“Tellement grand…”, ne pus-je m’empêcher de prononcer à voix haute, dès que je mis le pied dans la salle du groupe 1 du Style Bushin de la Capitale Royale.
Dans un espace ayant la superficie d’un stade, il y avait les vestiaires, des bains, un bar et plusieurs autres commodités. Même les portes étaient automatiques (actionnées par des servantes).
J’y pense, mais la salle du groupe 9 était en plein air, qu’il pleuve ou qu’il vente. Pas de portes, donc pas besoin de servantes.
Pour éviter de me faire remarquer, je me changeai à la vitesse de l’éclair, puis restai dans un coin pour attendre Alexia.
Après un court moment…
“Commençons par nous échauffer un peu, d’accord ?”
Alexia entra en scène, en Dogi. ( Dogi = tenue de combat, pour avoir une idée, je vous conseille de chercher le manga chapitre 3 page 24 )
Celle pour les filles était une robe longue avec une fente profonde, un peu comme une robe chinoise sans fioritures. La sienne était noire. Le style Bushin utilise la couleur pour montrer le niveau, le noir est pour les meilleurs, le blanc est pour les débutants. ( Cheongsam pour les filles )
Ma tenue était blanche, bien sûr. J’étais le seul blanc dans toute cette classe. Je me détachai clairement du reste.
Ignorant les regards composés à 70% d’hostilité et à 30% de curiosité, je commençai à faire quelques étirements légers.
“Intéressant.”, dit Alexia en copiant ce que je faisais.
Dans ce monde, l’idée de s’étirer avant de faire de l’exercice est répandue, mais la manière de le faire n’ayant pas été établie, chacun le fait un peu à sa façon.
Ceux qui font du sport mais sous-estiment l’importance des étirements finissent par détruire leur corps. Dans ce monde, la magie a beau pouvoir, d’une manière ou d’une autre, soigner de telles blessures, il y aura toujours un effet sur les performances.
Alexia était en fait assez consciencieuse sur ce point, ce qui était louable. Moi aussi, j’étais extrêmement consciencieux lorsqu’il s’agissait de tout ce qui touche au combat.
Après un court moment, la classe commença.
“À partir d’aujourd’hui, un nouvel ami va se joindre à nous.”
C’est ainsi que le professeur en charge me présenta.
“Mon nom est Sid Kagenou. Je suis ravi de pouvoir travailler avec vous.”
Puis vint le déferlement de regards de personnes qui ne me considéraient absolument pas comme un ami.
Aah, je reconnais bien là le groupe 1. Juste en jetant un coup d’œil rapide autour de moi, je voyais des gens importants ici et là. Cet ikemen là-bas était le deuxième fils d’une famille de Ducs, cette beauté la fille du chef actuel de l’Ordre des Mages Épéistes, et l’instructeur de la classe était l’Instructeur d’Escrime de notre pays., rien de moins. C’était aussi un ikemen blond, âgé de seulement 28 ans. ( Ikemen ~ Beaux gosses )
“Tout le monde, accueillez-le comme il se doit.”
Après quoi, l’entraînement commença.
Du contrôle de la magie en passant par la méditation, jusqu’à l’entraînement de base avec de la répétition de coups.
Bien, c’est bien. Les bases sont importantes. Dans le groupe 9, nous n’avions fait qu’un court entraînement avant que tout le monde ne commence à balancer son épée contre celle de son voisin. Je suppose que ceux qui sont vraiment forts comprennent ce qu’il faut faire.
Tous les élèves de ce groupe semblaient de haut niveau, donc c’était honnêtement un très bon environnement.
Par-dessus tout, le style Bushin de la Capitale Royale est un style qui a beaucoup de sens. C’est merveilleux que chaque once d’effort fourni à ce style ne soit jamais gaspillée.
“Tu aimes le style Bushin de la capitale royale ?”, me demanda l’ikemen blond en s’approchant de moi. Si je me souviens bien, il s’appelait Zenon Griphi.
“Est-ce que j’en ai l’air ?”
“Oh oui, tu as l’air d’y prendre beaucoup de plaisir.”, répliqua Zenon-sensei avec un rire rafraîchissant.
“Comme tu le sais probablement déjà, le style Bushin de la capitale royale est une nouvelle branche du style Bushin. Le style Bushin traditionnel était déjà le style le plus populaire dans notre pays, donc le style réformé, le “style Bushin de la capitale royale”, avait toutes ses chances dès le départ. Et puis, avec le patronage de la princesse Iris, il est devenu le deuxième style le plus populaire dans ce pays, seulement surpassé par le style Bushin traditionnel.”
“J’ai entendu dire que Sensei est aussi un partisan assez influent de ce style.”
