Cary ne serait pas aussi courtois que Dias. Pendant ce temps, Dias se tenait joyeusement à côté pour regarder le spectacle.
Cillin sourit et tendit la main. « Bonjour. »
Aucun d’entre-eux ne se présenta. Ensuite, la guerre froide commença.
Il utilisa trente pourcent de puissance, quarante pourcent de puissance… et comme ça jusqu’à quatre-vingts pourcent de puissance. Cary avait le soupçon tenace que la main qu’il tenait était faite d’un alliage spécial. C’était vraiment vachement dur. Non seulement il ne faisait pas souffrir son adversaire, mais sa propre main était douloureuse à cause de la prise. Ce qui le frappa encore plus fort, c’était le fait que son adversaire n’utilisait pas du tout de force : il lui avait permis d’exercer autant de force qu’il le voulait.
Cillin lui-même fut pris par surprise intérieurement. Un autre génotype de classe A ! Depuis quand les génotypes de classe A sont aussi communs que les choux ?! Les quatre plus grand régiments de Hunter sont véritablement les quatre plus grands !
Cary était pris dans un dilemme.
Bordel, je n’y crois pas ! Cary largua les cinq boîtes qu’il tenait dans une main sur le côté et mit ses deux mains au travail.
Ce salopard éhonté !
A l’intérieur de la salle de contrôle principale du vaisseau, un groupe de personne critiquaient Cary sans arrêt pendant qu’ils regardaient la scène sur l’écran. Le sans-gêne de Cary était implanté dans le cœur de chacun depuis longtemps.
Dès le moment où Cillin avait fait le saut en distorsion vers le vaisseau, il y avait déjà des personnes qui avaient mené des analyses appropriées sur lui. Le résultat des calculs était qu’il y avait quatre-vingt-dix pourcent de chances que ce jeune homme amené par Dias était d’un génotype de classe B.
Non seulement il brutalisait le faible ; en opprimant des gènes de rang plus bas avec ses gènes de rang plus élevé, il utilisait même ses deux mains au lieu d’une seule !
Dias ne put que tousser d’embarras devant les actions éhontées de Cary, mais dans le même temps, il était aussi incroyablement choqué par les capacités de Cillin. Ce n’était pas tout le monde qui pouvait faire ressortir le sans-gêne de Cary.
« Tu es trop passionné. » Cillin sourit et tendit son autre main.
Deux mains contre deux mains.
Le visage de Cary se tordit un peu.
« Écoute – Aïe aïe aïe ! Je me rends ! Je me rends ! »
Cary se dégagea. Il regarda ses mains gonflées et eut envie de pleurer.
« Lieutenant, mais qui donc est ce garçon ? C’est dingue ! »
Que Cary change la manière dont il s’adressait à Cillin pour dire « garçon » signifiait qu’il avait déjà reconnu ses capacités.
« On t’a donné une bonne leçon, n’est-ce pas ? Voyons voir si tu vas encore te vanter ! » Dias donna un coup de pied à Cary sur le côté avant de montrer du doigt les cinq boîtes sur le sol. « Dépêche-toi d’aller travailler. »
« Oui Monsieur ! » Cary ramassa les boîtes, se pavana pendant quelques pas avant de se retourner à nouveau et de demander à Cillin : « On m’appelle Cary, personnel de combat de rang A de l’Escadron 6. Qui es-tu, garçon ? »
« Je suis Cillin, un travailleur indépendant. »
La bouche de Cary prit la forme d’un ‘O’ alors qu’il faisait un clin d’œil à Dias : « Lieutenant, ce gars est un travailleur indépendant, qu’est-ce que vous attendez !? »
« Bouge ! Ou as-tu besoin que je t’aide ? » le gronda Dias avec un sourire.
« J’y vais, j’y vais ! Héhé ! » Cary disparut instantanément de leurs vues.
La raison numéro un pour laquelle Dias avait ramené Cillin était de découvrir les antécédents du gamin. Il pensait qu’il lui semblait familier mais il ne pouvait pas se souvenir de qui il était. Numéro deux – mais aussi le point le plus important – c’était d’absorber Cillin dans l’équipe, s’il n’avait pas encore rejoint une troupe quelconque. L’Escadron 6 manquait justement de main d’œuvre en ce moment. Dias avait confiance dans le caractère de Cillin, et il avait encore plus confiance en son propre jugement.
