L’homme à l’apparence d’Ellington ricana :
– « Un monstre ? N’est-ce pas vous qui avez créé ce corps ? Vous avez créé ces guerriers extraordinaires avec le sang des sorcières et la Pierre du Châtiment Divin mais malheureusement, ils ont un défaut. En raison d’une négligence dans les étapes clé, ils n’ont pas d’âme, ce qui ne vous a pas empêché de placer tous vos espoirs en eux, convaincu que ces produits semi-finis pouvaient rivaliser avec les démons sur les champs de bataille. Et maintenant que vous vous trouvez face à un véritable produit fini, voilà que vous le traitez de monstre ? »
« Un véritable produit-fini ? » Le cœur de Tayfun se mit à cogner dans sa poitrine en réalisant que cet homme semblait connaître mieux que lui le procédé de création de l’Armée du Châtiment Divin, procédé qui, au sein de l’Église, était un secret absolu. »
– « À l’attaque! » ordonna le Garde Prétorien, « Tuez-les tous! »
Les dix Guerriers du Châtiment Divin qui le suivaient se mirent aussitôt devant l’Archevêque pour le protéger. Rapides comme l’éclair, ils se jetèrent sur l’ennemi.
Cependant, ces envahisseurs étaient eux aussi des Guerriers du Châtiment Divin, mais d’une force supérieure.
Quoi qu’ils ne fussent pas plus nombreux que les soldats de l’Église, mais ils se battaient avec une plus grande habileté, faisant appel au retrait, à la ruse pour mieux les diviser. À chaque fois qu’un guerrier de l’Église affrontait quelqu’un, il était aussitôt attaqué par derrière. Dans de telles conditions, Tayfun pensa qu’il valait mieux battre en retraite. Les soldats de l’Église étaient incapables de réagir à moins que le garde, qui les contrôlait, ne leur donne les ordres adéquats et ce dernier, qui dirigeait dix guerriers simultanément, était incapable de faire face à toutes les situations. Le camp de l’Église était donc nettement désavantagé par rapport aux envahisseurs qui non seulement étaient forts mais pouvaient agir de façon indépendante.
Séparés, ces guerriers extraordinaires perdaient toute capacité de combat. Leurs adversaires eurent donc tôt fait de les éliminer sans même subir de pertes.
À la fin, « Ellington », le chef des envahisseurs, tua le garde après quoi il leva son épée et la posa sur l’épaule du vieil Archevêque pétrifié de stupéfaction.
Le sang bleu-noir des Guerriers du Châtiment Divin mêlé au sang rouge du garde dégoulinaient dans le cou de Tayfun.
– « Vous ne pouvez pas me tuer », dit-il d’une voix tremblante, « car si je meurs, la Cité Sainte s’effondrera… Si cela se produit, qui arrêtera les bêtes démoniaques ? Si jamais elles parviennent à franchir la ligne de défense d’Hermès, je crains que les Quatre Royaumes ne tombent… »
« En ruines ? » Coupa le chef des envahisseurs. « Allons donc! Vous pouvez peut-être tromper les croyants ignorants avec cette histoire, mais nous, nous savons ce que recherchent ces bêtes démoniaques. Pourquoi ces stupides bêtes se précipiteraient-elles dans ce piège de glace et de neige durant les Mois des Démons, au moment où, chaque année, le pouvoir magique est à son apogée ? »
– « Qu’est-ce que… je ne vois pas ce dont vous parlez… »
Le chef haussa les épaules :
– « Comment ? Vous n’avez même pas vu la relique ? Quel dommage! »
L’Archevêque s’apprêtait à répondre lorsque soudain, il sentit quelque chose dans son cou. L’engourdissement et le froid envahirent son esprit.
D’un coup de pied, Elena envoya voler la tête du vieil homme, tandis que son corps tombait lentement sur le sol. Satisfaite, elle rangea son épée en disant :
– « Allons-y. Il est temps de finir notre tâche. »
Quelqu’un la tira en arrière :
– « Un instant : Vous êtes blessée! Il faut absolument arrêter le saignement sans quoi vous ne pourrez-plus contrôler votre corps. »
– « Où se situe la blessure ? »
– « À la taille. Il faut retirer votre armure. »
– « Fichu corps », maugréa Elena. « Je ne ressens rien du tout! »
Sur ce, elle retira son plastron, révélant le haut de son corps bien dessiné.
