Combat Contre Le Destin | Way of Choices | 择天记
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Chapitre 4 : L’institut Tiandao
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Depuis quatorze ans, Chen Changsheng avait pris l’habitude de se réveiller chaque matin à 5 heures. Aussitôt qu’il eut ouvert les yeux, il prit cinq secondes pour stabiliser son esprit. Le jeune homme se leva, fit rapidement sa toilette, s’habilla de la tête aux pieds, refit son lit et plia la couverture. Puis il se rendit dans la salle de restauration de l’hôtel, commanda un bol de bouillie de riz accompagné de viande de canard et quatre pains farci de viande cuits à la vapeur. Après ce petit-déjeuner, Chen retourna à sa chambre, se rinça la bouche avec du thé, arrangea ses vêtement devant le miroir de cuivre. Ces préparatifs terminés, il sortit dans la cour.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                          

Le jeune homme n’habitait plus le temple du village Xining, aussi n’avait-il plus à couper du bois de chauffage ni à porter de l’eau à l’aide d’une palanche. Dans la brume et les lueurs matinales, il ferma les yeux et commença sa méditation.   Mentalement, Chen se repassa silencieusement les livres de taoïsme jusqu’à se sentir le cœur paisible et la conscience claire. Puis il sortit de l’hôtel par une porte latérale et se mit à marcher dans les rues de la capitale qui commençaient à s’animer. Une nouvelle journée commençait.

Tenant à la main une liste sur laquelle il avait noté les noms de plusieurs instituts, Chen demanda l’adresse du premier à un passant et accéléra le pas. Il ne s’aperçut pas que le chariot tiré par le cheval au sang de licorne le suivait, ni de l’emblème du phénix rouge caché dans les brancards.

D’innombrables années auparavant, la sagesse populaire était née du Livre Sacré, d’où dérivèrent les différentes disciplines. Malgré un nombre incalculable de changements apparents, leur origine restait la même, cachée dans les livres classiques du taoïsme. L’agriculture, l’industrie, le commerce et l’éducation, tout découlait de là. Le système le plus réputé pour sélectionner les élites était le Grand Test, organisé chaque année par le Palais Royal.

Ce Grand Test avait été instauré par le premier roi de la dynastie des Zhou. Lorsque quelqu’un voulait devenir fonctionnaire civil du gouvernement impérial, fonctionnaire militaire de l’armée ou fonctionnaire sacré au sein de l’institut Guojiao, les résultats obtenus lors de cette épreuve étaient déterminants. De plus, seuls les trois meilleurs étaient qualifiés pour pénétrer dans le Tombeau et lire le Livre Sacré. De ce fait, les personnes les plus douées du monde entier se rendaient à la capitale dans l’espoir d’obtenir cette précieuse autorisation. Lors du premier Grand Test, le premier roi de la dynastie des Zhou, debout sur la tour qui surplombait la muraille de la ville, avait vu les participants représentés des instituts variés entrer comme des poissons nageant dans une même direction. Il avait prononcé quelques mots qui devaient rester célèbres et déterminé l’importance de ce test.

Cependant, les pays et les instituts du sud, en particulier l’institut Changsheng, n’étaient pas satisfaits de cette règle. D’après eux, bien que le Tombeau du Livre Sacré se trouvât au cœur de la capitale, le Livre, qui avait été donné au monde suite à la chute de la météorite, était une richesse commune à l’ensemble du continent. À cet égard, le Sud avait plusieurs fois boycotté le Grand Test, les deux parties étant en très mauvaise relation.

Le Tombeau du Livre sacré était très important aux yeux des gens qui pratiquaient le taoïsme. Malgré la puissance de la dynastie des Zhou, elle ne pouvait s’accaparer le Livre sacré. Et les plus forts du sud ne pouvaient résister à la tentation de pénétrer dans le Tombeau. Durant cette période, en apparence, le Sud résistait au Palais Royal, mais de nombreuses personnes parmi les plus doués des instituts du sud participèrent secrètement au Grand Test en leur propre nom.

Sous le règne de la Sainte Reine, le Palais Royal de la dynastie des Zhou parvint finalement à un accord avec les forces du sud. Les instituts du sud purent ainsi envoyer leur propre équipe pour participer au Grand Test. Les règles furent rédigées conjointement par les deux parties. De plus, les gens du sud eurent l’opportunité de refuser les postes proposés par le Palais Royal. Ce furent les seules modifications. Suite à ces accords, l’épreuve prit le nom de Grand Test.

