L'Etrange Vie d'un chat | Strange Life of a Cat | 回到过去变成猫
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Chapitre 8 : Sois Sage Quand Tu Es Seul à la Maison
Chapitre 7 : Pas Question de Manger ce Cochon d’Inde Menu Chapitre 9 : Patron, Votre Chat S’Est-Il Enfui ?

Depuis qu’ils  avaient rencontré l’étranger, Tigre et Sheriff étaient sagement restés à la maison durant quelques jours et Patapouf ne serait de toute façon jamais sorti tout seul. Quant à Zheng Tan, il avait accepté la proposition de M. Guo de faire la pub sur la nourriture pour chats. On l’emmena donc au centre animalier “Clearly So” pour une séance photo de deux jours.

Contrairement à ses attentes, la première pub n’était pas sous format vidéo. Il s’agissait d’une histoire racontée à travers une série d’images.

Zheng Tan avait oublié que les vidéos en ligne n’étaient pas communes en 2003. À cette époque-là, beaucoup de gens n’étaient pas très optimistes quant à l’avenir de celles-ci. Certains avaient même prédit qu’elles étaient vouées à l’échec.

Mais Guo n’était pas de cet avis.

Lorsqu’il en discutait avec Papa Jiao, il disait que le charme d’internet était sa capacité à changer et à évoluer avec l’amélioration de la technologie. Sa perspicacité avait grandement amélioré l’opinion que Zheng Tan avait de lui. Comme il venait du futur, ce dernier savait exactement comment internet se développerait dans les dix prochaines années.

Contrairement aux autres entreprises qui se contentaient d’une simple affiche publicitaire, Guo avait décidé de faire de ses pubs une série de photos capables de raconter une histoire. Cela intéresserait même les familles qui ne possédaient pas d’animaux et améliorerait la visibilité de la marque.

Aidé du jeune félin charbonneux, il n’eut aucun mal à mettre en scène cette histoire, sans même avoir à gaspiller des aliments pour chats ce qui le rendit très heureux. Comme il n’était pas facile de contraindre les félins à adopter la parfaite expression dans un laps de temps déterminé, la plupart des entreprises  renonceraient à dépenser autant d’énergie pour produire des publicités similaires.

Celle-ci était destinée à être distribuée sur un forum animalier et publiée simultanément dans un magazine. C’est la raison pour laquelle Guo s’était empressé de prendre ces photos au plus vite. Un de ses amis venait de lancer un nouveau magazine sur les animaux et l’homme voulait en profiter.

Avant de faire appel à Zheng Tan, Guo avait fait l’essai avec d’autres chats, mais la séance photo et le résultat final étaient… Disons juste que cela lui donnait des ulcères.

Dès l’arrivée du jeune félin, la séance se passa bien. Il ne fut pas nécessaire de lui dire deux fois ce qu’il avait à faire. Les ulcères d’estomac de Guo guérirent. Il avait hâte de signer le contrat avec Papa Jiao.

Le magazine “Nos Bien-aimés” étant un mensuel, Zheng Tan fut donc contraint d’y retourner chaque mois pour de nouvelles photos. C’était du gâteau ! Nous seulement c’était de  l’argent facile mais de plus, le chat noir trouvait cela plutôt amusant. Le plus intéressant au sujet de ces publicités, c’était qu’à la fin, en petit, il y avait inscrit le nom de l’acteur: “BlackC”.

Guo avait insisté pour que le nom des animaux acteurs soient ajoutés, et c’est Papa Jiao qui avait eu l’idée de “BlackC”  afin de protéger Zheng Tan en ne révélant pas son vrai nom.

Lorsque Guo demanda la raison de ce choix, le père de famille expliqua que “Black” signifiait “noir” et que le “C” représentait le carbone sur le tableau périodique des éléments. BlackC était donc une allusion à “Charbon”.

Le premier chèque qu’il reçut portait l’énorme somme de 1000 yuan. Bien plus que à quoi Mama Jiao s’attendait. Pour l’époque d’où venait Zheng Tan, cela n’aurait pas représenté grand-chose, mais pour l’heure, c’était une  rémunération considérable.

Papa Jiao ouvrit un compte en banque destiné au félin qui lui servirait surtout à économiser ses revenus publicitaires.

En fait, cela ne concernait pas uniquement Zheng Tan. Jiao Yuan et Gu Youzi avaient également leurs propres comptes bancaires. Leurs enveloppes rouges[1] du Nouvel An Chinois et leurs récompenses pour avoir bien travaillé à l’école y étaient placées. C’était de là que venait leur argent de poche, même si c’était leur père qui gérait temporairement les comptes pour les empêcher de tout dépenser.

C’était l’éducation financière façon Papa Jiao.

Le fait qu’il le fasse aussi pour le chat de la famille rendait Zheng Tan perplexe.

