Relâchez cette Sorcière | Release that witch | 放开那个女巫
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Roland fut choqué en apprenant la nouvelle.

Il se précipita à la suite de Leaves sans pouvoir lui tirer d’autres informations avant qu’ils n’aient atteint l’arrière-cour du château. En sortant, il aperçut Foudre qui déchargeait les corps de  deux Diables du dos de Maggie.

– « Votre Altesse, regardez, nous avons gagné! », dit la jeune fille en se jetant dans les bras du Prince. « Nous avons vaincu les Diables! »

– « Personne n’est blessé ? », demanda Roland.

– « Non, tout le monde va bien. »

Foudre leva ses yeux étincelant d’impatience dans l’espoir d’être complimentée. Si, comme un petit chien, elle avait eu une queue, celle-ci remuerait, tant elle était excitée.

Roland soupira. En voyant son regard plein de joie, il hésitait à pointer le doigt. Sa première réaction aurait été de demander « Pourquoi n’êtes-vous pas venues me prévenir lorsque vous avez aperçu ces Diables », au lieu de quoi il se contenta de dire :  

– « Je suis heureux qu’aucune d’entre vous ne soit blessée. Mais  que s’est-il passé exactement ? »

Les trois sorcières répondirent toutes en même temps, aussi Roland dût-il écouter un bon moment pour pouvoir reconstituer la trame des évènements.  

À la manière dont elles le racontaient, le combat avait été facile et s’était très vite terminé. Cependant, de nombreuses phases auraient pu se terminer par un désastre. Si Maggie n’avait pas pu résister à l’impact de l’arc électrique ou si les Diables avaient réussi à se débarrasser des entraves de Leaves, les conséquences auraient été inimaginables.

– « Ne refaites plus jamais une telle chose! », s’écria Rossignol, incapable de se taire plus longtemps. Elle sortit de son manteau de brume et ajouta : « En vous battant contre les Diables, vous nous abandonnez.  Avec Sylvie, il n’y a pas d’échappatoire possible. »

– « Mais nous avons gagné! », répondit Foudre avec une moue.

– « J’appelle ça de la chance. Avant le combat, saviez-vous que Maggie allait être touchée ? » Riposta sévèrement Rossignol. « Je vous ai appris à utiliser un révolver pour protéger vos sœurs et vous défendre vous-même et voilà que vous faites tout le contraire : vous les mettez en danger! »

Foudre, contrite, baissa la tête :

– « C’est vrai… Je n’aurais pas dû »

– « Quant à vous », reprit la jeune femme en se tournant vers Maggie, « vous savez pertinemment que vous devez rentrer nous prévenir, pourtant, vous avez choisi de rester. Si jamais vous commettez encore une erreur comme celle-ci, je ne vous donnerai plus de poisson séché! »

Maggie soupira et baissa la tête à son tour.

« Rossignol, en effet, est la plus puissante des sorcières de combat de Border Town », pensa Roland en lui jetant un regard d’approbation. « Passons, puisque cela ne se reproduira pas. Allez me chercher Tilly et Ayesha, il est temps pour nous d’examiner nos nouveaux trophées. »

Dans les soubassements du château, sur le sol de pierre froide reposaient deux corps dénudés, leurs vêtements usés et leurs maigres biens empilés sur le côté.

– « Ce sont des Diables ? » Demanda Tilly en se couvrant le nez dans l’espoir de ne plus sentir l’odeur fétide.

– « Ils n’ont pas l’air plus forts que les gens ordinaires », dit Cendres en contractant sa bouche.

Ayesha, le regard sombre :

– « Ne les sous-estimez pas, tous les Diables, qu’ils aient ou non des pouvoirs magiques, sont de dangereux adversaires. Un Diable Supérieur, tout comme une Transcendante, pourrait porter une Pierre du Châtiment Divin », dit-elle en fronçant les sourcils. Elle regarda Roland et demanda : « Est-il exact qu’ils étaient près de la ville ? »

– « Assez près en effet. Leaves m’a dit qu’ils étaient à moins de deux miles des remparts. » Répondit Roland en regardant les corps.

Les Diables étaient grands, plus de six pieds de haut. Ils avaient des membres puissants et leur peau était d’un bleu clair. L’un des cadavres semblait sévèrement mutilé. Sa cage thoracique était enfoncée et l’on pouvait apercevoir ses organes internes. On aurait dit qu’il avait été écrasé par un rouleau compresseur. Ceci ajouté au récit de Foudre, Roland imaginait sans peine l’ampleur de l’impact qui avait causé ces dommages.

