Chroniques des Dieux Déchus | The Godsfall Chronicles | 陨神记
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Chapitre 105 – Objectif trouvé
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Livre 3, Chapitre 105 – Objectif trouvé

Dormant sous Skycloud vivait un groupe dont presque personne ne connaissait l’existence, construit sur le principe de la collecte de renseignements. Cependant, une fois que les contacts de Dark Atom dans le village Élyséen furent tués, plus aucune ligne de communication ne fut ouverte. Ce réseau d’espions avait dû se débrouiller tout seul ou s’effondrer.

Ils n’avaient pas perdu courage. Avançant prudemment au bord du désastre, ils avaient lentement reconstruit leurs fondations. Finalement, Dark Atom les atteindrait à nouveau, et ils pourraient continuer leur important travail.

Mais, si vous passez vos journées près de la rivière, vos chaussures finiront par être mouillées. Ils avaient été découverts.

Un garde astucieux avait remarqué que plusieurs citoyens rationnaient et faisaient de la contrebande de marchandises sur une longue période. De la nourriture et de l’eau principalement. Même les citoyens les plus pauvres de Skycloud avaient leurs besoins de base satisfaits, alors pour qui gardaient-ils ces marchandises, s’était-il demandé ?

Ce furent ces moindres soupçons qui attirèrent l’attention des gardes de la ville. Finalement, les indices les avaient conduits à ce groupe intrépide qui se cachait comme des rats sous la ville. Un millier de soldats avaient été mobilisés, et les égouts avaient été passés au peigne fin à la recherche de criminels.

Des centaines d’entre eux avaient été capturés et exécutés sommairement. Cent trente d’entre eux avaient été brûlés en public sur un bûcher. Dix mille personnes s’étaient rassemblées pour regarder, et la scène avait laissé une profonde impression sur la ville.

Le garde intelligent avait été promu pour son bon travail, et des efforts accrus avaient été faits pour surveiller les égouts. La plupart des entrées avaient été barrées ou scellées, et des patrouilles régulières étaient prévues. Les marchés et les matériaux étaient contrôlés de manière plus stricte afin de s’assurer qu’un tel réseau ne referait jamais surface.

C’était il y a presque deux ans. La plupart des gens l’avaient déjà oublié.

Avec le temps, les patrouilles devenaient plus lâches. L’attention s’était relâchée. L’ennemi oublié était réapparu des fissures à 300 mètres sous la ville comme des cafards, ayant miraculeusement survécu à la purge. Pas seulement survécu. Ils étaient florissants.

Un bunker avait été creusé dans les cryptes sous la ville. Ils creusaient des tranchées pour recueillir l’eau qui s’infiltrait dans le sol et utilisaient des générateurs artisanaux pour l’électricité. Ils menaient une vie simple dans les profondeurs de la terre, là où on ne pouvait pas les trouver.

Ils étaient les souterrains. La lumière brillante de Skycloud n’atteignait pas l’obscurité impénétrable ici-bas.

Un vieil homme courbé regardait ses hommes se débattre avec un objet de forme ovale. Il était grand mais mince, avec de longs cheveux blancs qui dépassaient dans toutes les directions. Ce fouillis de cheveux et sa barbe épaisse cachaient la majeure partie de son visage, mais de temps en temps, un regard noir se dessinait derrière les mèches flétries.

Il était habillé de chiffons usés qui n’avaient probablement pas été lavés depuis des années. Il vivait comme un cadavre ambulant et avait l’odeur qui allait avec. Parmi ceux qui vivaient dans l’obscurité perpétuelle, aucun ne chérissait la lumière. C’était ce qu’ils étaient devenus.

« Skycloud city… va tomber. »

Le vieil homme se disait ces mots en croassant. Sa voix était aussi flétrie que ses cheveux, et les tons rauques ne rendaient pas clairement ce qu’il ressentait à propos de cette déclaration.

Un homme portant un masque noir et une grande épée dans le dos s’avança. Son étrange cape noire n’était pas particulièrement large, mais elle bougeait étrangement d’elle-même, même en l’absence de toute brise. On aurait presque dit qu’elle était faite de fumée. « Avez-vous trouvé un moyen de sortir ? »

Cet homme était l’un des fidèles d’Adder, connu sous le nom de Revenant. Ses yeux papillonnaient tandis qu’il parlait. L’homme d’Adder semblait jauger le vieillard, mais c’était en fait les silhouettes sombres à proximité qu’il mesurait. Quelque chose en eux le mettait mal à l’aise. Ils étaient plus qu’il n’y paraissait, car ce n’était pas par chance que ce vieil homme et son organisation avaient survécu à la purge d’il y a trois ans. Ils avaient d’autres moyens de se protéger.

Des forces cachées restaient encore dans Skycloud, tissant leurs toiles.

Semer le trouble était leur modus operandi, leur spécialité étant d’inciter les autres à tourner le dos aux dieux. Quelle meilleure méthode pour atteindre ces deux objectifs que de les faire s’entre-tuer ? Ce groupe craignait l’absence de chaos, et les vies qu’il sauvait avaient un prix. Ce coût était le service à leur cause. Au fil du temps, les personnes sauvées étaient devenues des pions dans leur jeu sombre.