Parfois, il avait des difficultés à comprendre le Professeur. Mais au final, après trois mois, il en savait suffisamment pour être certain que celui-ci ne lui ferait pas de mal. Peut-être que les scientifiques avaient tendance à accepter l’étrangeté des évènements avec plus de facilité que d’autres.

La plupart des gens auraient été abasourdis en voyant la manière dont Papa Jiao et son chat interagissaient l’un avec l’autre. Personne ne savait que, lorsqu’ils étaient seuls, ils se traitaient d’égal à égal. Pas même Mama Jiao ni les enfants.

Après avoir travaillé comme acteur, Zheng Tan resta paresseusement à la maison durant quelques jours jusqu’à ce que l’envie de bouger le prenne. Il ne put s’empêcher de sortir se balader. Le félin chercha du côté des bois mais ne revit pas l’étranger. Par contre, ayant aperçu le cochon d’Inde accompagné d’une petite fille qui avait à peu près l’âge de Gu Youzi, et de sa mère, il se jura de rester éloigné de ces deux-là afin d’éviter de croiser l’homme.

Un jour, alors que le chat noir rentrait à la maison après sa promenade quotidienne, il ressentit aussitôt la présence d’un inconnu.

Un invité ?

Au salon, l’atmosphère était solennelle. Mama Jiao, qui, comme à son habitude, était aux fourneaux, semblait absente. Assis sur le canapé aux côtés d’un homme, Papa Jiao fumait, sans dire un mot.

L’invité avait environ le même âge que le père de famille mais il semblait traverser une dure période. Ses yeux tristes étaient injectés de sang comme quelqu’un qui aurait passé une nuit blanche. Papa Jiao s’adressait à lui en l’appelant “Yuan Zi” : visiblement, tous deux étaient proches. Alors pourquoi restaient-ils assis dans un silence pesant ?

Dans la chambre de Jiao Yuan, il y avait une petite table. C’était une table en bois avec une nappe à motifs d’échiquier que Mama Jiao installait toujours lorsque des invités étaient présents et que le sujet de conversation n’était pas approprié pour les enfants.

La curiosité de Zheng Tan grandit.

Que pouvait-il bien se passer pour que la discussion ait lieu hors de portée de voix des enfants ?

Le jeune félin bondit de sa chaise et évalua la situation. Papa Jiao l’aperçut mais consentit à sa présence.

Après trois verres d’alcool, tous deux finirent par se confier l’un à l’autre. Zheng Tan réussit à comprendre ce qui se passait à travers leur conversation. Ils avaient les yeux pleins de larmes.

Le professeur Yuan, chef d’établissement de l’école supérieure où Papa Jiao avait fait ses études et qui se trouvait aussi être le père de Yuan Zi, avait un cancer du poumon en quatrième phase. Le docteur lui avait donné approximativement deux mois.

Lorsque Papa Jiao avait décroché son diplôme à l’université de Nanhua, le Professeur Yuan était à l’étranger. Le père de famille ne vit aucune raison de rester à cette école, il accepta donc un travail d’enseignement à l’université de Chuhua qui se trouvait dans sa province natale, à Xinhan.

L’Université de Nanhua était à la Chine du sud ce que celle de Chuhua était à la région centrale : toutes deux étaient les meilleures écoles.

Mama et Papa Jiao étaient tous les deux proche de ce Yuan Zi et en bons termes avec le professeur lorsqu’ils vivaient à Nanhua. C’est pourquoi ils furent profondément attristés en apprenant que ce dernier était malade.

Yuan Zi n’avait pas choisi de suivre les traces de son père. Il ne ressentait aucun intérêt pour le monde universitaire. Plus exactement, il n’avait jamais aimé l’école. Comme Zheng Tan, c’était un garnement.

Le félin charbonneux ignorait ce qu’il avait dû affronter après son diplôme. A ce qu’il put comprendre, il avait beaucoup changé. D’après Papa Jiao, il avait été playboy et s’était ensuite tourné vers le bien.

On dit qu’une faute avouée est à moitié pardonnée. Mais parfois, il était préférable de ne rien avouer car le prix de la confession était tel qu’il valait mieux laisser les choses là où elles étaient pour éviter d’avoir à le payer.

– “Si je comprends bien, si Fei Hang ne m’avait pas informé de ta présence à Chuhua, tu aurais traversé cette épreuve tout seul ? Tu avais vraiment l’intention de n’en parler à personne !?”

La voix de Papa Jiao était basse et brisée. Le bord de ses yeux devenait rouge. Il luttait désespérément pour contrôler ses émotions. Mama Jiao s’assis à côté de lui, séchant silencieusement ses larmes.

– “Le vieillard ne voulait pas que les gens soient au courant de sa condition. Après tout, il refuse désormais tout traitement. Il souhaite trépasser en paix à la maison.” Renifla Yuan Zi.

