Jour après jour et pas à pas, Xiao Yan s’entraînait tranquillement dans la vallée isolée. Depuis qu’il avait commencé à raffiner le Feu Pourpre, deux semaines s’étaient écoulées.
Pendant ce demi mois, Xiao Yan avait pratiquement abandonné l’entraînement de son Dou Qi pour transférer tous ses efforts dans le développement du Feu Pourpre qui semblait être une fosse sans fond. En prolongeant l’exercice, la progression de Xiao Yan était évidente.
La flamme violette, qui initialement était à peu près de la taille de son petit doigt, avait été agrandie dix fois. Chaque fois que Xiao Yan observait la Flamme Pourpre grandissante, un sentiment de profonde satisfaction naissait en lui. À ce rythme, il n’aurait besoin que d’une autre quinzaine de jours, tout au plus, pour que le Feu Pourpre n’atteigne l’exigence nécessaire pour permettre à sa Méthode Qi d’évoluer.
C’était une nouvelle journée d’entraînement sous le soleil brûlant. Xiao Yan était assis sur les rochers, les vêtements déjà trempés de sueur. Après avoir enduré l’entraînement sous le soleil pendant environ deux heures, Xiao Yan sortit finalement de son état d’entraînement alors que la température de l’air diminuait lentement. Il baissa les yeux pour regarder ses vêtements trempés et secoua la tête l’air impuissant. Xiao Yan étira ensuite son corps et ferma les yeux pour se concentrer sur lui-même. Lorsqu’il remarqua que la flamme violette avait de nouveau grossi, il sourit d’un air satisfait et se leva d’un bond.
Après deux semaines passées sous le soleil, la peau de Xiao Yan était devenue plus sombre. Son visage délicat et beau semblait également avoir mûri au rythme de sa persévérance à l’entraînement.
Lorsque ses jambes légèrement engourdies retrouvèrent leur stabilité d’origine, Xiao Yan étendit le bras et effleura légèrement son doigt. Après un léger son, une énorme boule de feu de couleur pourpre jaillit de la paume de la main de Xiao Yan, la recouvrant instantanément entièrement. Après un demi mois d’entraînement difficile, la flamme violette à l’origine minuscule pouvait désormais recouvrir toute sa main.
Xiao Yan sourit en regardant le Feu Pourpre. Il serra ensuite lentement son poing avant de brusquement donner un coup. Instantanément, la température élevée rendit l’air face à lui légèrement trouble.
« Hehe… Si cela avait été sur le corps de quelqu’un, l’effet n’aurait pas été trop mauvais. » Xiao Yan souriait et s’exprimait à voix basse tout en faisant s’élever doucement le Feu Pourpre sur sa main. Le jeune homme joua avec la flamme sur la roche de la montagne un moment avant de la rétracter à contrecœur. Son corps vibra ensuite légèrement et les Ailes de Nuages Pourpres jaillirent de son dos. Il pencha la tête avant de sourire en regardant les ailes noires qui avaient sur leur surface une couleur pourpre brillante. Il s’élança enfin pour redescendre dans la petite vallée.
Le souffle du vent siffla dans les oreilles de Xiao Yan, puis lorsqu’il fut à une vingtaine de mètres du sol, il se mit à battre des ailes pour ralentir sa descente. Il tendit la main au sol et libéra une force de poussée explosive. Le corps de Xiao Yan fut ainsi légèrement relevé pour lui permettre de se retourner dans les airs. Dans le même temps, les ailes de son dos se rétractèrent avec un léger son pour redevenir de simples marques sur sa peau.
Les jambes de Xiao Yan se posèrent sur le sol et son corps vibra pour réprimer rapidement toutes les énergies restantes sur la surface de son corps. Un moment plus tard, il se redressa et se dirigea vers la petite maison avec un sourire aux lèvres.
Alors qu’il approchait lentement de la maisonnette, Xiao Yan fronça les sourcils. Normalement, la Fée Doctoresse devait être revenue de la cueillette d’herbes. Pourtant, tout était très calme…
Le doute envahit l’esprit du jeune homme. Il s’avança jusqu’a la petite habitation de paille et frappa à la porte de bois, mais il n’y eut toujours aucun son. Il frappa encore à plusieurs reprises mais n’obtenu pas plus de résultat.
Ses sourcils se resserrèrent sur son front, puis le trouble envahit son cœur. Il se tint à la porte et hésita un moment, avant de finalement serrer les dents et de lancer un violent coup de pied dans la porte en bois.