Depuis des années, il débouchait sur la formation de nombreuses personnes puissantes. De toute évidence, les plus doués du continent avaient presque tous participé au Grand Test du Palais Royal. Le Pape de l’institut Guojiao et le doyen de la montagne Vierge Sainte dans le sud avaient eux-mêmes présidé un jour à cette grande épreuve. Certains génies de la race des démons avaient même tenté de prendre une apparence humaine pour y participer. Un jeune seigneur de cette même race, qui avait pris le risque de se rendre jusqu’à la Capitale, fut percé à jour dans ses intentions et réduit à l’état de fumée noire par le pouvoir du Grand Dieu.

Telle fut l’histoire par le passé. A présent, les gens étaient d’avantage préoccupés par les événements à venir : M. Quishan, de l’institut Changsheng, participerait-il au Grand Test ? Combien parmi les sept meilleurs disciples accéderaient-ils au premier niveau ? Xu Yourong dépasserait-elle les limites et quitterait-elle la montagne de la Vierge Sainte pour la capitale ? Le puissant génie de la race des démons, connu par sa férocité et son mysticisme, apparaîtrait-il pour la première fois dans le monde ou poursuivrait-il ses luttes avec les autres démons puissants ? En plus de toutes ces considérations, le public se demandait également s’ils auraient la chance cette année de voir paraître des génies inconnus.

Sous le règne de la Sainte Reine, les fonctionnaires respectant fidèlement les règles, au demeurant sévères, la vie des gens s’améliorait peu à peu. En particulier au cours des dernières décennies, qui constituaient visiblement l’âge d’or de la dynastie des Zhou : de nombreux instituts firent leur apparition, comme des pousses de bambou après une pluie printanière. Certains parmi les plus doués créèrent même des collèges privés dans le but de former secrètement les participants du Grand Test. Parmi tous les instituts, les plus célèbres et les plus puissants collèges restaient les plus anciens, dont deux avaient une histoire remontant à bien avant la dynastie des Zhou.

La liste qu’avait établie Chen Changsheng comprenait six instituts. Tiandao, où il s’apprêtait à se rendre, était le premier d’entre eux. De tout le continent, l’institut Tiandao méritait d’être classé parmi les meilleurs : en deux cents ans, le champion avait été 24 fois issu de ses disciples, tous les étudiants sans exception étant particulièrement doués. Cet institut avait formé de nombreux génies et adressé de nombreux fonctionnaires au Palais Royal. Plus remarquable encore, le Pape de la dynastie était un ancien disciple de l’institut Tiandao.

Cette institution, qui obtenait les meilleurs résultats, était évidemment difficile d’accès. Cependant, c’était vers elle que se tournaient la grande majorité des candidats. Chen Changsheng s’approcha de l’imposante porte de jade noir et examina le nom écrit sur un panonceau par le premier empereur de la dynastie. Un sentiment de désir et d’admiration l’assaillit, presque immédiatement anéanti par l’environnement bruyant, l’odeur de la sueur et de l’encre. Machinalement, il baissa la tête.

En quittant le village de Xining, il avait parfaitement calculé le moment. Chen arriva dans la capitale en pleine période d’inscription pour la session printanière pour l’ensemble des instituts. Bien qu’il s’attendait à un nombre élevé de candidats, le jeune homme n’aurait jamais imaginé qu’ils seraient aussi nombreux. Devant la porte, beaucoup de jeunes gens vêtus de vêtements amples, examinaient et jaugeaient tous les candidats de la tête aux pieds. Chen Changsheng se sentit mal à l’aise.

Ces jeunes gens portaient des vêtements semblables : généralement noirs, avec une ceinture d’or autour de la taille : c’était là la tenue réglementaire de l’institut Tiandao. Chen Changsheng devina que leur passage du Grand Test ne remontait pas au début de l’année : très fiers et peu confiants dans les résultats, ils étaient venus là pour voir les nouveaux candidats. A la vue de leurs visages froids et en entendant leurs commentaires acides, Chen, conscients qu’ils se moquaient, baissa plus bas la tête.   

Ce n’était pas qu’il ait peur, mais très regardant sur l’hygiène, qu’elle soit physique ou mentale, le jeune homme ne voulait pas sentir l’odeur de leur sueur ni entendre leurs paroles.

