Lin Ming mit tout de côté et rangea son nouvel anneau spatial, puis il envoya un peu de véritable énergie dans son Esprit de Feu pour brûler le cadavre de Huo Gong. Cependant, à ce moment-là, une boule de feu se forma autour de sa main.
Il fut stupéfait !
La flamme était d’une couleur rouge grenat et elle était baignée de serpents enflammés qui formaient comme les pétales d’une fleur de lotus. Son Esprit de Feu avait visiblement adopté une partie des attributs des Flammes Démoniaques du Lotus Rouge.
Cette unique boule de feu créa une vague de chaleur qui se répandit comme un torrent de lave partout alentour. Lin Ming resta bouche bée. Il prit un poignard en acier dans son anneau spatial et le plongea dans les flammes de sa main. La lame rougit en un rien de temps avant de commencer à fondre littéralement.
Lin Ming fut extatique. Ces nouvelles flammes étaient d’un tout autre niveau que celles issues du feu de lave. Elles étaient nettement plus chaudes !
D’un geste du poignet, une colonne de flammes s’abattit sur le corps d’Huo Gong et, dans un bruit de crépitement, il fut immédiatement enveloppé d’une lueur rouge foncé. Puisqu’elles étaient suffisamment chaudes pour faire fondre l’acier, l’effet de ces flammes sur un corps humain était facile à imaginer. Il ne resta bientôt plus rien du cadavre de Huo Gong, même les os étant partis en fumée.
Lin Ming secoua ses manches et une douce brise emporta les cendres. Huo Gong avait disparu sans laisser la moindre trace.
Une fois que ce fut terminé, Lin Ming partit à la recherche d’Eclair Lunaire. Cette lance l’avait accompagné contre vents et marrées. Il ne se voyait pas s’en débarrasser purement et simplement, même si elle ne lui servait plus à grand-chose.
Toutefois, chercher une lance dans une forêt était plus simple à dire qu’à faire. Heureusement, il la possédait depuis longtemps et il restait forcément des traces de sa véritable énergie à l’intérieur.
En suivant cette fine trace, il parvint finalement à la retrouver sous une pile de broussaille. La lance était quasiment immergée dans la boue.
Après l’avoir récupérée et nettoyée, il se mit à réfléchir à un plan pour se débarrasser d’Ouyang Dihua.
Ce dernier avait l’avantage, que ce soit en termes de pouvoir ou d’influence. Si Lin Ming rentrait en l’état à la Maison Martiale, il perdrait à coup sûr, et risquait même de se faire tuer.
« De la force. Il faut que j’obtienne davantage de force, et ensuite que je retourne à la Maison Martiale pour me venger pour ce qui s’est passé aujourd’hui ! »
Lin Ming prit donc la décision de rester dans les Etendues Sauvages Australes. C’était un bon endroit pour acquérir de l’expérience et progresser.
…
Situées aux sud du Royaume du Grand Avenir, les Etendues Sauvages Australes s’étendaient sur cent soixante mille kilomètres de long et de large.
Elles se trouvaient en dehors de la zone d’influence des Sept Profondes Vallées et ne comportaient d’ailleurs aucun pays, seulement des tribus éparses. Le reste du continent appelait les hommes et les femmes de ces tribus des ‘barbares’. On racontait qu’ils étaient primitifs, n’avaient aucune morale et s’abreuvait volontiers du sang des animaux.
Tout cela n’était que partiellement vrai, si leurs valeurs morales différaient effectivement de celles des autres habitants du continent, ils ne saignaient pas les animaux pour boire leur sang.
Ici, il n’était pas rare que des mariages ait lieu entre des membres d’une même famille. Ce qui constituait un sacrilège intolérable partout ailleurs sur le continent.
Les femmes s’habillaient le plus simplement du monde, ne portant généralement que des peaux d’animaux ou de courtes étoffes de tissus qui leur servaient à couvrir les parties les plus essentielles. Si bien que la majeure partie de leur corps s’offrait à la vue de tous, ce qui ne manquait pas de plonger les spectateurs dans toutes sortes de rêves.
Leur peau était dorée comme les blés et leurs longues jambes fines auxquelles étaient attachés des poignards leur donnait une silhouette élancée, tandis que les bijoux en ivoire façonnés à partir des os de bêtes féroces qu’elles portaient au cou et aux poignets mettaient en valeur leur beauté. Il y avait là un véritable charme exotique.
Cela faisait maintenant cinq jours que Lin Ming parcourait les Etendues Sauvages Australes. Il ne s’était pas arrêté de marcher vers le sud à travers la forêt dans laquelle il s’était écrasé, et allait bientôt rencontrer sa première Tribu Australe.