Le vieil homme savait que son rôle en tant que leader de leur équipage était instable. Avec cette réalité toujours présente, il n’avait pas d’autre choix que de devenir un pion.

Un moyen de s’en sortir ? Quelle absurdité. S’il y avait une issue, auraient-ils vécu si longtemps dans ce trou sans soleil ?

Quand le vieil homme parla, sa voix était lourde de résolution. Ses yeux fatigués étaient fermes mais témoignaient d’une vie difficile. « Vous savez, j’ai passé la plupart de ma vie dans la ville de Skycloud. Je n’ai jamais marché dans ses rues à la lumière du jour, et je n’ai jamais profité de sa générosité. Mais, je l’aime comme une maison. Il n’y a pas de meilleur endroit que celui où nous sommes. »

Revenant écouta mais ne répondit pas.

Le nom du vieil homme était Majjhima, le seul agent de Dark Atom à avoir réussi à infiltrer la ville de Skycloud. Pendant plus de dix ans, il avait vécu ici, veillant dans l’ombre pendant que d’autres se prélassaient dans la lumière.

N’était-ce pas le sort le plus cruel que l’on puisse subir ? N’était-ce pas la même chose que de placer un festin devant un homme affamé sans jamais en partager une bouchée ? Ou être condamné à regarder l’être aimé jour après jour, en sachant que vous ne l’aurez jamais ?

Personne ne pouvait comprendre l’existence amère du vieil homme.

Majjhima faisait partie des meilleurs de Dark Atom, un vrai révolutionnaire ferme dans ses convictions et généreux dans son abnégation. Il croyait au plus profond de son cœur qu’un jour, la tyrannie qui s’emparait de Skycloud serait renversée, et que lorsque cela arriverait, les gens vivraient dans la paix et l’égalité. Le surplus dont jouissaient les Élyséens serait partagé avec ceux qui souffraient dans les terres arides.

Et pourtant, n’était-ce pas cette vie d’abondance qu’il chérissait tant ? Il était là ! Si proche qu’il pouvait l’atteindre et la toucher… Mais à quoi bon vivre cette existence maudite s’il était oublié par Dark Atom ? Il ne ferait rien d’autre que de s’attarder dans la misère, de dépérir.

« Je veux voir ce glorieux pinacle tomber, voir sa magnificence emportée comme la cendre dans le vent. Qu’il soit emporté par une mer de feu. Pour moi, ce serait la fin la plus appropriée. Je n’ai peut-être pas possédé sa beauté de mon vivant, mais faire de cette ville mon mausolée… ce serait suffisant. »

Il n’y avait peut-être nulle part ailleurs sur terre avec la même sécurité et la même prospérité dont jouissait Skycloud.

Majjhima lui-même ne s’attendait pas à ressentir si profondément pour une ville qui n’était pas la sienne. Il n’avait jamais été digne de la contempler que de l’ombre. Si c’était possible, il n’aurait pas recours à la destruction de Skycloud, mais il n’avait pas le choix. Cette route était prédestinée, et leur travail consistait à la mener jusqu’au bout.

Il n’allait pas retourner dans les terres désolées. Quoi qu’il en soit.

La voix tiède du Revenant revint. « Êtes-vous prêt ? »

« Cette vie en a valu la peine », répondit Majjhima.

Revenant n’avait aucun intérêt à interroger le vieil homme sur son voyage spirituel. Il était sur le point d’en dire plus sur leurs plans quand il sentit quelque chose et s’arrêta. Son regard se porta sur le côté en direction d’un bruit.

Le son de la lutte.

Quelqu’un les avait trouvés.

Une lumière étrange scintilla dans les yeux de Revenant. Il savait qui c’était. « Quelqu’un est venu faire du grabuge. Je vais m’en occuper. »

Ses mots restèrent suspendus dans l’air alors qu’il se dissolvait dans une brume et était emporté par le vent.

Majjhima ne vit pas leur visiteur, mais il doutait que ce soit un problème. Après tout, pendant deux ans, ils avaient été cachés ici en toute sécurité. Ses agents étaient prudents quand ils allaient et venaient. Pourquoi maintenant, tout d’un coup ?

Peu importe. Qui que ce soit, ce qui avait été mis en mouvement ne pouvait être arrêté maintenant.

Majjhima se tourna vers ses hommes. « Ne faites pas attention. Activez-la immédiatement ! »

Une fois la structure ovoïde engagée, un texte ancien commença à défiler sur son écran, suivi d’un groupe de chiffres. Cinq minutes. Après cela, même le plus grand des guerriers serait condamné.

Le vieil homme regardait, indifférent.

Il sut immédiatement que cet homme qui prétendait venir de Dark Atom mentait. Majjhima n’était pas dupe. Dark Atom ne pouvaient pas entrer dans la ville, et encore moins emporter une telle arme avec eux. Il ne savait pas comment ils y arrivaient, mais il ne voulait pas laisser passer cette chance.

