Auteur : Le Vent du Soir est Apaisant (晚風悠人)

Traductrice : Moonkissed

L’écran révéla une scène paisible d’un petit village côtier isolé.

Sur la plage, un garçon d’environ sept ou huit ans fixait l’océan, ses yeux brillants comme des étoiles, clairs et profonds.

« Xiaoyan, rentrons, c’est l’heure de manger, » dit un homme d’âge moyen au visage bienveillant en tapotant doucement l’épaule du garçon, avant de se diriger lentement vers le village.

« Oncle Xiao, laisse-moi aller pêcher avec toi cet après-midi, d’accord ? » Le garçon se leva rapidement et attrapa le bras de l’homme, le suppliant d’une voix innocente.

L’homme s’arrêta, tapota affectueusement sa tête et répondit en souriant : « Tu es encore trop jeune. Reste tranquillement à la maison et joue avec ta petite sœur. Quand tu seras plus grand, je t’emmènerai, c’est promis. »

« Je ne suis pas si petit ! » répliqua le garçon en montrant ses bras comme pour prouver sa force.

…

Devant les écrans géants dans tout le pays, les spectateurs reconnurent rapidement le garçon. C’était Shi Yan, dans son enfance.

« Qui aurait cru qu’il était aussi adorable enfant, et qu’il deviendrait un boucher sans scrupules, tuant ses compatriotes… », murmura quelqu’un.

« On ne peut jamais juger un homme à son apparence, Shi Yan est vraiment un homme cruel avec un cœur de bête ! » rétorqua une autre personne, visiblement indignée.

Derrière eux, Xiao Lingxi avait les yeux rouges, submergée par des vagues de souvenirs nostalgiques et douloureux.

Parce que cet homme d’âge moyen à l’écran, c’était son père, et ce village côtier, c’était l’endroit où elle était née.

Ses plus beaux souvenirs avaient commencé ici, mais ils s’étaient aussi brutalement arrêtés ici.

« Alors c’était son enfance… » murmura Ji Hongyue.

Après un bref moment d’égarement, l’attention du public se reporta sur l’écran.

« Papa ! Frère ! » Une petite fille d’une voix douce courut joyeusement hors de la maison en bois.

« Lingxi, sois sage, » dit Shi Yan en la prenant dans ses bras, caressant doucement son petit nez du bout des doigts.

« Grand frère, est-ce que tu m’as ramené des coquillages ? » demanda la petite fille, ses grands yeux pleins d’espoir.

« Bien sûr, » répondit Shi Yan en secouant un sac de toile qui émit un léger tintement.

Ravie, la petite fille tendit ses mains potelées et attrapa immédiatement le sac : « Youpi ! »

« Xiao Xi, viens te laver les mains et manger, ne sois pas trop espiègle avec ton frère, » dit l’homme en la déposant doucement par terre.

Devant l’écran, le public recommença à murmurer.

Après tout, Xiao Lingxi était une figure trop célèbre pour passer inaperçue. Elle n’était pas seulement la première prodige de l’Université Numéro Sept, mais elle portait aussi un titre redoutable : disciple du mage étoilé Youlan.

Youlan était l’un des trois plus grands mages du Grand Xia, une personne au sommet de la hiérarchie.

Depuis l’éveil de l’humanité, les individus pouvaient se spécialiser en trois grandes catégories selon leur potentiel inné.

Guerriers : Royaume des pierres brisées, Royaume des dix mille Jin, Royaume du vide fracassé, Royaume des Cieux, Royaume sans Égal, Royaume des Déplacements de Montagnes et de remplissage des Mers, Royaume des Cieux Changeants, Royaume Demi-dieu.

Mages : Mage Débutant, Mage Intermédiaire, Mage Supérieur, Mage Transcendant, Mage Interdit, Mage Spirituel Étoilé.

Soutien : Soutien Apprenti, Soutien Chevronné, Maître Soutien, Soutien Transcendant, Soutien de Vie, Soutien Sacré.

Et chaque Royaume était divisé en neuf niveaux.

Peut-être fatiguée par les chuchotements incessants autour d’elle, Xiao Lingxi éleva la voix.

« Il est inutile de continuer à spéculer. Shi Yan a été trouvé abandonné sur la plage par mon père. Si nous avions su qu’il trahirait un jour son pays et massacrerait ses compatriotes, jamais mon père ne l’aurait recueilli ! »

Ses mots firent taire la foule.

