Relâchez cette Sorcière | Release that witch | 放开那个女巫
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Chapitre 465 : Une tranquillité perturbée
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Assises dans la grande salle du château, Wendy, Sophia et Sephora dégustaient du thé noir de première qualité en provenance de la Cité de Lumière.

Wendy décrocha la bouilloire de la cheminée et versa l’eau bouillante dans une tasse. En regardant l’eau prendre une teinte orangée et translucide tandis qu’un arôme délicat montait jusqu’à ses narines, elle se sentit soudain alanguie. La sorcière souffla sur la tasse et prit une petite gorgée. Au départ, sa saveur était légèrement amère mais se transformait ensuite en un goût frais et sucré qui réveillait les lèvres et la langue. Tandis que le liquide chaud coulait dans son estomac, elle laissa échapper un gémissement de satisfaction.

De l’autre côté de la salle, Page-Blanche tripotait le Sceau de la Divine Volonté. Elle maîtrisait déjà l’art d’injecter du pouvoir magique dans le sceau et était également capable de contrôler avec précision la sortie de son pouvoir. Mais quelle que soit la manière dont elle s’y prenait, elle ne parvenait à allumer qu’une pierre.  

– « À chaque fois que je la regarde, je repense au premiers temps de l’Associations », dit Sophia, émue. « À cette époque, personne n’aurait jamais imaginé qu’un jour, nous mènerions une vie comme celle que nous vivons aujourd’hui. »

– « Si nous avions pu prédire l’avenir, Cara ne se serait pas obstinée ainsi », répondit Wendy en posant sa tasse. « Heureusement, à l’avenir, nos sœurs éveillées n’auront plus à subir les souffrances que nous avons endurées. » Elle se mit à rire : « Nous serons probablement les dernières sorcières à avoir souffert. »

– « Et aussi les plus anciennes, ce qui signifie qu’il nous reste moins de bons jours à vivre », ajouté Sophia en portant la main à son front. « On dirait que nous avons hérité du pire. »

– « Pourquoi êtes-vous rentrée de bonne heure aujourd’hui ? Pour avoir un peu plus de temps libre ? » Plaisanta Wendy.  

– « Je ne suis partie qu’une fois mon travail terminé », répondit la sorcière en haussant les épaules. « Le Prince étant absent, il y a beaucoup moins de travail. Je n’y suis pas habituée. »

– « Vraiment ? », répondit Wendy, fronçant les sourcils : « Lorsque Son Altesse reviendra, je lui répèterai mot pour mot ce que vous venez de dire. »

– « Oh… Dans ce cas, lors du prochain examen, je ne peux pas vous promettre que vous serez en mesure de comprendre toutes les questions. »

– « Vous vous entendez si bien toutes les deux », dit Sephora qui riait sous sa cape en écoutant la conversation. « Bien que je ne sois plus jeune, je n’ai jamais eu de relations aussi profondes avec qui que ce soit. De toutes les sorcières, vous êtes parmi les plus chanceuses. »

– « Cela va sans dire. Toutes les sorcières n’ont pas un père puissant », dit Sophia qui but une gorgée de thé avant de poursuivre, « Un père qui transmettrait tout ce qu’il possédait à sa fille. C’est une chose rare, même chez les aristocrates. »

– « Au fait, comment cela se passe à l’Hôtel de Ville ? » Demanda Wendy à Sephora. « J’ai entendu dire que depuis quelque temps, vous vous y rendiez à chaque fois que vous étiez libre. »

– « Il y a beaucoup d’avantages à y aller », répondit Sephora en soupirant. « C’est la première fois que je vois une gestion ministérielle si bien ordonnée et délimitée tout en permettant aux ministères de travailler en étroite collaboration. Les chefs de chaque ministère n’ont plus à recruter ni à rémunérer eux-mêmes leur personnel, l’Hôtel de Ville s’en charge. De cette façon, il est plus facile de remplacer les employés le cas échéant et cela permet aussi aux citoyens compétents d’accéder sans entrave aux services publiques. J’ignore comment Son Altesse a conçu cette idée. »

– « Elle a même eu une conversation très agréable avec Barov », Plaisanta Sophia.

– « Il me consultait simplement au sujet de quelques questions liées aux lois au sein de l’aristocratie, que je connais bien », dit Sephora. « De plus, les nouvelles lois établies par Son Altesse sont très particulières. Il se pourrait même qu’elles soient également appliquées à la Crête du Dragon Déchu. J’en ai discuté un moment avec Barov. »

– « Ah ? En quoi sont-elles particulières ? »

– « Par exemple, sa définition de la citoyenneté… »

– « Sœur Wendy, quand vais-je enfin réussir à allumer la deuxième pierre magique ? » S’écria soudain Page-Blanche, tenant le Seau de la Divine Volonté.

