« Ouyang Dihua est mort… bafouilla Bai Yuanpei, comme s’il ne pouvait pas croire ce qu’il venait d’apprendre.
— Comment !? s’écria Bai Jingyun en pensant elle aussi avoir mal entendu.
— Ouyang Dihua a été assassiné à l’intérieur des quartiers généraux de l’association de l’Union Commerciale. Ils n’ont même pas retrouvé son corps. Le Président de l’Union Commerciale, Zhang Fengxian, a lui été retrouvé, mais avec une mer spirituelle complètement détruite. Les techniques de recherche d’âme n’ont rien donné, ce n’est plus qu’un crétin incapable de penser ou de parler. » Bai Yuanpei répéta les mots qu’il avait entendus dans le talisman de transmission sonore. Il ne pratiquait pas du tout les arts martiaux, mais il ne possédait pas moins une très bonne compréhension des écarts de puissance entre les différents niveaux de cultivation. Ouyang Dihua était au milieu de la Condensation de l’Impulsion, avec de nombreux trésors pour échapper à la mort. En théorie, il aurait pu s’en sortir face à n’importe quel artiste martial au sommet de la Condensation de l’Impulsion ou en deçà.
Pourtant, il avait été tué dans l’enceinte des quartiers généraux de l’association de l’Union Commerciale, où résidaient un grand nombre de maîtres. Cela semblait parfaitement absurde. Cet assassinat, était-ce l’oeuvre d’un Maître Xiantian ?
« Et qu’en est-il de ses quatre gardes du corps ? interrogea Bai Jingyun avec scepticisme. Ouyang Dihua ne se déplace jamais sans eux !
— Ils se trouvaient à seulement quelques dizaines de mètres au moment des faits et ils n’ont absolument rien remarqué. Et encore, dis-toi qu’un maître Houtian stationnait également à l’Union Commerciale à ce moment-là. Pourtant, le meurtrier s’est infiltré en toute discrétion et il est reparti sans laisser la moindre trace. Personne n’a ressenti sa présence, pas même le maître Houtian ! »
Un frisson étrange, mélange de joie et de surprise, traversa l’échine de Bai Jingyun. Elle était complètement abasourdie.
Ouyang Dihua avait été tué au nez et à la barbe de ses gardes du corps sans que ceux-ci remarquent quoi que ce soit? Après quoi son assassin avait fait disparaître son corps tout en parvenant à échapper à l’attention d’un maître Houtian? Quel niveau de cultivation fallait-il pour réussir une chose pareille ? Qui Ouyang Dihua avait-il bien pu offenser pour se retrouver dans une telle situation?
« Je n’ose même pas imaginer la force du tueur qui l’a assassiné, reprit Bai Yuanpei. Il y a de fortes chances que ce soit un maître Xiantian. Peut-être un ennemi d’Ouyang Boyan venu pour chercher à se venger en s’en prenant à son neveu… un conflit de cette ampleur n’a rien à voir avec des gens comme nous. »
Rien à voir avec nous ? Comment cela pourrait-il ne rien à voir avec nous ? Évidemment que ça nous concerne ! pensa Bai Jingyun.
« Quelle formidable nouvelle ! dit-elle tout à coup avec un sourire plein de mépris. Il a eu ce qu’il méritait ! »
Bai Yuanpei fut terrifié en l’entendant.
« Jingyun ! s’exclama-t-il en lui faisant mine de se taire. Ne dis pas des choses pareilles ! La loi martiale va sûrement être proclamée dans les heures qui viennent et l’ensemble de la capitale sera passée au peigne fin pour mettre la main sur le meurtrier. Ouyang Boyan, l’oncle d’Ouyang Dihua, est déjà en chemin et arrivera des Sept Profondes Vallées d’ici quelques jours. Il ne faut surtout pas que tu quittes la maison pour le moment, ou tu risquerais de t’attirer des ennuis.
— Pas besoin de me le dire », répondit-elle.
Une fois Bai Yuanpei en dehors de sa chambre, elle se laissa tomber sur son lit. Elle ressentait une multitude d’émotions à la fois, comme si elle vivait un rêve éveillé.
