Relâchez cette Sorcière | Release that witch | 放开那个女巫
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Chapitre 966 : Opération Sommet
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Deux semaines après le lancement du plan de contre-attaque, baptisé “Opération Sommet”, Roland reçut un rapport de Foudre qui effectuait une mission de surveillance en première ligne. Les bataillons de la Première Armée ayant mené à bien la première étape du programme et s’étaient retrouvées au point “Forêt n° 2 + 1,76” de la Forêt aux Secrets.

Il avait emprunté le système de dénomination des points charnière à la méthode d’identification du kilométrage ferroviaire, le premier chiffre indiquant un point géographique précis et la seconde moitié la distance corrigée. Le point de chute était donc situé 1,76 kilomètres au-delà de la Gare n° 2 du chemin de fer forestier. Cette méthode avait l’avantage de permettre à Roland de suivre avec précision le parcours des soldats sur la grande carte.

La voie ferrée s’arrêtant là pour le moment, l’armée passerait à la seconde étape du plan : quitter la Forêt aux Secrets et se diriger vers le Nord-Est des Terres Barbares sans être couverts par Chloris. Une étape décisive pour la destruction de l’avant-poste ennemi.

Une fois les Canons de Forteresse et les mitrailleuses mis en place, ils pourraient reprendre les tactiques de combat qui avaient fait leurs preuves lors de l’entraînement et des précédentes batailles.

– « Compris », dit Roland en notant le point sur la carte. « Et pour les Diables ? Avez-vous remarqué une réaction de leur part ? »

La réponse de Foudre lui parvint à travers le Sceau d’Écoute :

– « Aucune d’après Sylvie. Ils sont toujours occupés à construire leurs avant-postes et ont édifié plusieurs piliers de pierre noire. Une ligne de ravitaillement de Brume Rouge a été repérée à quelque distance de ceux-ci et selon l’État-Major, les monstres à longues jambes sont en nombre limité. »  

C’était une bonne nouvelle, Ayesha lui ayant expliqué que la seule chose capable d’empêcher l’ennemi de renverser l’humanité était la Brume Rouge. Si d’ici la Bataille de la Divine Volonté ils trouvaient un moyen de contourner cette restriction, ce serait mauvais signe pour tout le monde. En raison de la mobilité des Bêtes Volantes et de la terrifiante capacité de combat des Diables Supérieurs, la longue frontière des Quatre Royaumes serait impossible à défendre.

Roland savait désormais que les piliers de pierre de l’avant-poste différaient de la légendaire Pagode de Pierre Noire, même si les deux constructions avaient beaucoup en commun. Les premiers se limitaient au stockage de la Brume Rouge qu’ils diffusaient lentement pour former un environnement brumeux spécifique assimilable par les Diables et qui renforçait leur puissance et leurs capacités d’auto-guérison. En d’autres termes, ils les aidaient lors des combats.  

Si les piliers de pierre étaient en mesure de doubler les effets de la Brume Rouge, ils ne pouvaient le faire qu’à partir de réserves tandis que la Pagode de Pierre Noire, elle, était en mesure d’en produire et avait une couverture beaucoup plus large, ce qui faisait d’elle le noyau central des principales villes des Diables.  

Par ailleurs, un pilier de pierre devait être cultivé durant un mois après sa plantation pour être opérationnel et pouvoir commencer à libérer la Brume Rouge. Avant cela, il n’était qu’une sorte de grand réservoir.

Les observations de Sylvie venaient le conforter dans son jugement. En effet, personne ne voulait voir l’ennemi réapparaître quelques jours après avoir été repoussé et pire, rétablis et avec d’énormes renforts. Au rythme où se déroulait la construction du chemin de fer, la Première Armée serait certainement en mesure d’attaquer n’importe quel des avant-postes avant que les piliers de pierre ne fonctionnent à pleine capacité.

– « Dans ce cas, poursuivez vos recherches et faites-moi savoir si vous découvrez autre chose. N’oubliez pas que votre sécurité doit rester la première des priorités. »

– « Compris! Terminé! »

Le Sceau s’éteignit.

Roland prit une règle et mesura la distance sur la carte. Si tout se passait comme prévu, la Première Armée entrerait dans le périmètre de reconnaissance des Diables dans six jours, soit à la fin de l’automne. Cela allait être un défi difficile à relever, même pour des soldats habitués aux combats de terrain.

