Combat Contre Le Destin | Way of Choices | 择天记
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Chapitre 1 : J’ai changé d’avis
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Chapitre 1 : J’ai changé d’avis

– « Que pensez-vous de ce garçon ? »
– « Je le trouve plutôt calme. Il est resté assis une demi-heure durant sans changer de position. C’est uniquement par politesse qu’il a accepté de boire une gorgée de thé, et encore, ses lèvres n’ont fait qu’effleurer la tasse. Ce garçon est discret, prudent, et même un peu austère. »
– « Ce doit être quelqu’un d’intelligent, tout au moins d’habile. Quel âge a-t-il encore ? »
– « Quatorze ans. »
– « C’est bien ce qu’il me semblait. »
– « Mais il est si calme qu’il n’a pas l’air un garçon de cet âge. »
– « Est-ce quelqu’un d’ordinaire ? »
– « Oui, ses souffles sont ceux d’une personne ordinaires et bien sûr il n’a pas encore régénéré sa moelle. On ne peut pas connaître son potentiel, cependant, à quatorze ans, il est trop tard pour commencer à pratiquer le taoïsme. Il n’a pas grand avenir.
Et même si c’était le cas, comment pourrait-on le comparer au premier disciple de Changshengzong! »
– « Madame, cette promesse de mariage est-elle sérieuse ? »
– « Oui, le présent comme la lettre d’engagement ont été remis. »
– « Pourquoi le grand-père de mademoiselle a-t-il décidé un tel mariage ? »
– « Si mon beau-père n’était pas mort, vous pourriez lui poser la question. Ouvrez la porte, je vais de ce pas voir ce jeune homme. »

La porte s’ouvrit en grinçant. Le soleil se déversa sur le sol et inonda la pièce de lumière, illuminant le beau visage de la dame, ainsi que le petit morceau de jade qu’elle tenait serré dans sa main.
Soutenue par une vieille femme, celle-ci sortit lentement. Elle ressemblait à un saule pleureur bercé par la brise printanière. Cette femme marchait de telle façon que ni les épingles d’or qu’elle portait dans les cheveux ni les décorations de jade qui ornaient ses vêtements ne tintaient, ce qui était plutôt curieux.
Au centre de la cour se dressait un grand arbre, si imposant qu’il fallait au moins dix personnes pour pouvoir l’encercler. D’un bout à l’autre du chemin de pierre, elles ne croisèrent aucun serviteur, mais au loin, un groupe de personne s’inclina. L’atmosphère était calme, grave et austère, semblable aux armes froides exposées au salon.
Le propriétaire de cette résidence s’appelait Xu Shiji. C’était un célèbre général, descendant de la dynastie des Zhou, qui avait accompli de grands exploits militaires.
Il administrait sa maison comme il gérait son armée, dans le calme et l’austérité.
Ce jour-là, en raison d’une affaire importante, tous les serviteurs avaient été envoyés dans un parc un peu plus loin. L’atmosphère n’en était que plus étouffante.
Même la brise printanière semblait figée dans la cour.

Madame Xu s’arrêta sur le seuil de la porte. Son regard se posa sur le jeune garçon et elle fronça légèrement les sourcils.
Le jeune homme portait un vêtement blanc, usé.
Son visage innocent, ses traits réguliers et ses yeux brillants avaient une expression indescriptible, comme s’il connaissait la vérité cachée derrière le miroir.
A ses pieds reposaient ses bagages. Des bagages ordinaires, mais soigneusement entretenus.
Pas un grain de poussière, ce qui était surprenant après un si long voyage. Même son chapeau de paille était impeccable.
Mais là n’était pas la raison pour laquelle Mme Xu avait froncé les sourcils.
Le thé sur la table n’était pas infusé, mais le garçon restait calme et patient. Ces qualités n’étaient pas celles d’un garçon de cet âge.
Ce jeune homme était difficile à cerner.

