– « Maître, n’aviez-vous pas dit que nous allions au Nord-Ouest du désert tuer les Créatures Fabuleuses ? Que faisons-nous sur les terres stériles des Grandes Plaines des Nuages ? » Demanda la jeune fille d’une voix douce.
– « Les plaines désertiques divines du Nord-Ouest… tu es née avec des Méridiens Yin et tu manques de force physique. Parmi les Créatures Fabuleuses qui errent dans les plaines divines s’en trouvent de très haut niveau que tu aurais bien du mal à attraper.
« Très bien, Xintong, tu as quinze minutes pour raffiner les os de cette Bête sauvage de niveau six. Comme je te l’ai déjà dit, il te faut acquérir de l’expérience et à moins que ta vie ne soit en danger, je ne m’en mêlerai pas », dit le gros homme qui s’assit sur un rocher à contempler le paysage.
La jeune fille hocha la tête, retroussa ses manches et sortit un disque de bronze sur lequel figuraient des inscriptions runiques. Celui-ci monta droit vers le ciel et grandit jusqu’à atteindre la taille d’une maison, après quoi il aspira la bête sauvage et émit une aveuglante lumière blanche dans laquelle on pouvait voir la carcasse de la bête se consumer.
La chair fondit et infiltra les os, de même que l’essence issue du sang. En quelques secondes, il n’en resta plus qu’un squelette qui l’instant d’après, fondit à son tour.
C’est alors que la jeune fille joignit ses longs doigts pour former un sceau. Aux mouvements rapides qu’elle fit, des ombres de doigts se formèrent et elle envoya des sortilèges qui volèrent dans le disque et se mêlèrent au squelette.
En moins de quinze minutes, les os de l’animal avaient complètement disparu. Il n’en restait plus qu’une relique osseuse de la taille d’un haricot. Si Lian Chengyu avait été là, il en serait resté stupéfait.
Un Maître Céleste! Il était difficile de croire que cette jeune fille était un Maître Céleste, dotée de la redoutable capacité de raffiner une bête sauvage de niveau six en moins de quinze minutes. Elle n’aurait eu aucun mal à faire de même avec le Boa Glacial de la tribu Lian.
La relique osseuse tomba dans la paume de la jeune fille qui fronça les sourcils! :
– « C’est encore trop gros », dit-elle, insatisfaite.
Son objectif était de la réduire à la taille d’un grain de riz et à en juger par le résultat, elle en était encore loin.
– « Ne sois pas si impatiente, Xintong », soupira le gros homme. « Tu es le plus talentueux des Maîtres Célestes que j’ai pu rencontrer à travers le monde! »
En effet, même lui, à l’âge de dix-sept ans, aurait été incapable de réduire une bête sauvage de niveau six à la taille d’un grain de riz.
Quel dommage que cette jeune fille soit atteinte d’une maladie rare en phase terminale et qui ne se manifestait que chez les femmes : celle des Méridiens Yin.
Sensibles au froid, les femmes atteintes de cette maladie étaient contraintes de porter un manteau même en plein été.
Une personne atteinte du syndrome des Méridiens Yin pouvait, au mieux, espérer vivre jusqu’à 18 ans, après quoi elle tombait dans un profond sommeil durant trois jours. Le moment venu, elle dormirait de plus en plus souvent et de plus en plus longtemps jusqu’à ne plus se réveiller durant une année en entière. Pendant ce temps, son corps s’affaiblirait, ce qui pouvait entraîner sa mort.
Mais Xintong était née dans l’antique clan familial Lin et avec son soutien, elle pouvait consommer des reliques de bêtes sauvages issues de l’élément Feu de type Yang qui l’aidaient à combattre le froid glacial qui envahissait son corps.
Si vivre n’était plus un problème, c’était une tout autre histoire pour se former. Une personne née avec des Méridiens Yin ne pourrait jamais complètement les ouvrir. Il serait également difficile pour elle de pratiquer à des niveaux supérieurs et elle se heurterait inévitablement à un goulot d’étranglement!
Bien que le fait d’avoir des Méridiens Yin soit considéré comme une malédiction, il y avait des exceptions. De vieilles légendes racontaient l’histoire d’une grande impératrice atteinte de cette maladie et qui avait fait appel à ses propres forces pour relier ses Méridiens les uns aux autres, opérant ainsi une transformation. Malheureusement, les livres anciens étaient très peu documentés!
Le maître de Lin Xintong avait tout essayé pour relier les méridiens brisés de la jeune fille, mais en vain, aucune des méthodes laissées par les Maîtres Célestes n’ayant abouti. Les ingrédients et les techniques relatées dans ces antiques recettes étaient obscures, mystérieuses et trop déroutantes pour le vieil homme.
– « Ne soyez pas découragé Maître. Grâce aux reliques osseuses issues de l’élément Feu, je peux espérer vivre au moins trois cents ans. Je m’estime donc très chanceuse comparée aux gens du peuple. »
Issue d’une bonne famille, la jeune fille n’avait jamais manqué de rien. Mais après des années à traverser le désert, son expérience lui avait enseigné l’humilité. Elle avait de la compassion pour ces gens qui devaient se battre pour survivre!
Lin avala la relique osseuse. Certes les reliques d’os de bête sauvages étaient de moins bonne qualité que celles issues de leur raffinage demandant beaucoup plus de temps.
– « Nous allons entrer sur le territoire du clan tribal Lian, une petite tribu de moins de mille habitants. Mais nous ne sommes pas obligés d’y pénétrer! » Dit le vieil homme en déployant une carte en caoutchouc : « Cette carte a été conçue par les membres du Jin Long Wei du Royaume Divin de Taïa car celle des Grandes Plaines des Nuages n’avait pas été mise à jour depuis huit cents ans. »
Lin Xintong regarda le document, dubitative. Il était assez ingrat et difficile d’établir une carte des Grandes Plaines des Nuages, les tribus qui y vivaient étant aussi nombreuses que les grains de sables des Cinq Fleuves Gange.
– « Maître, pourquoi avons-nous parcouru tout ce chemin jusqu’ici ? J’ai entendu dire que le Royaume de Taïa avait envoyé un membre du Jin Long Wei, en vue de la sélection de guerriers dans les Grandes Plaines des Nuages. Pourquoi ?
La raison pour laquelle nous sommes ici aurait-elle quelque chose à voir avec la sélection du Royaume Divin ? »