Relâchez cette Sorcière | Release that witch | 放开那个女巫
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Chapitre 1014 : Jour du Passage à l’Âge Adulte
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La Cité Sans Hiver était en plein préparatifs pour le couronnement de Roland.

La nouvelle publiée, le Roi avait laissé à Barov le soin de s’occuper de tout, aussi le Directeur de l’Hôtel de Ville s’y consacrait-il entièrement, ayant à cœur de régler les moindres détails afin que tout soit absolument parfait. Il avait même fait quérir Blanche, l’officier de cérémonie de l’ancienne Cité du Roi, pour lui demander son aide.

Quant à Roland, en plus de vérifier de temps en temps la progression du film magique, il passait le plus clair de son temps à achever la conception du moteur à combustion interne.

En raison de la différence des systèmes de mesure entre ce monde et son monde d’origine, il lui fallait faire subir à chaque prototype un test de stabilité afin de s’assurer de la précision de ses plans. De plus, la qualité de l’huile séparée par le procédé de fractionnement étant très instable, il avait été contraint d’adopter une méthode de conception redondante et en l’absence de simulation informatique, il lui fallait ajuster sans cesse ses prototypes.

Il en créait un, le testait puis l’améliorait ou le mettait au rebut. Le fait de répéter sans cesse ce processus lui donnait l’impression d’être revenu à l’époque où il était étudiant. Chaque jour, il faisait des allers retours entre le château et la cour arrière du Versant Nord, menant une vie bien remplie. Peu à peu, les connaissances qu’il avait depuis longtemps oubliées lui revenaient en mémoire.

Le contexte était différent de l’époque universitaire en ce sens qu’il avait une merveilleuse compagne en la personne d’Anna, aussi enthousiaste que lui face à la nouveauté.

Elle était si absorbée par l’assemblage des composants de précision qu’elle ne quittait pas des yeux son travail, même lorsqu’elle s’interrompait pour éponger la sueur qui perlait sur son nez.  Roland était émerveillé de constater que sa soif de savoir et de créativité puisse être aussi forte que son Feu Noir.

Il la trouvait si attirante lorsqu’elle s’appliquait ainsi à donner vie à ses créations.

À chaque fois qu’ils réalisaient un progrès décisif, le sourire d’Anna était tel que Roland avait l’impression que rien, pas même le fait de devenir Reine de Graycastle, ne pourrait la rendre plus heureuse.

Du reste, elle lui avait déjà fait savoir que peu lui importait le titre, l’essentiel à ses yeux étant qu’ils soient ensemble. Cependant, Roland y tenait, ne serait-ce que pour que son engagement envers elle soit connu de tous.

Après tout, c’était là une pratique courante dans la société humaine.

Après avoir corrigé toutes les dimensions du moteur, il posa la plume et frotta sa nuque endolorie. Sauf imprévu, il allait enfin pouvoir finaliser ses concepts. Les précédents prototypes fonctionnant de manière régulière depuis plusieurs jours, cela avait suffi à répondre aux besoins de la ville.   

Les moteurs à combustion interne, source d’énergie de seconde génération, étaient beaucoup plus efficaces que les machines à vapeur, même si leur structure n’était guère différente de ces dernières, si ce n’est que celles-ci nécessitaient l’ajout d’une chaudière et d’une canalisation destinée à acheminer la vapeur. Aussi bien conçue puisse-t-elle être, il était impossible d’empêcher les pertes causées par le transport de vapeur. En revanche, dans le cadre de la combustion interne, le carburant étant contenu dans le cylindre, toute la chaleur générée pouvait être utilisée pour pousser le piston.

L’huile mélangée à l’air brûlait intensément dans le cylindre et en chauffant, l’air se dilatait et entraînait le piston. La pression de l’air chutait alors à l’intérieur du cylindre, pompant à nouveau du carburant neuf.  Si le procédé semblait simple, le projet n’était pas facile à réaliser, en raison, par exemple d’une toute nouvelle exigence : l’étanchéité. Dans les anciennes machines à vapeur, on pouvait facilement insérer un doigt dans l’espace séparant le piston de la paroi du cylindre. S’il était possible d’y insérer du lin et du feutre pour combler l’interstice, c’était absolument inenvisageable dans le cadre d’un moteur à combustion interne.

Parce qu’il était directement alimenté par le carburant, si jamais il venait à y avoir une fuite dans le cylindre, la machine cesserait de fonctionner.

Compte tenu de leur forte exigence en matière de matériaux et de techniques de fabrication, dans le monde d’où venait Roland, les moteurs à combustion interne n’étaient apparus que plusieurs décennies après les moteurs électriques.  

