Auteur : Le Vent du Soir est Apaisant (晚風悠人)

Traductrice : Moonkissed

Deux heures plus tard, Shi Yan s’arrêta devant une fissure dans le sol.

« Tu n’as quand même pas été séduit par ça, ça ne serait pas là-dedans, n’est-ce pas… ? » demanda curieusement Ji Hongyue en regardant la fissure, qui ne faisait qu’un demi-mètre de large.

« Ce n’est pas séduire, c’est invoquer, » lui lança Shi Yan d’un regard exaspéré. « Je vais descendre voir, vous restez ici. »

Sur ce, il sauta dans la fissure.

« Grande sœur, attends-moi ici, » suivit Ji Yunfan.

« Tu es vraiment un petit suivant ! » s’énerva Ji Hongyue, serrant les dents, avant de les rejoindre.

En descendant plusieurs centaines de mètres le long de la fissure, l’espace s’ouvrit brusquement, s’élargissant de plusieurs dizaines de fois.

Shi Yan continua d’avancer jusqu’à ce qu’il s’arrête près d’une source, son regard fixé sur une lance qui trempait dans l’eau.

Elle mesurait environ sept pieds de long, entièrement argentée, scintillant d’une lumière froide dans cet environnement sombre.

Son apparition semblait destinée à mettre fin à tous les conflits et à toutes les vies, chaque pouce dégageant une pression oppressante.

« Qu’est-ce que c’est… ? »

Dès que Ji Hongyue et Ji Yunfan arrivèrent près de lui, ils furent enveloppés par l’aura meurtrière de la lance, leurs poils se redressant instinctivement.

« Étoile Filante, » dit alors un vieil homme expérimenté devant l’écran d’un air grave.

« Étoile Filante ? » s’exclamèrent immédiatement les autres avec des regards perplexes.

Le vieil homme trembla légèrement des lèvres, son expression était celle de l’excitation alors qu’il continuait d’expliquer : « La lance de l’Empereur. »

« On raconte qu’après la chute de l’Empereur, l’Étoile Filante a disparu, mais il semble que Shi Yan l’ait finalement retrouvée. »

À ces mots, l’étonnement était difficile à dissimuler dans les yeux de tous.

Ils savaient à quel point Shi Yan était puissant et avaient entendu parler de la force de sa lance, mais ils n’avaient jamais réalisé qu’elle appartenait à l’Empereur.

« Ne me dites pas… que Shi Yan a vraiment un lien étroit avec l’Empereur ? » s’exclama quelqu’un, stupéfait.

En entendant cela, beaucoup restèrent silencieux.

Bien qu’ils ne veuillent pas l’accepter ni y croire.

Mais le fait que même la lance de l’Empereur ait été invoquée pour faire venir Shi Yan les contraignait à admettre une réalité : Shi Yan avait définitivement des liens avec l’Empereur, des liens qu’ils ignoraient.

Des soupirs résonnèrent dans la cour.

C’était l’impossibilité de l’acceptation par tous.

Ils ne pouvaient pas relier un héros d’une grande renommée à un traître à la patrie.

…

Dans l’écran, l’agitation dans le cœur de Shi Yan devenait de plus en plus forte.

Il ne put s’empêcher de s’avancer vers la lance, et lorsqu’il la saisit, elle se mit à vibrer violemment.

Puis, une lueur glaciale jaillit soudainement de la pointe de la lance.

« Attention ! » crièrent Ji Hongyue et Ji Yunfan.

Shi Yan voulut esquiver, mais il était déjà trop tard, il pouvait seulement regarder la lueur glaciale s’approcher.

Heureusement, elle ne fit que le blesser légèrement au poignet.

Lorsque son sang coula sur la lance, celle-ci émit un cri perçant qui résonna à des kilomètres à la ronde !

Ce cri pénétra dans l’âme, faisant frissonner involontairement tous ceux qui se trouvaient devant l’écran.

C’était comme si elle annonçait son retour !

Elle annonçait à tous sous le ciel qu’elle, l’Étoile Filante, était revenue !

Au moment suivant, la lance entraîna Shi Yan avec elle, s’élançant à une vitesse fulgurante, disparaissant en un clin d’œil.

Les frères et sœurs Ji essuyèrent leurs yeux, pensant presque avoir eu une hallucination.

