Relâchez cette Sorcière | Release that witch | 放开那个女巫
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Chapitre 632 : Le réveil
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La lumière perçait à travers l’obscurité. La première chose que Roland aperçut fut le plafond blanc. Il lui fallut plusieurs secondes pour se débarrasser de ses vertiges et, à mesure que sa vue s’éclaircissait, il éprouva une sensation étrange.  

– « Où suis-je ? » pensa-t-il.

D’un bond, il se redressa et s’aperçut que la chambre dans laquelle il se trouvait avait un air moderne. Le lit était moelleux avec, d’un côté une lampe de chevet et une boîte de serviettes en papier et de l’autre, une armoire marron.  Le soleil éblouissant qui filtrait à travers les stores se déversait uniformément sur le tapis et sur ses bras, lui conférant une sensation de chaleur.

« Bon sang, ce combat n’est pas encore terminé ? »

L’état somnolant dans lequel Roland se trouvait disparut d’un coup.

Il roula hors du lit, tendit la main et invoqua une arme à feu pour pouvoir se défendre, mais il eut beau essayer, rien ne se produisit.

Son cœur fit un bond.

« Les règles du champ de bataille auraient-elles encore changé ?

C’est mauvais, car si je suis désarmé, la Purifiée aura tôt fait de me battre avec ses compétences et sa rapidité. 

Par ailleurs, je croyais pouvoir choisir le décor le plus marquant de mes souvenirs comme cadre à la bataille! Cette fichue chambre ne me dit rien du tout! »  

Roland se dirigea silencieusement vers l’entrée de la pièce, appuya son oreille contre la porte et écouta. On aurait dit que quelqu’un parlait à l’extérieur.

Il saisit précautionneusement la poignée et entrouvrit la porte. La chambre donnait sur une pièce plus spacieuse, meublée comme un salon. Près du canapé bourdonnait un vieux ventilateur cliquetant. Il y avait également une table basse et une télévision murale dont l’écran clignotait. La voix qu’il avait entendue venait certainement de là.

Pourtant, il n’y avait personne dans le salon, ce qui était plutôt étrange.

Roland prit une profonde inspiration et entra.

Un ruban rouge accroché à la grille du ventilateur dansait sous le vent frais qui soufflait doucement. La pièce était un peu étouffante et on pouvait entendre le chant des cigales. C’était sans doute l’été.  

Quelques magazines étaient éparpillés sur le canapé. Roland en prit un et le feuilleta. Il y était question de mode, d’horoscope et de prévisions divinatoires que seules les jeunes filles encore immatures lisaient.  

Cela l’intrigua davantage.

De toute évidence, il n’était pas chez lui car que ce soit dans sa vie passée ou dans la présente, jamais il ne se serait procuré de tels magazines.

Soudain, le journal télévisé attira l’attention du jeune homme.

« Hier soir, une explosion inexplicable s’est produite dans une université locale. Un bâtiment scolaire a été endommagé. Sur les images, vous pouvez voir que tout le toit s’est effondré : il y a des débris de verre éparpillés partout. Que s’est-il passé ? Notre correspondante s’est rendue sur place, écoutons-la. »

Roland en resta bouche bée : c’était à peine croyable.

– « Bonjour à tous, je me trouve devant le bâtiment scolaire où l’explosion s’est produite », dit une journaliste qui venait d’apparaître à l’écran avec, en arrière-plan, des images du bâtiment sur lequel il s’était battu avec Cléo. « Selon les témoins, la moitié du ciel était illuminée par les flammes et on entendait continuellement des explosions. Fort heureusement, en raison des vacances d’été, le campus était quasiment désert : il n’y a donc pas eu de blessés. La police a scellé les lieux et les quelques étudiants encore présent ont été pris en charge par les enseignants et transférés dans des auberges voisines. La cause de l’explosion n’a toujours pas été identifiée. »  

« Quelle est votre opinion au sujet de cet accident ? »

« Tout ce que nous pouvons dire est que c’est très étrange. Nous savons tous qu’il est impossible d’installer des canalisations de gaz naturel dans les bâtiments réservés à l’enseignement. Par ailleurs, l’explosion s’est produite au dernier étage », répondit d’un trait la journaliste. « Certaines personnes pensent qu’il s’agit d’un accident d’avion, d’autre que ces explosions ont pu être causées par de petites météorites… Il y a même des gens pour suggérer qu’il pourrait s’agir de l’arrivée d’un vaisseau extraterrestre. Je vous en dirai plus dès que la police aura terminé son enquête. »