Libre ! Elle était libre ! Ouyang Dihua était mort avant qu’elle n’ait à l’épouser.
Elle l’avait maudit il y a déjà bien longtemps, espérant de tout son cœur que quelqu’un lui règle brutalement son compte au détour d’une sombre ruelle. Mais elle n’avait jamais cru sérieusement que cela puisse arriver.
Qui donc pouvait bien l’avoir assassiné ?
Ses sentiments étaient en pagaille. Elle voulait trouver cet individu pour pouvoir le remercier personnellement. Ce mystérieux artiste martial n’avait probablement aucune intention de la sauver elle, et pourtant, son action venait de changer à jamais le cours de sa vie.
Bai Jingyun n’était pas la seule à se réjouir de la mort d’Ouyang Dihua, au même moment, ailleurs dans la Ville du Grand Avenir, Yang Lin en faisait tout autant.
L’influence du Dixième Prince avait considérablement progressé au cours des deux derniers mois grâce à la présence d’Ouyang Dihua à ses côtés. Tandis que, de l’autre côté, le départ inopiné de Lin Ming avait précipité la chute de Yang Lin. Il n’allait pas conserver son statut de Prince Héritier bien longtemps à ce rythme-là.
Mais la vie vous réserve toujours son lot de surprises. Alors qu’il se trouvait dans cette position précaire, voilà qu’un tel bouleversement se produisait !
D’une certaine façon, Ouyang Dihua était mort juste à temps !
Yang Lin aurait également voulu exprimer toute sa gratitude envers ce mystérieux assassin.
…
Avec la mort d’Ouyang Dihua, la capitale entra en effervescence, toutes les forces majeures cherchant à naviguer au mieux à travers ces sombres évènements. Pendant ce temps, Lin Ming se cachait dans une grotte à plusieurs centaines de kilomètres de là.
Deux anneaux spatiaux reposaient dans le creux de sa main, tandis que l’arme et l’armure du degré humain de grade supérieur qu’il avait récupérées sur le cadavre d’Ouyang Dihua se trouvaient à ses pieds.
Ouyang Dihua comme Zhang Fengxian débordaient tous deux de richesses.
Lin Ming commença par attraper l’anneau spatial de Zhang Fengxian. Il déploya sa force d’âme à l’intérieur et fut immédiatement sidéré par ce qu’il découvrit.
L’Union Commerciale est vraiment impressionnante, pensa-t-il. C’est la première fois que je vois un anneau spatial du degré humain de grade supérieur. Rien que les matériaux pour fabriquer un anneau de cet acabit avoisinent plusieurs centaines de milliers de taels d’or. Sans compter qu’un tel ouvrage ne peut être réalisé que par un maître Xiantian. Si on prend en compte le coût de la main d’œuvre et celui des tentatives échouées, cet anneau vaut sûrement un million de taels d’or ! Et encore, à condition de trouver un maître Xiantian disposé à le fabriquer. Ce n’est pas le genre de trésor qu’on peut acheter uniquement avec de l’argent.
Lin Ming sortit les objets qu’il contenait, soit trois coffres massifs, une multitude de tableaux et de meubles, ainsi que des vêtements.
Un coup d’œil rapide à ces derniers lui suffit pour déterminer qu’ils n’avaient pas de valeur particulière et il les brûla aussitôt. Ensuite, il passa au crible le contenu des trois coffres. De bel ouvrage, ceux-ci étaient en bois spirituel de haute qualité. Solide comme le fer, ce bois dégageait un léger parfum. Au poids, il valait nettement plus cher que l’or.
Un éclat lumineux emplit la grotte où il se trouvait au moment d’ouvrir le premier coffre, qui débordait de bijoux tous plus somptueux les uns que les autres.
Bien qu’habitué aux spectacles grandioses, Lin Ming ne manqua pas de s’émerveiller en voyant une telle montagne de joyaux qui brillaient de mille feux.
Ces trésors étaient sans nul doute précieux. Il y avait du jade de sang incroyablement épais, des émeraudes brillantes en forme d’œil, des saphirs de toute beauté et une multitude d’autres pierres précieuses. Les joyaux les plus petits faisaient au moins la taille d’un œuf de poule et les perles étaient des perles noires de la plus haute qualité, qu’on trouvait seulement à des dizaines de milliers de mètres sous la mer.
