Chapitre 25 : Une vie bien remplie
La nuit était tombée.
La mairie ne leur avait donné qu’une petite quantité d’huile pour les lampes. Beaucoup de gens hésitaient à allumer leurs lampes à huile. Dans l’obscurité, les femmes allaient chercher de l’eau pour laver leurs vêtements. Sa sœur aînée essayait d’endormir son enfant tandis que George revenait du puits avec un seau d’eau. Quand il vit sa sœur lui faire signe de laver ses vêtements, il trouva un coin et se doucha également. Les produits de première nécessité étaient tous dans des lieux publics. C’était un peu gênant pour quatre ou cinq personnes de les utiliser. George avait encore un peu d’argent, il prévoyait donc d’acheter des produits de première nécessité dans deux jours.
Il y avait du bruit de l’autre côté.
George jeta un coup d’œil à son neveu et voulut sortir pour voir ce qui se passait.
Il y avait un couvre-feu à Mordor, mais les gens ne pouvaient simplement pas sortir dans la rue la nuit. Ils pouvaient se déplacer librement autour de leur domicile.
Il entendait les prières et les louanges des croyants.
Bien que le premier jour dans la ville de Mordor ait été très chargé, pour de nombreux civils qui venaient d’échapper à la guerre, cette vie animée et paisible était une source de gratitude.
Ils ne pensaient pas à obtenir des choses gratuitement. Ils espéraient simplement avoir une vie meilleure grâce à leur travail acharné.
« Félicitations !
« Peter ! Félicitations pour ta migration !
« Viens, bois.
« Je te souhaite tout le meilleur !
George pouvait entendre beaucoup de gens parler dans leurs maisons. Parfois, des gardes passaient, mais ils ne s’en souciaient pas beaucoup.
Il y avait pas mal de monde dans la cour, dont certains que George reconnaissait.
Parmi eux, il y avait un homme appelé Peter. Peter était un forgeron de quarante ans ; George l’avait déjà vu à Autumnfall et lui avait même acheté du matériel.
Que se passe-t-il ?
George aperçut une table dans la cour. Elle était recouverte de vin, de viande et de quelques objets du quotidien. Peter remerciait la personne qui l’avait félicité. Lorsqu’il aperçut George, il l’attira immédiatement vers lui et insista pour l’inviter à boire un verre. Peter se vanta auprès des personnes présentes des talents de combattant de George, affirmant qu’il avait tué un loup féroce. George ne se fit pas prier ; il prit le vin et le but.
Peter était forgeron et plutôt doué.
Il forgeait depuis des décennies. Depuis son enfance, il avait appris le métier. Ses ancêtres étaient tous des forgerons de naissance. Dès son arrivée à Mordor, il avait été mis à contribution par le département de l’artillerie. Le premier jour, on lui avait attribué une maison et versé une indemnité d’installation. Aujourd’hui, il faisait ses adieux aux autres. Demain, il emmènerait sa famille dans une maison indépendante à trois pâtés de maisons. Son statut était désormais plus élevé que celui des autres ; dans deux ans, il pourrait probablement obtenir son propre terrain.
Forgeron.
George le regardait avec admiration ; il semblait avoir un talent certain.
D’après leurs propos, George comprit qu’il semblait y avoir beaucoup de gens comme le vieux Peter ici. Certains avaient été affectés à l’armurerie, d’autres à la briqueterie, et certains étaient instruits et savaient lire et écrire. Ces personnes, sélectionnées pour leur savoir-faire, bénéficiaient d’un traitement de faveur. Dès le lendemain, elles se voyaient attribuer de nouvelles petites cours où s’installer et étaient payées beaucoup plus que les autres. George ne pouvait s’empêcher de les admirer, car lui aussi voulait une vie meilleure pour sa sœur et son neveu.
La foule se dispersa au bout d’un moment.
Après une journée de dur labeur, beaucoup allèrent se coucher.
George retourna également se reposer. Sa sœur hésitait à allumer la lampe à huile, alors elle cousait des vêtements pour lui dans la cour ; parfois, elle échangeait quelques mots avec la femme qui vivait dans la pièce voisine.
Le temps était clément en mai. George dormit dans la cour, et la plus grande différence ce soir-là était qu’il pouvait dormir en sécurité.
Pour lui, il n’y avait plus de combat.
Le matin arriva rapidement.
Dès qu’il se leva le lendemain, George se dépêcha d’aller travailler. Bien que la mairie ait envoyé des provisions, elles ne pouvaient pas durer longtemps. Personne ne trouvait que la mairie leur avait donné très peu. Au contraire, beaucoup de gens étaient très reconnaissants. Pour George, tant qu’il avait un travail, il pouvait subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille ; beaucoup pensaient comme lui.
Trois jours passèrent.
En seulement trois jours, la cour de George avait beaucoup changé. Il avait toutes les casseroles et poêles. Il avait acheté du tissu pour confectionner de nouveaux vêtements à son neveu. Maintenant, ce qu’il voulait le plus, c’était avoir une petite cour à lui. La maison pour réfugiés était trop bondée et il n’y avait aucun espace privé. Sa sœur devait encore se cacher dans la chambre si elle voulait prendre un bain. Il est évidemment très difficile d’obtenir une maison en travaillant comme manœuvre. C’est pourquoi George était toujours déterminé à trouver un moyen de s’engager dans l’armée. En termes de force physique, il pensait qu’il n’était pas moins bon que les gardes ici.
