Relâchez cette Sorcière | Release that witch | 放开那个女巫
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Chapitre 901 : Des sorcières venues de loin (Partie 3)
Chapitre 900 : Des sorcières venues de loin (Partie 2) Menu Chapitre 902 : Un sinistre présage

Azéma la regarda :

– « Que voulez-vous savoir ? »

– « Sophia… »

Wendy lui prit la main, visiblement inquiète. D’après Tilly, ce n’était pas de leur plein gré que ces sorcières étaient venues à la Cité Sans Hiver mais en raison d’un conflit interne à l’Île Dormante. La question devait être correctement gérée, sans quoi l’Association se verrait mêlée au conflit, perdrait la confiance des nouvelles arrivantes qu’ils auraient fait venir pour rien.

– « Ne vous inquiétez pas », répondit Sophia. Puis, se tournant vers la sorcière désireuse de retourner dans la Région de l’Est, elle lui dit : « Si votre ville natale vous manque, c’est probablement signe que vous n’avez pas été abandonnée par votre famille. Comme beaucoup d’autres réfugiées de l’Île Dormante, vous avez été contrainte de quitter l’est sous la pression de l’Église, je me trompe ? »  

– « Et alors ? » Coupa Azéma.

– « Permettez-moi de vous expliquer ce qui se passe actuellement dans la Région de l’Est », reprit Sophia, indifférente à la provocation de la sorcière aux cheveux roux. « Le Roi n’a pas encore entièrement restauré ces terres depuis que Garcia, la Reine des Eaux Claires, a pillé le Comté du Vent Marin et Valencia. La région a d’abord été dévastée par la peste démoniaque répandue par l’Église avant d’être ravagée par l’armée de Timothy. Toutes les terres agricoles environnantes ont été abandonnées et bon nombre de la population, ne pouvant plus subvenir à ses besoins, a dû fuir. »

Si la sorcière avait l’air troublée, elle ne semblait pas disposée à renoncer.

– « Si nous n’allons pas voir par nous-même, comment être certaines que ce que vous dites est vrai ? »

– « Il y a deux ans, Sa Majesté Roland a décidé d’accueillir ces réfugiés. La population de la Cité Sans Hiver dépasse aujourd’hui les cent mille habitants dont 70% sont originaires des quatre coins du royaume, la majorité étant des réfugiés des territoires de l’Est et du Sud », expliqua calmement Sophia. « Les membres de votre famille sont probablement parmi eux. Pouvez-vous me dire où vous viviez auparavant, me donner le nom d’une ville, d’un village, un point de repère spécifique ou une spécialité locale. »

– « Parce que vous pensez pouvoir retrouver sa famille uniquement avec ces indices ?  Elle n’est pas née dans une grande ville où chaque rue et chaque ruelle porte son propre nom et où les gens se connaissent entre voisins! »

Sophia ne répondit pas mais, repoussant doucement une mèche de cheveux derrière son oreille, elle fixa sur la sorcière un regard encourageant, semblable à celui d’une enseignante attendant patiemment la réponse de son élève.

– « Mon village… n’avait pas de nom », murmura celle-ci après un moment d’hésitation. « Il était totalement isolé et si éloigné de Valencia que pour vendre du blé, il faut le céder à un marchand ambulant qui s’y rend et ce à un prix dérisoire. Cela n’a rien d’officiel, mais certaines personnes surnomment ce village : « Seize. »   

– « Seize ? » Répéta Wendy, surprise.  

– « Lorsqu’ils reviennent de Valencia, ce village est le seizième qu’ils traversent. »

Sophia ferma un instant les yeux.

– « Laissez-moi réfléchir… n’y aurait-il pas un affluent du Fleuve aux Trois Méandres qui serpente derrière ce village ? »  

– « De nombreuses rivières dérivées de ce fleuve coulent dans la Région de l’Est » maugréa Azéma. « Comment voulez-vous qu’un village survive s’il n’y a pas de cours d’eau pour irriguer ses terres agricoles ? »

– « Celui-ci est particulier », précisa la Ministre de l’Éducation en agitant la main. « Il n’est ni assez large, ni assez profond pour laisser passer les bateaux et durant la saison sèche, on peut en voir le lit. C’est ce qui explique pourquoi les villages voisins ne peuvent pas transporter de vivres ou autres provisions par bateau. Mais au niveau du seizième village, cette branche converge vers un immense lac qui lui ne tarit jamais, même lorsque les eaux de la rivière ne l’alimentent plus. C’est la raison pour laquelle là-bas, le blé pousse mieux qu’ailleurs. N’ai-je pas raison ? »

– « Vous y êtes déjà allée ? » S’écria la sorcière, les yeux écarquillés.  