– « Hé! Regardez-moi ça! À Taquila, cela aurait pu rapporter au moins cinquante Royals d’or! Franchement, vous êtes-vous déjà regardée dans un miroir et… »
– « Allons Betty! » Interrompit celle qui soignait Elena, « Ce genre de fantasmes n’est-il pas pour nous une torture ? Je préfère ne pas me rappeler cette période à Taquila. Par rapport à ma vie passée, mon existence actuelle me donne l’impression d’être emprisonnée dans une cage. »
– « Carol a raison », renchérit une autre personne. « Si quelqu’un était en mesure de me faire à nouveau ressentir le plaisir de coucher avec un homme, je donnerai n’importe quoi pour l’épouser… Mieux! Je le traiterai même comme mon Seigneur. »
– « Un homme ? Allons bon! Pour ma part, je serais ravie de pouvoir remanger un délicieux steak frit avec du beurre. »
– « Moi, ce que je voudrais, c’est pouvoir reprendre des bains de soleil… »
– « Bon sang! Qui donc a eu l’idée de lancer ce sujet ? »
– « Mlle Betty. »
– « Je disais ça comme ça. C’est le corps que je voulais en premier lieu… »
Agacée, Elena s’écria :
– « Arrêtez! Ne perdez pas de vue le but de notre voyage! Les autres nous attendent au sommet de la tour. Reprenez-vous! »
Carol ayant terminé de traiter sa blessure, elle précéda le groupe dans le tunnel secret, jusqu’à la bibliothèque où un autre groupe de sorcières à l’apparence de Guerriers du Châtiment Divin les attendait.
Ces femmes étaient tout ce qui restait de l’Union.
« Dame Natalya, vous avez vu ? Nous avons fini par gagner », soupira mentalement Elena.
– « Avez-vous trouvé l’emplacement de la relique ? » Demanda-t-elle.
Zoé, qui dirigeait l’autre équipe, approcha :
– « L’ancien emplacement. Tout est arrangé de la même manière que dans la Ville Sainte de Taquila. Au fait, pourquoi avez-vous été si longues en bas ? Êtes-vous certaine que vous n’avez laissé personne s’enfuir ? »
Elena s’éclaircit la gorge :
– « Bien sûr! Tout s’est bien passé, aussi, selon notre accord … »
– « Nous allons toucher la relique ensemble. »
Elle hocha la tête : « Ç’est bon, commençons. »
Cette relique, l’héritage des divinités, était à l’origine des Batailles de la Divine Volonté et du secret suprême de l’Union. En fait, avant l’effondrement de l’Empire des Sorcières, personne n’en avait entendu parler mais lorsque l’ancien ordre s’était désintégré et qu’elles avaient dû se cacher sous terre, toutes les survivantes avaient appris son existence par les Trois Chefs.
À partir de ce moment-là, elles étaient devenues égales et formaient un groupe sans distinction de classe à la recherche de moyens de vaincre les Diables, car elles avaient vraiment compris que chaque survivante de l’Union avait son importance dans ce processus.
À la pensée qu’elle allait toucher un objet créé par des divinités, Elena sentit son cœur battre plus vite.
Ce n’était bien sûr qu’une illusion car elle ne pouvait rien ressentir dans ce corps.
Elle suivit Zoé, à travers une trappe dissimulée derrière une étagère de livres et monta au sommet de la bibliothèque.
Là, elle découvrit une pièce étroite et sans fenêtre, totalement vide à l’exception d’une Pierre Magique qui émettait une faible lumière bleue au-dessus de sa tête.
– « Est-ce là la salle de prière dont parlait Pasha ? »
– « Oui. »
Zoé souleva un marteau de fer et le frappa contre le mur, Il y eut un bruit sourd.
– « Ce ne doit pas être ici », dit-elle en choisissant un autre endroit à frapper. Après plusieurs tentatives, la partie du mur qui faisait face à l’entrée se fissura.
– « J’ai trouvé! » S’écria Zoé. « Venez m’aider! »
Elena prit sa longue épée et s’avança. Elles frappèrent et bientôt, une faille de la moitié de leur taille s’ouvrit.
Elles purent ainsi constater que le pan de mur cassé avait une épaisseur de la moitié d’un bras, recouvert des deux côtés d’une épaisse couche de mortier. De ce fait, jamais elles n’auraient pu trouver cette section de mur creux simplement en frappant et en s’attentionnant au bruit. Elles regardèrent de l’autre côté et découvrirent une pièce secrète encore plus petite et non un autre passage conduisant aux souterrains.
Dans cette salle se trouvait la relique des divinités.