Une personne pouvait très bien s’y loger.
En quelques jours seulement, beaucoup de gens s’étaient adaptés à la vie dans la ville de Mordor. Ils travaillaient jour après jour et se reposaient la nuit. Leur vie était très régulière et ordonnée. Tant que les gens participaient au travail, ils recevaient des repas, ils étaient souvent rassasiés et avaient de la viande à manger. Au début, les gens échangeaient leurs points de travail contre de la nourriture, mais peu à peu, beaucoup ont commencé à économiser leurs points, dans l’espoir d’en avoir assez un jour pour acheter une maison ou un terrain.
On disait que les terrains plus éloignés étaient beaucoup moins chers, et beaucoup pensaient donc en acheter là-bas.
George était né roturier, il n’avait donc aucun problème pour cultiver la terre. En tant que combattant expérimenté, il était également assez fort. Il espérait donc, si possible, acquérir un lopin de terre d’ici l’année suivante.
Même s’il ne possédait rien à lui pour l’instant, il était plein d’espoir pour son avenir !
Une semaine s’était écoulée.
George semblait déjà s’être habitué à la vie à Mordor. Cette ville était très animée et s’agrandissait de jour en jour.
Des centaines de mètres de routes avaient été construits à l’est, tandis que des fleurs et des plantes avaient été plantées près de la place. Des terres avaient été récupérées au sud et des fossés avaient été creusés. Le bois au sud-ouest avait été en grande partie abattu. Il fallait désormais marcher plus pour transporter le bois. Quoi qu’il en soit, tout cela était insignifiant, mais tout le monde semblait très occupé ici. Même les fonctionnaires et les contremaîtres étaient fatigués tous les jours. Les lois et les règlements étaient très stricts ici, même les fonctionnaires qui ne remplissaient pas leur tâche étaient punis. De temps en temps, il voyait des esclaves qui vivaient dans des conditions bien pires que les leurs.
Il avait entendu dire la veille qu’un esclave avait obtenu sa liberté, ce qui était également très intéressant.
En effet, dans le monde extérieur, les esclaves restaient toujours des esclaves.
De temps en temps,
George voyait le Quetzalcoatlus planer au-dessus de la ville. Parfois, il volait vers la mer et ne revenait que la nuit.
Peut-être parce qu’ils s’y étaient habitués, la plupart des gens n’avaient plus peur.
Comme ils n’avaient jamais entendu parler d’attaques de Quetzalcoatlus, après leur peur initiale, beaucoup de gens étaient heureux et excités de le voir ; ils pensaient même que c’était un symbole de chance. Mais personne n’avait le droit de s’en approcher. George avait entendu dire qu’il s’agissait de l’animal de compagnie de la « petite princesse » de Mordor. Personne n’avait jamais vu la petite princesse, mais on disait qu’elle était une sorcière très puissante. De temps en temps, une mystérieuse sorcière apparaissait dans la ville de Mordor. C’était la dame de Mordor. Chaque fois qu’elle apparaissait, c’était pour un court instant, et elle ne faisait que donner de nouvelles missions aux fonctionnaires de la ville.
Depuis ses débuts, Mordor n’avait cessé de s’étendre.
George avait vu cette mystérieuse sorcière une fois ; c’était une femme belle et noble qui apparaissait rarement devant les civils ordinaires.
La vie de George tournait toujours autour de sa sœur et de son neveu âgé d’un an.
En tant que seul homme de la famille, il avait la responsabilité d’offrir une vie meilleure à sa seule sœur dans un environnement étrange. En tant que combattant expérimenté, sa force dépassait de loin celle des gens ordinaires, ce qui finit par attirer l’attention des autres. Il eut enfin l’occasion de devenir garde municipal. George décida de saisir cette chance et s’entraîna après le travail. Il y avait beaucoup d’hommes forts à Mordor, mais George avait ses propres atouts. Il n’avait que 20 ans cette année-là et avait encore beaucoup de marge de progression.
Vers le soir.
George rentra chez lui avec un morceau de lin. Il était temps d’acheter une nouvelle robe à sa sœur. Comme sa chemise était également déchirée au travail, il valait mieux qu’il s’en achète une nouvelle.
Depuis les hauteurs de la ville de Mordor, il pouvait voir le port animé.
Le port et la ville semblaient être deux mondes différents. Certains se réjouissaient de la prospérité du port, mais George préférait la vie paisible et ordonnée de la ville.
Le deuxième jour.
D’autres demi-elfes arrivèrent à Mordor. George les rencontra le matin et vit un peu de panique dans leurs yeux. Cependant, George était convaincu qu’ils s’habitueraient rapidement à la vie ici.
C’était parce qu’ils étaient tous des civils.
Ils étaient nés en sachant comment subvenir à leurs besoins, tandis que Mordor leur offrait une vie meilleure.
George regarda les maisons d’une autre rue.
Comparé à l’environnement surpeuplé qu’il connaissait, cet endroit était beaucoup plus propre. George ne put s’empêcher de serrer le poing. S’il pouvait rejoindre l’armée grâce à l’examen, il pourrait rapidement emménager avec sa sœur dans une maison indépendante.
Même si ce n’était pas une grande maison.
Ce serait tout de même un nouveau foyer pour eux, un nouvel espoir.
C’était la ville de Mordor.
Un endroit plein de vitalité et d’espoir. Bien qu’ils venaient tout juste d’arriver, George se sentait déjà chez lui ici.