“C-C’est ce que vous vouliez dire, Sire ? ! Nous nous excusons sincèrement d’avoir sauté à la mauvaise conclusion !”
Les servantes démoniaques s’inclinent aussi profondément qu’elles le peuvent. Dieu merci, je les ai faites tomber dans le piège…
“Je vous suggère de ne pas vous en faire avec ça. Rien de tout cela ne serait arrivé si j’avais été plus clair avec Anri. La faute est aussi la mienne.”
“Je-je-je peux difficilement être d’accord !”
“En tout cas, il n’est pas nécessaire que vous m’offriez votre corps. Suis-je clair ?”
“… Nous comprenons. Mais Yuuto-sama, si jamais vous désirez vous offrir notre corps, il vous suffit de le dire. Nous attendons toutes avec impatience le moment où vous le ferez.”
“Je… je vois…”
Les servantes démoniaques ont l’air un peu abattues maintenant.
“Au fait, Yuuto-sama… C’est quoi ce paquet de papiers dans votre main ?”
Hein ? Ils ne savent pas ce que sont les cartes à jouer ? Mais c’est un monde différent, donc je suppose que ce serait un peu bizarre de les connaître…
“Ce sont des cartes à jouer, une de mes inventions. Je vais vous apprendre à jouer, alors pourquoi ne pas commencer immédiatement ? Je suis sûr qu’on peut tous s’amuser.”
“Oui, Sire !”
Après avoir joué aux cartes avec les trois servantes pendant deux bonnes heures, j’ai fait en sorte que chacune d’entre elles retourne dans sa chambre à coucher.
J’avais réussi à protéger leur vertu, et il ne semblait pas qu’elles soient parties insatisfaites non plus. Pour l’instant, au moins, cette affaire est réglée. D’un autre côté, il n’y a qu’une personne qui a des regrets, et c’est le jeune garçon quelque part dans mon âme qui est encore en pleine puberté.
C’est le cinquième jour depuis ma réincarnation en tant que Grand Roi. Aujourd’hui, comme je le fais toujours, je me mets sur le trône dans la grande salle aussi magnifiquement que possible.
MP : 9,999,999,999 / 9,999,999,999
En regardant de nouveau mon écran de statistiques, je remarque que le nombre de MP est revenu à sa valeur maximale. J’ai déjà remarqué, au cours des deux derniers jours, que le sommeil régénère automatiquement mes MP. Il est plausible de penser que le taux de récupération est proportionnel au temps que je passe à dormir. Je n’ai pas encore été dans une situation où mon HP aurait pu baisser, alors j’ai aucune idée de la façon dont il se régénère.
J’ai aussi entendu dire que ce genre d’écran d’état est quelque chose que tout le monde a dans ce monde, mais il semble aussi que chacun ne peut voir que le sien. Il est toujours possible de montrer son propre écran aux autres si on en a envie. C’est assez facile à faire, il suffit de penser aux mots “divulguer le statut”. Mais je ne vois vraiment pas la nécessité d’afficher mon propre écran de statut, donc cela ne se fera probablement pas de sitôt.
Pourtant, je n’ai vu l’écran de statut de personne d’autre dans ce monde, pas même une fois depuis ma réincarnation. Je ne peux pas m’empêcher de vouloir voir celui de quelqu’un d’autre.
“Anri. Je ne veux pas être brusque, mais j’aimerais voir ton écran de statut.”
Je l’ai demandé à Anri alors qu’elle était – comme toujours – agenouillée devant moi. Elle a répondu en rougissant et en se penchant en silence encore plus loin.
“Qu’y a-t-il, Anri ? Tu ne te sens pas bien ?”
“Oh, non. Ce n’est pas ça ; c’est juste… embarrassant…”
Hein ? Embarrassant ?
“Je m’excuse pour mon manque de calme. Mais… si vous voulez le voir, Yuuto-sama, alors je vais…”
“Peu importe, c’est bon. Oublie ce que j’ai dit.”
Sa gêne est un peu inattendue. Pour les femmes de ce monde, il y a de fortes chances que les écrans de statut soient quelque chose de privé qu’elles préfèrent ne pas rendre public, comme leurs trois tailles. Dans les jeux, voir un écran de statut ne prend guère plus que le clic d’un bouton, donc je n’y ai pas beaucoup réfléchi.
“…”
Haaah… Mais c’est toujours très ennuyeux ici. Ne rien faire d’autre que de s’asseoir sur ce trône est déjà assez ennuyeux, mais faire la même chose pendant cinq jours d’affilée pourrait bien suffire à me faire faire une dépression nerveuse. Je devrais vraiment sortir un de ces quatre.
“Anri. Je crois que je vais sortir du château et jeter un coup d’oeil.”
“Reposez-vous, Yuuto-sama. Nos démons gardent l’extérieur sans faille et vous informeront immédiatement des forces qui approchent. Vous n’avez pas besoin de vous inquiéter de vos déplacements.”
Mais ce n’est vraiment pas le problème. J’ai juste vraiment besoin de changer d’air… Y a-t-il quelque chose que je pourrais utiliser comme excuse… ?
“En tant que souverain suprême qui gouverne l’espèce démoniaque, j’aimerais voir l’état de mes territoires de mes propres yeux.”
“Je vois… Compris. Permettez-moi d’appeler une centaine de démons pour agir comme votre garde personnelle, Yuuto-sama.”
C’est quoi, un défilé pour des Daimyo ? !
(ndt: un Daimyo c’est un noble en gros)
“Non, ce n’est pas nécessaire. Moi seul suffira.”
“Mais… ! Si vous sortez tout seul Yuuto-sama, mon coeur s’arrêterait de battre avant que je puisse me suicider !”
“…”
De toute façon, c’est comme ça que ça se passe quand je veux aller dehors. J’essaie de partir, mais Anri, qui est toujours en proie à l’inquiétude, ne me laisse pas faire. J’aimerais bien jouer l’hétéro dans un sketch comique ici, juste pour crier : “T’es quoi, une maman hélicoptère ? !”
Mais aujourd’hui c’est le jour où je sors enfin ! Utilise ton cerveau. Il doit y avoir un moyen de sortir de ce château sans qu’Anri ne s’en aperçoive…
… !