrent alentour.
Cela faisait plusieurs milliers d’années qu’il était devenu le chef de la Tribu des Bêtes de cet Autre Monde, mais c’était la première fois que quelqu’un envisageait sérieusement de faire de lui un animal de compagnie. Pas même le Seigneur Chen Yong n’avait osé prononcer de telles paroles. Et ce gamin du royaume de la Sempiternité avait osé ! Quelle audace !
S’il ne donnait pas une bonne leçon, que deviendrait son amour-propre ?
– « Vous n’avez pas le droit de juger les décisions des Oracles des Âmes ! » s’exclama froidement l’Ancien Sage humain.
– « Vraiment ? »
L’énorme gueule se pencha et fit venir un flot de flammes du plafond. Mo Ling écarquilla les yeux, surpris. Il s’avança rapidement et leva ses deux bras pour bloquer l’attaque.
Peng !
La vague ardente créa une énorme dépression sous sa cible, qui fut contrainte de reculer de plusieurs dizaines de mètres sous la pression.
L’Oracle ne s’était pas attendu à un assaut sans aucun avertissement. Furieux, il rassembla son pouvoir et s’envola. Un coup de vent glacial s’éleva dans la caverne, menaçant de couvrir toute la zone d’une couche de givre.
Même si les Oracles des Âmes avaient peur des flammes, il pouvait sentir la sensation de brûlure se calmer petit à petit tandis qu’il utilisait la technique de cultivation que le Maître de Guilde lui avait transmise. Ainsi, il avait une chance de l’emporter !
Mais avant de pouvoir atteindre la bête, une voix retentit soudainement dans ses oreilles.
– « Ne vous dérangez pas. Laissez-moi faire ! »
Il s’arrêta aussitôt, sans pour autant quitter du regard l’énorme Béhémoth de Feu.
Hula !
Zhang Xuan s’avança jusqu’au bord du lac de lave et regarda Ardent, qui flottait dans les airs. « Pourquoi ne pas faire un pari ? »
La bête Ancien Sage ne répondit pas immédiatement, choisissant plutôt de le dévisager avec insistance.
Il n’avait jamais rencontré l’Ancien Sage Mo Ling auparavant, mais les rumeurs disaient qu’il était l’un des Oracles les plus puissants de ce monde. S’il suivait les ordres de ce jeune homme avec une telle loyauté, alors celui-ci devait avoir des capacités exceptionnelles.
– « Ce que je propose est très simple. Battons-nous. Si vous perdez, vous devrez vous soumettre à ma volonté. Si vous gagnez, je conduirai personnellement le Seigneur Chen Yong ici et je lui ferai accepter des conditions favorables à votre Tribu ! Qu’en pensez-vous ? Ne me dites pas que vous avez peur de vous battre avec quelqu’un de mon royaume ! »
– « Peuh ! » L’Ancien Sage Ardent gronda en levant ses griffes massives et les balança vers l’importun. « Montrez-moi à quel point le Maître de la Guilde des Oracles est puissant ! »
Bo u m !
L’espace sembla se briser sur la trajectoire de son coup. Une énergie incroyable se rassembla autour de Zhang Xuan pour le maintenir immobile.
L’Ancien Sage Mo Ling serra ses poings, agité.
La force de la bête était plus grande que ce à quoi il s’était attendu. Même lui aurait eu du mal à tenir bon face à un tel assaut. Se pouvait-il que la cultivation du Béhémoth eût progressé après plusieurs milliers d’années d’exil ?
– « Non… » réalisa-t-il rapidement. « Il tire avantage du terrain. »
Même la plus petite percée pour des experts de leur niveau était incroyablement ardue.
La raison principale pour laquelle Ardent semblait exceptionnellement puissant était qu’il avait accès au pouvoir de la lave dans cette caverne. Il était ainsi en capacité de pleinement démontrer l’étendue de sa force.
Dans ces circonstances, Mo Ling ne faisait pas le poids. Au mieux, il pouvait fuir pour sa vie. Si même lui n’avait aucune chance, qu’en était-il de son Maître de Guilde ?
Il se tourna rapidement et vit ce dernier sourire en dégainant une lance.