– « Qu’est-ce qui vous inquiète ? » Demanda Rossignol en rangeant le Sceau d’Écoute. « Les essais concernant la nouvelle arme ne sont pas suffisamment concluants ? »

– « Ce n’étaient finalement que des tests. Nul ne peut prévoir ce qui se passera avant que la guerre n’ait commencé », répondit Roland. « N’oublions pas que Sylvie sera chargée du combat aérien. L’Armée ne pourra donc compter que sur elle-même pour établir et maintenir la ligne de défense. »

– « C’est déjà assez incroyable qu’Andrea atteigne systématiquement un ballon distant de cinq kilomètres. Tant qu’elle sera en possession de cette arme, elle ne nous laissera pas tomber » dit Rossignol en souriant. « Sylvie ne sera peut-être pas disponible pour faire le guet, mais Foudre et Maggie sont là. Est-ce la première fois que l’Armée se trouve dans une telle situation ? »  

– « Quand avez-vous appris à réconforter les autres ? » Demanda Roland, surpris.

– « Je m’efforce d’être franche », répondit la sorcière. « Par ailleurs, je suis assez douée pour la persuasion. Je me souviens avoir convaincu tous les nobles à qui j’ai rendu visite. »  

– « Elle est terriblement menaçante », pensa Roland. Il s’éclaircit la voix :

– « Vous avez sans doute raison » dit-il en esquissant un sourire. « Je vais me reposer un peu dans mon bureau. Ne me réveillez pas, à moins de nouvelles urgentes. »

Rossignol dut s’apercevoir de quelque chose d’inhabituel car elle demanda :

– « Maintenant ? Dois-je en informer les sorcières de Taquila ? »

– « Non », répondit Roland, « ne les laissez même pas s’approcher du château. »

– « Je vois. Ne vous inquiétez pas, je veillerai à ce que personne ne pénètre dans le champ du faisceau lumineux »

Il était rare que Roland fasse la sieste, à moins qu’il ne soit particulièrement fatigué ou qu’il ait une raison particulière ce qui, ce jour-là, était le cas.

Sa dernière conversation avec Garcia dans le Monde des Rêves remontait à un mois.  Elle devait être revenue de son Quartier Général d’où elle avait promis de rapporter le livre écrit un demi-siècle auparavant et où il était question pour la première fois de la Bataille de la Divine Volonté.  Pour une raison quelconque, Roland avait jugé plus judicieux de ne pas en informer immédiatement les survivantes de Taquila.

Il y pensait depuis longtemps et à la différence de ces sorcières qui considéraient la Divine Volonté comme leur destin ultime, quoi qu’il puisse découvrir dans ce livre, il saurait garder son calme. Il était donc préférable de ne pas les perturber alors qu’une bataille se profilait à l’horizon.  

Désormais, le fait de pénétrer dans le Monde des Rêves était pour lui aussi simple que de basculer mentalement un interrupteur. Il lui suffisait de se concentrer pour s’endormir en quelques secondes alors qu’auparavant, il se tournait et se retournait pendant des heures.

Roland attendit que Cléo soit partie pour l’école, impatient de décrocher le téléphone.

– « Alors, avez-vous pu vous procurer le livre ? »  

– « Si je vous dis non, serez-vous déçu au point de jeter votre téléphone portable ? » Demanda Garcia avec son sarcasme habituel. « Relax, vous me l’avez rappelé il y a trois jours. Je ne suis pas amnésique, contrairement à certains. »

– « Je ne peux pas me permettre de le jeter. J’ai besoin de mon argent pour nourrir ma famille », répondit Roland, soulagé.

– « Nourrir votre famille ? Votre salaire de martialiste ne vous suffit donc pas ? Ne vous seriez-vous pas fourvoyé dans un guêpier ? »

« Qu’allez-vous imaginer ? » Pensa-t-il. « Je m’efforce simplement de nourrir des personnes qui n’ont pas mangé depuis des centaines d’années. »

– « Même si nous nous connaissons, je dois dire que… »

– « Vous oseriez m’accuser de calomnie ? » Coupa Garcia. « Le monde change, aussi, laissez tomber ce cliché, d’accord ? »

Roland faillit s’étouffer en l’entendant. En effet, c’était terrible de se faire ainsi remettre en place par une femme du moyen âge!

– « Très bien. Où est le livre ? » Demanda-t-il sans détour.  

– « Mais chez moi bien sûr!  Venez donc le chercher. »

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