À l’époque, Papa Jiao était l’atout du Professeur Yuan que tout le monde à l’Université des Sciences de La Vie de  Nanhua enviait d’avoir un tel élève. Voyant que son propre enfant gâchait sa vie, il avait toujours considéré Papa Jiao comme son second fils. C’est à lui que ce dernier devait la plupart de ses succès.

Depuis que le vieil enseignant était rentré de l’étranger, tous deux étaient restés en contact, via d’occasionnels emails ou un chat en ligne. Cela n’était pas toujours possible, car le professeur semblait très occupé.

La semaine dernière, Papa Jiao reçu un email de lui disant qu’il ne pourrait plus avoir accès à l’ordinateur pour un bon bout de temps. De toute évidence, il tenait à garder sa maladie secrète.

Le père de famille se calma et s’enquit :

– “Que comptes-tu faire à Chuhua ? Fei Hang a mentionné que tu étais ici pour investigations. Si tu as besoin de quoi que ce soit, dis-le-moi.”

– “Je pensais créer une entreprise en lien avec la biologie. Soit je m’engage à fond, soit je reste à la maison.” Répondit Yuan Zi.

Papa Jiao acquiesça,

– “Chuhua est l’endroit idéal. Trop d’entreprises, locales et étrangères, choisissent la côte sud. Il y a la Base de Biologie Génétique du Sud, située dans la ville de Mingzhu à l’Est et Huada Bio, installée dans la capitale. Les entreprises là-bas ont formé des oligopoles [2]. Il n’est pas impossible d’intégrer ces marchés, mais cela sera difficile.

En revanche, il y a bien moins de compétition par ici. Tout se développe rapidement et je pourrai te donner un coup de main.”

Papa Jiao et Yuan Zi discutant de choses que Zheng Tan ne comprenait pas, il ne sut pas quel genre d’entreprise ils prévoyaient de créer et après avoir écouté un moment, son intérêt retomba. Il se réfugia dans la chambre de Jiao Yuan.

Quelques jours plus tard, le père l’informa que la famille Jiao allait faire un voyage en Chine du Nord-Est.

La ville natale du Professeur Yuan se trouvant là-bas, cette décision était  compréhensible. Mais… cela signifiait-il qu’il allait rester tout seul à la maison ?

Papa Jiao lui demanda s’il voulait venir. Dans ce cas, il louerait une voiture pour emmener tout le monde dans le Nord-Est.

Zheng Tan y réfléchit un moment mais refusa. S’ils s’étaient rendus dans le sud, il les aurait accompagnés car il était curieux de savoir si lui-même, du moins l’humain qu’il était, existait toujours dans cet univers. Mais comme ils comptaient aller dans le Nord, il déclina poliment l’offre.

Comme le félin charbonneux ne voulait pas être envoyé dans un centre animalier ni même être hébergé par quelqu’un d’autre, Papa Jiao lui donna une clé.

La famille fit à l’animal toutes sortes de recommandations, qui se résumaient à : “sois sage et n’ouvre pas aux étrangers.”

Il se retint de lever les yeux au ciel. Pensaient-ils vraiment qu’il n’était qu’un enfant ?

Jiao Yuan et Gu Youzi eurent grand peine à le quitter. Ils prirent soin de laisser leurs casse-croûtes sur le canapé de peur qu’il ait faim.

La famille partie, Zheng Tan explora la maison vide et eut la soudaine impression qu’elle était beaucoup plus grande que d’habitude.

Hé bien, ça allait être fichtrement ennuyeux.

Le chat noir roula d’un bout à l’autre du canapé avant de se pendre de l’accoudoir, à l’envers pour avoir une vue renversée de la maison. Il se concentra sur le calendrier du salon.

On était mercredi. Papa Jiao avait précisé qu’ils seraient absents pendant une semaine ce qui signifiait qu’ils reviendraient le mercredi suivant.

Attendez.

Mercredi !?

Zheng Tan s’assit correctement.

Chaque mercredi, on livrait au supermarché Dongyuan. Le camion de livraison arrivait à peu près vers quatre ou cinq heures de l’après-midi et repartait entre six et sept heures.

Il était quatre heures trente.

Zheng Tan pendit les clés que Papa Jiao lui avait confiées autour de son cou et quitta la maison.

Voilà qu’à peine trois heures après qu’on lui ait recommandé de rester sage, le jeune félin décidait de partir lui aussi en voyage.

1 En Chine, pendant les fêtes traditionnelles (comme le Nouvel An Chinois) et autres occasions, on reçoit une enveloppe rouge (ou “paquet rouge”) avec, à l’intérieur, une somme d’argent, généralement un nombre associé à la chance ou au bonheur.

2 Une oligopole est une situation de ‘marché imparfait’ dans laquelle un faible nombre d’offreurs, contre un nombre importants de clients, sont indépendants afin d’assurer la vente des produits du marché.



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