– « Lorsque vous serez un peu plus âgée », répondit l’interpelée en lui tendant la main. « Venez ici, que je vous fasse un câlin. »

La jeune fille grimpa dans ses bras.

Wendy lui caressa la tête tout en regardant les deux autres sorcières discuter des nouvelles lois. Elle se sentait paisible.

Si seulement cette vie pouvait durer éternellement.

C’est alors qu’un garde fit irruption dans la salle. Il jeta un coup d’œil circulaire et se dirigea avec hésitation vers les quatre sorcières.

– « Quelque chose est arrivé ? » Demanda Wendy qui avait reconnu l’un des gardes personnels du Prince.

– « Dame Wendy, une personne est arrivée au château et prétend que sa fille vient juste de devenir sorcière… » Dit-il en saluant. « Son Altesse a spécifié qu’en son absence, c’est vous qui êtes responsable de ces questions. »

– « Comment ? » Demandèrent simultanément les trois femmes ? « Une nouvelle sorcière vient de s’éveiller ? »

– « C’est ce que m’a dit cette dame. »

– « Vite, conduisez-moi à elle », répondit aussitôt Wendy.

Devant l’entrée principale du château, Wendy aperçut deux habitantes de la ville qui attendaient dans le vent glacé. L’une d’entre elles, qui semblait avoir environ 40 ans, avait déjà des cheveux blancs et le front strié de profondes rides. Elle portait un manteau démodé et était légèrement voûtée. La seconde, beaucoup plus jeune, était âgée d’environ 17 ou 18 ans, et semblait très réservée.

– « Voici Dame Wendy, de l’Association de Coopération des Sorcières », annonça le garde.

Les deux femmes s’inclinèrent respectueusement :

– « Toutes nos salutations, Dame Wendy. »

– « Elles prétendent être des migrantes de la Région du Sud qui ont emménagé il y a deux semaines dans un quartier résidentiel du centre-ville. J’ai vérifié leurs cartes d’identité : les informations concordent. »

– « Vous êtes une sorcière ? » Demanda Wendy de sa voix la plus douce à la jeune fille.  « Quel est votre nom ? »

– « Dame Wendy vous a posé une question », dit l’aînée en tirant sur la manche de sa cadette.

– « Assia », murmura cette dernière.

– « Vous êtes sa mère ? »

– « Oui, tout à fait. Comme son père travaille aux fours, c’est moi qui l’ai emmenée », répondit la plus âgée. « Dame Wendy, puis-je me permettre de vous demander si, comme Son Altesse l’a déclaré sur l’avis… les sorcières bénéficient vraiment d’un salaire d’un Royal d’or par mois ? »

– « C’est vrai en effet, mais elle doit être disposée à rejoindre l’Association. »

– « Je… » commença Assia.

– « Elle est d’accord, elle est prête à tout pour servir Son Altesse », coupa la mère. « Faut-il signer un contrat ? Quand recevrons-nous l’argent ? »

À ces mots, Wendy ne put s’empêcher de froncer les sourcils. Au ton de sa voix, il n’était pas difficile de déduire que non seulement cette mère traitait sa fille comme un objet à vendre, mais elle s’imaginait que l’Association était un lieu de plaisir pour le Prince.

Wendy cacha sa tristesse et répondit calmement :

– « Son Altesse règle actuellement quelques affaires à la Forteresse de Longsong et j’ignore quand elle reviendra. De plus, avant de pouvoir rejoindre l’Association, Assia devra passer quelques examens et tests. Vous pouvez nous confier votre fille : lorsque Son Altesse sera de retour, nous nous chargerons du contrat. »

Quoi qu’il en soit, Assia était innocente et Wendy ne voulait pas montrer sa colère contre la mère ignorante devant elle. Même si la majorité des habitants de la ville acceptait les sorcières, les réfugiés qui venaient d’arriver dans la région de l’Ouest en avaient encore une incompréhension flagrante.

– « Je vous la confie, Dame Wendy », dit la mère en s’inclinant profondément. Elle tapota la tête de sa fille : « Tenez-vous bien, et surtout, ne décevez pas Son Altesse. »

– « Maman, je… »

Assia n’eut pas le temps de parler que déjà son aînée s’était détournée et se dirigeait vers la sortie.

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