Ling Lan connaissait bien la façade que Li Lanfeng arborait devant les autres. À vrai dire, Ling Lan ne pouvait pas non plus confirmer qu’elle avait réellement vu la vraie personnalité de Li Lanfeng.

Sa façade était probablement due à l’instinct de quelqu’un d’adepte de la stratégie. Ils ne laisseraient jamais personne voir leur vrai côté, alors à moins qu’il ne s’agisse d’un partenaire qu’ils aiment profondément ou d’un membre de leur famille auquel ils tiennent beaucoup, le vrai côté de ces personnes ne verrait jamais la lumière du jour. Tous ces tracas qu’ils subissaient avaient pour but d’éviter leur peur la plus profonde, celle de perdre le contrôle de leur destinée, de leur destin et d’eux-mêmes.

Bien qu’il s’agisse d’un instinct nécessaire pour un stratège compétent, la pression constante qu’ils subissaient, la façade qu’ils devaient constamment maintenir, étaient très épuisantes pour n’importe qui, et même les stratèges les plus compétents succombaient parfois à leurs instincts, incapables de faire la distinction entre leur vrai moi et leur façade.

Avec une telle menace planant sur Li Lanfeng, Ling Lan ne voulait évidemment pas que Li Lanfeng doive constamment faire semblant, même face à une amie comme elle. En fin de compte, elle ne pouvait que dire, impuissante : « Je te laisserai te détendre quand tu seras avec moi. »

Au moins, elle pouvait supporter la tentation de sa beauté. Comparée aux autres membres de son clan Mecha, elle avait plus confiance en elle.

Li Lanfeng, qui était à l’origine désespéré par son sort, leva la tête avec un bonheur non dissimulé. Ses yeux tristes s’illuminèrent instantanément.

‘Ling Lan, tu me donnes de l’espoir ? Tu devrais savoir que si cela continue, je ne pourrai peut-être pas me retenir. Je ne pourrai pas me retenir…’ Li Lanfeng sentit que le désir le plus fou de son cœur voyait enfin le jour. Une petite pousse déterminée sortit de la terre brune pour enfin voir la lumière.

Un petit vaisseau spatial se dirigeait lentement vers la ville satellite de la planète générale, la ville des soldats !

Ce vaisseau avait amené Ling Lan et sa compagnie pour rapporter les détails de leur récente bataille au quartier général de l’armée.

Après être descendus du vaisseau, Ling Lan et ses compagnons furent conduits dans une navette spéciale de la ville des soldats qui se rendait directement au quartier général de la Planète Générale.

La dernière fois qu’ils étaient venus à la ville des soldats, ils avaient été récompensés comme étant le top 10 des clans Mecha. Cependant, à l’époque, ils n’avaient pas eu l’occasion d’explorer la Planète Générale, ce qui avait passablement plombé l’ambiance de son équipe. Cette fois-ci, cependant, elle était enfin arrivée sur la planète qui représentait les hauts gradés de l’armée de la Fédération.

Ling Lan allait bien, mais Luo Lang, Xie Yi et Li Yingjie ne pouvaient retenir l’excitation dans leur cœur. À l’idée de rencontrer des membres de la famille royale, ils firent prudemment leurs premiers pas sur la Planète Générale.

Gu Dongyang, quant à lui, était tout sourire. Il était plus qu’heureux de pouvoir revoir ses anciens camarades. Bien que chacun ait fini par suivre sa propre voie, ils chérissaient toujours l’amitié qui les liait depuis qu’ils étaient jeunes et qu’ils vivaient des épreuves ensemble.

Ling Lan et ses compagnons furent conduits au centre de réception du quartier général militaire pour se reposer en attendant d’être convoqués pour faire un rapport.

Le nom de “centre de réception” ne donnait pas une impression de luxe, mais les équipements qui s’y trouvaient pouvaient être considérés comme luxueux, puisqu’il y avait même des suites de grande classe où les visiteurs pouvaient se reposer pour la nuit. Ling Lan et ses compagnons avaient été invités par l’armée et n’avaient donc pas à s’inquiéter des frais d’utilisation de la suite. S’ils étaient ici pour des affaires privées, Ling Lan pensait que même son salaire mensuel de commandant de régiment n’était pas suffisant pour lui permettre de rester quelques jours.

« Trop luxueux. » Ling Lan entra dans sa suite exclusive et fronça les sourcils. Cette installation était déjà comparable à celle d’un hôtel 8 étoiles.

« Ce n’est jamais trop luxueux, Commandant de régiment Ling. Les soldats comme vous se battent au péril de leur vie sur le territoire de la Fédération. Des soldats comme vous, bien sûr, ont besoin d’être traités avec ce qu’il y a de mieux après être rentrés d’une bataille difficile », dit le logisticien accompagnant Ling Lan avec un léger sourire.

« De plus, l’armée ne dépense aucun de ses fonds pour entretenir cet endroit. Les bénéfices des bâtiments en face de nous suffisent à couvrir les dépenses du bâtiment qui s’occupe des soldats », expliqua le logisticien.

« Vous dites que les soldats ne sont pas les seuls à vivre ici ? » Li Yingjie était curieux après avoir entendu l’explication.

