Relâchez cette Sorcière | Release that witch | 放开那个女巫
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Chapitre 1090 : Un visiteur inattendu
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Une suite de véhicules traversa la Cité de l’Épine, au pied du Mont Cage, et s’arrêta devant le manoir du Seigneur. 

– « Nous y sommes. Descendez tous! Dépêchez-vous! » Beugla un homme qui semblait être l’intendant de la flotte, une cravache à la main. « Si vous voulez rester en vie, contrôlez-vous et répondez à toutes les questions que le Seigneur vous posera. Compris ? »  

La plupart des passagers qui descendirent des voitures étaient pâles, vêtus de haillons et attachés les uns aux autres par une corde de chanvre nouée autour de leur poignet. Nul doute qu’il s’agissait d’esclaves, d’esclaves du rang le plus bas.

Depuis quelque temps, la traite d’esclave était devenue monnaie courante à la Cité de l’Épine et depuis l’arrivée de l’équipe d’exploration de Graycastle ainsi que des nombreuses caravanes et délégations envoyées par divers Seigneurs, cette petite ville autrefois si tranquille débordait de vivacité et d’exubérance. Les nouveaux venus s’installaient à l’auberge, plantaient leurs tentes ou construisaient des baraquements à l’extérieur de cette petite ville isolée qui, en trois mois, s’était énormément développée.  

– « Que pensez-vous de ces gens, Seigneur Marc ? » Demanda Florent Sheffield, un visiteur récemment arrivé de la Cité du Chant de l’Érable. « Ils sont tous en bonne santé, n’ont pas de handicap flagrant et ce sont les meilleurs que j’ai pu trouver à la prison. Ils ont peut-être l’air fragile, mais tous sont farouches. Une fois nourris, ils feront tout ce que vous voudrez, Monsieur. »  

– « Assez », fit Marc avec un geste d’impatience. À voir ce Florent, il avait aussitôt compris que cet homme, qui portait le même patronyme que le Seigneur de la Cité Du Chant de l’Érable, ne méritait pas qu’il perde son temps.  « Je n’achète pas de prisonniers. Adressez-vous plutôt à ce monsieur que vous voyez là. C’est M. Sean, capitaine de la Garde du Roi de Graycastle. »

– « Je… je vois », balbutia Florent en s’inclinant à nouveau. « Mon Seigneur a immédiatement répondu à l’appel du Roi de l’aube et m’a demandé de partir au plus vite. Veuillez pardonner mon ignorance, mais je ne savais pas que l’acheteur était en fait M. Sean. » 

– « Aucun souci », dit le susnommé en s’approchant des prisonniers qu’il scruta attentivement.  Ceux-ci ne valait pas ceux que le Roi de l’Aube leur avait envoyés, cependant, étant donné qu’ils avaient besoin d’un maximum de gens pour fouiller le Temple des Maudits, il ne pouvait se montrer trop exigeant. 

Alors qu’il passait en revue les prisonniers, l’un d’entre eux se précipita soudain hors de la file et voulut s’agenouiller devant lui mais limité par la corde qui le retenait, il ne put le faire qu’à demi : 

– « Je suis accusé à tort, Monsieur. Je vous en prie, laissez-moi partir! »

– « Imbécile! » Cria l’intendant en serrant les dents.

 Sans la présence des deux Seigneurs, il l’aurait volontiers fouetté. 

– « Pourquoi dites-vous cela ? » Demanda Sean, curieux, en s’arrêtant devant lui.

– « Je n’ai ni tué ni volé, à l’exception de poulets que j’ai dérobés à mon voisin », expliqua le prisonnier, le souffle court. « Or, à la Cité du Chant de l’Érable, ces délits mineurs ne sont passibles que du fouet ou du bannissement et non de la peine capitale, Monsieur! » 

– « Est-ce exact ? » Demanda Sean en se tournant vers Florent.

– « Oui et non, Monsieur. La veille du jour où le Comte Sheffield a reçu l’appel du Roi de l’Aube, il a légèrement modifié les lois locales. Afin de réprimer les Rats et le crime clandestin, il a augmenté les peines maximales pour tous les crimes, y compris le vol ». 