Au cours des cinq derniers jours, il avait tué près d’une centaine de bêtes féroces sur son chemin et se trouvait désormais à l’extrémité d’une chaîne de montagnes. Les bêtes féroces n’étaient pas très fortes dans le coin ; la plus puissante de celles qu’il avait croisées ne dépassait pas le niveau d’un artiste martial au Façonnage Osseux. Soit pas de quoi représenter une menace pour lui.
Après avoir marché à travers la forêt pendant aussi longtemps, Lin Ming aperçut finalement les premiers signes de la civilisation et eut un soupir de soulagement. Il était fatigué de son régime alimentaire des derniers jours. A part la viande quelconque des bêtes féroces qu’il avait tuées, il s’était nourri exclusivement de fruits sauvages. Mais surtout, il n’avait pas de sel et tout lui semblait bien fade.
Cette tribu ne comptait probablement pas plus d’un millier d’âmes.
Alors qu’il approchait, Lin Ming ressentit un vent exotique d’aventure.
Des tentes et des huttes plus ou moins larges constituaient le gros du campement. Mais il y avait également des tipis, sorte de hutte de forme conique en pointe, dont les parois étaient recouvertes de fascinants motifs brodés, tels que des totems, des bêtes féroces, des princes démoniaques et des créatures de légendes.
Le long de l’allée principale, quelques marchands étrangement habillés et tenant un bâton de bambou alpaguaient les passants. Ils vendaient une large variété de produits allant de bijoux en os étonnamment fins à des couteaux, des arcs et des flèches, des peaux d’animaux rares, des chapeaux à plumes et autres objets de ce genre.
La plupart des gens que Lin Ming croisa pratiquaient les arts martiaux. Dans les Etendues Sauvages Australes, la végétation des forêts était dense et hostile, et des bêtes féroces arpentaient continuellement l’ensemble du territoire. Les conditions de vie difficiles obligeaient les habitants à savoir se défendre et, au fil du temps, cela avait fini par avoir des répercussions sur l’ensemble de la population qui, de génération en génération, était devenue plus forte et plus réceptive à la pratique des arts martiaux que le reste du continent.
Alors qu’il cherchait un vendeur pour acheter du sel, Lin Ming vit une jeune femme âgée de seize ou dix-sept ans au sourire radieux lui faire signe. Elle se montra du doigt, puis le pointa en direction d’une tente à moitié ouverte.
Lin Ming fut confus quelques secondes avant de revenir à la réalité. Ici, les coutumes étaient particulièrement souples et laxistes. S’agissant du mariage, il n’existait aucune règle pour la population, mais uniquement pour les personnes de haut rang au sein des clans et des tribus.
Lorsqu’un homme et une femme étaient attirés l’un l’autre, l’homme rendait une visite nocturne à la femme et repartait avant l’aube le lendemain. Les enfants étaient élevés par la famille de leur mère.
C’était la première fois que Lin Ming rencontrait une situation pareille. Il leva la main maladroitement et l’agita non sans embarras. Il n’avait pas l’intention de laisser un enfant derrière lui avant de repartir en se lavant les mains de toute responsabilité.
La jeune femme ne cacha pas sa déception et referma l’entrée de la tente avec amertume.
Lin Ming était abasourdi, il ne savait pas s’il valait mieux en rire ou en pleurer.
Il remarqua tout à coup que, non loin de lui, se trouvait deux hommes et deux jeunes filles.
Les deux hommes devaient avoir la trentaine ou la quarantaine. L’un d’eux était immense et complètement chauve. L’énorme masse qu’il portait dans son dos et les traits féroces de son visage lui donnaient une apparence peu commode.
Son acolyte était tout l’inverse. De petite taille et plutôt maigre, il portait une fine armure en cuir et une hache imposante était solidement accrochée à sa taille. Son visage était creux et aux traits tirés comme celui d’un singe.
Mais c’est surtout le fait que ces deux hommes soient au sommet du Façonnage Osseux qui avait attiré l’attention de Lin Ming.
C’était assez surprenant de voir apparaître deux artistes martiaux de ce niveau dans une si petite tribu d’un millier d’âmes.
Les yeux de Lin Ming se posèrent sur les deux filles. Malgré leur jeune âge – elles ne devaient pas avoir au-delà de quatorze ou quinze ans – elles en étaient déjà à l’étape de l’Entraînement des Entrailles.
C’était d’autant plus surprenant !
Même au sein du Royaume du Grand Avenir, atteindre un tel niveau à leur âge n’était accessible qu’aux enfants de familles fortunées ayant au minimum un talent martial supérieur de grade quatre.
Deux filles avec un talent pareil et deux hommes au Façonnage Osseux ne pouvaient pas apparaître au sein d’une tribu de ce genre, c’était absolument impensable.
« Peut-être que ce sont également des étrangers… » supposa Lin Ming.
Si Lin Ming les avait remarqués, sa présence n’était pas non plus passée inaperçue aux yeux des deux hommes.
Le type chauve envoya un talisman de transmission sonore à celui avec une tête de singe : « Regarde ce gamin à l’étape de la Transformation Musculaire Grand-Frère, il correspond à ce qu’on recherche.