Heureusement, ce genre de personnes est souvent très digne.
En arrivant chez le général, il avait échangé quelques mots avec un serviteur, puis était allé discrètement s’assoir dans la salle où il avait dû attendre une demi-heure. Il s’ennuyait un peu, mais depuis son plus jeune âge, Chen Changsheng avait pris l’habitude de vivre en solitaire. Il ne lui fut pas très difficile de rester seul.
Pour passer le temps, le jeune homme récita mentalement le sixième volume du Huatingjing. Il lui tardait d’annuler cette promesse de mariage, car il avait beaucoup à faire.
Il est vrai qu’il n’avait bu qu’une gorgée de thé, pour humecter ses lèvres sèches. Mais ce n’était pas par prudence. Il estimait simplement qu’il n’était pas poli pour un invité de devoir se rendre aux toilettes pour avoir bu trop de thé. De surcroît, dans cette maison, les bols et les tasses à thé étaient en porcelaine Yao. Ils étaient extrêmement coûteux.
Il n’avait pas l’habitude non plus non plus d’utiliser les tasses des autres pour boire. A cet égard, le jeune garçon était très regardant sur l’hygiène.

Chen Changsheng se leva pour saluer respectueusement cette dame vêtue avec élégance. Ce devait être Mme Xu. Le moment était venu de régler cette affaire.
Il fouilla dans les poches intérieures de ses vêtements à la recherche de la lettre d’engagement et s’apprêtait à la sortir lorsque Mme Xu interrompit son geste.
Elle s’assit et se servit une tasse de thé. Puis regardant le jeune garçon, elle demanda d’une voix douce :
– « Avez-vous déjà vu le Tombeau du Livre Sacré, le Pont Naihe ou les Lierres du Palai Li ? Ce sont des endroits magnifiques. »

Tout d’abord, Chen Changsheng ne voulut pas répondre, pensant qu’il ne s’agissait là que pure forme de courtoisie. Cependant, comme c’était une personne plus âgée qui s’adressait à lui, l’adolescent ne voulut pas se montrer impoli, aussi répondit-il brièvement et avec déférence :
– « Pas encore, Madame. J’avais l’intention d’aller les voir ces prochains jours. »
Mme Xu, qui s’apprêtait à boire une gorgée de thé, suspendit son geste :
– « Ainsi, vous êtes venu directement chez le général dès votre arrivée à la capitale ? »
– « Je voulais régler cette affaire au plus vite », répondit Chen avec franchise. « Je n’ai pas de temps à perdre. »
– « Je vois. »
Mme Xu leva la tête et le regarda froidement.
Un adolescent en provenance d’un village pauvre qui ne se montrait pas intéressé par les richesses de la capitale et qui venait directement chez elle pour parler mariage! C’était tout simplement ridicule!

Chen Changsheng, qui ne comprenait pas l’expression de Mme Xu, se leva pour lui rendre la lettre d’engagement. Il avait décidé de ne pas perdre d’avantage de temps au sujet de cette affaire.
Mais Mme Xu se méprit sur la signification de son geste. Elle prit un air indifférent et déclara:
– « Cet engagement est inutile. Je n’ai jamais été d’accord avec ce mariage. »
Cette réponse inattendue le laissa interloqué. « Il y a plusieurs années, votre maître a sauvé le grand-père de mademoiselle. Suite à cela, il a décidé de ce mariage. Une belle histoire, n’est-ce pas ? » Mme Xu le regarda et poursuivit d’un ton détaché : « Malheureusement, ce genre d’histoire n’existe que dans les pièces de théâtre. Dans le monde réel, seules les femmes stupides sont capables d’y croire. »
Chen Changsheng avait l’intention de s’expliquer, mais lorsqu’il vit l’air méprisant de Mme Xu et entendit ses paroles acides, il ne put dire un mot.
Sa main effleura le bord de la lettre sur laquelle étaient consignés l’engagement pris par le grand-père et la date de naissance de la jeune fille.
– « Le grand-père de mademoiselle est décédé il y a quatre ans. Suite à sa mort, cette promesse de mariage n’existe plus », conclut Mme Xu.
Elle regarda le jeune garçon : « Je sais que vous êtes quelqu’un d’intelligent, aussi, comportons nous en personnes sensées. Ce que vous devez envisager maintenant ne concerne plus les moyens de poursuivre ce mariage mais bien la manière d’obtenir dédommagement, n’est-ce pas ? »
Chen Changsheng retira ses mains de ses vêtements et les laissa tomber à sa taille.
– « Puis-je vous demander la raison de cette opposition ? »
– « La raison ? Un homme sage ne devrait pas poser ce genre de questions », répondit Mme Xu avant de poursuivre, impassible : « Votre maître a peut-être un grand talent médical, mais ce n’est qu’un taoïste ordinaire. Vous-même n’êtes qu’un pauvre adolescent vêtu de vieux vêtements et ma fille est une demoiselle, de la lignée d’un général. La maison d’un général n’est pas ouverte à n’importe qui. Ais-je été assez claire ? »
– « Très claire », répondit Chen Changsheng sans trembler, en crispant le poing.