– « Co…comment ?! » S’écria le prisonnier, stupéfait. « La peine de mort pour un vol de poulets ? »  

– « Est-ce si difficile à comprendre ? » Dit Florent en lui lançant un regard méprisant. « La guerre civile et les constantes rébellions épuisent toutes les forces de la ville. Les réfugiés augmentant, comment ferions-nous pour réprimer le comportement d’ordures telles que vous si nous n’augmentons pas la sévérité des peines ? Aujourd’hui vous volez les poules de votre voisin, qui peut-être demain, mourra de faim. Quelle différence y’a-t-il entre un voleur et un meurtrier ? À mon avis, vous méritez la peine de mort. »

– « Monsieur, je… »

Le prisonnier voulut argumenter mais Sean l’interrompit. 

– « Puisqu’apparemment vous êtes coupable, pourquoi ne pas travailler pour vous racheter ? » Il marqua une courte pause et éleva la voix : « Vous savez certainement tous qu’après dix ans de dur labeur, vous retrouverez votre liberté et ce quel que soit le crime que vous avez commis. Les Rois de Graycastle et de l’Aube vous en font la promesse. Je ne vous conseille pas de tenter l’évasion car c’est votre dernière chance! » 

Sur ce, il fit signe à ses hommes d’emmener les prisonniers. Aussitôt, Florent s’approcha avec toujours ce sourire méprisable aux lèvres : 

– « Je savais bien que vous les prendriez tous. D’après notre contrat, un prisonnier coûte… »

– « Un Royal d’or, ce qui nous fait un total de 106. C’est bien cela ? »  

– « Tout à fait! » Répondit Florent, les yeux brillants d’excitation.

– « Allez donc chez le Seigneur, quelqu’un vous recevra. » 

– « Bien Monsieur », répondit Florent avec un large sourire.

– « En outre » dit soudain Sean alors que l’homme s’apprêtait à partir, « Je ne veux plus que cela se reproduise. » 

– « Vous voulez parler… » Commença Florent, un peu surpris.

– « Que le Seigneur du Chant de l’Érable ait ou non modifié les lois, notre accord stipule que les prisonniers doivent être informés du but de ce voyage et de la peine qui les attend. La prochaine fois que je verrai un détenu qui n’a pas été informé de sa condamnation à mort et se prétend innocent, je déduirai une certaine somme de mon règlement », le prévint sévèrement Sean. 

N’ayant pas vraiment d’empathie pour ces gens, il n’avait pas l’intention de se porter en juge mais simplement de mener à bien la mission que lui avait confiée Roland et d’éviter que ces marchands issus de la noblesse n’entachent la réputation du Roi. 

– « Je… je comprends », répondit Florent en inclinant la tête. « Je ferai plus attention la prochaine fois. »

Celui-ci parti, Marc lui dit en haussant les épaules :

– « Vous êtes bien précautionneux! »   

– « Je ne fais que mon devoir. » 

– « Vraiment ? » Marc regarda la ville surpeuplée. « Votre Roi lui-même fait preuve de la plus grande prudence lorsqu’il achète des condamnés à mort. Je me demande si c’est intentionnel ou s’il est simplement un philanthrope né. D’après mon frère aîné, nous avons le même âge lui et moi et c’est déjà un Roi exceptionnel! Or un homme ne peut pas être à la fois Roi et philanthrope. Sa garde ma tellement impressionné que je voudrais bien le rencontrer en personne. »  

– « Étant donné que vous appartenez à l’une des trois grandes familles, ce ne devrait pas être difficile », répondit froidement Sean. « À votre place, je me montrerais plus prudent et ne dirais pas de telles choses à un garde. » 

– « Et après ? Vous êtes plutôt introverti, je me trompe ? » 

Sean commençait à mieux connaître le personnage de Marc. Tout comme son frère Otto, sympathique et loyal, le cadet de la famille Tokat était lui aussi très accommodant.

Or la meilleure façon de faire avec ce genre de personne était de les ignorer. 

Il se détournait avec l’intention d’aller jeter un coup d’œil sur le site gardé par la Première Armée lorsqu’un soldat accourut : 

– « Monsieur, un étranger demande vous voir. Il prétend savoir où se trouve le “trésor”. »

Sean fronça les sourcils. Depuis la diffusion de l’avis de recherche du trésor maudit, des gens comme lui se présentaient de temps à autres, mais la plupart d’entre eux étaient des escrocs cherchant à fournir de fausses informations dans le seul but d’obtenir une récompense. 

– « Ne vous ai-je pas demandé de ne m’avertir que si vous aviez de solides indices ? »  

– « Cet homme insiste pour vous voir en personne », répondit le soldat. « Il affirme être l’un des derniers survivants d’Hermès et savoir où se cachent le reste des membres de l’Eglise. Nous l’avons arrêté. »

Sean plissa les yeux :

– « Très bien. Je vais aller le voir. »

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