Relâchez cette Sorcière | Release that witch | 放开那个女巫
A+ a-
Chapitre 183 : Plan d’aménagement municipal
Chapitre 182 : Les Fours à cuve Menu Chapitre 184 : Ego

– « Qu’est-ce que c’est ? » Demanda Rossignol en apercevant la pierre noire et brillante posée sur la table.

– « De l’obsidienne », répondit Roland sans lever les yeux, totalement absorbé dans l’élaboration de son plan.

– « Oh… quelle est cette pierre ? »

– « Je dis des bêtises » soupira le Prince en levant légèrement les yeux pour voir la forme et la couleur de la pierre.  « Seuls les esprits pourraient nous dire ce que c’est. »

Après tout, il n’était pas géologue. Même si l’on posait un métal pur devant lui, Roland n’était pas certain de pouvoir l’identifier à coup sûr. Encore moins à son seul aspect.

Il savait seulement que la plupart des minerais étaient un complexe de plusieurs composés, différentes impuretés leur conférant des couleurs diverses. Le minerai de fer par exemple était composé d’hématite, de pyrite et de sidérite, qui, si l’on ne se référait qu’à leur aspect extérieur, étaient à des milliers de kilomètres de distance.

En particulier la pyrite, dont l’aspect souvent jaune brillant lui valait d’être identifiée à de l’or, c’est pourquoi on la surnommait ײ l’or des fous ײ.

Quant à leur résistance à la chaleur… les composés eux-mêmes n’avaient pas de point de fusion fixe, car cela dépendait des impuretés et des ingrédients. Par conséquent, la température seule ne permettait pas de faire la distinction entre les différentes variétés. De plus, même si les éléments métalliques existaient à l’état ionique, si l’on n’en connaissait  pas la méthode de purification, toute tentative de fusion serait vaine.

– « Existe-t-il quelque chose que vous ne sachiez pas ? » Demanda Rossignol étonnée ?

– « Beaucoup! » répondit Roland. Il posa sa plume et se prépara une tasse de thé noir : « voulez-vous boire quelque chose ? »

– « Non », répondit-elle avec un signe de la main. « Ah! Pendant que j’y pense : Le poisson salé est bien meilleur que le bœuf. Je préfèrerais que vous mettiez du poisson dans votre tiroir à l’avenir. »

Roland resta un moment silencieux puis décida  qu’il valait mieux faire celui qui n’avait pas entendu.

Quant à la pierre, il avait l’intention de la remettre à Kyle Sichi et de le laisser faire. Après tout, les minéraux étaient dans une certaine mesure radioactifs, aussi n’était-il pas judicieux de les garder dans son bureau en guise de décoration.

Depuis que la capacité de Soraya avait évolué, le Prince avait soudain découvert qu’il pouvait inventer bon nombre de choses.

La première serait un système d’eau sanitaire qui améliorerait grandement le niveau de vie des résidents. Il se mettait à la place des habitants, qui, rentrant chez eux en nage après une journée bien remplie et voulant se laver, s’apercevaient que le réservoir d’eau était vide. Il leur fallait alors se rendre au puits le plus proche, ce qui était loin d’être plaisant.

En outre, Roland était las du procédé consistant à avoir toujours un pot d’eau à disposition au cas où il voudrait se laver le visage ou les mains. De surcroît, il avait toujours l’impression que des parasites se développaient dans l’eau après quelques jours passés dans le réservoir. Celui-ci n’était souvent nettoyé qu’une fois par mois. Lorsqu’il regardait de près les sédiments qui s’accumulaient au fond, il apercevait des créatures semblables à des chenilles qui grouillaient.

Techniquement, il ne serait pas difficile d’ériger un château d’eau pour l’approvisionnement. Le Prince pourrait utiliser une machine à vapeur pour pomper l’eau de la rivière Redwater, l’injecter dans le château d’eau et compter sur le principe du siphon pour que l’eau puisse ensuite s’écouler à travers des tuyaux et alimenter chaque habitation. Il aurait ainsi créé une infrastructure destinée à un système automatique d’alimentation en eau. La raison pour laquelle Roland n’avait pas donné suite à ce projet jusqu’ici était le manque de matériaux.