Après un moment, Ji Hongyue plaisanta : « Alors, qu’est-ce que tu attends pour le suivre ? »

Ji Yunfan haussant les épaules, dit : « Grande sœur, je ne t’ai jamais insultée. »

L’image changea.

Sous la conduite de l’Étoile Filante, Shi Yan se retrouva sur une vaste plaine.

Il balaya le paysage du regard, et fut si surpris qu’il en perdit ses mots.

Innombrables ossements s’entremêlaient, certains étaient intacts, reposant tranquillement là, comme s’ils attendaient quelque chose ; d’autres avaient été érodés par le vent et le sable du temps, ne laissant que des morceaux éparpillés, flottant au gré du vent comme de la poussière.

À côté des ossements, il y avait diverses armes brisées, certaines rouillées, d’autres n’étant que des débris.

Devant lui se tenait un abîme insondable. C’était comme une grande bouche noire, déchirant impitoyablement la terre.

En regardant dans l’abîme, il ne voyait que l’obscurité infinie, semblant pouvoir engloutir toute lumière et tout espoir.

Un vent froid s’élevait de l’abîme, apportant une froideur sinistre, soufflant à travers les ossements, émettant des gémissements lugubres, comme si d’innombrables âmes en peine pleuraient de douleur.

Cet abîme mesurait environ cent mètres de large et s’étendait à l’infini.

C’était comme si le monde entier était scindé en deux !

Et de l’autre côté de l’abîme, c’était comme un autre monde, où le ciel était rouge, et le sol était couvert de plantes aux formes étranges, jamais vues auparavant !

…

« Ce sont les confins ?! »

Devant l’écran, tous écarquillèrent les yeux.

Bien que beaucoup n’aient jamais mis les pieds dans les confins, ils avaient vu des images et des vidéos à ce sujet à la télévision et dans des livres.

« C’est donc ça les confins… Il est vrai qu’un héros victorieux laisse derrière lui des milliers de squelettes ! »

« Les batailles d’autrefois étaient-elles aussi terribles ? »

« Mon dieu, combien de personnes ont perdu la vie lors des combats contre les races extraterrestres… »

Des regards horrifiés se reflétaient dans les yeux de tous.

La vue des ossements éparpillés à perte de vue donnait l’impression d’être en enfer, et la peur était indescriptible.

Ils n’avaient jamais vécu de véritables guerres entre peuples, rendant difficile la compréhension de cette cruauté et désespoir où la mort pouvait survenir à tout moment. Ils savaient seulement que les livres parlaient d’horreur, de beaucoup d’horreur.

Mais d’où venait cette horreur ?

Aujourd’hui, ils comprenaient enfin…

« Regardez ! Pourquoi Shi Yan reste-t-il immobile les yeux fermés ? » s’exclama quelqu’un en pointant l’écran.

À ces mots, tout le monde rassembla son attention et reporta son regard sur l’écran.

Shi Yan se tenait devant l’abîme, les yeux fermés, ses cheveux flottant sans vent, mais son expression changeant constamment, parfois pleurant, parfois en colère, donnant l’impression d’être en proie à une sorte de transe.

« L’Étoile Filante l’aide à entendre les voix des âmes perdues et à ressentir les scènes de guerre, » expliqua un vieil homme.

« Pourquoi fait-elle cela ? » demanda le public, perplexe.

« Sa raison d’exister est de tuer les races extraterrestres, c’est la mission que l’Empereur lui a confiée. Maintenant qu’elle a retrouvé son maître, il est naturel qu’elle fasse ressentir tout cela à Shi Yan, » continua le vieil homme.

« Mon frère n’a pas besoin d’une arme pour ressentir sa haine des races extraterrestres ! » intervint soudain Xiao Lingxi.

En entendant cela, plusieurs personnes hochèrent la tête en signe d’accord.

Les races extraterrestres avaient tué son père adoptif, qui était également le père biologique de Xiao Lingxi. Vu la nature loyale de Shi Yan, il devait avoir une haine profonde pour les races extraterrestres.

Dans ce cas, pourquoi avait-il ensuite trahi les siens pour rejoindre les races extraterrestres ?

À ce stade, le public était de plus en plus perdu et confus à propos de cette question, commençant même à douter de sa véracité.

Après tout, il était le deuxième maître choisi par « l’Étoile Filante ».

…

L’image changea, et Shi Yan avait déjà ouvert les yeux.

Il contemplait le monde des races extraterrestres de l’autre côté de l’abîme, et après un long moment, il quitta enfin les confins.