– « Emmener des Sorcières du Châtiment Divin en avion ? »
– « Tout à fait. La zone anti-magie fonctionnant de la même manière que la pierre, une douzaine de Sorcières du Châtiment Divin devrait suffire à éliminer le Tueur de Magie. Si jamais elles n’y parviennent pas, nos Tireurs D’Élite lui assèneront le coup de grâce », expliqua calmement la Perle de la Région du Nord. « Mais il va de soi que ce ne sera pas facile. Notre stratégie repose entièrement sur la manière dont l’adversaire réagira. Mais nous avons des moyens contre lui, donc je pense, pour ma part, que ce plan va fonctionner. Si notre ennemi connaît l’existence de nos balles et de nos armes à feu, il n’a jamais vu le Goéland. Jamais ils ne croiront qu’un humain peut réellement voler. »
Roland comprit aussitôt l’intention de l’État-major, conscient qu’ils ne pouvaient pas se fier uniquement à l’équipe des tireurs d’élite. Pour peu que le Tueur de Magie s’aperçoive que les Démons Volants en patrouille avaient mystérieusement disparu et découvre l’existence de leur arme à longue portée, il envisagerait aussitôt des contre-mesures.
Soit il ferait un écart dans les airs, soit il raserait le sol à toute allure et dans ce cas, Andréa ne pourrait plus rien. Quand bien même elle parviendrait à le localiser, elle ne pourrait pas nécessairement l’affronter.
Il fallait donc trouver quelqu’un qui puisse débusquer l’adversaire, cependant, il n’y avait personne parmi les sorcières qui soit aussi rapide et puissant que lui.
L’État-major avait donc eu l’idée d’utiliser conjointement le planeur et les Sorcières du Châtiment Divin ce qui, Roland devait l’admettre, était une stratégie très intelligente.
Le Goéland resterait le temps qu’il faut dans les airs avant de piquer vers le sol. S’il accumulait suffisamment d’énergie cinétique, l’appareil pourrait atteindre une vitesse de plus de 500 km / heure et ainsi rattraper le Tueur de Magie en fuite.
Cependant…
– « Si je reconnais que c’est la meilleure stratégie envisageable, Cendres ne sera certainement pas d’accord », intervint Roland. « C’est beaucoup trop dangereux. Vous pourriez foncer droit sur le Tueur de Magie. » Roland s’interrompit et regarda Tilly : « Dans ce cas… »
– « Je m’en chargerai » dit résolument Tilly après un moment de silence. « J’y tiens! »
– « Votre Altesse! » S’écria Wendy, tendue.
Roland avait une vague idée de ce que pouvait ressentir la directrice de l’Association des Sorcières. S’il y avait deux personne qui maintenaient la cohésion entre toutes, c’étaient bien Anna, la Reine, et Tilly, seconde héritière légitime du trône. Wendy ne voulait pas les voir se mettre en situation de danger.
– « Cette mission ne diffère en rien du transport régulier des sorcières », répondit Tilly avec un sourire. « Le temps que le Tueur de Magie s’aperçoive de la présence du Goéland, les sorcières de Taquila l’auront déjà encerclé. Tout est donc sous contrôle. Soyez tranquille, Cendres et moi savons ce que nous faisons. Nous n’irons pas au-delà de ce qui est possible. »
Devant sa détermination, Roland n’insista pas. Il se tourna vers Édith :
– « Poursuivez », dit-il.