De manière à ce que Cillin se familiarise avec la situation encore plus rapidement, Dias commença à lui expliquer tout le problème du début à la fin.
L’Escadron 6 avait un rendez-vous d’affaire dans une zone neutre entre le Secteur X et le Secteur R. Puisque Dias s’ennuyait à ne rien faire et avait entendu dire qu’il y avait un accord souterrain à propos d’un minerai énergétique rare sur une certaine planète dans le Secteur X, il s’y rendit et le vola pendant que ces hommes étaient occupés à se trahir les uns les autres. En même temps, il avait laissé échapper quelques fausses nouvelles sur une autre planète disant qu’il avait acquis une énorme pierre précieuse qui valait plusieurs milliards de Stars, pour attirer l’attention des pirates. C’était comme ça que la série d’évènements c’était déroulée, et Dias avait même été capable de soutirer de l’argent au gouvernement de la planète X-C100 et de la compagnie du paquebot spatial, parce qu’il avait ‘aidé’ à arrêter les pirates.
Même si Dias avait expliqué cela d’une manière très informelle, Cillin savait que beaucoup de ces détails étaient en fait très difficiles à gérer. Cela prouvait aussi la vraie force et la capacité de Dias à planifier et à contrôler. Il méritait vraiment son titre de Lieutenant Commandeur de l’Escadron 6B.
Dias fit visiter le vaisseau à Cillin pendant qu’il le menait le long des coursives.
« C’est l’entrepôt ; l’endroit utilisé pour stocker les provisions, et en tournant à droite devant, il y a… Hé, Dough, pourquoi tu dors ici ? » Dias cria vers une section particulière sur le mur de la coursive.
Au premier regard, il aurait été facile de le manquer, mais si quelqu’un était suffisamment alerte ou avait des sens très affûtés, alors on réaliserait qu’il y avait en effet une forme de vie juste là. C’est seulement qu’il semblait qu’il se fondait avec les environs pour ne faire qu’un avec, et il était impossible de le voir si on en jugeait par la couleur de son corps.
Dias s’avança et posa cette chose par terre. Elle était longue d’environ trente centimètres, et lorsqu’elle fut séparée du mur de la coursive, toutes ses couleurs s’évanouirent immédiatement et elle devint invisible. Cependant, ses deux petits yeux étaient plutôt évidents et tournoyaient en cercles, et lorsqu’il vit Dias, il fit un bruit de succion, comme s’il saluait le gars.
Un iguane ?
Cillin regarda avec curiosité le petit copain dans les mains de Dias.
« Arrête de faire semblant. Quelle genre de vilaines choses as-tu fait pour qu’Eudy te jette encore ? » Dias donna un petit coup à Dough, sur la tête de l’iguane.
Dough enroula sa queue et l’agita pour avoir l’air pitoyable.
Dias émit un ‘Tss » avant de pétrir le petit iguane pour former une balle, comme si c’était de la vraie pâte à modeler et Pan ! Il l’envoya voler contre l’autre côté du mur. Il se colla dessus et changea rapidement la couleur de son corps pour s’assortir à son environnement.
« Ce petit camarade s’appelle Dough. C’est un variant qu’Eudy a trouvé pendant une mission il y a cinq ans. Ce petit salopard cause des ennuis très souvent. » Dias ne s’étendit pas à propos du membre du personnel nommé Eudy.
Dias amena Cillin à la salle de contrôle principale et le présenta à quelques autres membres du personnel.
Pendant qu’il laissait Cillin interagir avec les autres, Dias appela Beaver. « Beaver, viens avec moi pour un moment. »
« Oui, Lieutenant. »
Cillin avait vu l’employé Beaver auparavant : c’était celui qui était apparu sur les écrans du paquebot spatial. Ce qui surprenait Cillin, c’était que tout le monde sur ce vaisseau spatial était plutôt jeune. Beaucoup d’entre-eux avaient environ l’âge de Dias ou bien étaient plus jeunes, bien qu’aucun d’entre eux ne soit aussi jeune que Cillin.
