Xiao Yan qui était resté isolé si longtemps ne put se retenir de soupirer longuement lorsqu’il évolua de nouveau parmi la foule écrasante de la petite ville bruyante. Les humains étaient bel et bien des êtres aimants vivre en groupe. S’il était resté seul dans la nature pendant encore des décennies, aurait-il encore été à même de parler ?
Xiao Yan secoua la tête en souriant avant de vite oublier cette question stupide et il tapota la Lourde Règle Xuan enveloppée dans un tissu noir. Il se tint alors à une jonction pour observer les environs, puis après avoir réfléchi un moment, il s’informa auprès d’un passant de l’emplacement exact de la Maison aux Mille Remèdes et s’empressa d’ouvrir le pas.
Après avoir traversé quelques rues, le vacarme de la ville s’estompa progressivement et Xiao Yan suivit lentement le sentier tranquille qui descendait le long d’une rue étroite. Un moment plus tard, un petit manoir apparut.
La sécurité à l’entrée était extrêmement renforcée. Il y avait là plus de dix gardes armés.
Xiao Yan fronça d’abord les sourcils. Il ne voulait pas alerter le propriétaire de la Maison aux Mille Remèdes, donc Il détourna vite son regard puis rebroussa chemin avant d’arriver à l’arrière du manoir. Il jeta ensuite un regard prudent avant de bondir tranquillement sur le mur.
Le jeune homme se faufila ensuite dans le manoir en évitant certains des gardes qui patrouillaient, puis il saisit furtivement une jeune femme vêtue d’un uniforme de domestique.
Voyant l’air effrayée de cette dernière, Xiao Yan baissa la voix et demanda :
« Est-ce que la Fée Doctoresse est ici ? »
« Mm, mm. » Avec sa bouche couverte par la main de Xiao Yan, la jeune femme ne put produire que quelques vagues gémissements.
« Dites-moi où est sa chambre. N’essayez rien de drôle ou je vous déshabille et vous jette dehors ! » La douce menace qui résonna à ses oreilles effraya la jeune fille au point que ses yeux s’humidifièrent. D’une main tremblante, elle pointa rapidement la direction qui menait à la chambre de la Fée Doctoresse.
Ayant reçu l’information, Xiao Yan assomma la jeune femme et la cacha dans un endroit discret avant de s’avancer.
Après avoir évité de nouvelles patrouilles, le garçon parvint à l’arrière d’une pièce assez calme. Il fit tranquillement le tour vers la porte d’entrée avant d’y trouver quatre gardes. De la façon dont les quatre hommes jetaient occasionnellement leur regard dans la pièce, ils semblaient aussi bien surveiller la personne à l’intérieur que les abords extérieurs…
« On dirait que ses jours ici ne sont pas des plus joyeux… » Xiao Yan sourit dans son cœur et se dirigea de nouveau vers l’arrière de la pièce qui faisait face à un petit étang. En équilibre sur le rebord de la façade, le jeune homme se déplaça lentement pour faire face à une fenêtre ouverte. Un moment plus tard, il s’agrippa à son bord et tira soigneusement son corps pour se glisser dans la pièce. Il atterrit calmement, les pieds au planché, puis scruta la pièce au décor à la fois original et serein. Il libéra dans son cœur un léger soupir lorsqu’il perçut le léger parfum qui flottait dans la pièce.
En balayant l’espace intérieur du regard, il finit par apercevoir l’image floue d’une silhouette, juste derrière un rideau de couleur rose. Il s’avança doucement et l’ouvrit.
Debout sur une petite plate-forme, une femme vêtue d’une robe blanche qui inclinait la tête et mélangeait méticuleusement de la poudre médicinale tenait une baguette de cristal pour tamponner un peu de poudre et en humer doucement le parfum. Après avoir mélangé de la poudre médicinale, la dame en blanc sembla prendre conscience de quelque chose. Elle leva brusquement la tête et tourna son regard vers le visage souriant du jeune homme. La froideur de son expression se dissipa aussitôt. Elle regarda rapidement par la porte avant de faire signe à Xiao Yan.
Celui-ci marcha vers la petite plate-forme et s’assit les jambes croisées :
« Vous êtes surveillée ? »
« Chut, ne dites rien. » La doctoresse secoua son doigt et sortit subitement une petite bouteille de jade de sa poche. Elle versa un liquide rouge clair avec lequel elle tamponna la main de Xiao Yan.
« Que faites-vous ? » Voyant l’action de la Fée Doctoresse, le jeune homme ne put s’empêcher de poser la question d’une voix confuse.