– « Entendu, Votre Majesté », répondit cette dernière en s’approchant de la carte. « En dernier lieu, nous entendons lancer une embuscade. Les Diables Supérieurs ne pouvant pas survivre longtemps sans Brume Rouge, ils seront donc contraints de se replier pour le rechargement. Le mieux serait donc de nous positionner à proximité de leur ligne d’approvisionnement. »
– « À ce sujet, j’ai une suggestion », coupa soudain Althéa. « Vous souvenez-vous de la mission d’infiltration qu’avait menée cette Extraordinaire ? »
– « Ah! Cette idiote! » dit Tilly en s’épongeant le front. « Elle a gaspillé une précieuse Pierre à Cinq Couleurs dans cette opération! »
– « Peut-être, mais nous avons maintenant une excellente vue de cet endroit situé à l’arrière des ruines de Taquila », reprit Althéa en dressant son principal tentacule. « Il nous suffira alors d’activer l’Instrument Fantôme et nous pourrons localiser leur ligne d’alimentation en Brume Rouge. »
Roland se souvint alors qu’après que Loélia ait découvert les Diables non loin des ruines, l’Association des Sorcières était immédiatement partie en reconnaissance mais leur mission avait échoué, car elles avaient dévié de leur route. Si elles avaient pu briser la Pierre à Cinq Couleurs juste en face de Taquila, elles auraient pu se rendre compte des mouvements des Diables et ainsi éviter l’attaque de la Station de la Tour n ° 1.
Ceci dit, cet échec allait pouvoir leur servir.
Il se souvint alors d’un vieil adage qui disait en gros : « On ne peut jamais savoir si quelque chose de nuisible en apparence n’est pas une bénédiction déguisée. »*
– « Dans ce cas, Hache-De-fer et Édith resteront à la Troisième Ville Frontalière pour préparer un plan détaillé de cette embuscade », déclara-t-il. « Ayesha, pour ce qui est de la Pierre du Châtiment Divin, vous vous mettrez en rapport avec le Ministère de l’Ingénierie. »
– « À vos ordres, Votre Majesté », répondirent-ils tous en chœur.
La réunion tirait à sa fin lorsqu’Althéa chuchota à Roland :
– « Céline aimerait que vous veniez au laboratoire. Nous avons fait une découverte capitale en ce qui concerne le Cube Magique. »
Une demi-heure plus tard, Roland se présenta au laboratoire souterrain.
Céline activa le cube et aussitôt, la lumière rouge, désormais familière, apparut.
– « La découverte dont vous parliez… »
– « Regardez ceci, Majesté », dit Céline en lui tendant deux petites pierres de la taille d’un ongle de pouce. « Toutes deux proviennent du cube et comme vous pouvez le constater, elles sont assez anciennes. »
– « Elles en ont l’air en effet », répondit Roland, pensif, en se caressant le menton à la vue des signes visibles d’abrasion présents sur une extrémité proche de la surface extérieure du cube. « Avez-vous réussi à le démonter ? Mais… oui, puisqu’en voici des pièces. Comment se fait-il, dans ce cas, qu’il éclaire toujours ? Serait-ce que… »
– « Tout à fait, Votre Majesté », répondit Céline en souriant. « J’ai installé mes répliques sur le cube magique et il fonctionne parfaitement, ce qui prouve qu’elles sont efficaces. »
– « Ingénieux! » S’exclama Roland en saisissant avec enthousiasme les tentacules de Céline comme s’il s’agissait d’instruments précieux. « Et cela ne vous a pris que trois mois alors que je pensais qu’il vous faudrait au moins un an! »
– « Mains Délicates, des Sortilèges de l’Île Dormante, m’a bien aidée et la structure de ce cube magique est beaucoup plus simple que celle du noyau magique », répondit Céline en se dégageant, un peu gênée par le regard fébrile de Roland. « Je retire ce que j’ai dit : nous n’aurons pas besoin de plusieurs milliers de pierres. À mon avis, cinq cents suffiront pour reproduire un cube. »
– « Les soldats en poste au Port des Festivités prennent actuellement des mesures conformément à mes ordres. Nous ne devrions pas tarder à avoir de leurs nouvelles », dit Roland avec enthousiasme. « Si ces répliques fonctionnent, ce nouveau dispositif pourrait, tout comme la machine à vapeur, apporter des changements radicaux à la Cité Sans Hiver. »
– « Dans ce cas, puis-je vous demander quelque chose en retour ? » Demanda Soudain Céline, pleine d’espoir. « Cela, bien entendu, concerne nos futures recherches. »
– « Que voulez-vous ? » Demanda Roland, intrigué.
