Relâchez cette Sorcière | Release that witch | 放开那个女巫
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Chapitre 504 : La Bataille de la Cité du Roi (Partie II)
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Quelques secondes après le flamboiement, Weimar entendu un sourd grondement de tonnerre.  

Cela venait de très loin. Bien que la sonorité ne fut pas très élevée, il était néanmoins puissant. Au même moment, un pilier de terre s’éleva près de la cabane.

– « Que s’est-il passé ? »

– « La poudre s’est-elle enflammée ? »

– « Je n’en ai pas l’impression. On dirait que cela vient du bateau. »

– « Vous plaisantez ? Il se trouve à environ un kilomètre de là. »

Tandis que les chevaliers étaient occupés à discuter, Weimar fronçait les sourcils, pensif.  

« L’ennemi… aurait-il remarqué quelque chose d’étrange concernant le sol ? »

Selon les renseignements recueillis auprès de diverses sources, le Prince rebelle possédait des armes à poudre extrêmement puissantes, bien supérieures en termes de portée et de précision à tout ce que les forgerons de la Cité du Roi étaient en mesure de frapper. C’est pourquoi, dès le départ, Timothy avait décidé de ne pas s’engager dans un combat direct. Il préférait leur tendre une embuscade à l’aide de barils de poudre afin que Roland ne puisse utiliser ses armes. Il était possible que ce qui avait provoqué les flammes à l’avant du navire soit une version agrandie de ces armes. Si elles pouvaient contenir davantage de poudre de neige, la puissance du projectile en serait supérieure. Seulement, elles étaient beaucoup plus difficiles à fabriquer que les armes portatives. Bien que Timothy ait fait travailler tous les forgerons de la ville durant tout l’hiver, les armes qu’il avait obtenues n’étaient même pas aussi efficaces que des trébuchets.

Peu de temps après, les flammes réapparurent, suivies du même bruit de tonnerre. Cette fois-ci, le pilier de terre s’accrocha fermement à la cabane et s’envola, éclaboussant de boue le toit de la construction.  

Weimar avait vu juste. De toute évidence, l’ennemi avait conçu un plan pour atteindre la cabane. Ils étaient donc au courant pour la poudre dissimulée près des quais! Ainsi, la stratégie de Timothy avait échoué.

« Peut-être ont-ils une chance d’atteindre les remparts », pensa calmement le Chevalier.

Cette bataille terminée, on saurait enfin si les armes à poudre s’avéraient à ce point puissantes ou si les remparts de la Cité du Roi étaient plus robustes.  

C’est alors que des murs, on entendit un bruit retentissant…

Jamais les chevaliers n’avaient entendu un fracas pareil : on aurait dit que le tonnerre venait de frapper tout près de leurs oreilles.  

Une petite colline s’éleva en face de la jetée. De la terre et des pierres furent projetées en l’air puis de la fumée et un brouillard blanc jaillirent de la poussière, formant une masse gazeuse visible en forme de nuage. De violents tremblements secouèrent la terre et en un instant, le sommet des remparts se mit à osciller fortement. Instinctivement, Weimar se baissa mais Scar se fit une entorse et s’écroula à ses côtés.  

Après avoir atteint sa hauteur maximale, le sol soulevé retomba comme une pluie torrentielle. Pourtant, il ne fit aucun bruit en touchant le sol. Les oreilles de Weimar bourdonnèrent un bon moment et il lui fallut du temps pour retrouver ses sens après les secousses.

« Bon sang, cet imbécile n’a pas attendu le signal des drapeaux pour enflammer la poudre! »

Le sol, à l’origine plat, semblait avoir été rongé. Il y avait partout des bosses et des creux tandis que de la fumée blanche, encore chaude, émanait de la boue noire, répandant partout dans l’air l’odeur de la poudre à canon.

Derrière les remparts, Weimar sortit un peu la tête et vit qu’au loin, la flotte se déplaçait à nouveau. Les navires, bien alignés, se dirigeaient vers les quais. Quant aux miliciens placés là pour servir d’appât, soit ils restaient là, paralysés, soit ils avaient lâché leurs armes et fui dans toutes les directions.

– « Qui était chargé de l’allumage ? » Demanda Scar, furieux et embarrassé, à un garde qu’il tenait par le col. « Je vais lui arracher la tête! »

– « Une personne désignée par Sa Majesté », répondit Weimar d’un ton cassant. « Surveillez attentivement nos ennemis car ils s’apprêtent à mettre pied à terre. Préparez-vous à hisser le drapeau bleu. »

« J’espère que le gars caché dans l’entrepôt sera en mesure d’accomplir sa mission », pensa-t-il.

Mais au niveau des quais, rien ne bougeait. Les troupes ennemies débarquèrent tranquillement sur la côte.  

Allen Alba était occupé à entretenir son épée lorsque des coups de tonnerre retentirent et secouèrent la terre. Surpris par les violentes explosions et les tremblements, il faillit la laisser tomber.  

Même s’il savait pertinemment que cela allait se produire, il ne s’attendait pas à ce que la poudre de neige explose avec un bruit aussi fort et aussi effrayant.

L’explosion s’était tout de même produite à au moins deux miles de l’endroit où il se trouvait. – « Qu’est-ce qu’ils ont dû ressentir, sur place ? » Se demanda-t-il.  