« Le parfum dans la pièce est un poison à action lente. Ce n’est pas bon pour vous de le respirer. » dit-elle en souriant.
« Mais si vous appliquez un peu de l’antidote que j’ai créé, vous serez à l’abri. »
« Hm… » Xiao Yan secoua la tête et rit amèrement, stupéfait.
« Je ne pensais pas que vous appliqueriez du poison même dans votre propre chambre. »
La doctoresse sourit et écarta ses cheveux noirs. Elle déclara ensuite l’air impuissante :
« Je n’ai pas le choix. Je ne suis qu’une faible femme, mes capacités sont limitées, je ne peux compter que sur ce genre de moyen peu orthodoxes. »
« Faible ? de quelle façon ? Cette méthode d’empoisonnement sans que personne ne s’en aperçoive… même moi, j’ai failli être coincé. » Xiao Yan secoua la tête et dit :
« Et ces gens dehors ? »
« Oui… c’est moi qu’ils surveillent. » déclara la jeune femme d’un air détaché
Le chef des Têtes de Loup a répandu la rumeur que j’avais trouvé un trésor et le propriétaire de cette Maison s’y intéresse grandement. Il a tenté à plusieurs reprises de prendre le livre des poisons aux sept couleurs mais j’ai réussis à le retenir. Ceci dit, il devient de plus en plus impatient… »
Pourquoi n’êtes-vous pas partie ? Avec votre capacité à utiliser du poison, il ne devrait y avoir personne ici capable de vous arrêter. » Déclara Xiao Yan en souriant.
« J’attendais que vous me sauviez. » Voyant le visage impuissant de Xiao Yan, la jeune femme sourit.
« Si je veux vraiment exploiter le Livre des Poisons aux Sept Couleurs, j’ai besoin d’une grande quantité d’ingrédients médicinaux pour faire des essais. N’est-ce pas ici le meilleur endroit ? »
« Mais je pense que je devrai partir aujourd’hui. C’est le dernier jour des trois journées d’échéance que ce type m’a donné. » La doctoresse déplaça la poudre médicinale sur la table dans une petite bouteille avant de pencher la tête pour regarder Xiao Yan.
« Vous avez encore une fois dépassé mes attentes. De façon tout à fait inattendue, vous avez non seulement survécu dans les régions intérieures des Montagnes aux Bêtes Démoniaques, mais en plus, votre force a augmenté de manière significative. On dirait bien que j’ai fait le bon choix en préférant être votre alliée. »
« Ha ha, disons que j’ai eu de la chance. » Xiao Yan rit et se leva.
« Allons-y. J’ai encore l’intention de créer quelques problèmes à la compagnie des Têtes de Loup. »
« Ha ha. Je viens avec vous. Ils sont le facteur principal de ma situation actuelle. Puisque je pars d’ici, il est naturel que je leur apporte un petit souvenir. » La Fée Doctoresse répondit avec un sourire alors qu’elle se levait avec élégance.
« J’avais bien sûr cette intention en venant vous chercher. » Xiao Yan sourit. Avec la maîtrise des recettes de poison de la doctoresse, même s’il avait encore un peu peur d’elle, avait son aide, il ne serait pas difficile de se débarrasser une bonne fois des Têtes de Loup.
Au moment où la jeune femme préparait ses affaires, un bruit de cliquetis vint de la porte d’entrée. La voix d’un homme d’âge moyen se dispersa alors dans la pièce :
« Ha ha. Fée Doctoresse, êtes-vous là ? »
La question venait à peine d’être posée que la porte s’ouvrit. L’homme balaya l’intérieur du regard. Son visage changea légèrement lorsqu’il vit le jeune homme debout au milieu de la pièce. Il agita les mains en fronçant les sourcils pour appeler les quatre gardes derrière lui. Aussitôt, ils sortirent leurs armes pour faire face aux deux personnes.
« Fée Doctoresse, puis-je savoir qui est cette personne ? » Le regard de l’homme d’âge moyen se tourna vers la jeune femme qui préparait activement ses affaires en souriant d’un air fourbe.
« Xiao Yan » répondit le jeune homme près avoir jeté un regard à la Fée Doctoresse.
« Xiao Yan ? N’avez-vous pas été chassé jusque dans les régions intérieures de la Chaîne de Montagnes des Bêtes Démoniaques ? » En entendant la réponse, le visage de l’homme se figea. Aussitôt après, une lueur de joie lui traversa les yeux avant qu’il ne s’exprime soudain avec politesse :
« Hehe. Je ne pensais pas que Frère Xiao Yan fût si fort. Je dois dire que je vous admire pour avoir su vous échapper vivant de cette région intérieure des montagnes, également appelées Zone de la Mort. »
« J’ai simplement été chanceux. » Xiao Yan leva négligemment les yeux et rit.