Roland avait deux solutions à sa disposition pour la première génération de moteurs à combustion interne : l’une avec cylindres en ligne et l’autre avec cylindres en cercle. Le premier, en fonte, était plutôt encombrant. Stable, il convenait davantage aux usines. Le second, plus connu sous le nom de moteur en étoile, était doté de vilebrequins plus courts et donc d’une structure compacte. Plus petit, il était donc plus adapté aux aéronefs. Dans l’immédiat, seule Anna était en mesure de fabriquer ce moteur plus délicat, réalisé en alliage d’aluminium.

Grâce aux nombreux documents de référence découverts dans le Monde des Rêves, Roland avait pu développer simultanément ces deux types de moteurs dont la conception était beaucoup plus simple que la fastidieuse fabrication des machines à vapeur.

Par ailleurs, il avait une autre raison de vouloir accélérer le processus de développement des moteurs : les révélations du Diable Supérieur.

L’expédition précédente lui avait prouvé qu’il était difficile de ne compter que sur les armes sol-air pour résister à toutes les attaques aériennes.

S’il parvenait à mener à bien son projet, pour la première fois de son histoire, l’humanité de ce monde aurait à sa disposition une armée de l’air capable de lutter contre les Diables chevauchant leurs montures volantes.  

– « Majesté, ne bougez surtout pas », dit soudain Rossignol.

Aussitôt, Roland se figea, bougeant seulement les yeux pour tenter de regarder derrière lui. « Serait-ce un ennemi ? »

Rossignol s’approcha de lui et tendit la main vers sa tête. Presqu’aussitôt, il sentit une petite douleur : elle venait de lui arracher un cheveu.

– « Hein ? Serait-ce un cheveu blanc ? »  

Roland ne savait pas s’il devait rire ou pleurer.

Un cheveu blanc ne devait guère être visible dans sa chevelure gris-clair, cependant, Rossignol l’avait repéré immédiatement car il était sec et avait perdu tout éclat, de la racine à la pointe.

– « Et il y en a d’autres », dit la sorcière en inspectant sa tête. « Auriez-vous eu quelques problèmes de sommeil ? »  

– « Vous croyez ? »

– « D’habitude, vous dormez tard en hiver et voilà que depuis quelques temps, vous vous levez plus tôt que moi. Or, la nuit, vous passez dans le Monde des Rêves pour étudier, donc vous ne dormez pas vraiment. Vous devez être très fatigué car je vous vois souvent bailler ces derniers jours. Avoir déjà des cheveux blancs alors que vous n’avez pas trente ans n’est pas bon signe. »

Roland la regarda et se sentit si soulagé que la lassitude liée à son travail se dissipa. Rossignol se souciait toujours autant de lui que par le passé et ne semblait pas vraiment affecté par l’annonce de son mariage à venir. L’explication en était sans doute l’accord qu’elle avait conclu avec Anna.

– « Ne vous inquiétez pas, je n’ai pas encore atteint ma limite. Je l’ai déjà expérimentée. »

Quoique perplexe, la sorcière savait qu’il ne mentait pas.

« En général », reprit Roland, « lorsque j’atteins ma limite, j’ai des palpitations et l’impression que ma poitrine est vide. Après cela, je dois faire très attention car je me sens faible et parfois, je me mets à beaucoup tousser, parfois même à cracher du sang… »

Il n’avait pas terminé sa phrase que soudain, il se mit à tousser violemment.

– « Vous allez bien ? » Demanda Rossignol, inquiète, en lui tapotant le dos. « Voulez-vous que j’aille chercher Naela ? »

Roland prit une profonde inspiration.

– « Non, non, ça ira… J’ai simplement avalé ma salive de travers. »

– « Vraiment ? »

– « Détendez-vous, je… »

Il se retourna et se raidit, embarrassé à la vue de la sorcière dont il ne savait pas qu’elle était si près de lui. Tous deux se regardèrent dans les yeux et retinrent leur souffle.

Soudain, Wendy poussa la porte du bureau :

– « J’ai quelque chose à vous dire, Majesté… Mais… que faites-vous ? »  

– « Moi ? »  Roland cligna des yeux et constata que Rossignol avait déjà disparu. Penché en arrière, tête baissée, il était dans une posture plus qu’étrange.

– « Sa Majesté fait de la gymnastique », intervint Rossignol qui, allongée sur le canapé près de la table à thé mâchait tranquillement son poisson séché. « Cela fait si longtemps qu’il est assis qu’il a décidé d’essayer quelques mouvements. »  

– « Oh, je vois », fit Wendy, pensive. « Est-ce là la gymnastique que vous vouliez promouvoir à l’école ? Mais… Pensez-vous vraiment que cette étrange posture soit très efficace ? »

– « Ça marche, faites-moi confiance », répondit Roland en reprenant sa position assise, conscient que Rossignol, qui jouait l’innocente, faisait l’impossible pour se retenir de rire. « Que vouliez-vous donc me dire ? »

– « Votre Majesté », dit Wendy en feuilletant le carnet qu’elle tenait à la main, « si j’en crois les archives de l’année précédente, c’est aujourd’hui que Foudre entre dans l’âge adulte. »

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