Relâchez cette Sorcière | Release that witch | 放开那个女巫
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Chapitre 152 : Négociations (Partie 2)
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Il avait cessé de pleuvoir, les nuages se dispersaient et le soleil déclinait déjà, teintant le ciel de rouge.

Roland ouvrit la porte de la chambre d’invités au premier étage et aperçut Margaret qui tournait en rond devant la cheminée, assez agitée. En voyant entrer le Prince, Sean, qui se tenait dans un coin de la pièce, posa la main sur sa poitrine et s’inclina. Margaret, qui avait elle aussi aperçu le Prince, cessa de faire les cent pas et, s’avançant vers lui, demanda avec inquiétude :

– « Votre Altesse, comment va Foudre ? »

Roland en fut surpris.  Il avait imaginé différents scénarios, comme la retrouver soit calme, soit en colère, soit encore très froide, mais jamais il n’aurait pu penser que ses premiers mots seraient ceux-ci.

– « Elle va bien… juste un peu fatiguée. »

– « C’est vrai ? Tant mieux! »  Dit Margaret soulagée.

– « Vous semblez beaucoup vous soucier d’elle. »

– « Elle ressemble tellement à son père, avec ses yeux fins et son nez pointu… Je l’ai immédiatement reconnue comme étant la fille de Tonnerre. »

Avec un soupir, elle déboutonna son col, baissa la tête et retira une chaîne d’or qui ornait son cou.

– « Je voudrais savoir, tout à l’heure vous avez dit… que vous aviez le pouvoir de savoir si je mens. Faisiez-vous allusion à la capacité d’une sorcière ? Si c’est bien ce à quoi vous pensiez et si vous voulez que je prouve ma sincérité, pourriez-vous je vous prie lui demander de participer à cette conversation ? Je n’aime pas avoir la sensation d’être espionnée en secret. »

Serti dans un ornement et relié à la chaîne d’or, il aperçut un bijou d’un bleu lumineux de forme hexaédrique, visiblement une Pierre du Châtiment Divin  de la plus haute qualité.

Roland, qui avait réfléchi à ce qu’il aurait à dire pour minimiser le ressentiment et les doutes de son interlocutrice, n’imaginait pas que ce serait en fait Margaret qui prendrait l’initiative. Pour être honnête, il ressentait de l’admiration pour cette femme du peuple des Mers. En dépit de sa situation terriblement défavorable, elle essayait encore de saisir et de maintenir la position de leader dans leur conversation. Qu’il s’agisse de ses compétences en matière de négociation ou de sa façon d’agir, tout en elle était conforme à l’idée qu’il se faisait d’un commerçant prospère.

Il prit le bijou qu’elle lui tendait et l’accrocha à un portemanteau près de la cheminée. A en juger par la qualité de la pierre, la portée suppressive estimée dans laquelle nulle magie n’avait d’effet était d’environ un mètre. S’il avait regardé à travers les yeux de Rossignol, le Prince aurait vu un trou noir d’un mètre de diamètre. Pour éviter la portée effective de la pierre, elle devrait prendre soin de se tenir toujours à distance.

– « Allons dans la salle de réception », proposa Roland.

Margaret ayant prouvé sa sincérité, il ne devait pas se montrer si avare. Lorsque tous deux pénétrèrent dans la pièce, Rossignol, qui était sortie de son brouillard, attendait, assise sur le côté du canapé, le menton posé sur ses deux mains, affichant délibérément une expression d’ennui comme si cela faisait longtemps qu’elle était là.

Ils s’assirent et Roland présenta la jeune femme qui se tenait à ses côtés.

– « Voici Rossignol, elle a le pouvoir de juger de l’authenticité de vos paroles. »

– « Bonjour, Mademoiselle Rossignol », dit Margaret avec un signe de tête. La sorcière lui rendit son salut.

– « Tout à l’heure, vous avez dit que vous n’aviez aucun sentiment négatif envers les sorcières, puis-je savoir pourquoi ? » dit Roland, posant tout d’abord la question qui lui tenait le plus à cœur. « Pour autant que je sache, les Fjords font partie des régions qui sont sous l’autorité de l’Église. »

– « Leur influence est beaucoup moins importante que la croyance dans les Trois Dieux. A cet égard, le peuple des Mers et celui des Sables sont assez semblables. Tous deux adorent le ciel, la mer et la terre. Quant à moi… » Elle marqua une pause, «  J’avais une excellente amie qui comptait beaucoup pour moi. Au cours d’une partie de pêche, nous avons été frappées de façon inattendue par une tempête. Tandis que nous luttions pour nos vies, une vague s’est abattue sur notre voilier et l’a réduit en pièces. Au cours de cette catastrophe, mon amie est devenue sorcière. Elle avait le pouvoir de respirer comme un poisson. C’est elle qui m’a trouvée inconsciente, flottant sur l’eau, et m’a ramenée sur le rivage. »

– « Et que s’est-il passé ? » demanda Rossignol, piquée de curiosité.