D’un bond puissant, le prodige survola le lac de lave. Ne faisant qu’un avec son arme, il sembla devenir un grand dragon noir en mesure de planer à travers les neuf cieux. Il chargea furieusement son ennemi.
Bo u m !
Un éclat, un rugissement retentit. Des fissures apparurent rapidement dans toute la caverne malmenée par l’immense pression. D’innombrables fragments de roche tombèrent du plafond.
– « Ce sont… les Huit Notes du Dragon Céleste ? » L’Ancien Sage Mo Ling était stupéfait.
Il n’avait entendu parler que d’un seul rugissement capable d’écraser la volonté d’un ennemi et de le rendre irrationnel. Cependant, on disait que seuls les Dragons de Sang Pur pouvaient exprimer ces notes.
La Lance Divine en Os de Dragon ne venait-elle pas de percer ?
De plus, sa lignée n’était pas pure. Comment pouvait-elle émettre un tel son ?
Deng deng deng deng !
Si l’Ancien Sage Mo Ling était sous le choc, l’Ancien Sage Ardent l’était également. Il fut forcé de reculer de plusieurs pas, son trouble se reflétant dans ses yeux.
Comme il ne possédait pas la lignée draconique, les Huit Notes du Dragon Céleste ne lui imposaient nulle pression. Néanmoins, la peur instinctive de toute bête envers la race impériale fissura son mental, si bien qu’il rechignait d’instinct à se dresser contre son ennemi.
Hula !
À peine après son recul, le dragon noir agita sa queue puissante, et la lave en dessous d’eux se mit à bouillonner furieusement. Un ouragan jaillit de la caverne, soulevant des dizaines de piliers de lave.
L’Ancien Sage Ardent secoua la tête. Il réalisa alors qu’il n’affrontait pas un puissant dragon noir. Le jeune homme se tenait toujours là et agitait rapidement la lave avec sa lance, envoyant d’énormes blocs brûlants dans sa direction.
– « La chaleur est mienne. Si vous pensez pouvoir me vaincre sur mon propre terrain, vous me sous-estimez ! »
Il ne s’était pas attendu à ce que le jeune homme utilisât ses propres armes contre lui tout en démontrant des capacités stupéfiantes. L’énorme museau d’Ardent souffla un paquet de flammes, puis il leva les pattes et frappa.
Weng !
Une onde dorée se répandit dans les environs, et les innombrables piliers de lave perdirent leur élan et s’effondrèrent.
La bête vivait là depuis plusieurs milliers d’années, et la roche liquide avait été affinée à maintes reprises. Même si son adversaire pouvait la contrôler pendant une courte période, elle pouvait reprendre la main dès qu’elle le voulait.
Zhang Xuan se redressa, sa lance dans sa main. « Je vois. »
Il ne semblait pas découragé sous prétexte que son opposant avait annulé son attaque. Au contraire, il débordait toujours d’une confiance absolue.
Après tout ce qui s’était passé, l’Ancien Sage n’osa plus sous-estimer le jeune homme devant lui. « Vous êtes en effet un individu assez extraordinaire pour devenir le Maître de la Guilde des Oracle des Âmes… Cependant, votre cultivation est seulement au parachèvement du royaume de la Sempiternité. Votre puissance vient de cette arme dans votre main, n’est-ce pas ? »
Ce court combat lui avait permis de voir que le soi-disant Maître de Guilde n’était pas si fort physiquement parlant. Il ne pouvait l’affronter que parce qu’il détenait cette lance.
– « En effet ! » Le prodige ne le nia pas.
En l’entendant, Ardent hocha la tête, satisfait. « Une arme est incapable de déchaîner son potentiel sans que quelqu’un la manie. Le fait que vous soyez capable d’exécuter un coup si puissant que j’ai failli être acculé prouve que vous êtes réellement une personne incroyable… »
À ce moment, son ton devint sec et colérique. Il hurla froidement : « Cependant, si vous pensez pouvoir me vaincre avec si peu, alors vous êtes trop naïf ! »
La lave se mit à bouillonner une fois de plus et s’agita furieusement, ses vagues formant un tsunami.