Très vite, un mois s’était écoulé, et il était temps pour la Fédération d’annoncer officiellement l’héritage.

Pendant ce mois, Ling Lan n’avait rien fait d’autre que manger ou dormir. Bien sûr, le ‘sommeil’ de Ling Lan était en fait une transe d’entraînement.

Cela dit, Ling Lan était beaucoup plus intelligente à ce sujet maintenant. Elle avait confié à Petit Quatre la tâche de la réveiller chaque fois qu’il était temps de manger — elle n’avait pas l’intention de mal juger son temps d’entraînement à nouveau. Elle ne voulait pas être traînée à l’hôpital pour un examen après tout, et risquer d’exposer son secret et l’existence de Petit Quatre avant de devenir un rat de laboratoire.

Qui est Petit Quatre, vous demandez ? Qui d’autre pourrait-il être, que ce petit gars qui avait prétendu être un dispositif d’apprentissage de Mecha ?

Il y a deux semaines, sous sa direction, Ling Lan avait réussi à se constituer un réseau mental après environ une dizaine de jours d’expérimentation. En l’utilisant, elle avait exploré son paysage mental et avait réussi à trouver le corps principal du dispositif d’apprentissage dans sa partie la plus profonde. Elle avait alors réussi à débloquer l’espace d’apprentissage virtuel de celui-ci. À l’avenir, il serait beaucoup plus pratique pour elle de rencontrer le dispositif d’apprentissage — elle n’aurait qu’à utiliser sa volonté quant à le rencontrer, et sa conscience serait amenée dans l’espace d’apprentissage virtuel.

Ling Lan se rappelait encore comment elle avait failli cracher du sang quand elle avait vu le corps virtuel de Petit Quatre.

En vérité, l’apparence de Petit Quatre était très charmante. Il ressemblait à un petit garçon de seulement trois ou quatre ans, avec un sourire lumineux et innocent sur son visage. Dans les mots de l’argot moderne, il était extrêmement ‘moe’ [1]. Ling Lan ne pouvait s’empêcher de le trouver adorable.

Le seul problème, c’est que … le petit garçon avait été si excité de la voir qu’il lui avait sauté dessus pour la serrer, en bougeant des fesses alors que son cul était complètement à l’air.

Une tragédie s’était abattu donc sur le pauvre Petit Quatre — il avait été immédiatement ramassé et fessé, jusqu’à ce que son petit derrière blanc et rebondissant fût imprimé de la forme des paumes de Ling Lan.

Bon sang, pourquoi avait-il dû lui montrer sa bite ? Bien que sa bite était si petite qu’elle pouvait presque être ignorée… mais c’était quand même une bite, n’est-ce pas ? Comment avait-il pu faire ça à une fille pure et innocente comme elle ?

Bien sûr, bien que la fessée ait soulagé la colère embarrassée de Ling Lan, le petit garçon s’était mis en colère à son tour. En signe de protestation, il s’était caché au plus profond de son esprit et avait refusé de ressortir.
Au début, Ling Lan ne l’avait pas pris à cœur, mais quand la situation n’avait montré aucun signe d’amélioration après deux jours, Ling Lan avait cédé.

Elle avait besoin du petit garçon pour l’aider à se réveiller après tout. Résignée, Ling Lan avait cajolé patiemment le petit et promit de ne plus jamais recourir à ce genre de violence familiale. Ce n’est qu’alors que le petit garçon avait retrouvé sa joie de vivre.

Les deux avaient commencé à parler un peu plus, et quand Ling Lan lui avait demandé comment elle devrait s’adresser à lui, la réponse du garçon l’avait agacé une fois de plus.

Ce petit coquin voulait qu’elle l’appelle Maître Quatre ? Il n’avait même pas encore de poils et il voulait que cette grande sœur l’appelle ‘Maître’ ?

Même si Ling Lan avait promis de ne plus jamais utiliser la violence, elle avait encore d’autres tours dans sa manche. Sous la pleine force de ses arguments logiques-illogiques-rationnels-irrationnels, le petit bonhomme avait accepté sans question d’être appelé ‘Petit Quatre’.

Victoire ! Ling Lan était particulièrement fière d’elle pour cela.

Cependant, lorsqu’elle avait appris plus tard pourquoi Petit Quatre voulait d’abord qu’elle l’appelle Maître Quatre, elle s’était retrouvée muette.

Petit Quatre lui avait expliqué qu’il avait découvert que le titre ‘Maître’ était extrêmement populaire dans les livres, à la télévision, et sur internet sur Terre, et puisque son nom dénombrait tant de quatres, que pourrait-il être appelé sinon ‘Maître Quatre’ ?

Ling Lan avait senti qu’elle avait fait une erreur. Elle n’aurait jamais dû essayer de sonder les motivations d’une machine, ce qui était une insulte à son intelligence.

Une fois que Ling Lan avait réussi à établir un lien avec Petit Quatre, elle avait pu avoir accès librement à l’espace d’apprentissage virtuel. En outre, au cours de ce mois, elle avait également repris des conversations entre sa mère et le chambellan Ling Qin que son père de ce monde était mort sur le champ de bataille et que c’était pourquoi elle devait hériter des avantages militaires de son père en se faisant passer pour un homme.

