Relâchez cette Sorcière | Release that witch | 放开那个女巫
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Chapitre 1005 : Une lettre du désert
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En sortant de son lit bien chaud, Loélia ressentit une douleur sourde et lancinante à la tête. Elle se lécha les lèvres : sa bouche sentait encore la liqueur à la fraise.

– « On dirait bien que… j’ai encore un peu trop bu. »

Elle laissa échapper un sourd gémissement.

La sorcière était ainsi depuis le retour de la guerre et bien sûr, c’était la faute de Roland, le grand chef.

Toutes les sorcières ayant pris part aux combats avaient été bien récompensées pour leurs services. Certains ont reçu des dizaines de billets, d’autres plus de cent. Quant à Loélia, elle avait été gratifiée de 35 billets, soit 100 Royals d’or.  

C’était chose courante que de récompenser les soldats et guerriers après une campagne et si les Mojin étaient prêts à risquer leur vie lors des Duels Sacrés, ce n’était pas seulement pour la gloire mais aussi pour les importantes récompenses qui leur étaient promises.  Le désert étant toujours à court de ressources, la compétition pour la nourriture faisait rage et les Mojin étaient prêts à tout pour une vie meilleure.

Mais les membres de la l’Association des Sorcières recevaient leur gratification de toute autre façon.  

Chaque soir, après l’étude, la grande salle du château résonnait de bruits et de rires.

Les sorcières ayant désormais trop d’argent, leur plus grand plaisir était de le dépenser en nourriture et de la partager avec tous.  Andrea, qui avait reçu la plus importante gratification, aimait particulièrement organiser des soirées. En fait, c’était elle qui avait lancé cette joyeuse tradition.

Loélia devait admettre que ces jolies feuilles de papier étaient magiques. Ce n’est qu’après avoir fait le compte qu’elle réalisa qu’elle avait dépensé une somme faramineuse.  

Ceci dit, elle ne pouvait pas s’en empêcher…

C’était la première fois que la jeune femme-loup avait une relation aussi intime avec ses pairs. Depuis qu’elle avait rejoint l’Association, aussitôt acceptée par les autres sorcières, elle s’était sentie très flattée par leur amitié. Appelées Dames Divines au sein du clan Mojin, les sorcières étaient certes très respectées, mais il était très rare qu’elles se lient les unes aux autres. Elles se surveillaient du coin de l’œil lorsqu’elles se croisaient et jamais elles n’auraient dîné ou pris un verre ensemble comme le feraient des amies.  

Bien qu’aucune des sorcières ne fut à court d’argent, elles ne pouvaient pas toujours s’offrir trop de Boissons du Chaos aussi Andrea avait-elle proposé une solution par le biais des jeux de cartes. La gagnante aurait droit à ces boissons tandis que la perdante devrait se contenter de Liqueur Blanche. L’utilisation de la magie était strictement interdite et chaque participante était tenue de porter sur elle une Pierre du Châtiment Divin.

Au final, elle se retrouvait avec une terrible gueule de bois.

Comme Loélia n’admettrait jamais que ce soit la faute à pas de chance, elle préférait tout reporter sur le chef. En effet, s’il les avait récompensées avec des Royals d’or au lieu de billets de papier, elle les aurait économisés et non dépensés de manière inconsidérée.

« Non, vraiment ça ne peut plus durer », se dit la femme-loup en se tapotant les joues.  

Elle gardait sans cesse à l’esprit que le but de son voyage était de perfectionner ses compétences au combat. Si elle continuait à se livrer sans cesse à des fêtes et à des jeux, elle finirait par oublier toutes ses techniques.

Loélia n’avait jamais vu une Sorcière du Châtiment Divin s’abandonner au plaisir mondain. Elles restaient toujours très dignes, solennelles et maîtresses d’elles-mêmes, comme se doit d’être tout guerrier chevronné!

La femme-loup prit une profonde inspiration, quitta son lit dans l’intention de faire sa toilette avant de se rendre à la Troisième Ville Frontalière.  

Toutes les sorcières qui y vivaient étant d’excellentes guerrières et dans la mesure où Loélia n’était pas autorisée à quitter la ville seule, elle avait pensé que c’était une bonne idée que d’aller les trouver pour apprendre d’elles quelques techniques de combat.

Alors qu’elle sortait de sa chambre, la sorcière remarqua un morceau de parchemin coincé sous la porte du salon.

Depuis qu’elle avait rejoint l’Association, elle s’était installée à la Résidence des Sorcières, dans les Quartiers du Château où elle partageait une chambre avec Sharon. Mais comme cette dernière n’y passait la nuit que lorsque c’était vraiment nécessaire, la plupart du temps, elle disposait de toute la chambre pour elle seule.

Supposant que le parchemin lui était destiné, la sorcière le ramassa, intriguée.

C’était une lettre, qu’elle décacheta aussitôt et reconnut l’écriture de son père.

« Ma chère fille, comment est votre vie à la Cité Sans Hiver ? J’espère que personne là-bas ne vous malmène. »

Contrairement aux lettres du Royaume du Nord qui commençaient toujours par une longue introduction, celle de son père était simple et directe. L’écriture était toujours aussi brouillon mais en la lisant, Loélia se sentit assaillie par un sentiment d’appartenance, comme si elle était de retour au désert, et se mit à remuer sa queue de loup.

Bien que déterminée à ne plus compter sur sa famille après avoir quitté son clan, elle était heureuse de savoir que l’on s’inquiétait pour elle.

