Relâchez cette Sorcière | Release that witch | 放开那个女巫
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Chapitre 109 : Écho (Partie 2)
Chapitre 108 : Echo (Partie 1) Menu Chapitre 110 : La Bataille d’Eagle City (Partie 1)

 

Cependant, au cours du duel, le Clan Osha avait perdu devant les moyens insidieux utilisés par le Clan Tribian. De surcroît, pour finir, leur Patriarche lui-même avait été tué et le Clan exilé au Cap Sans Fin. Lune d’Argent, la fille de l’ancien Patriarche, à présent connue sous le nom d’Echo, fut vendue par les esclavagistes à un homme d’affaires du port de Clearwater en raison de son physique extraordinaire.

 

En tant que sang mêlé, bien qu’il ait été adopté par le Peuple des Sables, Hache-de-Fer n’était pas un véritable membre du Clan Osha. Aussi n’avait-il pas été condamné à l’exil. Les autres clans, qui enviaient ses fortes aptitudes au combat, voulaient le recruter à leurs côtés. Mais Hache-de-Fer, qui durant de nombreuses années avait bénéficié de l’attention familiale du vieux Patriarche et qui gardait l’espoir de sauver Echo, n’hésita pas à rejeter leurs propositions. Après un long et pénible voyage, il parvint finalement au port de Clearwater. Mais il ignorait à ce moment-là qu’Echo avait déjà été vendue au roi de Graycastle.

Pour finir, cette dernière fut sauvée par une sœur, membre de l’Association de Coopération des Sorcières, tandis que lui s’enfuit, désespéré, à la frontière occidentale du Royaume de Graycastle.

Et ce jour-là, ces deux personnes se retrouvaient de façon inattendue à Border Town.

 

– « Alors, quels sont vos intentions pour l’avenir », demanda Roland après avoir réfléchi un moment sur ce qu’il avait entendu, « Voulez-vous retourner vers le Sud, emmener Echo avec vous et relancer le clan Osha ? »  

 

– « Non, Votre Altesse! », répondit Hache-de-Fer en fléchissant le genou. « J’ai déjà juré aux Trois Dieux que pour le reste de ma vie, je travaillerais pour vous… J’étais juste… J’étais si excité de revoir Lune d’Argent que je n’ai pas pu contrôler mes émotions. Je vous en prie, punissez-moi! »

 

– « Et vous ? » Demanda le prince à Echo. « Voulez-vous venger votre peuple ? »

 

Interrogée de la sorte, Echo s’agenouilla elle aussi devant Roland :

– « Lorsque mes pouvoirs de sorcière se sont éveillés, j’avais vraiment l’intention de me venger. Mais aujourd’hui, je ne porte plus de tels sentiments. » Elle se mordit la lèvre et demanda faiblement : « Permettez-moi de rester ici … Je n’ai pas d’autre endroit où aller. »

 

– « Je comprends. Je vous en prie,  relevez-vous », répondit calmement le Prince. « Vous n’avez pas à vous comporter ainsi, ne craignez rien, je ne vous bannirai pas. » Il marqua une pause et ajouta d’une voix forte : « En fait, il n’est pas impossible que je vous permette de vous venger! »

 

– « Quoi ? » s’écria Hache-de-Fer stupéfait : il ne pouvait en croire ses oreilles.

 

Echo, quant à elle, réagit à peine. Depuis longtemps, elle avait abandonné tout espoir de retourner un jour à Ironsand City.

 

– « Bien entendu, je ne peux faire cela dans l’immédiat », précisa Roland avec un geste de dédain.

Ce n’était pas par caprice que cette idée lui avait traversé l’esprit. Au cours du récit de Hache-de-Fer, il avait entendu des choses très intéressantes : ce terrain était chaud et sec et l’environnement avait beaucoup de choses étranges à offrir. Surtout ces fameuses flammes orange qui sortaient du sol et brûlaient durant des décennies sans s’éteindre. Le feu orange brûlait souvent au-dessus d’une fosse énorme, au fond de laquelle on pouvait voir le Styx noir s’écouler sans fin.

Feu orange, Styx noir… C’étaient là les deux mots les plus intéressants. Une question avait immédiatement surgi dans l’esprit de Roland. S’agirait-il de pétrole ? Plus encore, d’un flux ouvert! Quant à l’importance de ce liquide noir pour le développement de l’industrie, la question n’était vraiment plus à poser. Après tout, les besoins pétroliers étaient cause de plus de la moitié des guerres modernes. La hausse et la chute des prix de cet or noir pouvaient même affecter la croissance d’un certain nombre de pays, voire modifier la carte du monde. Si le Prince parvenait en quelque sorte à prendre le contrôle du peuple du sud, il obtiendrait peut-être une source stable de pétrole.

Mais pour le moment, Roland n’avait pas le temps de se préoccuper des conflits se produisant dans cette lointaine contrée qui était hors de son contrôle. Aussi, sans une meilleure option, devait-il reporter l’épisode « Depuis les temps anciens » à un jour ultérieur.

 

« Lorsque j’accèderai au trône, je m’efforcerai de vous faire justice », déclara Roland en se dirigeant vers Hache-de-Fer, toujours à genoux.  « Mais aujourd’hui, vous avez enfreint la discipline de la Première Armée. De ce fait, vous êtes condamné à deux jours d’isolement durant lesquels vous réfléchirez sur votre erreur. »

 

– « Oui, Votre Altesse », répondit Hache-de-Fer excité.

 

– « Continuons la formation », dit Roland au chevalier, « et vous serez également responsable de la prochaine marche » 

 

_____________________

 

Brian pensait que l’entraînement du jour était terminé, mais tous demeuraient assis à leur place sur le terrain d’exercices, personne n’osant s’en aller.  

