Livre 4, Chapitre 26 – Un danger incessant

Ces créatures étaient similaires aux proto-amis que Cloudhawk avait rencontrés dans les profondeurs de Skycloud. Mais peut-être plus complètes, plus proches de Blackfiend l’Immortel ou des Séraphins.

Des démons et des séraphins. C’était la même chose au final, des reliques à forme humaine.

Réputés, la création de ces créatures nécessitait le sang d’un dieu ou d’un démon, d’où leurs noms dramatiques. Vraisemblablement, les rigueurs de leur création étaient exigeantes. On peut le supposer puisqu’il n’y a aucune mention de grandes quantités de séraphins ou de démons pendant la Grande Guerre.

L’arbre de Charnel devait être une sorte de… couveuse, un moyen de transformer les corps des ancêtres du Val en reliques serviles. Dans ce sens, il n’était pas très différent des chrysalides dont les protofiends étaient issus, juste plus vieux. Évidemment, il avait besoin de plus de temps pour faire son travail.

On les appelait les Dryades. Et elles étaient humaines, des aînées, en fait, avec des niveaux variables de pouvoir psychique et spirituel. Ce qui en faisait un matériau idéal pour la création de Dryades. En d’autres termes, alors que le processus de création d’une Dryade était beaucoup plus long que le processus de création des protofiends sous Skycloud, le produit final était beaucoup plus complet. Ils ressemblaient plus au redoutable Blackfiend de Squall – seulement, il y en avait un certain nombre ici.

« Mère… Père. Aînés ! Pourquoi ne pouvez-vous pas vous reposer ?! »

Paniquée, Autumn fixait avec horreur les Dryades. Elle ne pouvait pas vraiment dire laquelle d’entre elles était ses parents. Elles étaient toutes des créations sans visage, faites de vieux os et d’écorce. Mais elles étaient là, faisant partie de cette coterie de cauchemar. Elle ressentit une pointe de désespoir qui se transforma en colère.

« Vous étiez les leaders de notre Vale ! Serviteurs du berger ! Pourquoi avez-vous été transformés en démons ? ! »

« Hé, calme-toi. Ce ne sont pas des démons – ils sont probablement plus proches de votre dieu maintenant qu’ils ne l’ont jamais été. » Cloudhawk ne pouvait qu’imaginer à quel point c’était un coup dur pour elle, mais ils étaient dans une situation catastrophique, et si Autumn perdait la tête, ils étaient fichus. « Ils ne peuvent plus penser par eux-mêmes, alors ne te mets pas à hurler pour rien. »

Cependant, Autumn ne pouvait pas accepter cela. Il s’agissait de personnes qu’elle aimait et respectait, changées en abominations qui n’étaient ni humaines ni spirituelles.

« Ce ne sont que des reliques à forme humaine. Comme des poupées ! » Cloudhawk pouvait sentir les vibrations se renforcer chez les Dryades à chaque instant. C’était identique à ce qu’il avait ressenti lorsqu’il avait combattu les protofiends. La sueur froide qui coulait le long de sa colonne vertébrale lui était également familière. « Arrête-les. Tu dois les arrêter. Sinon, nous sommes tous morts ! »

C’était plus facile à dire qu’à faire. Il n’avait pas le temps de lui expliquer ce qu’il savait, et il ne pourrait probablement pas le faire même s’il le faisait. Quelques phrases furent tout ce qu’il put faire alors que les Dryades commençaient à se rapprocher d’eux.

Leurs corps bourdonnaient d’énergie en éveil. Des lianes aussi tranchantes que des lances furent crachées de la chair non vivante vers eux.

Le visage du vieil ivrogne s’assombrit au moment même où il invoqua le pouvoir de sa relique. Une lumière dorée jaillit de Dawnguard, balayant les lianes et les faisant exploser. Des attaques désordonnées suivirent, mais rien ne pouvait arrêter les Dryades.

Claudia sauta en l’air et invoqua le pouvoir de la Fleur de la Tempête. Des dizaines de pétales métalliques explosèrent et s’enfoncèrent dans le corps des Dryades, les parsemant d’éclats d’obus.

Belinda lança boule de feu après boule de feu sur tout ce qui bougeait. Les Dryades brûlaient mais n’arrêtaient pas leurs attaques.

Maintenant, au lieu d’être des arbres, ils étaient des bûchers de bois et de métal. Aucune créature vivante n’aurait pu résister à une combinaison aussi vicieuse, mais les Dryades n’étaient pas inquiétés.

Ignorant le métal mordant et les flammes rugissantes, elles continuèrent à manipuler des racines fougueuses vers les envahisseurs. Les plus proches d’entre eux frissonnèrent tandis que des nuages de spores étaient éjectés de leurs corps. Les feux étaient instantanément éteints, et le nuage se répandait sur les autres.