Après avoir enfoncé la porte, Xiao Yan se précipita à l’intérieur pour constater que la pièce était remplie de fumée. Celle-ci le fit aussitôt tousser à plusieurs reprises et il tendit à la hâte la paume de sa main droite pour déchaîner une force féroce qui balaya instantanément toute la fumée hors de la pièce.
Alors que la fumée terminait de se dissiper lentement, Xiao Yan découvrit la doctoresse sur le lit, les yeux fermés. Son visage d’habitude coloré était désormais étrangement teinté de sept couleurs différentes.
Voyant que la jeune femme ne semblait pas respirer, Xiao Yan se mit à paniquer. Il était sur le point de se précipiter lorsqu’une silhouette transparente surgit brusquement de l’anneau noir sur son doigt en criant :
« N’avance pas ! »
Le cri de Yao Lao saisit Xiao Yan qui s’arrêta aussitôt. Il lui fallut un certain temps pour reprendre ses esprits. Il regarda Yao Lao avec étonnement et confusion.
« Si tu veux mourir, tu peux la toucher. » Dit Yao Lao d’une voix grave en fixant le visage aux sept couleurs de la jeune femme.
« Pourquoi ? »
Face à Yao Lao qui affichait pour la première fois une telle expression, Xiao Yan était sous le choc. Il regarda de nouveau vers la Fée Doctoresse et posa la question d’une voix perturbée.
Yao Lao ne répondit pas. Son corps flotta simplement autour de l’inconsciente Fée Doctoresse à plusieurs reprises. Un moment plus tard, il secoua la tête et soupira doucement :
« C’est vraiment… »
Voyant le visage abattu de Yao Lao, le cœur de Xiao Yan se resserra. Il demanda doucement :
« Qu’est-ce qu’il lui arrive ? »
« Regarde sa main. » Yao Lao pointa du doigt la main de jade de la jeune femme, légèrement entre-ouverte. Le jeune homme se hâta alors de déplacer son regard et vit qu’elle tenait un petit sac de poudre médicinale noir. Il cligna ensuite les paupières, le regard empli de doute, puis s’avança pour s’arrêter à quelques pas de la main de la jeune femme. Il renifla alors doucement l’odeur intense qui se dégageait de la poudre médicinale. Instantanément, il se sentit étourdi et sa poitrine lui donna l’impression que tout se retournait en lui. Il était si faible qu’il fut forcé de s’asseoir à terre pour vomir un long moment. Finalement, il se releva et dit avec stupéfaction :
« Quel poison puissant. Il serait même capable de tuer un Dou Shi si celui-ci ne faisait pas attention. »
« Oui, je dois admettre que cette petite est extrêmement douée pour fabriquer du poison. » Yao Lao hocha la tête en souriant. Le ton de sa voix semblait contenir une forme d’admiration.
Xiao Yan sourit amèrement en retour puis hocha la tête. Il estimait lui aussi que la jeune femme avait un talent naturel. Peut-être que Fée Poison était un nom qui lui était plus approprié.
« Regarde au coin de sa bouche » souligna Yao Lao en flottant dans la pièce.
Le regard de Xiao Yan se déplaça alors de la main de la jeune femme vers ses lèvres rouges d’une exquise beauté. Les yeux du garçon se plissèrent lorsqu’il aperçut les restes de la poudre noire juste sur le coin humide de sa bouche. De par la couleur et l’odeur, il s’agissait évidemment du poison noir qu’elle tenait dans la main.
« Elle s’est suicidée ? Comment est-ce possible ? Sans raison… pourquoi s’est-elle suicidée ? » Bouche bée, Xiao Yan regardait la scène sans y croire.
« Qui a dit qu’elle s’était suicidée ? Tu as déjà vu une personne morte si belle ? » Yao Lao levait les yeux au ciel en pinçant les lèvres.
« Sa force est seulement celle d’un Dou Zhe une étoile, comment pourrait-elle résister à quelque chose qui éliminerait même un Dou Shi ? » Xiao Yan voulait bondir en avant et vérifier la respiration de la Fée Doctoresse mais après le cri de Yao Lao, il ne pouvait qu’aller et venir anxieusement.