« Personne ne part ! Nous enterrerons cette magnifique cité ensemble. »

Une lueur de zèle brûlait derrière les yeux du vieil homme.

Dans un couloir voisin, Cloudhawk venait de finir de s’occuper de quelques gardes à menu fretin quand un groupe familier de visages masqués apparut pour lui barrer la route. L’un d’entre eux portait une robe wraith, dont il savait qu’elle appartenait au laquais personnel d’Adder.

« Eh bien, merde. J’ai trouvé de l’or, hein ? Regarde qui c’est. »

« Comment je suis censé savoir qui c’est ? »

« C’est l’homme d’Adder. S’il est là, ça veut dire qu’on a touché le gros lot. Je l’ai déjà dit et je le répète. Dame Chance m’a pris en affection. »

Cloudhawk parlait avec Aurore comme si le groupe de tueurs désespérés n’était même pas là.

Revenant plissa les yeux, et dans ceux-ci, la soif de sang était évidente. Il n’avait pas perdu de temps pour parler et avait sorti ses armes. L’instant d’après, il disparut, réapparaissant derrière Cloudhawk avec son épée prête à ouvrir la gorge de son ennemi.

L’attaque de Revenant était rapide et impatiente.

Cloudhawk ne bougea pas d’un pouce. C’est la femme qui l’accompagnait qui réagit. Avec un reniflement d’hilarité froide, elle leva sa jambe fine et la lança vers Revenant comme un ressort enroulé. Il n’y avait qu’un demi-mètre entre eux, mais dans ce court espace, sa jambe bougeait plus vite que le son. Quand elle toucha l’homme de main d’Adder, ce fut comme un coup de tonnerre.

Revenant traversa un mur voisin, laissant un trou de plusieurs mètres de profondeur. L’impact se répercuta sur le chemin.

Aurore abaissa lentement sa jambe et renifla. « Trop lent. »

Cloudhawk resta sans voix. Le seul moyen pour lui d’égaler les capacités de cette femme était sa force berserker. Elle méritait son titre douteux de folle de la ville. Si ce coup de pied n’avait pas tué Revenant, il avait laissé des traces.

Les autres qui étaient venus l’arrêter se dispersèrent et se préparèrent à attaquer. Aurore répondit en dégainant lentement sa lame rayonnante. « Je vais m’occuper de cette populace. Va t’occuper de leur chef. »

Avait-il le choix ? Il trotta docilement vers le trou que Revenant avait fait et put immédiatement dire qu’Aurore avait utilisé une sorte de technique martiale. Personne ne peut faire ce genre de dégâts avec un simple coup de pied. Revenant avait été soufflé à travers plusieurs mètres de roche solide.

« Eh ? Où est-il passé ? »

Lorsque Cloudhawk regarda autour de lui, tout ce qu’il vit fut quelques gouttes de sang et des bandes de tissu. Aucun signe de l’homme lui-même. S’était-il échappé ? Mais alors qu’il était assis là à broyer du noir, une brume noire avait commencé à se rassembler dans son dos. Revenant se reforma et abattit son épée.

Cloudhawk donna un léger coup de poignet. La baguette d’exorciste cachée dans sa manche glissa dans sa paume.

Immédiatement, l’arme bourdonna de puissance, et il se retourna pour faire tomber la lame. L’épée en tungstène de Revenant explosa en éclats de métal tandis que la baguette libérait sa charge utile. Elle s’était abattue sur l’homme comme un torrent.

Si Atlas ne pouvait pas se faufiler derrière lui, comment ce broussard allait-il faire ?

Cloudhawk avait fait semblant d’être inconscient afin d’attirer Revenant à l’extérieur. Le sbire d’Adder ne savait pas non plus qu’il avait récemment franchi son goulot d’étranglement et gagné en force, et il avait donc sous-estimé les capacités de son ennemi. Trop tard pour esquiver, cette erreur pourrait bien lui coûter la vie.

La puissance du bâton menaçait de le faire exploser, déchirant d’abord son couvre-chef et son masque en lambeaux. Seul le peignoir fut épargné, et loin d’être endommagé, il parvint à offrir au Revenant une protection suffisante pour qu’il survive.

Il éclata en brume et recula de plusieurs mètres.

Un froncement de sourcils aiguisa l’expression de Cloudhawk. Il n’avait pas prévu que Revenant survivrait, mais il était au moins hors de danger pour l’instant. Mais, il y avait quelque chose dans cet instant entre le moment où Revenant était devant lui et celui où il s’était échappé. Sans le bandeau et le masque, il avait pu apercevoir le visage sous le capuchon de la robe. De longs cheveux noirs corbeaux. Un visage ovale maculé de sang. Le Revenant était une femme.

Ça n’avait pas d’importance. Il allait quand même la tuer ! Il était prêt à l’achever.

Seulement, Revenant n’avait pas l’intention de continuer leur combat. La wraithrobe était une relique conçue pour sortir son porteur de situations difficiles. Tant qu’il lui restait de l’énergie mentale, elle pouvait s’échapper à volonté. De toute façon, il n’était pas là pour tuer des gens. Au contraire. Il n’avait pas d’autre choix que de la laisser s’enfuir.

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