« Merci », dit le présentateur en hochant la tête. « À présent, passons aux nouvelles suivantes. Cet été est caniculaire, aussi les étudiants devraient-ils profiter de leurs vacances attendues depuis longtemps et rester chez eux plutôt que d’assister à des cours parascolaires. Le ministère de l’Éducation a publié un avis interdisant les cours privés durant l’été. Si jamais vous rencontrez des personnes concernées, merci de bien vouloir appeler la ligne… »

Les images du campus dévasté revenaient sans cesse dans l’esprit de Roland :

« Comment est-ce  possible ? La Bataille des  Âmes n’était-elle pas supposée être une illusion ? »

Après un moment d’hébétude, quelque chose lui traversa l’esprit et il courut vers l’entrée du salon. Lorsqu’il ouvrit la porte de sécurité, une vague de chaleur s’engouffra dans le hall.

Une ville moderne s’étalait devant lui!

Au loin, de hautes constructions formaient une jungle de béton et près de lui se trouvait une rue animée remplie de piétons et où les voitures se croisaient sans répit.

Il se trouvait dans le couloir d’un immeuble. En se retournant, il aperçut une plaque dorée portant le numéro 0825 sur la porte bas de gamme. Sauf erreur, il s’agissait de l’appartement 25, situé au huitième étage.

– « Pardon monsieur, mais vous bloquez le couloir! »

Légèrement surpris, Roland se retourna et constata que la porte des voisins était ouverte : une femme entre deux âges le regardait avec impatience. Elle se pencha sur le côté et passa devant lui en grommelant, laissant derrière elle les effluves d’un parfum de mauvaise qualité.

Le jeune homme l’entendit murmurer :   

– « Que diable! Ce garçon n’a pas de travail et il se promène dans les couloirs en caleçon et maillot de corps. Pour un adulte, n’a-t-il pas honte ? »

Apparemment, c’était une technique très utile pour les femmes d’âge moyen.

Roland retourna à l’appartement et claqua la porte.

– « Cléo! Montrez-vous!  Ne perdez pas votre temps à vous cacher! 

Est-ce là votre nouvelle astuce ? Raccorder ensemble des bribes de mes souvenirs ? »

« Ne soyez pas ridicule. Ce n’est qu’une illusion! »

Mais il eut beau crier, rien ne se passa.

Le jeune homme attrapa une tasse en verre sur la table et la fracassa sur le mur. Aussitôt, le récipient éclata en mille morceaux.

« C’est ainsi que vous comptez me vaincre ? » Ricana-t-il intérieurement. « En essayant de me piéger à jamais dans cette conscience ? Vous ne pourrez jamais m’enfermer, Cléo! »

Sans hésiter il passa à l’action.  

« S’il s’agit d’une nouvelle illusion, comment faire pour m’enfuir ? »

En dernier recours, il pourrait toujours se suicider. Roland décida donc de commencer par une chose simple : une chute.  

Il prit quelques chaises et les empila, des plus grandes aux plus petites, le dossier contre le canapé de manière à ne pas se blesser s’il venait à échouer.  

Lorsque tout fut prêt, il monta lentement sur les chaises qui basculaient constamment, jusqu’au sommet. Sa tête touchait presque le plafond et l’idée de tomber en arrière l’effrayait terriblement.  

Cependant, cette barrière psychologique n’arrêterait pas Roland qui avait connu différentes façons de mourir.

Soudain, il entendit quelqu’un ouvrir la porte principale.

« C’est peut-être le propriétaire qui rentre chez lui », se dit-il.  

La pile de chaises s’effondra avant même qu’il ait eu le temps de trouver son équilibre.  

À grand peine, Roland se retourna tandis qu’il chutait et vit entrer dans la pièce une petite fille d’environ onze ou douze ans qui portait un sac à dos. À la vue de ses longs cheveux blancs et de ses yeux rouges, il la reconnut aussitôt :

– « Cléo! » S’écria-t-il.

Elle parut surprise de le voir :

– « Mon oncle ? Que faites-vous ?! »

Soudain, l’image se déforma : on aurait dit que le monde était en train de s’inverser. Roland rebondit rapidement, prit deux grandes inspirations… et se retrouva dans une pièce qui lui était familière, avec ses murs de pierre grises, ses minuscules fissures, ses épais rideaux de velours et la douce et paisible lumière de la Pierre Magique.

« Suis-je… à la Cité Sans Hiver ? »

Le jeune homme entendit le bruit d’une bassine de bois qui tombait.

Levant les yeux, il aperçut Anna qui se tenait là, immobile. Le pot tournait sur le sol et l’eau chaude avait trempé une bonne partie du tapis.  

La jeune femme se précipita vers lui.

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