« Comment pourrais-je être malmenée ? Je n’ai plus trois ans! » Marmonna-t-elle.

Elle poursuivit sa lecture.

« Mais je pense que cette question était superflue. Vous êtes Loélia Cœur-De-Feu, Princesse du Clan du Feu Ravageur. Vous n’avez peur de personne. C’est plutôt vous qui intimidez les autres, n’ai-je pas raison ? »

« Notre clan a quitté Ironsand City pour le Port des Eaux Claires où nous disposons d’une terre fertile près de la rivière. J’ignore comment le chef vous traite, mais au moins, il a tenu parole et a fait pour nous ce qu’il avait promis durant le Duel Sacré. Aussi longtemps que nous avons du travail, nous bénéficions de la nourriture et de vêtements c’est pourquoi bon nombres de clans sont venus ici, même si cela a quelques désagréables conflits au sujet des ressources. »

« Mais ces gens du Nord sont différents de la Reine des Eaux Claires. Les rixes pour raisons personnelles sont strictement interdites et ils insistent pour recourir à des mesures légales. Le processus est lent mais au moins, on ne nous utilise pas comme des biens de consommation. Beaucoup parmi le Peuple des Sables ayant accepté de résoudre ainsi leurs problèmes, je peux dire que, d’une manière générale, nous menons ici une vie paisible. »

« Outre la reconstruction du Port des Eaux Claires, notre clan a également développé de nombreuses terres agricoles en périphérie où nous envisageons de cultiver le blé acheminé par voie fluviale. De nombreuses personnes sont venues de la Crête du Dragon Déchu pour nous apprendre à creuser une tranchée, à fertiliser la terre et à cultiver.  Je dois admettre que les habitants du Nord n’ont guère de mal à subvenir à leurs besoins, car la nourriture que nous avons tant de mal à récolter dans les oasis pousse très facilement ici. Il y en a même plus qu’il n’en faut, aussi tout le monde a commencé à adopter leur mode de vie. Je ne prétends pas que c’est mal, mais j’ai le sentiment qu’il nous manque quelque chose dans la mesure où nous n’avons plus besoin de chasser ni de nous entraîner pour rester forts. Auriez-vous, ma chère fille, une bonne idée à me suggérer pour remédier à cela ? »

« Vous devriez poser la question à mon grand frère », pensa Loélia avec une moue.  

« Parlons de vous à présent. Si… je dis bien SI le chef vous traite convenablement, vous devriez trouver une occasion de lui exprimer votre désir de le servir. J’ai entendu dire que dans le Nord, les aristocrates appréciaient toutes sortes de femmes. Peut-être est-il ce genre de personne … »

Le femme-loup leva les yeux au ciel.

« Bon, rentrez vos griffes, je plaisantais. Ce qui me préoccupe le plus, ce sont vos progrès personnels. Avez-vous rencontré l’un de ces terribles adversaires ? Vous êtes certainement beaucoup plus forte que lorsque vous êtes partie, non ?  Ceci dit, restez patiente. Concentrez-vous sur votre objectif et avancez pas à pas. »

À la lecture de ces lignes, les joues de Loélia s’empourprèrent. Elle aurait voulu se cacher tant elle se sentait humiliée.

Elle avait bien rencontré les Diables et même assisté à une grande guerre à laquelle elle n’avait en rien contribué. Elle pensait que la ligne de front serait le meilleur endroit pour être au contact de l’ennemi mais les Diables s’étaient arrêtés à environ trois cents mètres de leur campement. La sorcière avait été attaquée par un étrange cylindre de pierre et obligée de battre en retraite sans même avoir vu l’adversaire de près.

Si elle avait su que cela se produirait, jamais elle ne serait restée sur le front, les artilleurs, situés à l’arrière ayant au moins eu la chance de mener un vrai combat.  

En outre, elle n’était pas habituée à utiliser les armes à feu que le chef avait spécialement conçues pour elle. Quoique puissantes, elles n’en restaient pas moins un élément extérieur qui ne l’aiderait pas à s’améliorer. Comme elle avait grand mal à manipuler ces armes, il lui était difficile de les intégrer à ses véritables compétences de combat.

Cependant, elle était plus honteuse encore de son manque d’autodiscipline au cours des réjouissances qui avaient lieu depuis quelque temps.

Elle s’apprêtait à céder à l’impulsion de se rendre immédiatement à la Troisième Ville Frontalière lorsque le dernier paragraphe de la lettre retint son attention.

À mesure qu’elle lisait, Loélia fronça les sourcils.

« Ceci dit, j’ai un petit problème. J’ai appris que depuis quelques temps, Ironsand City était un peu perturbée. Il semblerait que les grands clans qui l’habitent ne soient pas très heureux de voir tant de gens quittent l’Oasis du Ruisseau D’Argent. Mais je ne sais rien de plus. À vous de voir s’il y a lieu d’en avertir le chef. S’il vous discrimine à cause de votre apparence, ne serait-il pas bon d’avoir un moyen de pression ? »

Loélia n’ayant même pas à se poser la question, elle rangea la lettre et poussa la porte. Alors qu’elle était sur le point de partir pour le château, elle aperçut Wendy tout au bout du couloir.

Elle se précipita vers elle, s’inclina à la hâte et dit :

– « Pourriez-vous m’emmener voir Sa Majesté ? J’ai quelque chose à lui apprendre. »

– « Vous tombez à point », répondit Wendy avec un clin d’œil. « Il se trouve que le Roi veut lui aussi vous voir. Suivez-moi. »

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