« Attention au poison ! » Ils se traînèrent en arrière pour se maintenir en dehors du nuage toxique.

Cependant, certaines spores réussirent à atterrir sur le visage et le cou de Rei, d’une blancheur éclatante. Une douleur aveuglante associée à une démangeaison exaspérante secoua immédiatement son système nerveux. Des lignes violettes se répandirent à partir du point de contact, marquant sa peau claire alors que le poison cherchait une artère.

De toute évidence, les spores produisaient leur toxine rapidement et la répandaient tout aussi vite. Elle cria à l’agonie et s’écroula sur le sol. Des plaques de peau rugueuse et repoussante apparurent sur le visage et le cou de Rei.

Levant haut son marteau, Butcher rugit et le lança sur les Dryades. Il tourna sur lui-même et frappa la plus proche avec des milliers de kilos de force en plein dans la poitrine. Une force équivalente à celle d’un éléphant la traversa, faisant exploser le corps de la Dryade en morceaux. La force résiduelle de l’impact fit tomber les autres Dryades autour d’elle.

Inutile. Les morceaux déchiquetés du corps de sa victime se réassemblèrent rapidement.

Le marteau retourna à son propriétaire, mais il avait ramené une partie des spores avec lui. Butcher récupéra son arme et le sentit immédiatement, les spores se déposèrent sur sa main droite. Même pour lui, la douleur était presque trop forte pour qu’il puisse l’ignorer. Il avait l’impression que du feu parcourait les nerfs de son bras tandis que du liquide violet bouillonnait sous la surface de la peau maligne en formation. Les réactions étaient si rapides qu’il n’eut que le temps de regarder fixement en état de choc.

« Feu ! »

Belinda comprit ce que Butcher voulait dire. Elle invoqua son feu et le plaqua sur son bras. L’odeur et le bruit de la chair brûlée emplirent l’air, mais cela empêcha la croissance de s’étendre. Butcher regarda sa chair noircir sans même sourciller, comme si la douleur n’était pas une sensation qu’il pouvait enregistrer.

À proximité, Barb et les frères Sutherland essayaient de repousser les Dryades avec des arcs exorcistes. Claudia les frappait avec une pluie de métal tranchant. Belinda lançait ses orbes de feu sans pause. Alors que les Dryades n’étaient pas particulièrement rapides, rien de ce que les envahisseurs faisaient ne les ralentissait. Le moral des troupes s’effondrait rapidement. Ils n’avaient jamais combattu des ennemis qu’ils ne pouvaient pas tuer auparavant.

Le visage de Cloudhawk s’assombrissait à chaque pas qu’ils étaient poussés en arrière. « Tu peux les faire s’arrêter ou pas ? ! »

Autumn n’était pas une idiote. Elle allait tous les faire tuer si elle ne tentait pas quelque chose.

Elle mit sa foi dans la flûte, son seul recours. En la portant à ses lèvres, elle prit une profonde inspiration et souffla, son esprit fixé sur une seule pensée : Stop ! Une note pure s’éleva et resta suspendue dans l’air, balayant les Dryades. Elles s’arrêtèrent… mais le cœur d’Autumn se serra alors qu’un demi battement plus tard, elles reprirent leur marche en avant.

La colère s’était glissée dans la voix de Cloudhawk alors que ses nerfs commençaient à s’effilocher. « Cette putain de flûte de merde inutile ! Elle peut faire quelque chose ? ! »

Autumn sentit ses yeux brûler alors que les larmes menaçaient de monter. Elle ne voulait pas cela ! Ils étaient attaqués, et d’une minute à l’autre, ils allaient être envahis. Elle ne savait pas quoi faire !

Il se força à rester calme et regarda autour de lui. Ses yeux perçants commencèrent à repérer des détails, comme le fait que les attaques des Dryades évitaient toutes Autumn.

Comme si… ils ne la voyaient pas du tout. Les Dryades essayaient seulement d’attaquer les personnes qui n’étaient pas censées être ici.

Autumn avait le sang de ses ancêtres qui étaient les leaders de la tribu. Ils lui permettraient de passer sans être molestée. En fait, il était plus que probable que tous ces problèmes ne seraient pas arrivés si elle était venue seule. Au moins, elle était en sécurité, même si les autres avaient de plus en plus de chances de trouver la mort ici.

Les Dryades ne pouvaient pas être vaincus. Après tout, l’endurance des humains est limitée. Il était insensé d’essayer de vaincre une créature qui ne pouvait jamais se fatiguer ni s’arrêter. Même un Maître Chasseur de Démons pouvait s’épuiser, il ne restait donc qu’une seule méthode à essayer. Il devait essayer de couper leur connexion à la puissance qui les maintenait en vie. Les couper de la source !