« Je repartirai avec la Fée Doctoresse. Auriez-vous l’amabilité de vous écarter ?
Le visage de l’homme d’âge moyen se crispa légèrement mais il garda le sourire.
« Le destin nous ayant permis de nous rencontrer, je vous invite à rester un peu plus longtemps. J’apprécie particulièrement de faire la connaissance de personnes comme vous. » Tout en s’exprimant, l’homme recula et bloqua avec les gardes l’entrée de la pièce. Il avait entendu dire que Xiao Yan avait hérité du trésor de la grotte. Maintenant que le garçon était face à lui, il ne lui permettrait pas de repartir si facilement.
« Monsieur Yao, s’il vous plaît regardez la paume de votre main droite. Est-ce qu’elle apparaît légèrement verte ? » Après avoir terminé d’emballer ses affaires, la jeune femme les plaça sur son dos et leva subitement la tête pour s’adresser directement au maître des lieux.
En entendant les mots de la jeune femme, le visage de l’homme changea du tout au tout. Il s’empressa d’ouvrir la main et constata que le centre de sa paume était teinté de vert. Immédiatement, il demanda :
« Vous… vous m’avez empoisonné ? »
« Haha, c’est simplement un moyen pour moi de me protéger. » La Fée Doctoresse secoua la tête en répondant doucement.
« Monsieur Yao, vous êtes bien placé pour connaître la puissance des effets de la médecine que je pratique. Si je ne vous donne pas la formule de l’antidote, vous n’aurez tout au plus qu’un mois avant que le poison ne fasse son effet. Quand cela arrivera, avec de la chance vous serez paralysé, ou vous mourrez… »
La voix douce de la jeune femme résonnait dans toute la pièce. Malgré le soleil et la lumière à l’extérieur, Monsieur Yao avait l’impression à cet instant de se tenir dans une glacière. Après avoir été si prudent, il avait finalement été piégé par la Fée Doctoresse. Monsieur Yao pensa au risque pour sa vie et a son penchant pour la cupidité, et après en avoir bien pesé les enjeux pendant longtemps, il aboya à contrecœur :
« Remettez la formule de l’antidote et je vous laisserai partir. »
« Étant resté si longtemps dans la Maison aux Mille Remèdes, Monsieur Yao ne s’attend sans doute pas à ce que je lui fasse confiance… Laissez-nous partir et je vous remettrai la formule. » La jeune femme répondit d’un air détendu.
Les mains de Xiao Yan étaient posées derrière son cou alors qu’il se tenait sur le côté en regardant le propriétaire de la Maison aux Mille Remèdes se faire mener par la jeune femme. Il ne put s’empêcher de rire. Pourtant, si la situation était vraiment drôle, elle n’en devenait aussi que plus terrifiante. Si cette femme en avait l’opportunité, ses futures réalisations ne seraient pas petites.
« Vous… » Le visage de Monsieur Yao devint bleu de colère quand il fut confronté à celui de la Doctoresse. Il marcha en cercle avant d’agiter violemment la main pour ordonner aux gardes de se retirer.
« Allons-y. » Voyant l’homme céder, la Fée Doctoresse tourna la tête vers Xiao Yan et sourit.
Xiao Yan leva le pouce et passa la tête hors de l’encadrement de porte. La jeune femme le suivit de près. Avec des visages sombres, Monsieur Yao et les gardes les suivirent hors de la pièce. L’homme ne pouvait trouver en lui-même que de la hargne. La chance d’accéder à la richesse lui glissait des mains.
Quand ils arrivèrent dans une zone plus spacieuse, la Fée Doctoresse sortit son sifflet de bambou et souffla doucement. Un instant plus tard, un énorme aigle bleu apparut dans le ciel et les survolèrent rapidement. Il plana au-dessus du manoir un instant avant de descendre lentement.
En voyant l’aigle bleu approcher, Xiao Yan saisit la taille de la jeune femme et s’éleva du sol en libérant un son explosif. Son corps fusa dans les airs pour atterrir doucement sur le dos de l’aigle. Debout sur le dos de la bête, la Fée Doctoresse jeta négligemment une formule avant de conduire l’aigle pour s’envoler sous le regard furieux de Monsieur Yao.