Avant que Carter ne s’absente avec le Prince, il leur avait donné l’ordre de se reposer où ils étaient, mais de ne pas se disperser.

Que devait-il faire ? Attendre le tour de sa patrouille ? Bryan se refusait à imaginer un tel scénario.

 

– « Monsieur le Chevalier, est-il exact que le Capitaine Hache-de-Fer ne reviendra pas ? », demanda Nail, qui était dans le même groupe que Brian, « Son comportement inattendu tout à l’heure a bien failli me faire avoir une crise cardiaque. »

 

« Combien de fois vous ai-je répété que vous ne devez pas m’appeler monsieur, » corrigea une nouvelle fois Brian, « Dans le cadre de la Première Armée, vous devez m’appeler chef de groupe. »

Depuis qu’il avait été fait chevalier par Son Altesse, son rang dans l’armée était beaucoup plus élevé. Au point que les autres n’osaient pas lui adresser la parole, à l’exception de Nails, ce petit homme, qui avait travaillé comme mineur avant de rejoindre l’armée, était le seul à venir fréquemment lui parler. A l’entendre, il osait non seulement parler avec un chevalier mais prétendait même avoir eu des conversations privées avec Son Altesse.

 

– « Son Altesse Royale ne le réprimandera pas trop pour… ce genre de chose, n’est-ce pas ? »

 

Brian se voulut rassurant, cependant il ne parvenait pas à réprimer son inquiétude. Un jour, un civil qui était malencontreusement entré en collision avec les occupants d’une calèche avait été poignardé à mort par les gardes sur place. Une vraie tragédie.

Même si Hache-de-Fer venait d’un pays étranger, il s’était montré très audacieux en s’agenouillant devant une femme en présence de Son Altesse. De plus il l’avait appelée «Patriarche» :  tout cela constituait une importante violation de l’étiquette.

 

– « Je suppose que tel sera le cas », déclara Nail. « J’ai parlé personnellement à Son Altesse Royale, il n’est pas comme les autres nobles, euh… » Il se gratta la tête, comme pour s’efforcer de trouver les mots justes : « Même s’ils lui ressemblent beaucoup, ils se comportent de manière totalement différente. »

 

Brian ne souhaitait pas que Hache-de-Fer soit puni trop sévèrement. Après plus d’un mois de formation collective, il ressentait un profond sentiment d’admiration pour cet étranger. Surtout depuis qu’il leur avait enseigné comment construire une tente au cas où ils seraient bloqués dans la nature. Tous avaient bénéficié de ses merveilleuses compétences qu’il leur  enseignait avec beaucoup de patience. Aux yeux du chevalier, Hache-de-Fer était bien plus apte que Carter à commander la Première Armée.

 

– « Ils reviennent! » s’écria Nails en agrippant le bras de Brian : « Hé, je n’aperçois pas Hache-de-Fer »

 

Ce n’était certainement pas le moment de laisser son imagination courir comme une sauvage. Carter ordonna aux soldats de se mettre en rang, comme ils l’avaient appris. Lorsqu’ils furent prêts, Son Altesse s’avança devant eux et commença son discours :

 

– « La femme qui m’accompagne est également une sorcière, son nom est Echo. Hache-de-Fer ne l’avait pas revue depuis des années. Conformément au règlement, ce soldat a été condamné à quelques jours d’isolement pour avoir perturbé l’entraînement et enfreint la discipline militaire. Je le répète une fois de plus : à présent, vous faites partie de l’armée régulière. En tant que membre de cette armée, le plus important pour vous est de toujours obéir aux ordres  et de maintenir la discipline! Comprenez-vous ? »

 

– « Oui! Votre Altesse Royale! »

 

Brian, comme les autres, cria son consentement. En apprenant que Hache-de-Fer avait été condamné à un isolement, il réussit finalement à se calmer. Le chevalier regarda en direction de Nails : celui-ci avait un air ironique.

 

– « Pour la suite de l’entraînement, nous allons utiliser la capacité d’Echo qui consiste à simuler une variété de sons, y compris des instruments de musique comme les cornes et les tambours. Elle jouera plusieurs types de marches, qui seront des signaux pour vous! Tout le monde se déplacera au son du tambour, en gardant toujours le même rythme, et en prenant soin de maintenir un unique rang. » Ici, Son Altesse Royale marqua une pause : « Sur le champ de bataille, Echo sera toujours derrière vous. Vous pouvez la considérer comme la bannière de la Première Armée, et aurez soin de la protéger par tous les moyens à votre disposition. Maintenant que j’ai terminé de vous expliquer cela… que tout le monde se familiarise avec les morceaux en question. »

 

« Qu’est-ce qu’une chanson de marche ? »  Brian se sentit confus, « Est-ce une sorte de musique comme celle que j’entends occasionnellement lorsque je vais au pub ? Ce genre de musique douce serait-elle capable de vous motiver à aller de l’avant ? »

 

Mais lorsqu’il entendit la mélodie sortir de la bouche d’Echo, il se rendit compte qu’il n’avait jamais rien entendu de semblable auparavant. Le chevalier comprit presqu’aussitôt le sens des paroles du Prince : le rythme du tambour lui pénétrait les os et lui donnait envie de bouger les pieds, tandis que la mélodie légère réveillait son désir de se battre.

Cette fameuse chanson de marche allait stimuler tous ceux qui l’entendraient sur le champ de bataille. C’était un « Hymne de Combat » destiné à communiquer aux soldats le courage d’avancer.

 

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