Lin Ming n’y connaissait vraiment pas grand-chose en bijoux et en pierres précieuses, mais il était tout de même capable de se faire une idée approximative de la valeur totale du coffre. N’importe lequel des trésors qui s’y trouvaient valait au moins plusieurs dizaines de milliers de taels d’or, par conséquent, la valeur totale du coffre et de son contenu avoisinait probablement dix ou vingt millions de taels d’or.
C’est vrai qu’il y avait aussi des meubles et des tableaux. J’imagine que Zhang Fengxian collectionnait ce genre de choses. Comment des objets ordinaires pouvaient-ils encore trouver grâce à ces yeux dans ces conditions ?
Lorsque les gens atteignaient un certain statut, plus ils avaient d’argent et plus ils cherchaient à accumuler des objets de valeur. Zhang Fengxian ne faisait évidemment pas exception. Un grand nombre de ces trésors lui venaient de ses ancêtres et des anciens chefs de la Famille Zhang. Quoi qu’il en soit, aucun d’entre eux n’était insignifiant. Tous ces trésors accumulés au fil des âges appartenaient désormais à Lin Ming.
Il replaça tout dans le coffre avant de le remettre à sa place dans l’anneau spatial, puis il se tourna vers le deuxième.
Il y trouva cette fois un vêtement plié de couleur or qui ressemblait à une robe. Il y avait également une grande boîte juste en dessous, à l’intérieur de laquelle reposait une pile épaisse de billets. En les comptant rapidement, il estima qu’il devait y avoir aux alentours de sept à huit cent mille taels d’or.
Zhang Fengxian en possédait forcément davantage, la plus grosse partie de sa fortune monétaire dormait probablement dans les coffres des banques de l’Union Commerciale. Les billets contenus dans cette boîte servaient probablement en cas d’urgence.
Lin Ming les mit de côté et souleva ensuite le vêtement doré. Le tissu était aussi fin que l’aile d’une cigale. Il ne présentait à première vue rien de particulier, si ce n’est une sensation de froid au toucher.
Ce tissu serait-il en soie de Ver à Soie Bois Doré ?
Lin Ming avait dû chercher de la Soie de Ver Céleste lors de la réalisation de son premier symbole d’inscription. Il s’était même rendu spécifiquement au sein du Département de la Cithare de la Maison Martiale des Sept Véritables pour trouver des informations à propos de ce matériau. Grâce à cela, il possédait une connaissance étendue des différents types de vers à soie qu’on pouvait rencontrer, notamment le Ver à Soie Bois Doré.
Les Vers Célestes étaient des créatures d’une incroyable rareté. Lin Ming s’était démené à l’époque dans le seul but d’obtenir un tout petit peu de leur soie. Ce qui permettait d’en estimer facilement la valeur. Le Ver à Soie Bois Doré était quant à lui encore plus rare. On en comptait un pour mille Ver à Soie Céleste. La soie qu’ils produisaient s’appelait Soie de Ver Bois Doré et un seul centimètre de celle-ci valait autant qu’un centimètre d’or.
Qui sait quelle quantité de cette soie avait été utilisée pour confectionner ce vêtement ? Sa valeur monétaire était tout simplement inestimable !
Ce tissu avait beau être aussi fin qu’une aile de cigale, il n’en était pas moins invulnérable. Il pouvait même diminuer l’efficacité des attaques de véritable énergie dans une certaine mesure. Pourquoi ne le portait-il pas sur lui ? s’interrogea Lin Ming, perplexe. Ou alors il possédait un second vêtement en Soie de Ver Bois Doré qu’il portait ce soir-là ?
Il laissa échapper un soupir contrarié en pensant à cette éventualité. Quel dommage ! pensa-t-il. Après avoir détruit la mer spirituelle de Zhang Fengxian, il s’était uniquement emparé de son anneau spatial sans prendre la peine de regarder le reste de ce qu’il portait.
