Short, Light, Free | 轻,短,散
A+ a-
Histoire 3 : Le diable est au coin de la rue
Histoire 2 : La détermination d’un dystopien Menu Histoire 4 : Je ne suis pas si méchant

« Avez-vous entendu parler de cette histoire ? Le diable est juste à côté de ce coin de rue. C’est ce que les gens disent. Ils ont aussi dit que si vous passiez par ce coin de rue et que vous vous asseyiez sur un certain long banc tout en ressentant des émotions négatives, comme la colère, la frustration ou la peine, le diable apparaîtrait. Si vous êtes prêt à renoncer à quelque chose en échange d’un vœu, il pourrait vous exaucer », m’avait dit un homme lambda qui s’était approché de moi tout en souriant.

« C’est vrai, monsieur ? », demandais-je avec condescendance, en lui rendant son sourire.

« Appelez-moi Chalker. Si tu me le permets, tu as l’air très contrarié. Te sens-tu bien, mon ami ? » Chalker affichait encore son sourire, me parlant comme s’il était en train de parler à un vieil ami.

« Je vais bien, je vais bien. J’étais sur le point de partir », répondis-je, un peu circonspect.

Le ciel s’assombrissait, et à en juger par ses vêtements en lambeaux, Chalker était très probablement un mendiant et le banc sur lequel j’étais assis était probablement son lit pour la nuit.

« Veux-tu écouter mon histoire avant de partir ? », demanda Chalker. Sans attendre ma réponse, il s’assit à côté de moi.

J’avais regardé le sourire poilu sur son visage, inquiet de ce qu’il allait faire ensuite.

« Le diable dont tu as parlé… De quoi s’agit-il ? »

« A propos d’un pacte avec le diable, bien sûr ! Écoutes bien ce que je vais te dire », dit Chalker, son sourire s’intensifiant.

Il avait commencé à raconter son histoire.

C’était arrivé il y a dix ans. J’étais arrivé à ce coin de rue, découragé. J’avais dix-huit ans, seulement quelques dollars dans ma poche et personne sur qui compter. Si ma mémoire était bonne, je m’étais assis exactement là où tu es maintenant, et le diable était apparu.

Le diable orgueilleux m’avait dit :

« Es-tu prêt à abandonner quelque chose en échange d’une autre ? »

Le diable m’avait parlé de beaucoup d’autres choses, mais je ne me souviens pas de ce qu’il avait dit. Tu dois savoir que ce n’était pas parce que j’avais une mémoire faible, mais simplement parce que je n’étais pas intéressé par les affaires des autres.

De plus, j’avais soif, j’avais faim et à ce moment-là, j’étais effrayé par ce diable orgueilleux. Je répondis faiblement :

« Je veux de l’argent sans limite. Qu’attendez-vous de moi ? »

Le diable répondit :

« Ton sourire. Tu auras de l’argent à volonté, mais tu ne pourras plus jamais sourire ! Qu’est-ce que tu en dis ? »

« Bien sûr. À quoi bon sourire ? Ça ne peut pas me remplir le ventre. J’accepte l’échange », j’étais tout à fait d’accord.

« Ne souris-tu pas très librement en ce moment ? »

Je l’avais interrompu, je n’étais pas convaincu.

« Personne ne t’a appris que c’était impoli d’interrompre quelqu’un lorsqu’il raconte une histoire ? », répliqua Chalker.

Il avait toujours ce sourire effrayant sur son visage.

« Désolé ! »

Je m’étais tout de suite excusé.

J’avais quitté le coin de la rue dans la joie après avoir reçu un sac du diable. C’était comme un sac d’argent sans fond, mais je ne pouvais plus sourire.

J’avais commencé à utiliser l’argent pour pouvoir manger de délicieux repas et séjourner dans les hôtels les plus luxueux. J’avais vécu de façon extravagante puisque j’avais des moyens illimités. Bien sûr, il y avait plus d’amis qui me suivaient tous les jours. J’avais expliqué que j’étais le patron d’une compagnie minière et que j’avais accumulé une somme d’argent inépuisable. Je leur avais même dit que je ne pouvais pas sourire correctement à cause d’une blessure dans une mine.

Tout le monde m’avait rapidement appelé Boss Chalk. J’avais passé mes journées à jouer dans de luxueux bordels. Je payais quiconque était prêt à me divertir avec des sommes généreuses.