Les tuyaux d’alimentation en fer ou en cuivre qui ne subissaient aucun traitement antirouille, seraient inutilisables au bout de quelques années. Des tuyaux en laiton auraient été parfaits pour cet usage : ils étaient résistants à la corrosion et leurs parois intérieures ne subissaient pas d’incrustations, ils n’étaient pas toxiques et, grâce à leurs ions de cuivre, étaient également stériles. Mais dans quel budget trouverait-il l’argent pour fabriquer ces tuyaux ? Les revenus de production de la mine du Versant Nord étaient loin d’être suffisants à utiliser pour ces produits de luxe. Même après plusieurs générations, les canalisations d’eau en cuivre de qualité supérieure seraient encore réservées aux quartiers résidentiels haut de gamme.

À l’heure actuelle, non seulement Border Town se trouvait dans l’incapacité d’exporter du minerai, mais ils dépendaient même de sources extérieures pour satisfaire leur demande. Qu’il s’agisse de tuyaux de fer ou de cuivre, Roland était très réticent à les utiliser pour quelque chose qui ne procurerait guère d’avantages, mais c’était surtout pour sa satisfaction personnelle qu’il souhaitait un système d’approvisionnement en eau.

Le revêtement de Soraya changeait tout : il allait pourvoir fabriquer de la tuyauterie comme par magie. Pour fabriquer très facilement des tuyaux d’eau, il lui suffirait de se servir d’un tube de fer entouré de papier que Soraya recouvrirait de ses pigments. Le Prince n’aurait alors plus qu’à retirer le tube pour obtenir l’objet désiré. Même si ce type de tuyaux d’eau risquait de n’être pas très résistant à la pression, ce serait suffisant du moment que l’on isolait les conduites dans une canalisation fermée.

En second venait la création d’un système d’alimentation électrique… Le Prince craignait qu’il n’y ait guère de possibilité de l’élargir à toute la ville en un court laps de temps, cependant il avait toujours voulu voir le château briller de mille feux. Lire à la seule lueur des bougies non seulement était douloureux pour les yeux mais leur causait aussi des dommages. En outre, l’été allait bientôt arriver et avec lui les chaleurs, même durant les nuits. Roland imaginait sans peine ce que ce serait s’ils étaient contraints d’utiliser des bougies et des torches.

Avec les générateurs et des câbles de notre époque, le château aurait tôt fait d’entrer dans l’ère électrique avant son temps. Quant aux filaments pour les lampes… Roland se souvenait vaguement que l’on utilisait couramment des filaments de bambous carbonisés pour produire des lampes à incandescence. Le bambou n’était pas rare dans la région, il y en avait énormément dans la forêt au sud de la rivière Redwater.

Cependant, ce dont Border Town avait le plus besoin, c’était d’installations destinées à la fonte. De la production du fer dépendait directement la production mécanique et la fabrication des armes, toutes deux nécessaires à la survie de la ville.

– « Vous dessinez… une tour ? » demanda Rossignol, curieuse, en s’asseyant à la table.

– « Presque », répondit Roland, « mais l’intérieur, qui est vide, est destiné à être rempli de carburant et de minerai. Il a la même fonction qu’un four à cuve et on l’utilise pour fondre le minerai de fer et en faire de la fonte. »

Il s’agissait du four à cuve verticale, une version améliorée du haut-fourneau.

Afin d’en savoir plus sur la manière dont Lesya avait conçu son plan pour le four à cuve, le Prince s’était rendu sur le chantier pour jeter un coup d’œil. En vérité, à l’exception de sa capacité qui était plus petite et la température qu’il pouvait atteindre, nettement inférieure, sa structure était très proche de celle d’un haut fourneau. Si la capacité de Soraya n’avait pas évolué, permettant à la ville de produire des briques réfractaires, Roland aurait fait construire une douzaine de ces fours à cuve.

Il pouvait à présent envisager un four qui atteindrait une température plus élevée et produirait davantage que le haut fourneau.