Beaucoup jetèrent un regard plein de compassion à Xiao Lingxi.

Voir de ses propres yeux l’homme qu’elle considérait comme un frère, élevé par son père, devenir un démon de sang froid détesté par tous, cette douleur-là ne pouvait être décrite avec des mots.

« Regardez vite ! »

Soudain, quelqu’un pointa l’écran en poussant un cri de surprise.

L’image montrait un bouleversement inattendu.

Le paisible village était soudainement secoué avec une force incroyable, des fissures se propageant sur le sol, à l’intérieur desquelles des bêtes féroces rugissaient, produisant un vacarme terrifiant !

La surface de la mer s’éleva avec des vagues énormes, un gigantesque poulpe se dirigeant rapidement vers le village, ses tentacules écrasant les maisons à chaque mouvement.

« Des races extra-terrestre ! Ce sont les races extra-terrestres ! »

Les villageois, pris de panique, couraient hors de leurs maisons.

Mais à peine avaient-ils fait quelques pas qu’ils étaient déchiquetés par les bêtes qui sortaient des fissures du sol.

En quelques secondes, le lieu était devenu un véritable enfer, les bruits de combats enragés et les cris de désespoir résonnant dans les airs, provoquant des frissons.

Le sol était teinté de sang, mais pas un corps n’était visible, tous ayant été avalés par les créatures féroces.

« Xiaoyan, prends ta sœur et sauve-toi ! »

Xiao Zhenyuan, brandissant son épée, trancha une bête qui fondait sur lui en deux.

Shi Yan, tenant Xiao Lingxi, restait figé, la peur inscrite sur son visage, ses jambes tremblant sans relâche.

« Va-t-en ! Reprends-toi ! »

Xiao Zhenyuan cria en tirant Shi Yan derrière lui vers la colline.

En voyant les bêtes de plus en plus nombreuses à leurs trousses, il se tourna vers Shi Yan avec gravité : « Xiaoyan, sois fort. Ton oncle ne pourra pas rester avec vous pour grandir. Promets-moi de bien protéger Lingxi… »

Après ces mots, il se jeta dans la mêlée des bêtes pour donner une chance de s’échapper aux deux enfants.

« Papa ! Papa, non ! » Xiao Lingxi pleura à chaudes larmes, essayant de se libérer des bras de Shi Yan.

« Ne pleure pas, Lingxi… » Shi Yan essuya ses larmes, puis jeta un dernier regard profond à Xiao Zhenyuan avant de s’élancer, trébuchant et courant vers la forêt.

En chemin, il tomba plusieurs fois sous l’effet de la peur, mais à chaque fois, il se protégea, tournant son dos vers le sol pour que Lingxi ne subisse aucune égratignure.

…

« Hahaha, ce Shi Yan qui dit à Lingxi de ne pas pleurer, regarde ses propres larmes couler comme un torrent ! »

« On n’aurait jamais pensé que le premier prodige du Grand Xia pouvait être aussi lâche. Où est donc son arrogance d’antan ? »

Les spectateurs rirent en voyant Shi Yan fuir dans un état aussi pitoyable.

D’ordinaire, ils baissaient la tête devant lui, mais maintenant qu’ils le voyaient si vulnérable, ils ne purent s’empêcher de se moquer.

Cependant, les moqueries furent rapidement réprimées par d’autres.

Bien que Shi Yan mérite de mourir mille fois, les bêtes étrangères massacraient leurs compatriotes. Dans un tel climat tragique, il était indécent de rire.

Personne ne remarqua que Xiao Lingxi avait serré les poings, ses yeux s’humidifiant de larmes.

Son père avait perdu la vie lors de cette attaque des extraterrestres…

À côté d’elle, Lin Yaoxuan murmura des mots de réconfort : « Ton père était un héros qui combattait les extraterrestres, il sera toujours dans nos mémoires. S’il savait ce que tu es devenue, il serait sûrement fier de toi. »

« Merci, » répondit Xiao Lingxi en hochant la tête, son cœur se réchauffant un peu.

Mais la suite des paroles de Lin Yaoxuan fit à nouveau assombrir son expression.

« Si ton père savait ce qui se passerait, il aurait sûrement voulu tuer ce loup blanc sur-le-champ, » ajouta-t-il.

Ses mots visaient directement Shi Yan.

Bien que son ton soit doux et que son visage demeure calme, un éclat de moquerie dans ses yeux trahissait ses véritables pensées.