Relâchez cette Sorcière | Release that witch | 放开那个女巫
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Chapitre 891 : L’Amertume du Cloître
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« Je ne suis pas le Pape », faillit répondre Isabella, mais Ayesha posa la main sur son épaule pour lui recommander le silence.  

– « Notre mission prime sur le reste. À mon avis, Sa Majesté ne vous en tiendra pas rigueur. »  

Quoique ces paroles semblassent hors de propos, Isabella comprit aussitôt. Certes, tromper de la sorte était une manière simple de résoudre le problème, cependant, cela pouvait sonner comme un signal d’alarme aux yeux des seigneurs qui attachaient de l’importance au pouvoir.

Se souvenant alors de tout ce qu’elle avait vu à la Cité Sans Hiver, l’ancienne Purifiée, faisant fi de ses doutes, demanda :

– « En quoi voulez-vous que nous vous aidions ? Où sont les Juges et les prêtres ? »

– « Ils se sont enfuis! »  

– « Pas tous », intervint une autre religieuse. « Certains ont été rappelé à la Cité Sainte. »  

– « Nous avons commis des crimes. Nous avons même tué des prêtres … »

– « Ce n’est pas sa faute! »

– « Nous n’avons plus de nourriture, plus de vêtements … Voilà deux mois que nous n’avons pas été approvisionnées. Nous aurait-on abandonnées ? »

– « Ne dites donc pas de sottises! Si c’était le cas, Sa Sainteté ne serait pas ici! »

– « Silence! » Ordonna Isabella, impatientée, en voyant que les religieuses et les orphelines commençaient à se chamailler. « Ne parlez pas toutes en même temps. »  Elle balaya la foule du regard et désigna celle qui semblait être leur chef : « Vous d’abord ! Relevez-vous et dites-moi tout. »

– « Bien, Votre Sainteté », répondit la religieuse en appuyant respectueusement son front sur le sol avant de se remettre péniblement sur ses pieds.

« Cela fait plus d’un mois que nous n’avons pas reçu de nouvelles d’Hermès… »

Au bout d’une heure, Isabella comprit enfin ce qui s’était passé.

Suite à la bataille de la Crête du Vent Glacé, l’approvisionnement s’était mis à diminuer, jour après jour. On avait d’abord réduit les quantités de nourritures, puis augmenté les délais de livraison. Les temps étaient durs et si elles avaient pu maintenir l’ordre, c’était en grande partie grâce à la gestion adoptée par les trois cloîtres et au peu d’informations qu’elles recevaient du monde extérieur, susceptibles de semer la panique. Les prêtres et les Juges encourageaient orphelines et religieuses à prier davantage et à rester fortes pour surmonter les moments difficiles, affirmant que le pire était passé et que les choses allaient bientôt s’améliorer.

Mais ce moment tant attendu ne s’était jamais produit et cela faisait déjà six semaines que l’ordre avait été donné de rapatrier tous les Juges et les prêtres à Hermès.

Si les religieuses, à l’époque, n’avaient pas eu connaissance de cet ordre, elles se souvenaient cependant du désespoir des croyants délaissés. On aurait dit qu’ils avaient perdu leur âme.  

Depuis lors, le cloître était totalement déstabilisé.

L’institution ayant prévu que les postes vacants soient aussitôt repris par des subalternes de rang inférieur, certains parmi les croyants purent ainsi se proclamer prêtres. Cependant, ceux-ci abandonnèrent les devoirs et responsabilité qui leur incombait en tant que tels et au lieu d’économiser les ressources comme le faisaient leurs prédécesseurs, ils profitèrent sans retenue des maigres provisions entreposées dans la réserve et réduisirent les parts distribuées aux orphelines.

C’est en allant les trouver pour tenter de négocier au sujet de la nourriture que les religieuses apprirent avec horreur que la cathédrale d’Hermès s’était effondrée.

L’Église était désormais sur la corde raide.

Afin de rassembler leurs forces pour combattre l’ennemi, les dirigeants décidèrent donc d’abandonner la Vieille Cité Sainte et de rappeler tous le personnel en poste sur les hautes terres. Enfin, ils donnèrent l’ordre aux personnes restées sur place de résister de toutes leurs forces à l’invasion ennemie et ce jusqu’à leur dernier souffle. 

Si la tournure qu’avaient pris les événements semblait difficile à croire, la condamnation du passage menant à l’Église du Reflet semblait confirmer ces informations.

Ces mauvaises nouvelles avaient divisé les religieuses, certaines, déçues par l’ancien régime ayant rejoint le “camp des nouveaux prêtres” tandis que les autres hésitaient, désorientées.   La religieuse principale expliqua que, dans la mesure où elles avaient toujours considéré l’Église puissante au point de ne pas avoir à se soucier de leur destinée, cette nouvelle les avait terriblement perturbées. C’était comme si le monde auquel elles étaient habituées depuis toujours venait de s’écrouler.   

Mais le comportement égoïste de ces nouveaux prêtres allait leur donner l’occasion de renverser la situation.  

