Ayant enfin eu 15 ans, je m’étais inscrit à l’Académie des Mages Épéistes de Midgar. Cette école est connue comme l’une des meilleures Académies des Mages Épéistes du continent, rassemblant des talents venant de l’intérieur comme de l’extérieur du pays.

Depuis deux mois que j’étais ici, j’avais volontairement maintenu mes notes légèrement en dessous de la moyenne, la position la plus optimale pour un Mob. Et pendant ce temps, je continuais à garder un œil sur les personnages qui ressemblaient aux protagonistes.

Parmi ceux qui avaient attiré mon attention, la Princesse Alexia Midgar était, de loin, la plus prometteuse.

Même un chimpanzé serait capable de comprendre son statut important, rien qu’en entendant le titre “Princesse Alexia”.

D’ailleurs, au-dessus d’elle, il y avait quelqu’un d’encore plus important et plus célèbre, qui s’appelait la Princesse Iris Midgar, mais malheureusement, elle avait déjà fini ses études à l’académie.

Et c’est cette princesse Alexia que j’allais faire participer à un événement de Mob très important. Pour être plus précis, c’était un gage.

Oui, vous l’avez deviné. C’était le genre de jeu où le perdant doit se confesser à une fille en guise de gage.

Ainsi, je me trouvai maintenant sur le toit de l’école, debout face à la Princesse Alexia, à quelques pas d’elle.

Elle avait des cheveux blancs argentés qui tombaient jusqu’aux épaules, et ses yeux rouges étaient somptueusement… argh, en tout cas, elle avait de jolis yeux, et… ses sourcils étaient, euh… zut, j’abandonne. En bref, elle était vraiment belle, dans le genre beauté cool et bien faite. Malheureusement, grâce à Alpha et aux autres, j’avais pris l’habitude de voir de jolis visages. Je me disais que ce serait mieux si elle relâchait un peu de cette tension de son visage, vous voyez ? Montrer un peu plus d’émotion la ferait paraître un peu plus humaine.

Bon, mettons ça de côté pour l’instant. Naturellement, je n’étais pas le premier à tenter ce défi téméraire. Après deux mois dans l’école, déjà plus d’une centaine d’attardés l’avaient approchée et s’étaient fait rembarrer avec la même phrase dénuée émotion.

“Pas intéressée.”

Ce n’est pas comme si je ne comprenais pas. Elle avait probablement déjà un mariage politique en vue après son diplôme, et elle n’était tout simplement pas intéressée par ce genre d’enfantillages. Mais la grande majorité des nobles qui avaient essayé de se confesser à elle devaient être dans le même bateau. La plupart avaient un mariage arrangé qui les attendait directement après l’obtention du diplôme. C’est pourquoi ils espéraient avoir une histoire d’amour ou deux pendant qu’ils étaient encore à l’académie.

Eh bien, quelles que soient leurs motivations, au final, ce ne sont que de simples batifolages de ceux qui ne connaissent rien du monde des ombres.

Cependant, en tant que Mob, j’étais également destiné à prendre part à ces batifolages. Être forcé par un gage à se confesser à l’idole de l’école, et se faire rejeter de la manière la plus dure et la plus déchirante qui soit, c’est vraiment l’événement de Mob parfait, n’est-ce pas ? En accomplissant cette épreuve de la manière la plus ordinaire possible, je me rapprocherais de l’image idéale d’un Mob que j’avais en tête. Et cela, en retour, me ferait progresser d’autant plus sur le chemin pour devenir une Éminence des Ombres.

En vue de ce moment, je restai toute la nuit à réfléchir. Que puis-je faire… Comment me confesser, pour en faire la confession de Mob la plus ordinaire qui soit ?

Le choix des mots était bien sûr important, mais il y avait aussi l’articulation, le changement de ton et le vibrato, pour n’en citer que quelques-uns. Après une nuit entière de réflexion, j’avais trouvé l’ultime confession de Mob, et me tenais à présent à la bataille décisive.

Oui, la bataille. Exactement. Pour un Mob, ce n’est rien de moins qu’une grande bataille.

Une Éminence des Ombres a ses combats dans l’ombre à mener, et les personnages mob ont leurs combats de Mob à mener.

Et donc, à ce moment, en tant que Mob, je devais donner le meilleur de moi-même.

Emplissant ma poitrine de détermination, j’avançai.

Princesse Alexia… tu te tiens peut-être là, l’air calme et suffisante, mais si je voulais vraiment t’abattre, ta tête quitterait ton corps avant même que tu ne comprennes ce qui se passe. Finalement, c’est ta limite en tant que personne.

Et maintenant, regarde bien. C’est la confession ratée la plus normale du monde !

“P-P-P… Princesse Alexia…”

Je révélai la carte offensive “Bégaiement”, puis j’insistai sur ma nervosité en articulant (mal) le mot “princesse”, suivi d’un changement de tonalité au moment de prononcer son nom.

“… Je, je vous aime… !”

Mes yeux quittèrent la princesse Alexia pour frétiller sur le sol, tandis que tout mon corps tremblait juste assez pour que ce soit perceptible.

“P-Pourriez-vous… sortir avec moi… ?”

Mon choix de mots se limitait à l’essentiel, sans ajouts fantaisistes, tandis que ma prononciation, mon ton et mon articulation s’envolaient vers Dieu sait où. Je couronnai le tout avec une inflexion montante pour montrer mon manque de confiance.

C’était parfait… !

Alors ça, c’était la parfaite attitude du Mob que je visais !

Satisfaction. Je ressentais une pure satisfaction.

“Très bien. S’il te plaît, prends soin de moi.”

“Nn ?”

Fier de ma performance, je me préparais à rentrer quand j’eus une hallucination auditive.

“Vous… qu’est-ce que vous venez de dire ?”

“S’il te plaît, prends soin de moi.”

“Ah, je vois.”

Quelque chose ne tournait pas rond.

“P-, pour commencer, revoyons-nous après les cours, d’accord ?”

Ayant toujours du mal à assimiler la situation, je retrouvai la princesse Alexia après l’école, nous rentrâmes ensemble aux dortoirs, et nous nous séparâmes en souriant en nous promettant de nous revoir le lendemain. Ensuite, je retournai dans ma propre chambre, plongeai dans mon lit, enfoui mon visage dans mon oreiller et hurlai.

“PUTAIN, COMMENT J’AI FAIT POUR ENTRER DANS LA ROUTE D’UN MC D’UNE PUTAIN DE COMÉDIE D’AMOUR ?!?!?!?!”