Il caressa son cheval qui était agité afin de l’apaiser, rangea son épée dans son fourreau puis fit signe aux chevaliers qui le suivaient :

– « Lorsque la porte s’ouvrira, je chargerai et vous me suivrez. Ne retenez pas l’énergie de vos chevaux. Ils n’ont aucun moyen de battre en retraite! »

À la réponse hésitante des cavaliers, il était évident que peu parmi eux avaient récupéré des ondes de choc tonitruantes.

– « C’est un piège tendu par Sa Majesté. C’est la colère du tonnerre qui punira nos adversaires pas nous! Rassemblement! Nos ennemis n’ont nulle part où s’enfuir! » Cria Allen.

Cette fois, la réponse fut un peu plus synchronisée.

Les mercenaires qui attendaient derrière la cavalerie étaient encore étourdis. Allen secoua la tête avec dédain. Il n’avait jamais pris ces gens au sérieux : ils n’étaient que l’arrière-front chargé de nettoyer le désordre sur le champ de bataille.

Un moment passa. La porte de la ville ne s’était toujours pas ouverte.

« Que se passe-t-il ? » Se demanda Allen. Suspicieux, il regarda en haut des remparts. Le Chevalier au Cœur d’Acier n’avait pas donné de nouvelles instructions. Cependant, comme l’attaque était susceptible de se produire à tout moment, il lui était impossible de quitter son poste pour aller s’enquérir de la situation.

Le temps s’écoulait lentement. Tout à coup, il entendit un son sourd et étouffé qui semblait provenir de très loin. Si ses souvenirs étaient exacts, c’était le signal d’attaque de l’ennemi.

Peut-être le plan ne se déroulait-il pas comme prévu ? Le piège de poudre n’avait peut-être pas entraîné la dispersion et la fuite de l’ennemi ?

Ouf…

Alors que l’anxiété d’Allen atteignait son paroxysme, il entendit soudain un étrange bruit de souffle.  Avant même qu’il n’ait eu le temps de rassembler ses pensées, les briques près de la porte éclatèrent toutes en même temps.

Les pierres et les scories volaient dans toutes les directions. Il sentit un engourdissement au niveau de sa taille et tomba de son cheval. Effrayé, tentant de s’enfuir, ce dernier piétina sa cuisse.  

– « Ah! ma jambe…! » Hurla Allen, sous le coup de la douleur fulgurante.

– « Capitaine! »

– « Monseigneur Allen! »

Deux écuyers se précipitèrent aussitôt.

– « Contrôlez les hommes, empêchez-les de courir dans tous les sens! » Cria Allen en s’efforçant d’endurer la douleur cuisante.

La cavalerie était en plein désarroi. Personne ne savait exactement ce qui se passait et beaucoup, montés sur leurs chevaux, tentaient d’éviter les objets qui volaient dans les airs. Les écuyers avaient beau crier les instructions aussi fort qu’ils pouvaient, en de telles circonstances il leur était difficile de prendre le contrôle de la situation.

Allen tenta à plusieurs reprises de se lever mais en vain. Il regarda sa cuisse et fut horrifié : elle était étrangement tordue, gravement déchirée et lacérée. Le métal de son armure s’était déformée, et un os blanc disloqué qui avait déchiré le muscle et traversé son pantalon était apparent, quelques lambeaux de chair pendant dessus.

Le cœur d’Allen se glaça : sa carrière de chevalier était terminée.

C’est alors que l’étrange bruit de souffle se fit à nouveau entendre.

Cette fois, c’est à la porte de la ville que les choses se produisirent.

En un instant, les deux gardes qui se tenaient là furent submergés de débris avant d’être balayés comme un essaim d’abeilles par des morceaux de bois et de pierre. Lorsque les débris se dissipèrent, Allen stupéfait, constata que les membres supérieurs des deux hommes semblaient avoir été coupés avec des couteaux tranchants. Le sang frais mélangé aux entrailles d’un rouge-verdâtre ruisselait sur le sol. Derrière eux s’entassaient cinq ou six cavaliers, inconscients. Ces morceaux de bois, en apparence inoffensifs, avaient traversé leurs corps comme des couteaux et des morceaux de pierre, pourtant pas plus gros qu’un pouce, avaient réussi à transpercer les casques et les armures des gardes!

En outre, il y avait à la porte un fossé de la taille d’un bassin, d’une profondeur de deux pieds. Et l’ennemi était encore à trois milles de là!

– « Des démons! Nos ennemis sont des démons! » Cria une voix sortie de nulle part et la situation, déjà épouvantable devint encore plus désastreuse.

Les cavaliers qui s’étaient préparés pour l’assaut, firent demi-tour et s’enfuirent au galop. Ils piétinèrent les mercenaires qui avaient déjà pris la fuite et créèrent un désordre inénarrable.  En un clin d’œil, la situation à l’ouest des remparts devint incontrôlable.

Allen, qui n’avait plus la force de soutenir son corps, s’effondra sur le sol et regarda le ciel, totalement démuni. Les cris de panique et le bruit continu des objets qui se disloquaient s’éloignèrent progressivement. Peu à peu, le silence se fit.

Une dernière pensée lui traversa l’esprit :

« Il fait si froid… »

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