– « Lorsque je suis revenue à moi, elle est partie… elle voulait à tout prix retourner à la mer, et ce désir était visiblement plus fort que son envie de rester auprès de moi » expliqua Margaret pleine de regrets. « Depuis, je ne l’ai plus jamais revue. Les gens disent qu’elle apparaîtrait durant les journées brumeuses, élevant son corps hors de l’eau et guidant les bateaux de pêche avec son chant. Elle les aiderait à éviter les récifs. Quoi qu’il en soit, jamais mon amie ne pourrait être mauvaise et encore moins une servante du diable. »

Roland approuva. Avant de devenir sorcières, ces femmes étaient des personnes ordinaires. Ceux qui les connaissaient avant leur éveil et avaient eu une vraie relation de proximité auraient bien du mal de voir leurs impressions modifiées par la seule rhétorique de l’Eglise.

– « Vous semblez bien informée sur le pouvoir des sorcières. Sur une seule phrase, vous avez pu deviner que plusieurs sorcières vivaient ici. »

– « En toute honnêteté, c’est à cause de mon amie d’enfance que je me suis intéressée aux sorcières. J’avais même envisagé  la possibilité d’héberger ces femmes étranges. »

Margaret sourit : « Malheureusement, la Cité du Roi est complètement différente de Border Town. J’ai été contrainte de renoncer à cette idée qui était trop risquée. Lorsque j’ai vu Foudre se précipiter dans vos bras, j’ai eu le sentiment qu’elle était très proche de vous. Et c’est une sorcière… Je me suis dit qu’il était possible que vous soyez, comme moi, quelqu’un qui n’a aucune aversion envers elles. En tant que Seigneur, il ne vous est pas difficile de cacher quelques sorcières, surtout ici, à la frontière. Cependant soyez tout de même prudent : si vous vous faites prendre par l’Eglise, vous aurez bien du mal de les sauver. »

A cet égard et jusqu’à présent, Rossignol n’avait rien perçu qui indique que cette femme ait menti. De fait,  elle rejetait toute possibilité que Margaret puisse en informer l’Église. Roland en arriva à une conclusion et dit d’un ton légèrement contrit :

– « Apparemment, j’étais un peu à fleur de peau, j’espère que vous ne m’en voulez pas. »

– « Non, Votre Altesse, je me doute que vous étiez inquiet pour Foudre et pour la sécurité des autres femmes… » répondit Margaret avec un signe de la main indiquant qu’elle ne se formalisait pas « Au contraire, si vous aviez manqué de prudence, j’aurais pensé que vous étiez quelqu’un d’irresponsable. »

– « Étiez-vous proche de Tonnerre ? » Demanda Roland. « Votre amour pour Foudre dépasse la simple attention que portent les gens ordinaires aux enfants héroïques. »

Face à une telle question, Margaret hésita un instant.

Roland lui avait dit que si elle ne souhaitait pas répondre à l’une de ses questions, la jeune femme n’avait qu’à faire comme s’il ne l’avait pas posée. Mais elle décida de parler :

– « Pour vous dire la vérité, lorsque j’ai quitté le village de pêcheurs, j’ai rejoint l’une des expéditions de sir Tonnerre. Longtemps, j’ai exploré la mer en leur compagnie. Étant une nouvelle recrue et que de surcroît jeune, Sir Tonnerre et son épouse ont pris soin de moi. J’étais là lorsque Foudre est née. »

– « Elle est née à bord ? »

– « Oui, durant une tempête. Hors de la cabine, le tonnerre roulait et les éclairs illuminaient continuellement le ciel. Peu de temps après sa naissance, l’épouse de Sir Tonnerre est décédée d’une septicémie et je…  je lui ai un peu servi de mère. Comme je ne pouvais pas lui donner de lait maternel, j’écrasais du blé bouilli que je mélangeais à des œufs de poisson et de la farine pour l’alimenter. » La voix de Margaret se fit très douce : « Malgré son incommensurable chagrin, sir Tonnerre a dû continuer de commander sa flottille.  Sans lui, l’équipage se serait effondré en quelques mois. Pendant ce temps, je restais dans la cabine à regarder Foudre grandir. Enfin, Sir Tonnerre découvrit  l’île des Ombres. Suite à cela nous rentrâmes à la Baie du Croissant de Lune et l’expédition prit fin. Peu de temps après, je quittai les fjords et m’installai au Royaume de Graycastle. »

« Alors c’était ça », pensa tristement Roland. « Pas étonnant qu’elle ait réagi de la sorte en entendant le nom de Tonnerre. »

Il avait une vague idée des raisons pour lesquelles Margaret avait décidé de ne pas continuer à suivre Tonnerre dans ses aventures. « Cela ressemblait fort à une histoire d’amour naissante, ce qui ne signifiait pas que la fin en soit une, on pouvait l’espérer. »

Une telle coïncidence, se retrouver après avoir traversé de nombreux fleuves et des routes de montagne venteuses…

Puisqu’ils entretenaient à présent des liens étroits, n’était-il pas envisageable d’obtenir une réduction plus importante pour l’achat et la vente ? Le Prince toussa à deux reprises :

– « Mme Margaret, puisque nous sommes maintenant des connaissances, à propos de cet accord… »

– « Votre Altesse, cela ne se fait pas », dit Margaret en riant. « Un marché est un marché. C’est l’éternel principe de l’homme d’affaires. »

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