« Si elle était une personne ordinaire, elle mourrait certainement. Mais… » Les yeux de Yao Lao fixèrent la belle silhouette ensommeillée sur le lit et dit doucement :
« Mais elle ne l’est pas. »
« Que voulez-vous dire ? Xiao Yan cessa de faire les cents pas et demanda d’une voix étourdie :
« En quoi est-elle différente ? Est-ce à cause de son statut de Maître Poison ? Mais même si c’était le cas, il n’y a rien d’inhabituel à ce que des maître de ce domaine soit tués par leur propre poison. Ce n’est pas comme s’ils étaient invulnérables. »
« C’est exact, même les Maîtres Poison hautement qualifiés sont eux-mêmes susceptibles d’être tués par leurs propres poisons. » Yao Lao hocha la tête en répondant d’une voix grave :
« Mais il y a toujours des exceptions. Sur le Continent Dou Qi, il y a un type de physique très particulier qui porte le nom de Corps de Poison Inné » ou de « Corps de Poison Calamiteux », car son apparition entraîne généralement le malheur des autres.
« Corps de Poison Inné ? Corps de Poison Calamiteux ? » Ces noms étranges n’avaient aucune signification pour Xiao Yan.
« Tu es resté dans la ville de Wu Tan durant la plus grande partie de ta vie, il est donc naturel que tu n’aies pas conscience de certains des secrets que détient ce Continent. À l’époque où j’avais encore un corps physique, une femme au Corps de Poison Calamiteux est apparue sur le Continent Dou Qi. Dans un élan de colère, cette femme empoisonna les terres d’un empire entier. Sur les terres empoisonnées, des centaines de milliers de personnes sont mortes. »
« Hein… » En entendant ces mots, Xiao Yan inhala rapidement une bouffée d’air frais. Cette femme n’était-elle pas un peu trop vicieuse ? Des centaines de milliers de vies prises sans aucune pitié ? Pensait-elle qu’il s’agissait des vies de simples poulets ?
« Tu dois savoir qu’il y a des règles entre les puissants du continent. Par ses actions, cette femme n’a sans doute pas respecté certaines règles non officielles et beaucoup de gens puissants étaient de cet empire… Cela engendra cette situation de non-retour. Un par un, chacun des puissants sont allés retrouver cette femme pour se venger mais ils ont tous finis vaincu. Oh oui… le plus faible était au moins Dou Ling et le plus fort était un Dou Huang neuf étoiles qui s’apprêtait à franchir l’échelon de Dou Zong. » Yao Lao agita soudainement la main :
« Malheureusement, ils ont tous été tués par cette femme. »
« Gulp… » Xiao Yan ravala difficilement sa salive tout en essuyant la transpiration sur son visage. Cette femme n’était-elle pas excessivement forte ? Elle avait tué tous ces gens comme s’ils n’avaient été que des poules et des chiens.
« Tout cela jusqu’à ce que les derniers plus puissants décident de sortir de l’ombre et après un dernier combat intense qui fut inconnu du monde extérieur, cette femme qui était pourtant un simple cinq étoiles Dou Huang s’est échappée après avoir été grièvement blessée et parmi les puissants, un Dou Zong a mis dix ans pour expulser le poison de son corps et se remettre complètement.
« C’est… effroyable… »
Xiao Yan ravala de nouveau sa salive à plusieurs reprises. Avec juste la force d’un Dou Huang, elle avait osé affronter un Dou Zong et était parvenue à s’en tirer avec une blessure grave ? Pour qualifier ce type de personne, effroyable était le seul terme auquel Xiao Yan pouvait penser
« Après une fuite de vingt années, un beau jour, elle apparut de nouveau. Mais entre-temps elle avait été promue Dou Zong. Ces puissants qui avaient secrètement souffert de ses mains n’osèrent plus sortir pour l’affronter. Ils ne purent que faire la sourde oreille et ignorer toutes les nouvelles à son sujet. »
« Vingt ans… De Dou Huang à Dou Zong. Cette vitesse de progression est là aussi tout à fait anormale. » Dit Xiao Yan en secouant la tête. »
« Ah… cette femme possède vraiment un talent effrayant. » Yao Lao hocha la tête alors qu’il tournait son regard vers la Fée Doctoresse sur le lit en disant :
« Après cela, je suis tombé sur cette femme une fois lorsque j’étais à la recherche d’une Herbe Spirituelle et nous avons eu un conflit. Finalement… nous avons du nous battre. » Pendu aux mots de Yao Lao, Xiao Yan écarquillait progressivement les yeux. C’était la première fois qu’il entendait le vieux maître divulguer certaines de ses actions antérieures. Il demanda à la hâte :
« Quel fut le résultat ? »
« Le résultat… »
Yao Lao sourit et leva la tête. Ses yeux troubles semblaient s’humidifier avec ses souvenirs. Un long moment plus tard, il sourit faiblement et dit :
« Disons que c’était une petite victoire. »
Xiao Yan prit une profonde inspiration. Le visage du jeune homme était envahi par la stupeur.