Tenant compte de la leçon de Cary, les gens sur ce vaisseau traitèrent Cillin plutôt bien. Même s’ils n’étaient pas réellement cordiaux, au moins ils n’étaient ni distants ni indifférents envers lui.
Après que Dias eut appelé Beaver, ils arrivèrent au poste de travail de ce dernier. Dias tourna la bague en argent sur sa main et fit surgir un connecteur avant de le connecter sur un instrument.
« Fais défiler cette prise de vue. »
Les images qui défilaient sur l’écran étaient celles capturées par Dias pendant qu’il était en train de combattre les pirates à l’intérieur de la salle de contrôle du paquebot spatial. Il y avait un traitement infrarouge donc l’obscurité à ce moment-là n’était rien. Cependant, les images devinrent un peu floues comme elle suivaient les mouvement de Dias qui combattait les pirates.
Beaver ne dit rien. Ses dix doigts dansaient sur l’instrument pendant qu’il manipulait les programmes, et après que la séquence à l’écran fut coupée, arrangée en trois dimensions, que le taux de bits fut ajusté, et d’autres manipulations, la vidéo devint claire et lisse de telle manière qu’elle n’éblouisse pas les yeux.
« Analyse ce gamin, Cillin. » A ce moment là, Dias avait perdu son attitude désinvolte et légère. En fait, il avait même l’air sérieux.
Beaver ajusta les images sur l’écran pour afficher tous les mouvements de Cillin au ralenti. Plus il regardait, plus Beaver était choqué. « Lieutenant, êtes-vous sûr que ce gars est un humain et non d’une autre race qui a l’air humaine ? »
Sur l’écran, Cillin avait facilement évité les endroits vers lesquels les armes pointaient comme s’il avait prédit tous les mouvements des pirates. Et il avait fait ça alors que chaque source de lumière à l’intérieur de la salle de contrôle avait été coupée.
« Je peux confirmer qu’il ne portait aucune sorte de lentilles et qu’il est certainement humain » dit Dias solennellement alors qu’il regardait l’écran.
Les sourcils de Beaver étaient déjà près de former un nœud. « Il y a une chose encore, Lieutenant. Quand tous les deux vous avez sauté en distorsion, j’ai procédé à une analyse de rang génétique sur Cillin. Normalement, s’il n’était qu’un génotype de classe B, la fiabilité des résultats calculés de l’AMF (Analyse à Multiples Facteurs) devrait être au-dessus de 95%. Mais cette fois, le résultat n’était que de 90 %. Pourquoi y a-t’il 5 % d’incertitude ? »
Après une pause, Beaver sonda les pensées de Dias. « Devrions-nous nous procurer l’ADN du gamin ? Des fluides corporels, des cheveux ou même des empreintes digitales devraient suffire. »
« Pas besoin. Nous devrions donner le respect dû à notre futur camarade. »
« Très bien. Mais ce gamin est sérieusement incroyable. »
« Mais bien entendu ; votre Lieutenant Commandeur a une intuition incroyable tu sais. Ah oui, encore une chose, penses-tu que Cillin semble très familier, Beaver ? » Dias était encore pris dans le dilemme.
Beaver y réfléchit, mais il ne pouvait réellement pas trouver où il l’avait vu auparavant. « La galaxie est énorme, et il y a d’innombrables personnes qui ont l’air similaire à d’autres. Voulez-vous que j’entre dans la base de donnée de l’ordinateur et que je cherche une correspondance ?
« Pas grave, mets ça en attente. » Il aurait besoin du mot de passe du Commandant de l’Escadron B pour accéder aux archives. Trop pénible.
Dias laissa échapper un soupir et laissa tomber.
« Oh, c’est vrai, Lieutenant, le Commandant nous demande instamment de les rejoindre aussi vite que possible. Il semble que l’accord ne se passe pas trop bien. »
« Compris. Soyez prêts à partir alors. » Dias agita la main et sortit.