De toute manière, aussi précieux qu’il soit, ce vêtement est bien trop voyant ! Hors de question que je le porte, ce serait bien trop risqué. Il va falloir que je le mette de côté pour le moment, et l’habit doré retourna à son tour dans l’anneau spatial.
Alors, il se tourna vers le dernier des coffres.
Celui-ci contenait une quantité phénoménale de pierres de véritable énergie soigneusement empilées les unes au-dessus des autres. Il devait y en avoir pas loin de plusieurs milliers !
Hé ! hé ! en voilà une belle collection de pierres de véritable énergie ! En plus, elles ont l’air d’être particulièrement pures et de la plus haute qualité, se réjouit Lin Ming. Peut-être que Zhang Fengxian les avait mises de côté pour les offrir en cadeau à un Aîné des Sept Profondes Vallées. En partant du principe qu’une seule pierre de véritable énergie pure vaut mille taels d’or, la valeur de ce coffre avoisine sûrement plusieurs millions. Décidément ! En tout cas, elles tombent à point nommé, je n’en avais presque plus aucune. Je devrais pouvoir tenir un an ou deux avec un stock pareil !
Quant aux meubles et tableaux qui restaient, Lin Ming n’en avait pas plus d’utilité qu’il n’était intéressé par leur valeur ‘artistique’. Il les replaça donc tous dans l’anneau spatial. En estimant modestement la valeur de ces trois coffres, il y en avait pour au moins vingt millions de taels d’or !
Il pouvait garder les pierres de véritable énergie pour son utilisation personnelle. Quant au reste, il attendrait que l’occasion se présente pour tout vendre en échange de davantage de pierres de véritable énergie, de matériaux ou de trésors. Il allait avoir de quoi voir venir pendant un bon moment.
Maintenant qu’il en avait terminé avec l’anneau spatial de Zhang Fengxian, il passa à celui d’Ouyang Dihua et sortit d’un seul coup tout ce qu’il contenait. Il était moins riche que Zhang Fengxian, cela ne faisait aucun doute, mais il possédait des choses nettement plus utiles à un artiste martial.
Il trouva ainsi une vingtaine de flacons de pilules différentes, des herbes médicinales, du Lait Pierre de Sang, capable de restaurer rapidement les réserves de véritable énergie, des Pilules Harmonie de l’Âme et d’autres choses de ce genre.
Toutes ces pilules ne se trouvaient pas facilement, encore moins dans des quantités pareilles. La plupart d’entre elles étaient produites uniquement par les plus grandes sectes et n’étaient pas destinées à se retrouver sur les étals des marchands du monde des mortels.
En plus de cela, il trouva également trois feuillets en jade détaillant des méthodes de cultivation. L’une d’entre elles était même du degré humain de grade supérieur, soit extrêmement rare.
Pour finir, il ramassa encore des pierres de véritable énergie ainsi que plusieurs trésors. Mais ces derniers ne valaient pas grand-chose comparé à ce qu’il avait récupéré jusqu’à maintenant.
Les biens les plus précieux laissés par Ouyang Dihua n’étaient autres que son sabre et son armure du degré humain de grade supérieur. Malheureusement, Lin Ming ne pourrait jamais les sortir en public sous peine d’être démasqué. Il n’allait donc pas pouvoir les utiliser ni les vendre.
Lorsqu’il eut achevé de tout trier, il ne put s’empêcher de soupirer. Agir comme un bandit et tuer les gens pour s’emparer de leurs affaires était à coup sûr le moyen le plus rapide pour devenir riche. Sa fortune personnelle venait de s’envoler ! Et encore, c’était sans compter la Perle des Songes que Mu Qianyu lui avait offerte.
Lin Ming n’avait aucune idée précise de sa valeur, mais rien qu’à en juger par ses effets absolument insensés, il était convaincu que son prix ne s’estimait pas en or ou en argent.
Je ne suis pas censé rentrer avant deux bonnes semaines. Je vais m’entraîner ici tranquillement, avant de rentrer voir Qin Ziya. A ce moment-là, je vois mal comment on pourrait me soupçonner d’être impliqué de près ou de loin avec la mort d’Ouyang Dihua.