L’autre corps était en meilleure condition, à l’exception de deux trous bien ronds par lesquels du sang bleu coulait encore. Sur les quatre coups que Foudre avait tirés, deux seulement avaient frappé la cible et, fort heureusement, s’étaient avérés fatals.

Le fait que leur sang soit bleu n’était pas surprenant, étant donné que les Diables, à la différence des humains, n’avaient pas besoin d’oxygène. Ils n’avaient donc pas d’hémoglobine. Techniquement, le sang d’un Diable aurait pu avoir n’importe quelle couleur.

Le fait que leur structure osseuse soit massive était également logique. Il fallait soutenir leur taille et leur musculature puissante.

Ce qui surprenait le plus Roland,  c’est leur ressemblance frappante avec les humains, sans les organes reproducteurs.

– « Comment font-ils pour se reproduire ? », demanda le Prince, curieux, à Ayesha : « N’y a-t-il pas de mâles et de femelles chez les Diables ? »

– « À ma connaissance, ils ne le font pas », dit-elle. « Pour moi, cela a toujours été un mystère insoluble. Personne n’a jamais pu approcher d’assez près une tour de Brume Rouge pour vérifier, mais une supposition est qu’ils naîtraient dans ces tours et seraient faits de brume condensée. Cependant, la Société de Recherches a rejeté cette idée, affirmant que les Diables avaient la possibilité de se régénérer et qu’à chaque bataille, nous affrontions les mêmes Diables sous des formes différentes. Ils appelaient cela le ײphénomène de régénération par l’évolutionײ.

– « Le phénomène de régénération par l’évolution ? » Qu’est-ce que c’est ? », demanda Cendres.

– « Certains Diables qui avaient été sévèrement blessés par nos sorcières seraient réapparus sur le champ de bataille. Même s’ils avaient changé d’apparence, nous pouvions reconnaître ceux que nous avions battus à la forme de leurs blessures, ce qui suggère que les Diables Supérieurs ne naissent pas ainsi mais qu’ils évoluent probablement au cours de la bataille. Une fois qu’ils ont atteint leur plein développement, ils changent de forme. », expliqua Ayesha.

« Eh bien! la technologie de la Pierre Magique à elle seule était déjà bien inquiétante et voilà maintenant que l’ennemi semble avoir la capacité d’évoluer au cours de la bataille. Pas étonnant qu’ils aient vaincu les êtres humains au cours des deux dernières guerres de la Volonté Divine. »

Roland s’accroupit pour regarder de plus près les vêtements et les effets personnels des démons.

Heureusement, il ne semblait pas y avoir là quoi que ce soit qui puisse relever de la technologie de pointe. Leurs effets étaient plutôt démodés. Les vêtements, faits d’un mélange de peaux d’animaux et de tissages primitifs assez laids. Leurs horribles masques étaient de véritables crânes d’hybrides démoniaques. De toute évidence, ils n’avaient pas été  fabriqués.

Les pièces transparentes encastrée dans les orbites oculaires des crânes n’étaient rien de plus que des cristaux polis, teintés et couverts de brume rouge. Lorsqu’ils portaient leurs masques, ils ne voyaient rien d’autre que des ombres d’un rouge sang. Comment pouvaient-ils se battre dans ces conditions ?

Outre les vêtements et les masques, il y avait là une douzaine d’ardoises noires et quelques Pierres Magiques.

– « La Société de Recherches a-t-elle déjà vu de telles choses ? », demanda Roland à Ayesha en disposant les ardoises, côte à côte, ce qui lui rappela les imposantes constructions qu’il avait vues dans la brume rouge. Quelques-unes des ardoises avaient des marques rouges déformées tandis que d’autres ne présentaient rien qui puisse être vu à l’œil nu.

– « C’est comme cela que les Diables prennent des notes », répondit-elle. « Ils utilisent la magie, c’est pourquoi nous ne pouvons pas les décoder. »

– « Peut-être pensent-ils différemment de nous », suggéra Tilly.

– « C’est une possibilité », acquiesça Roland. « Qu’en est-il des Pierres Magiques ? »

– « Ce sont des Pierres de Perception, des Pierres d’Orientation… et  des Pierres de Marquage », répondit Ayesha en jetant un coup d’œil. « Rien de bien précieux. Ce n’est qu’un équipement de base réservé aux  Diables Eclaireurs. »

– « Des Diables Eclaireurs… ». Roland sentit une douleur sourde dans sa tête et demanda à Ayesha : « Cela signifie-t-il que les démons, qui ont remarqué cet endroit, ont déjà commencé à envoyer leurs éclaireurs à Border Town ? »

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