En regardant ce visage enfantin, Mme Xu avait décidé de le rabaisser un peu. Elle savait parfaitement que c’était la chose la plus intolérable pour un jeune garçon intelligent et fier, aussi était-elle certaine qu’après ces paroles, ce jeune homme renoncerait de lui-même à cet engagement.
Elle reposa sa tasse sur la table, se leva lentement et dit :
– « Le thé que vous avez devant vous est du thé Papillon, de la dynastie des Ming. Il coûte cinq taëls d’argent. Et cette tasse a été confectionnée en porcelaine Ru : elle vaut probablement plus que l’or. Vous avez laissé refroidir le thé sans le boire, ce qui prouve que vous n’êtes pas né pour goûter à un thé de cette qualité. Vous n’avez pas de porcelaine mais des gravats et vos racines pourrissent dans la boue. Changer de vie pour accéder à la maison d’un général ? Je suis désolée, mais c’est impossible. »
Madame Xu s’exprimait avec une voix calme, sans arrogance délibérée, mais le ton de sa voix semblait enfoncer les gens sous la terre. Lorsqu’elle regardait Chen Changsheng, on aurait dit qu’elle contemplait une fourmi sur le sol.

 

Emotionnellement, ses paroles eurent sur le jeune homme l’effet escompté.
De toute évidence, cette dame cherchait à l’humilier. En particulier lorsqu’elle avait parlé de « changer de vie pour accéder à la maison d’un général ». Aux yeux d’un fier adolescent, c’était un reproche inacceptable.
La plupart des gens auraient sans doute répliqué avec colère. Ils auraient déchiré la lettre et l’auraient envoyé au nez de Mme Xu, peut-être même lui auraient-ils craché au visage avant de se retirer dignement. C’était exactement ce qu’attendait la fille du général.
Si cette promesse de mariage n’avait pas été aussi particulière, elle aurait certainement trouvé un meilleur moyen de régler le problème et n’aurait pas eu besoin de faire tant d’esprit.

Le silence tomba sur le salon.
Mme Xu le regardait froidement : elle attendait que le jeune homme se mette en colère.
Mais contre toute attente, c’est avec beaucoup de calme que Chen Changsheng prit la parole :
– « Vous faites erreur, Madame. Je suis venu vous rendre cette lettre d’engagement . Je souhaite annuler ce mariage. »
Un profond silence suivit ses paroles. On n’entendait que les légers craquements que faisaient dans le jardin les bambous balancés par le vent.
Mme Xu parut un peu surprise :
– « Qu’avez-vous dit ? »
Sa voix trahissait sa nervosité, mais elle ne s’en aperçut pas.
Peu lui importait la motivation du jeune homme. Qu’il ait dit cela pour ne pas perdre la face ou qu’il ait vraiment eu l’intention d’annuler le mariage, c’était ce qu’elle attendait.
Chen Changsheng la regarda gravement et dit :
– « En réalité, j’étais vraiment venu pour rompre cet engagement »
Dans un coin de la pièce, même la vieille dame, qui semblait oubliée depuis longtemps, changea d’expression.
Le visage de Mme Xu demeura impassible, mais sa main glissa doucement sur sa poitrine. En cet instant, l’atmosphère de la résidence semblait s’être allégée.
Mais Changsheng prit un air grave :
– « A présent, j’ai changé d’avis. »

La brise printanière se rafraîchit, l’atmosphère parut soudain étouffante.
Dans le coin sombre, les rides sur le visage de la vieille dame devinrent semblables à de profondes ravines sous l’effet d’un déluge.
Mme Xu eut soudain l’impression d’avoir fait une erreur.
Elle tenta de réprimer son inquiétude et demanda doucement :
– «Si vous m’avez comprise, pourquoi la colère vous fait-elle dire une chose pareille ? Alors…»
Mais à sa grande surprise, le jeune homme ne l’écouta pas.
Chen Changsheng ramassa ses bagages, les jeta sur son dos et sortit.



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