« Ces choses tirent leur force de l’arbre ! »

Il décida de retirer le Basilisk de son dos et de tirer sur la corde. Un tintement presque imperceptible résonna dans le vacarme. La flèche s’était immédiatement fichée dans la poitrine d’une des Dryades, transformant la partie supérieure de son corps en pierre. La partie supérieure de son corps se désagrégea, se brisant contre le sol à l’impact et s’éparpillant dans toutes les directions. Ce genre d’attaque allait au moins ralentir la récupération de la relique.

« Autumn, ces choses ne sont pas après toi. Aide les autres, et vous autres, couvrez-moi. Je vais m’attaquer à ce putain d’arbre ! »

Cloudhawk sauta dans l’action avant que quiconque puisse protester. Cependant, les Dryades semblaient connaître son plan.

Elles concentrèrent leur attaque sur lui, et tout à coup, il se retrouva face à un mur d’opposition mortel. Le pouvoir de la pierre de phase se réveilla et les spores et les lianes perçantes le traversèrent sans danger.

La vie et la mort dépendaient de ce stratagème !

Cloudhawk se précipita à travers la foule des Dryades qui protégeaient leur arbre, Basilisk en main. Il tira plusieurs flèches, l’une après l’autre, toutes dirigées vers l’arbre Charnel. Là où elles frappaient, l’écorce sombre commençait à se pétrifier.

Les Dryades devinrent folles, faisant tout ce qui était en leur pouvoir pour essayer de le déchirer. Ayant été obligé d’abandonner son champ de phase pour attaquer l’arbre, il se retrouvait exposé.

« Go ! » L’ivrogne bénit Cloudhawk avec la lumière de Dawnguard tout en balançant sa canne de fer. Une explosion de puissance en sortit et renversa plusieurs Dryades sur le côté. Butcher, Barb, Claudia et son équipe se précipitèrent pour le couvrir, Autumn menant la charge.

Heureusement, les Dryades ne semblaient pas très intelligentes. Les autres se cachèrent derrière Autumn, l’utilisant comme un bouclier, qui brouilla temporairement leurs attaques. Ce fut un bref répit mais suffisant pour donner à chacun le répit dont il avait besoin.

Cloudhawk arriva devant l’Arbre Charnel. Ses serpents d’argent apparurent, se transformant en stries d’argent tandis qu’il tailladait l’écorce pétrifiée. L’acier froid scintillait comme s’il coupait des légumes jusqu’à ce que – BOOM ! Un coup de poing secoua la chambre.

D’un seul coup, les Dryades devinrent léthargiques, puis immobiles.

Le vieil homme frappa l’une d’entre elles avec sa canne brillante, la plaquant au sol. Elle ne se releva pas. Il retourna ses attaques vicieuses sur les autres.

« Nous l’avons fait ! » Belinda attrapa une des Dryades avec une boule de feu et le réduisit en cendres.

« Tu es incroyable, Gardien ! » Elle sautait pratiquement de joie. Son admiration pour le scandaleux chasseur de démons ne faisait que croître au fil des combats, au point d’en devenir presque zélée. C’était naturel – forcer quelqu’un à faire face à la possibilité de la mort, et les émotions s’élèvent.

L’esprit vif et l’action décisive de Cloudhawk leur avaient sauvé la vie. Tout le monde le savait.

Mais avant qu’ils ne puissent se réjouir trop longtemps, plusieurs corps lourds apparurent dans le couloir d’où ils venaient. Pendant que Cloudhawk et son équipe nettoyaient les Dryades, ils en profitèrent pour lancer une attaque surprise.

« Merde, des dragons ! » Il n’arrivait pas à comprendre ce que ces fichues choses faisaient ici, et il n’avait pas beaucoup de temps pour y réfléchir. Ils étaient sur le groupe d’humains en un instant. L’un d’entre eux fit tomber Barb au sol et la cloua sur place. Un autre attrapa Gabriel dans un rush.

C’est alors qu’ils remarquèrent des personnes vêtues de noir agrippées au dos des dragons. Ils tenaient dans leurs mains des arbalètes à tir rapide de fabrication élyséenne qui crachaient une volée de carreaux mortels. Cette attaque sournoise, soudaine et violente, les prit tous au dépourvu.

Claudia et son escouade furent rapidement encerclées.

C’était trop rapide, et les dragonniers s’étaient concentrés sur les envahisseurs les plus faibles. Ils étaient submergés. Claudia repoussa de nombreux projectiles mais en reçut plusieurs dans la poitrine et l’épaule. Ses coéquipiers souffraient davantage et avaient été rapidement mis à terre.

Claudia était tellement furieuse qu’elle voyait rouge, mais les dragonniers étaient sur elle avant qu’elle ne puisse réagir. Ils les avaient encerclés et se rapprochaient pour une nouvelle attaque.