« Bien sûr. Nous servons de nombreuses secondes générations riches. Ces gens ont plus d’argent qu’il n’en faut pour dépenser dans de tels luxes. Afin d’élargir leur horizon, ils ont spécialement fait appel à certaines relations pour venir expérimenter la suite eux-mêmes. » Après avoir dit cela, le logisticien afficha une expression contrariée sur son visage. « Ces personnes causent généralement des problèmes de temps en temps. S’ils ne nous fournissaient pas une montagne d’argent, ils seraient instantanément expulsés de la Planète Générale. »

« Cependant, la plupart d’entre eux sont conscients de la place qu’ils occupent et ne causent donc pas d’ennuis aux soldats ici aussi souvent. » Le logisticien méprisait ces riches de la deuxième génération. Ces gens ne s’en prenaient qu’aux plus faibles et craignaient les plus forts, ce qui était tout à fait contraire à la croyance d’un soldat.

Ling Lan lança un long regard à Xie Yi et ce dernier sourit. « Merci de nous avoir emmenés ici. Nous pouvons prendre le relais à partir d’ici maintenant. »

Le logisticien savait ce que Xie Yi sous-entendait par ces mots. Il savait pertinemment que ces soldats allaient probablement discuter de quelque chose qu’il ne convenait pas d’entendre, alors il n’insista pas et leur tendit la carte des suites.

Avant de partir, il regarda ces quatre jeunes soldats et ressentit le besoin de dire quelque chose. Il dit alors : « Ne vous inquiétez pas de ces riches de la deuxième génération. Ce dont vous devez vous méfier, ce sont les soldats qui ont un passé puissant. Faites de votre mieux pour ne pas les offenser. Les voici. » Il leva subrepticement le pouce pour montrer que ces personnes avaient une grande influence sur la ville des soldats, qui pouvait atteindre les cieux.

« Je vous remercie. Nous ferons attention. » Xie Yi sourit avec sincérité. Ce sourire était si chaleureux qu’il réchauffa le logisticien à l’intérieur. Il se sentait heureux d’avoir fait ce qu’il fallait dans son esprit.

Après le départ du logisticien, Gu Dongyang, qui était complètement silencieux comme une peinture sur le mur, soupira légèrement. « Après tant d’années, la Planète Générale est toujours comme ça et devient de plus en plus mauvaise. »

« Oh, je ne t’ai jamais demandé pourquoi tu as quitté les forces de police ici pour rejoindre un clan de Mecha normal. » Il faut savoir que le vice-commandant d’une force de police n’aurait qu’à travailler pendant au plus dix ans pour être promu commandant d’une certaine division qui commandait plusieurs clans de Mecha. Ils pouvaient également être promus officiers d’état-major, ce qui était l’un des plus hauts sommets du rang militaire.

Après avoir entendu les mots de Ling Lan, Gu Dongyang sourit amèrement. « À l’époque, j’étais trop naïf. Je ne pouvais pas rester là à regarder un descendant d’une famille puissante malmener un autre descendant d’une famille d’élite normale. Le résultat de mon forcing a été de me faire jeter dans le clan Mecha le plus miteux pour le reste de ma vie de soldat. »

« À l’époque, je pensais qu’après trois ou cinq ans, je pourrais recommencer ma vie une fois que tout se serait calmé », dit lentement Gu Dongyang. « Je ne m’attendais pas à ce que ces gens m’en veuillent encore. Ils ont tout fait pour que je ne puisse pas me remettre sur pied pendant dix ans. Après avoir été réprimée pendant si longtemps, je n’en pouvais plus et j’ai donc décidé volontairement d’aller là où ces gens n’auraient pas leur mot à dire, en première ligne. Je voulais tracer un nouveau chemin, mais… » Après avoir dit tout cela, Gu Dongyang s’était arrêté de parler.

Cette décision lui avait fait perdre toute confiance en lui et l’avait traumatisé jusqu’à ce qu’il ne puisse plus piloter de Mecha au combat. Au final, il était devenu un déchet inutile qui avait été jeté dans le Clan Mecha as 250 de la 23ème Division. À l’époque, il pensait qu’il allait passer le reste de sa vie avec cette nouvelle identité déprimante. Cependant, contrairement à ses attentes, sa vie avait commencé à changer après son entrée dans le Clan Mecha as 250.

Après avoir pensé à cela, le blues sur le visage de Gu Dongyang se dissipa considérablement. Ses yeux reprirent leur éclat initial.

« Qui est-ce ? » Li Yingjie, qui écoutait Gu Dongyang, se retint pendant un long moment. Il ne put finalement plus se retenir et demanda avec colère à Gu Dongyang.

Gu Dongyang fut surpris. « Petit chef Li ? »

« Qui était ce bâtard qui t’a poussé vers le bas pendant dix ans ? Puisque nous sommes ici, nous devons lui donner une leçon impitoyable. » Li Yingjie serra les poings si fort que ses jointures produisirent un bruit de craquement audible. C’était la preuve qu’il détestait absolument ce bâtard.

Après avoir suivi Ling Lan pendant si longtemps, Li Yingjie avait depuis longtemps abandonné l’idée de créer son propre clan de Mecha. Il avait désormais Lingtian comme priorité numéro un, aussi explosa-t-il instantanément de colère en entendant que son propre camarade avait été malmené pendant une décennie.

« Petit chef Li, cette personne a à la fois le pouvoir et le statut. Tu devrais d’abord te calmer. Calme-toi. » Gu Dongyang ne voulait pas mêler Lingtian à ses affaires personnelles.

Il admirait beaucoup Ling Lan, mais il s’inquiétait aussi pour son jeune commandant de régiment. À un si jeune âge, il devait déjà être responsable d’affaires aussi lourdes. Il s’inquiétait également pour ces jeunes qui grandissaient si vite sur le champ de bataille. Il ne voulait vraiment pas en rajouter sur leur assiette déjà bien remplie.