Le temps passa très vite. Une fois, j’étais allée aux toilettes après avoir trop bu et j’avais entendu une conversation entre une hôtesse et un ami. Avec une cigarette à la main, il avait dit :

« C’est si difficile de comprendre cet imbécile avec sa paralysie faciale. »

La femme avait hoché la tête et ri.

« Exactement. Son visage ne change pas. Chaque fois que j’essaie de lui faire plaisir, je ne sais même pas s’il est heureux. Comme c’est écœurant. »

À partir de ce jour-là, j’avais commencé à faire plus attention à ce qui m’entourait et j’avais réalisé que chacun de mes amis me maudissait derrière mon dos. Dire que je les avais douchés avec tant d’argent tous les jours !

J’avais essayé différentes façons d’ouvrir la bouche et de sourire, mais c’était impossible. Indigné, j’avais juré de ne plus jamais donner un centime à chacun de mes amis.

Juste comme ça, mes amis étaient partis, un par un. Finalement, je m’étais encore retrouvé en détresse à ce coin de rue.

Le diable m’avait regardé avec son sourire arrogant habituel. C’était humiliant, mais je ne pouvais que le supplier de me rendre mon sourire et j’étais prêt à payer n’importe quel prix.

Il s’était moqué de ce que j’avais déjà dit.

« Bien sûr. À quoi bon sourire ? Ça ne peut pas me remplir le ventre. J’accepte l’échange ! »

J’avais honte, mais je ne pouvais que le supplier aveuglément.

Le diable m’avait regardé.

« Je peux te rendre ton sourire, mais à la même condition : un échange. Tu peux retrouver ton sourire, mais tu ne quitteras plus jamais ce coin de rue. Tu assumeras le travail du diable et tu continueras à faire des affaires avec les gens. »

Le diable orgueilleux avait obtenu sa liberté. C’était vrai, il était libre, et j’avais retrouvé le sourire.

Voilà, c’était mon histoire.

J’étais sans voix, j’avais regardé Chalker.

« Dis-moi, petit. Qu’est-ce que tu veux ? », Chalker sourit avec un sourire étrange.

« Moi ? Je veux que la personne que j’aime m’aime à nouveau ! »

J’avais parlé fortement.

« Et si tu échangeais tes larmes contre de l’amour ? Tu ne pourras plus pleurer, est-ce que cela te convient ? »

« Bien sûr. Pleurer ne fait que me rendre faible et les faibles ne peuvent pas susciter l’amour, seulement de la pitié », j’avais accepté sans aucune hésitation.

« J’espère que tu ne seras pas déçu. »

Chalker souriait d’un air excité, ce qui me mettait mal à l’aise.

J’étais parti de ce coin de rue avec un rouge à lèvres à la main.

Un rouge à lèvres que j’avais reçu en échange de mes larmes.

Je l’avais donné à la personne que j’aimais.

Le rouge à lèvres était très efficace.

On s’était mariés et on avait eu un enfant.

Nous menions une vie heureuse, du moins je le pensais.

J’avais travaillé dur pour gagner de l’argent, mais ce n’était pas suffisant pour satisfaire mon amante.

Et mon enfant ne me ressemblait en rien.

Chaque fois qu’elle pleurait sur le fait que je ne gagnais pas assez pour subvenir aux besoins de la famille, j’étais toujours sans expression.

Je ne pouvais pas pleurer.

À cause de ça, elle m’a traité de monstre froid et sans cœur.

J’avais fait une autre découverte.

Elle jetait ouvertement des regards langoureux sur tous les hommes qui passaient.

Le nombre d’hommes avec qui elle avait couché dépassait de loin mon imagination.

Plus tard, j’avais découvert que le diable me confisquait mes larmes, pas en échange d’un rouge à lèvres qui pourrait me faire aimer.

C’était un rouge à lèvres qui pouvait rendre quelqu’un licencieux.

Déprimé, j’étais retourné au coin de cette rue et je m’étais assis sur ce long banc.

Je donnerais n’importe quoi pour récupérer mes larmes parce que c’était absolument insupportable. J’avais envie de pleurer autant que je voulais.

Pourtant, Chalker n’avait fait que sourire et me répéta les paroles que j’avais dites auparavant, tout comme le diable prétentieux qu’il m’avait décrit auparavant.



Rejoignez-nous et devenez correcteur de Chireads Discord []~( ̄▽ ̄)~*
Histoire 2 : La détermination d’un dystopien Menu Histoire 4 : Je ne suis pas si méchant