“Ce que j’ai fait est insignifiant en comparaison de ce que la princesse a fait. Mais malgré ça, j’ai l’impression d’avoir contribué à faire du style Bushin de la capitale royale ce qu’il est aujourd’hui. C’est pourquoi, lorsque je vois quelqu’un d’autre aimer ce style, je suis tellement heureux que je ne peux pas m’empêcher de lui parler. Désolé d’avoir interrompu ton entraînement.”
Sur ce, Zenon-sensei s’en alla surveiller les autres élèves. Moi aussi, je comprenais parfaitement ce qu’il ressentait. J’aimais voir Alpha et les filles manier mon escrime. Mon escrime était quelque chose que j’avais construit moi-même, donc le sentiment de fierté quand je voyais quelqu’un d’autre l’utiliser me procurait une joie exceptionnelle.
“De quoi parliez-vous, tous les deux ?”, demanda Alexia.
“Du style Bushin de la capitale royale.”
“Waoouh. Bon, c’est masse ensuite, donc mettons-nous ensemble.”
“masse” faisait référence à la pratique légère de mouvements de combat réels.
Le but était de comprendre la sensation d’utiliser certaines techniques et parades, le tout sans réellement toucher son adversaire.
“N’es-tu pas un peu trop forte pour moi ?”
“Ce ne sera pas un problème.”
Nous prîmes donc position l’un en face de l’autre avec nos épées en bois.
Je fis un mouvement, qu’Alexia para.
Puis elle fit un mouvement, que je parai.
Les attaques ne touchaient pas, et nos mouvements étaient lents.
Nous n’utilisions pas non plus de magie.
Autour de nous, plusieurs duos utilisaient la magie sans retenue et se frappent férocement, mais à ma grande surprise, Alexia s’alignait avec moi.
Non, plutôt que de s’aligner avec moi, c’est peut-être ce qu’elle faisait normalement. Au final, la masse n’est qu’un moyen de perfectionner ses techniques, donc il n’y a aucun besoin de vitesse ou de force. Elle ne perdait pas de vue le véritable objectif de cet entraînement.
Cela se voyait rien qu’en regardant son escrime.
Sa sœur aînée, la princesse Iris, était louée pour sa force comme une déesse par absolument tous les habitants de ce pays. Génie, magicienne, chaque personne avait un terme différent pour l’encenser. En ce moment, on disait même qu’elle était la plus forte de tout le pays.
D’un autre côté, la réputation d’Alexia était plutôt terne. Elle avait de la magie, et son escrime était honnête, mais elle faisait tout simplement pâle figure face à sa sœur. C’était en tout cas la vision d’Alexia partagée par la population générale.
Mais maintenant que j’étais en face d’elle, je me rendais compte que son escrime était plutôt bonne, en soi.
Fidèle aux principes de base, solidement ancrée, et simple.
Oui, elle était simple. Mais cette simplicité était la cristallisation de ses efforts. Ayant enlevé tout ce qui était inutile, il ne restait que la solidification de ses fondations, étape par étape.
Delta, tu devrais prendre exemple sur elle.
Je ne pus m’empêcher d’interpeller mentalement cette femme-bête qui maniait son épée d’une façon que j’avais du mal à reconnaître.
“Belle escrime.”, dit Alexia.
“Merci.”
“Mais je ne l’aime pas.”
Donc elle est du genre à te féliciter avant de te rabaisser.
“C’est comme si je me regardais. On arrête.”
Elle commence à faire ses affaires. Le cours semblait presque terminé, de toute façon.
Contre toute attente, j’avais réussi à d’endurer le cours sans que rien de fâcheux ne se produise. Nettoyons-nous rapidement, changeons-nous, et repartons à toute vitesse…
“Attends une seconde.”
Ou pas.
Alexia m’attrapa par la peau du cou et me traîna quelque part.
“Alors, c’est ta réponse ?”
Pour une raison quelconque, nous étions allés vers Zenon-sensei.
“En effet. J’ai décidé de sortir avec lui, à la place.”
“Tu ne peux pas continuer à fuir comme ça indéfiniment. Tu le sais, n’est-ce pas ?”, demanda Zenon-sensei avec des yeux sévères.
“Nous, les enfants, ne comprenons pas les circonstances des adultes”, répliqua Alexia avec un petit rire.
D’après cette conversation, j’avais enfin finalement compris la plupart des choses qui se passaient. La raison pour laquelle j’avais été amené ici, ainsi que la raison pour laquelle elle avait décidé de sortir avec moi.
Tout en priant sincèrement pour ne pas être entraîné dans ce conflit, je me fondis dans le décor et me contentai d’observer ces deux protagonistes en train de vivre leur événement de protagonistes.