– « Regardez cet idiot, il ressemble à un cochon, son visage est marqué par la petite vérole. Mais pourquoi porte-t-il un éventail dans le col de son vêtement ? S’imagine-t-il qu’il est Monsieur Huanyu ? Son cou est si épais qu’il est sur le point de briser l’éventail. »

– « En effet, et regardez comme son pas est faible et asthénique, il y a environ deux mois qu’il a régénéré sa moelle. Je crains que ses os et ses muscles n’aient pas été exercés, et il ose choisir l’institut Tiandao ? Qu’est-ce qu’il s’imagine ? Que l’institut Tiando est semblable à l’institut Guojiao ? Haha… je ne sais pas comment font ces idiots pour réfléchir! Avec un esprit aussi faible, comment parviennent-ils à comprendre les livres de taoïsme ? »

– « Comprendre les livres de taoïsme ? Gou Hanshi lui-même ne se permettrait pas de parler ainsi. Vous éprouvez de la compassion pour ce qui lui arrive, mais personnellement, j’ai de la peine pour ses parents : leur fils s’apprête à subir une humiliation et surtout, ils ont dépensé de l’argent qu’ils ne pourront jamais récupérer. Si j’étais à leur place, j’aurais utilisé cette somme pour me procurer des pilules d’immortalité ou pour trouver une jeune épouse. »

– « Se marier ? Pour que son épouse accouche d’une dizaine de fils et de filles qui lui ressemblent ? Pensez-vous qu’une famille de cochons de plus dans notre société serait une bonne chose ? »    

Les jeunes disciples se moquaient effrontément des candidats, leurs paroles étaient  extrêmement dures. Ils ne prenaient pas garde au niveau sonore de leurs voix, peut-être était-ce intentionnellement afin que les candidats puissent entendre leur conversation, ce qui était plutôt mesquin.

Le gros garçon au visage rougeaud n’osa pas protester : ces jeunes gens avaient dit la vérité, il venait à peine de régénérer sa moelle. Il savait qu’il ne serait jamais accepté à l’institut Tiandao. Et quand bien même il aurait la chance d’y entrer, il ne pouvait se permettre de faire offense à ses prédécesseurs.

Chen Changsheng, en traversant la foule, entendit ces paroles et fronça légèrement les sourcils. S’ils venaient à parler ainsi de lui, pourrait-il se retenir de rétorquer ? Heureusement, avec sa tête baissée et sa respiration normale, il parvint à passer inaperçu. Personne ne le remarqua. Il passa promptement la porte noire et se retrouva dans la cour.

La tête baissée, tout à ses pensées, il ne vit pas les deux grands murs de pierre à côté de l’entrée, ornés de fleurs et d’animaux divers, où des centaines de noms étaient gravés. Visiblement, c’était une liste que de nombreux regards avides contemplaient, admiratifs.

Ni la famille, ni les serviteurs des candidats n’étaient autorisés à pénétrer au sein de l’institut Tiandao. Aussi, à l’intérieur, l’environnement redevint-il soudain paisible. Chen Changsheng tira de sa manche un mouchoir blanc et essuya son front couvert de sueur. Il soupira et se détendit quelque peu puis prit place derrière les autres dans la longue file d’attente.

De nombreux candidats étaient venus à l’institut Tiandao et la queue était interminable, partant d’un bâtiment très éloigné de la pelouse, traversant même un petit ruisseau, elle était semblable au fameux serpent de cent mètres de long décrit dans la légende occidentale. Les nouveaux candidats se tenaient debout sur le pont de bois surplombant la rivière, sous la fraîche brise printanière. Leurs visages étaient de plus en plus livides.

Bientôt, plusieurs personnes sortirent du bâtiment. Tous des jeunes gens et jeunes filles. Ils étaient pâles eux aussi, mais cette fois, le Test en était directement la cause. A cette vue, ceux qui faisaient la queue devinrent nerveux et interrompirent leur bavardage.

Chen Changsheng, qui ne connaissait personne, ne disait mot et se contentait de fixer des yeux le bâtiment, à quelque distance de là. Comme il était de nature curieuse, seul l’examen d’entrée l’intéressait. Le test était-il toujours le même que celui décrit dans les livres ? Pourquoi ces jeunes gens avaient-ils échoué aussi rapidement ? L’épreuve avait-elle déjà changé ?

La file d’attente continuait d’avancer. Passés la pelouse et le ruisseau, en approchant du bâtiment, Chen parvint à une sorte de cabane de bambou. Il examina le visage grave, semblable au morceau de roche noire posé sur la table, de l’enseignant qui se tenait là et se souvient d’un ancien conflit au sujet de ce morceau de pierre relaté dans un livre .Chen demeura un moment surpris.



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