– Quelle veine ! Il ne doit pas avoir plus de quinze ou seize ans en plus. Avec un tel niveau à cet âge, c’est forcément le rejeton d’une famille riche. Sûrement un petit arrogant sans expérience. On aura aucun mal à le piéger, répondit l’homme à la tête de singe en acquiesçant.
– Hé ! hé ! je vais aller à sa rencontre. Une fois l’affaire terminée, nous le tuerons. Il transporte probablement tout un tas de choses de valeur, ce serait dommage de se priver !
– Mm. Attends qu’il reparte d’ici avant de l’aborder. Ce serait ennuyeux que d’autres personnes nous voient lui parler. Qui sait d’où il vient et qui pourrait le protéger ? Ce serait notre fin à tous les deux s’ils nous retrouvaient.
– D’accord. Tu n’as pas tort. »
Le type trapu se lécha les lèvres avec impatience, et celui à la tête de singe en fit tout autant. Il se retourna vers les deux filles derrière eux et, souriant en s’adressant à la plus âgée d’entre-elles, dit : « Prévenez votre sœur que nous nous reposerons dans cette tribu pour ce soir Mademoiselle Na Yi. Mais demain, il faudra de nouveau que vous nous guidiez. Rassurez-vous, votre petite sœur et vous serez libres une fois que nous aurons trouvé la Terre Sacrée du Sorcier. En revanche, si vous essayez de nous jouer un sale tour, faudra pas nous reprocher d’être grossier ah ! ah ! Car vous ne le savez peut-être pas, mais une paire de sorcières comme vous se vendrait à prix d’or dans la Nation Huoluo ! »
L’homme sourit d’un air pervers et la jeune fille ne put que le fixer du regard avec mépris. Ses yeux étaient aussi froids que les profondeurs abyssales. A ses côtés, sa petite sœur pâlit.
S’il s’agissait uniquement d’elle, Na Yi se serait volontiers battue jusqu’à la mort. Mais sa petite sœur était avec elle et, par conséquent, elle n’avait pas eu d’autre choix que de se soumettre à ces deux scélérats.
Du haut de ses quinze ans, Na Yi était l’aînée. Sa petite sœur, Na Shui, en avait quatorze. A l’origine, ces deux jeunes filles étaient les sorcières tribales des Etendues Sauvages du Sud.
La plupart des Tribus Australes étaient des sociétés matriarcales, où le pouvoir appartenait à une femme, qu’on appelait Sorcière Régente.
La quasi-totalité des clans et tribus des Etendues Sauvages du Sud croyait en la foi du Sorcier, dont les sorcières régentes étaient considérées comme des envoyées ; ce qui leur conférait naturellement l’autorité suprême.
La position de Sorcière Régente n’était pas héréditaire, un ensemble de règles particulièrement complexes déterminant le choix des candidates.
Deux filles devaient être désignées à la naissance. S’il ne leur arrivait rien entre temps, elle devait, à l’âge de seize ans, pénétrer la Terre Sacrée du Sorcier et obtenir l’héritage sacré du pouvoir mystérieux du Sorcier. Ensuite, en accord avec le choix de la Sorcière Régente, l’une des deux était choisie pour lui succéder.
Cependant, la tribu de Na Yi avait été anéantie par une harde de bêtes féroces particulièrement importante alors qu’elle n’avait elle-même que quatorze ans.
D’innombrables bêtes féroces parcouraient les Etendues Sauvages Australes. Parfois, un rassemblement massif de ces bêtes pouvait conduire à la formation d’une harde ; pouvant compter jusqu’à dix millions de têtes. Le passage d’une telle harde suffisait à annihiler complètement une tribu de plusieurs millions d’individus.
Il ne restait plus rien de la tribu de Na Yi depuis ce jour, même pas un dixième des siens n’avaient survécu.
La tribu du Ver de Feu, une tribu voisine, en avait profité pour lancer une attaque. Cette tribu pratiquait le chamanisme, ce qui conduisait à une véritable fracture culturelle et idéologique. Non seulement cela, mais de nombreux conflits les opposaient à la tribu de Na Yi pour des questions économiques ou géographiques ; c’est peu dire que la situation était conflictuelle.
Suite au déferlement de la harde de bêtes sauvages, la tribu de Na Yi avait été incapable de résister aux assauts de la Tribu du Ver de Feu, ce qui conduisit à un génocide quasi complet de ses membres.
Na Yi et Na Shui représentaient l’espoir de leur tribu. Elles avaient déjà été envoyées à l’écart avant le début de la guerre. Mais en échappant au loup, elles avaient terminé dans la tanière du tigre, capturées par le type chauve et celui à la tête de singe.
L’objectif de leur ravisseur était simple, atteindre la Terre Sacrée du Sorcier de leur tribu.