– « Non », répondit Sophia après un bref silence. « Je l’ai entendu dire par une personne qui se trouve actuellement à la Cité Sans Hiver, mais qui ne vient pas du seizième village. »

– « Que voulez-vous dire ? »

– « Vous devriez lui poser la question personnellement. »

Sophia se tourna vers le greffier de l’Hôtel de Ville chargé de consigner les informations et ordonna : « Allez me chercher Walt. Son numéro d’identification est le 0024578 et il travaille aux fours. Pour l’heure, il devrait être en train de recycler des scories au secteur 2 du Versant Nord. »

– « Bien Madame », répondit le greffier qui s’exécuta aussitôt.

Une demi-heure plus tard, il était de retour au quartier résidentiel, accompagné d’un homme au teint rougeaud.

La sorcière le regarda et secoua la tête :

– « Je ne le connais pas… 

– « Qu’allez-vous ajouter maintenant ? » Ricana Azéma : « Il y a tellement de gens dans la Région de l’Est et vous en choisissez un au hasard… »

– « Mais… ne seriez-vous pas la fille de Thylane ? » S’écria l’homme, tout excité, ignorant totalement Azéma. « Dieu merci, vous êtes encore en vie! Comme vous voilà grande à présent! »  

– « Vous voulez parler de ma mère ? » Demanda la sorcière abasourdie.

– « Qui d’autre ? Vous avez ses yeux et le même grain de beauté au coin de l’un d’eux! » S’écria Walt. « Mais vous êtes beaucoup plus jolie. Vous ne vous souvenez pas de moi ? Remarquez, ce n’est pas votre faute, vous n’étiez encore qu’une enfant lorsque j’ai quitté le village et lorsque je suis revenu, vous n’étiez plus là. À l’époque, elle vous appelait « Petite Orchidée », je me trompe ? Thylane aimait beaucoup vous donner des noms de jolies fleurs. »

– « Ce n’était qu’un surnom d’enfant », répondit la sorcière, embarrassée. « Je m’appelle Doris à présent. »  

– « Je vois. C’est très joli aussi. Savez-vous que les gens parlaient beaucoup de vous lorsque je creusais le canal au seizième village. Tous pensaient que vous aviez été enlevées par des sorcières et… »  

À mesure que Walt poursuivait son récit, Wendy comprit peu à peu ce qui s’était passé. Ce grand homme rougeaud résidait dans le village voisin qui, d’après leur règle d’appellation, devait être le village “quinze”. Les deux hameaux n’étant pas très éloignés l’un de l’autre, il était resté en contact avec ses voisins. Comme il leur enviait leur point d’eau, Walt s’était rendu à Valencia pour apprendre à creuser des canaux. Revenu dans son village, il avait sollicité l’aide de quelques habitants pour rediriger l’eau du lac jusqu’au “quinze”, projet en raison duquel il avait séjourné pas mal de temps au “seize”.

– « Mes parents et mon frère aîné… vivent-ils toujours là-bas ? » Demanda Doris, visiblement convaincue. « Ou ont-ils également déménagé dans la Région de l’Ouest ? »

Sophia laissa échapper un petit soupir.

Les étincelles qui brillaient dans les yeux de Walt parurent se dissiper.

– « Non », répondit-il d’un ton peiné. « L’armée du second Prince ayant pillé toutes nos provisions, nous sommes partis pour la Cité du Roi. Lorsque nous sommes arrivés, affamés et assoiffés, une terrible peste faisait rage. Les nobles ont fermé les portes et nous ont laissé appeler au secours au pied des remparts. En raison de leur égoïsme, bon nombre de villageois des terres voisines sont morts et lorsque les secours envoyés par Sa Majesté sont arrivés, il n’en restait plus qu’une poignée. » Il marqua une courte pause et ajouta : « Votre famille… n’était pas parmi eux. »  

– « Non… »

Doris porta la main à sa bouche et demeura un instant figée avant de fondre en sanglots désespérés.  

– « Je suis désolé, mon enfant », dit Walt, soudain inquiet. Il aurait voulu la consoler mais ne savait pas comment. Finalement, il s’approcha de la jeune fille et lui caressa doucement la tête. « Avant de mourir, Thylane n’a cessé de vous réclamer. Elle serait si heureuse de savoir que vous êtes vivante et en bonne santé. Alors, je vous en prie, ne pleurez plus. »

Doris se mordit les lèvres, eut un léger signe de tête et sanglota de plus belle.  

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