Ling Lan ne pouvait s’empêcher de soupirer — il semblait que le sexisme existait partout. L’égalité des sexes avait été un combat sur Terre, et maintenant, dix mille ans plus tard, alors que l’humanité s’était déjà étendue au-delà du système solaire, l’oppression des genres était encore en plein essor.
La Ling Lan actuelle n’avait aucune idée de ce à quoi les avantages militaires faisaient référence. Bien qu’elle aurait pu faire en sorte que Petit Quatre le cherche pour elle, elle avait finalement décidé de prendre les choses une étape à la fois. Il y avait encore beaucoup de choses qu’elle ne savait pas à propos de cette époque, et il était probablement plus sage de prendre son temps en grandissant pour comprendre lentement le monde autour d’elle au lieu de prendre un raccourci.

Ling Lan était une personne très patiente et tolérante. Sinon, elle n’aurait pas pu vivre plus de vingt ans en subissant la douleur inhumaine de son corps qui se décomposait. Sa tolérance était nettement supérieure à la moyenne.

Au début, elle s’inquiétait du délai de deux ans que Petit Quatre avait mentionné. Toutefois, après quelques recherches, Petit Quatre avait constaté que les exercices de Qi qu’elle faisait étaient un moyen extrêmement efficace d’améliorer sa condition physique. Selon les estimations de Petit Quatre, même si elle ne faisait rien d’autre que de pratiquer ces exercices pendant seulement dix heures chaque jour, elle serait toujours en mesure de résoudre facilement le danger auquel elle aurait dû faire face dans deux ans.

Et donc, maintenant qu’elle savait que sa vie n’était plus chronométrée, Ling Lan n’avait plus l’intention de se dépêcher à travers la vie. Elle était encore très jeune et ne voulait pas se démarquer comme un génie. Prendre les choses un pas à la fois serait la façon la plus sûre de vivre. Ling Lan avait très bien compris, après tout, que l’arbre qui poussait au-dessus de la canopée était renversé par le vent [2].

Vivre librement était la chose la plus importante !

***
Bientôt, il était temps pour la Fédération de remettre les documents d’héritage. Ce jour-là, Ling Lan pouvait clairement sentir le chagrin et la détresse émanant de sa mère. Une fois le document remis, la mort de son père Ling Xiao serait officiellement annoncée au public, et sa mère ne serait plus en mesure d’éviter la réalité de sa mort.

Tôt ce matin-là, Ling Lan sentit une perturbation dans la maison typiquement paisible. Cependant, comme elle était dans la chambre, elle ne pouvait pas dire ce qui se passait.

Cependant, elle fut bientôt recueillie par un domestique et amenée en bas. Tandis qu’ils descendaient l’escalier, Ling Lan pouvait voir les lumières magnifiques suspendues au plafond, leurs bords frôlant les côtés de plusieurs colonnes hautes.

Oui, évaluation terminée. C’était une grande et luxueuse salle. Sa famille était en effet de la haute société.

Avant que Ling Lan ne puisse se rincer les yeux, elle avait déjà été transférée dans les bras de sa mère. L’humeur sombre de Lan Luofeng s’améliora considérablement en observant Ling Lan et ses yeux curieux et errants. Heureusement, Ling Xiao lui avait laissé ce beau bébé, lui donnant la force de s’opposer à ces misérables cupides.

Elle saisit la petite main de sa fille et annonça calmement : « C’est le fils de Ling Xiao, Ling Lan ! Lui seul héritera de tout ce qui appartient à Ling Xiao. »

À ce moment-là, une voix ancienne mais stridente s’exprima : « Nous devons veiller à ce que le sacrifice du Major-Général Ling Xiao ne soit pas vain. Nous ne refusons pas le droit d’héritage du jeune Maître Ling Lan à la famille Ling, mais nous souhaitons seulement que la famille Ling choisisse l’enfant le plus exceptionnel pour hériter des avantages militaires de prime du Major-Général Ling Xiao, afin que les devoirs inachevées du Major-Général Ling Xiao puissent être assumés par le candidat le plus apte. »
Lan Luofeng avait donné un regard sévère au vieil orateur. gé d’environ soixante-dix ans, il était toujours fier et grand. Il était le grand aîné de la branche familiale Ling — Ling Suren, et même Ling Xiao devait s’adresser à lui respectueusement alors qu’il était encore en vie. Il avait aussi été désigné par la branche familiale pour contester l’héritage de Ling Lan des biens de Ling Xiao.

Ling Lan pouvait sentir la poitrine de Lan Luofeng trembler alors qu’elle essayait de réprimer sa colère face aux paroles de Ling Suren.

Honnêtement, elle n’avait jamais rencontré une personne aussi culottée. Regardez la façon dont il avait tourné les mots pour justifier le fait de retirer à un enfant le droit d’hériter de son père biologique. Si on en croyait ses paroles, à quoi bon laisser les militaires risquer leur vie pour protéger leur pays ? Quand ils seraient morts, cela ne voulait-il pas dire que la chasse serait ouverte afin que leur indemnité militaire soit contestée ?

Ling Lan tira sur les doigts de sa mère et gargouilla.

Bon sang. Si seulement elle était plus grande, elle cracherait certainement sur le corps de cette personne pour lui faire honte pour son effronterie.

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NDT :
Moe utilisé en argot se réfère à des sentiments d’affection, d’adoration, de dévotion et d’excitation envers des personnages qui apparaissent dans les mangas, anime ou jeux vidéo. Ici, on sous-entend que Petit Quatre est si adorable qu’il attire des sentiments forts d’affection.

Ce dicton signifie que tout comme les arbres qui sont plus grands et font face aux vents les plus forts, les personnes qui se démarquent deviendront l’ennemi commun et subiront plus que les gens plus ordinaires.