– « Qui d’autre veut essayer ? » Demanda Zhao Tiezhu, qui était de bonne humeur. Personne n’osant se frotter à lui, Tiezhu se mit à choisir des adversaires au hasard. « Dongzhi, tu veux venir jouer avec moi ? »
– « Tu plaisantes, Zhao ? Comment pourrais-je gagner contre toi ? Lors de votre frappe, vos articulations ont émis un son. Ne serait-ce pas le Tonnerre quelque chose… et l’arc qui fait chuter… un truc dans le genre ? »
Dongzhi avait usé de toutes sortes de stratagèmes pour s’attirer les bonnes grâces de Tiezhu. Pour survivre dans le camp de préparation des guerriers et avoir plus de rations, il avait dû lécher quelques bottes. Et comme Zhao Tiezhu était de loin le plus fort d’entre eux, il était le premier sur sa liste!
– « Haha! C’est “Le Tonnerre Des Neuf Nuages” et l’”Arc Surprise qui Fait Chuter Les Oiseaux”. »
Tiezhu mit un certain temps à répondre, car il lui fallait se remémorer cette phrase! Il exerçait une telle fascination sur Dongzhi, qu’il n’avait nul besoin d’avoir atteint ce niveau pour le lui faire croire!
Constatant que personne n’osait l’affronter, le guerrier s’autoproclama vainqueur : « Comme personne n’a assez de cran pour me rejoindre dans l’arène, j’accepte volontiers cette place. »
Il avait, au départ, fixé pour règle que si personne n’osait affronter le candidat présent dans l’arène, celui-ci serait d’office sélectionné.
– « Quelqu’un y voit-il une objection ? Demanda-t-il en réduisant intentionnellement la vitesse à laquelle il récupérait la tablette de bois, un peu à la manière d’un commissaire-priseur qui baisserait les prix pour mieux monter les enchères. »
C’est alors qu’une voix résonna dans la foule :
– « Vous êtes si méprisable. Pourquoi ne pas prendre directement la tablette ? Si vous voulez tellement vous battre, faites-le avec moi! »
– « Qui ose ? » S’exclama le sournois Tiezhu.
Le chef du camp de formation en imposait et personne n’osait s’y frotter!
– « Inconscient, viens donc par ici! » Dit-il, les yeux rougeoyants de haine.
Il considérait déjà le clan tribal Lian comme le sien car si Chengyu était un tigre, son homme de main était un chacal.
Tiezhu s’était juré de tuer tout contrevenant à son autorité. S’il était courant, sur les terres sauvages, que le plus fort écrase le plus faible, à plus forte raison dans l’arène.
Il se demandait qui avait bien pu parler ainsi car personne ne s’avançait.
C’est alors qu’il vit un enfant se frayer un chemin dans la foule et se diriger tranquillement vers l’arène.
De petite taille, il ne dépassait pas la poitrine de l’imposant Tiezhu.
Les villageois, qui avaient d’abord pensé à un guerrier, probablement issu du camp de formation, demeurèrent sans voix à la vue de l’enfant.
– « Pauvre fou! Tu as… » S’écria Zhao Tiezhu, stupéfait. « Yi Yun! ? Tu n’es pas mort ? »
Comme il tournait le dos à la foule, personne n’avait reconnu le jeune garçon.
– « Yi Yun! C’est vraiment lui ? » S’écria Zhou Xiaoke, qui se trouvait dans l’assistance en saisissant les mains de sa mère, le cœur au bord des lèvres et en proie à une profonde émotion.
Tante Wang était au bord de l’évanouissement :
– « Mon petit est toujours en vie! Mais pourquoi fait-il ça ? »
C’est alors que Yun se tourna vers Chengyu, impassible sur sa chaise. Ce dernier le fusilla du regard et les quatre servantes, qui sentaient la rage s’emparer de leur maître, se mirent à trembler comme des feuilles.
Sans quitter Yi Yun du regard, Chengyu posa sa tasse de thé.
C’est la troisième fois!
Il était tombé de la Montagne aux Herbes, avait échappé au Qi destructeur qu’il lui avait communiqué en lui tapotant l’épaule à deux reprises…
Enfin, il avait survécu à la toxine du Boa Glacial, à la pilule de transformation sanguine et malgré ses sept orifices ensanglantés, était sorti indemne d’une chute de plus de 100 mètres de haut.
– « Son corps doit renfermer un secret! » Pensa Chengyu, convaincu qu’il cachait un trésor à l’intérieur de lui.
À la pensée que, bientôt, ce secret lui appartiendrait, il retrouva peu à peu son calme.
« Même si le Ciel ne m’a donné ni la réputation familiale ni les ressources nécessaires pour pratiquer les arts martiaux, même s’il m’a coupé l’herbe sous les pieds au moment où j’allais atteindre le niveau de Sang Pourpre, il vient de me donner une chance en m’envoyant ce trésor protecteur. »
Comme disait le vieux dicton : la chance ne passe généralement qu’une fois.
« Curieux comme ce yi yun, un pauvre petit esclave, a une vie bénie! Ou plutôt non car si je le tue, j’obtiendrai le trésor et la chance sera de mon côté. »
Alors qu’une multitude de pensées fusaient dans la tête du jeune chef, Zhao Tiezhu s’avança, tout sourire, vers Yi Yun.