Ces gens qui, à l’origine, n’étaient que des croyants de rang inférieur et qui bénéficiaient d’un statut à peine plus élevé que celui des religieuses étaient, la plupart du temps, chargés d’aider les responsables à gérer les affaires internes sans aucune chance d’évoluer.  Cela expliquait que les personnes compétentes ne soient jamais affectées à ces postes. Il était donc prévisible qu’après avoir goûté au pouvoir sans personne pour les superviser, ils s’enhardissent et finissent par devenir incontrôlables.

La “bénédiction” de la chorale et de la classe rituelle aurait dû être interdite, mais en raison du laxisme de la Cité Sainte à l’égard des monastères, bon nombre de dignitaires aux goûts particuliers venaient parfois s’y amuser, ce qui n’était pas un secret, l’Église n’ayant renforcé sa vigilance qu’après qu’une jeune Extraordinaire se soit échappée.

Mais n’ayant plus rien à craindre désormais, les nouveaux prêtres, sous prétexte de “bénédiction”, avaient d’abord contraint quelques-unes des jeunes filles, puis, comble de l’horreur, ce furent toutes les orphelines qui durent faire don de leur virginité en échange de nourriture. En violant ainsi les lois de l’Église, ce comportement eut pour effet de rallier les religieuses encore hésitantes à la cause de ces jeunes filles.

En effet, même si ces enfants d’âges différents avaient été enlevées aux quatre coins du continent, elles avaient passé tant de temps à leur apprendre à lire, à chanter et à leur transmettre le savoir moral et rituel qu’elles avaient fini par s’y attacher.

Aussi, conformément à l’ordre reçu de l’Eglise, avaient-elles commencé à défier les nouveaux prêtres et à voler de la nourriture dans l’entrepôt pour la donner aux jeunes filles affamées.

Mais elles avaient beau les économiser, elles ne pouvaient empêcher les réserves de baisser.   Comme les prêtres commençaient à soupçonner leur “trahison”, des conflits éclatèrent entre les religieuses. Deux d’entre elles, prises en flagrant délit, furent exécutées dans l’intention de dissuader les autres. Cependant, cela se retourna contre eux et finit par pousser les religieuses à la révolte. L’une d’elles prit la direction des opérations et, après quelques plans et préparatifs, une nuit, alors que ceux-ci se livraient à des divertissements, nonnes et orphelines passèrent à l’attaque et, supérieures en nombre, eurent définitivement raison de ces prêtres.  

Puis leur chef prit contact avec les autres monastères par le biais des tunnels souterrains et, ensemble, elles renversèrent ces écœurants croyants par le même procédé.  

Mais alors qu’elles tentaient d’envoyer une représentante signaler le problème à Hermès et cherchaient un moyen de lui faire franchir les remparts, l’armée du Royaume de l’Aube fit son apparition aux abords de la Vieille Cité Sainte.

Livrées à elles-mêmes, elles n’eurent alors d’autre choix que de tenter de résister seules, persuadées que lorsque l’ennemi aurait pris le monastère, elles auraient beau se rendre, cela ne leur serait d’aucun secours. C’est la raison pour laquelle, en arrivant, Isabella les avait trouvées sur la défensive.

Après avoir écouté ce récit, l’ancienne Purifiée demeura perplexe.

Certes, elle avait entendu parler des coutumes dépravées au sein des monastères et n’était pas surprise non plus d’apprendre que ces incompétents s’étaient corrompu sitôt arrivés au pouvoir. Ce qui l’intriguait, c’était l’ordre donné par l’Église.

Avaient-ils l’intention de lancer une ultime attaque contre l’ennemi ? Dans ce cas, comment auraient-ils pu négliger de faire surveiller le sentier montagneux alors qu’ils envisageaient de délaisser les remparts ?  Cela reviendrait à abandonner volontairement leur ligne de défense à l’ennemi.

En admettant que la Cité Sainte manque de main d’œuvre pour faire surveiller l’Échelle des Nuages, jamais l’idée même d’abandonner la Vieille Cité Sainte leur serait venue à l’esprit.

Isabella savait de source sûre qu’il existait, au cœur de l’Église, une zone inconnue des croyants. En effet, le cœur de l’institution ne reposait pas sur la Nouvelle Cité Sainte située sur les hauts plateaux ni sur l’ancienne, au pied des montagnes, mais dans une zone secrète centrale profondément cachée sous terre, un lieu vieux de 400 ans où ils extrayaient la Pierre du Châtiment Divin, étudiaient les Sceaux faits de Pierre Magiques ou organisaient la cérémonie d’incarnation de l’Armée du Châtiment Divin.

Il existait, dans la Vieille Cité Sainte, un chemin secret menant à la Zone Centrale et la principale issue du sentier qu’utilisaient les marchands y conduisait-elle aussi. Comment auraient–ils pu abandonner aussi facilement un site aussi crucial ?

Cet ordre, qui n’avait aucun sens, était, de toute évidence, un mensonge!

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