Le nouveau four à cuve mesurait près de huit mètres, soit une capacité quatre fois supérieure à celle de l’ancien. Il avait la forme d’une tour dont la base mesurait trois mètres de diamètre. Afin d’éviter que cette tour ne s’effondre, il avait prévu des tasseaux pour soutenir la base. Les parois du four, relativement minces, ne faisaient que cinquante centimètres d’épaisseur. La couche interne serait fabriquée à l’aide des briques réfractaires hautement résistantes à la chaleur conçues par Soraya. Roland avait également prévu un orifice de ventilation à travers lequel une machine à vapeur fournirait continuellement de l’air frais.

Afin d’utiliser pleinement la puissance de la machine à vapeur, Roland avait également conçu un équipement d’alimentation automatique pour le haut fourneau, qui comprenait un rail d’escalade et une porte mobile au bas d’un chariot destiné aux matériaux.

Grâce à la machine à vapeur, le chariot pouvait grimper jusqu’au sommet du four, l’anneau fixé au bas du véhicule venait s’insérer dans un crochet, ouvrait la trappe et déversait le combustible ou le minerai dans le four. Pour cette époque, ce système était le meilleur que l’on puisse envisager.

Contrairement aux anciens fours à cuve avec leurs grandes ouvertures et leur faible température, ce nouveau concept, une fois qu’il aurait lancé la production, ne s’arrêterait pas de sitôt. Bien qu’il faille l’alimenter continuellement, il produirait beaucoup plus que celle du four à cuve de Lesya. Il suffirait au Prince de faire construire cinq ou six de ces fours pour que la production de fonte soit multipliée.

Lorsque Roland eut terminé de dessiner les plans, il frotta ses poignets douloureux, sortit une boîte de l’un des tiroirs du bureau et la tendit à Rossignol.

– « C’est… » La sorcière, surprise, ne savait à quoi s’attendre.

– « J’avais l’intention de vous donner ceci plus tôt, mais la gravure du motif a pris du temps : je ne suis pas très habile avec les machines de l’usine », dit Roland en souriant. « Ouvrez-le, vous verrez! »

À ces mots, elle tendit la main pour ouvrir la boîte, et ne put réprimer un soupir de surprise.

À l’intérieur se trouvaient deux revolvers, bien différents des prototypes utilisés par Carter. Tous deux étaient faits d’argent, brillant et si bien poli qu’elle pouvait y voir son propre reflet. La poignée était gravée de motifs délicats et sur le canon on pouvait lire : « A Veronica. »

Roland y pensait depuis longtemps déjà. Comparé aux fusils à silex, peu pratiques, ce revolver récemment conçu  était parfait pour elle. Le niveau de sécurité comme le taux de tir étaient bien plus élevés. Maintenant qu’il avait remis ces puissantes armes entre les mains de l’agile Rossignol, Roland était impatient de voir le résultat.

– « Merci! » s’écria la sorcière avec un grand sourire.  Elle prit  les deux pistolets, sauta de la table et se mit en position de tir. « Voudriez-vous m’apprendre à les utiliser ? »

– « Bien sûr », répondit Roland. En voyant Rossignol dans sa tenue blanche d’assassin un magnifique sourire aux lèvres,  il comprit soudain ce que c’était que de posséder la beauté au point de n’avoir pas d’amis.

« Ce n’est pas compliqué. Il vous suffit de vous glisser discrètement jusqu’à la cible et d’appuyer sur la gâchette en criant : « Il est midi pile! »*.

NDT : Dans le passé, on exécutait les criminels à midi, heure où le soleil est le plus chaud.

❤️Soutenez le novel sur Tipeee Je soutiens la trad de Galadriel ! Je clique ici ! 
🏆 Top tipeurs
  • 🥇1. Charon
  • 🥈2. K1nggor
  • 🥉 3. Jimmy
  • 4. Julien Martin
  • 5. Guillaume Vomscheid
  • 6. Julien
  • 7. Lawliet
  • 8. Xetrix
  • 9. Frederic
  • 10. Damou
  • 11. Cesar
🎗 Tipeurs récents
  • K1nggor
  • Xetrix
  • Cesar
  • Julien Martin
  • Frederic
  • Charon
  • Lawliet
  • Jimmy
  • Damou
  • Guillaume Vomscheid
  • Julien


Rejoignez-nous et devenez correcteur de Chireads Discord []~( ̄▽ ̄)~*
Chapitre 182 : Les Fours à cuve Menu Chapitre 184 : Ego