– « Une assistante », répondit Céline. « Une assistante qui pourrait m’aider à mieux comprendre le savoir issu du Monde des Rêves. Certes, mes amies sorcières sont les mieux placées pour ce poste, cependant, il leur est difficile d’apprendre seules. Elles m’ont dit qu’il existait des établissements avec des instructeurs pour les aider et répondre à leurs questions. Votre Majesté, pourriez-vous les envoyer à l’école ? »
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NDT : Cela me rappelle un conte de sagesse Taoïste, attribué à Lao Tseu, auquel nous faisons souvent référence dans le cadre du développement personnel (puisque je suis aussi formatrice dans ce domaine) et qui parle de lui-même. J’ai eu envie de le partager avec vous, en espérant qu’il vous sera utile. Petite précision : la traduction n’est pas de moi, faute de temps. ?
Un pauvre paysan chinois travaillait dur, aidé dans les travaux des champs par son fils. Rassemblant toutes ses économies, il partit au marché acheter un cheval pour soulager leur labeur. C’est une superbe bête qui tirait la charrette pour rentrer les récoltes, rapporter le bois, et bien d’autres choses encore. Les deux hommes en étaient très satisfaits.
Son voisin, voyant cela, se montra jaloux et proposa au pauvre paysan d’acheter son cheval.
Le paysan répondit : « Ce cheval est beaucoup plus qu’un animal pour moi, c’est un ami, je ne veux pas le vendre. »
Un jour, le cheval sauta au-dessus de la clôture et disparut.
Le voisin, passant devant l’écurie vide, dit au fermier : « C’était prévisible que l’on vous volerait cette bête! Pourquoi ne me l’avez-vous pas vendue ? Vous n’avez pas de chance! ».
Le paysan se montra plus circonspect : « N’exagérons rien dit-il. Le cheval ne se trouve plus dans l’écurie, c’est un fait! Tout le reste n’est qu’une question d’appréciation de votre part. Comment savoir si c’est une chance ou une malchance ? Nous ne connaissons qu’un fragment de l’histoire. Qui sait ce qu’il adviendra ? ».
Le voisin se moqua du vieil homme. Il le considérait depuis longtemps comme un simple d’esprit. Le fermier n’est pas assez riche pour s’acheter un autre cheval, et continue de travailler dur avec son fils. Quinze jours plus tard, le cheval revint. Il n’avait pas été volé ; il s’était tout simplement mis au vert, et ramenait une douzaine de chevaux sauvages de son escapade.
Le voisin du fermier vint lui rendre visite : « Vous aviez raison, ce n’était pas un vol. Vous avez de la chance! »
« Je n’irais pas jusque-là » dit le paysan. « Je me contenterais de dire que mon cheval est revenu. Comment savoir si c’est une chance ou une malchance ? Ce n’est qu’un épisode ».
Le paysan demande à son fils de dresser les étalons sauvages, ce qu’il entreprit. Au cours d’une séance de dressage, un des chevaux jeta son cavalier à terre et le piétina, lui cassant une jambe.
Le voisin vint une fois de plus donner son avis : « Pauvre ami, vous n’avez pas de chance, voici votre fils unique estropié. Qui donc vous aidera pour les travaux de la ferme ? Vous êtes vraiment à plaindre. »
« Voyons, » rétorqua le paysan, « n’allez pas si vite. Mon fils a perdu l’usage de sa jambe, c’est tout. Qui dira ce que cela nous aura apporté ? Nul ne peut prédire l’avenir. »
Quelque temps plus tard, la guerre éclata. Tous les jeunes hommes du village furent enrôlés dans l’armée, sauf l’invalide.
« Vieil homme, » se lamenta le voisin, vous aviez raison ; « votre fils ne peut plus marcher, mais il reste auprès de vous, tandis que nos fils vont se faire tuer. »
« Je vous en prie » répondit le paysan, « ne jugez pas hâtivement. Vos jeunes sont enrôlés dans l’armée, le mien reste à la maison, c’est tout ce que nous puissions dire. Est-ce un bien ou un mal ? Qui peut le dire ? ».
(Source : https://www.devenir-zen.fr/plus-loin/lao-tseu-le-pauvre-paysan-chinois-et-le-cheval-blanc/)