Fuku No Ikari
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Chapitre 13 – Koala
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Être en compagnie de Tsubaki. C’est douloureux.

 

— Mais vous n’avez rien commencé, demande mon assistante.

— Non, on doit tout faire en quatre heures, s’exclame la présidente.

— On va suivre mon plan. D’abord, installons les tables.

— OK, chef, s’écrient les deux filles en étouffant un rire.

Heureusement pour moi, je suis habitué aux charges lourdes donc les soulever n’est pas un problème.

— Apportez-les ici à deux, je devrais réussir à les porter seul.

— OK, chef !

Nous défilons en file indienne avec toutes les tables. Nous les avons toutes mises en place en à peine quelques dizaines de minutes. J’essuie la sueur sur mon front puis leur donne les prochaines directives.

— Bien. Maintenant, présidente, fonce t’occuper de la musique, on va installer les guirlandes avec Tsubaki.

— J’y vais !

— Tsubaki-chan, attrape les cartons là-bas et amène-les-moi derrière la table. Je vais apporter une échelle.

J’aperçois les bras et les jambes de notre grande actrice trembler. J’accours jusqu’à elle et à l’instant où elle lâche prise, je récupère les babioles et agrippe Tsubaki en lui murmurant d’une douce voix.

— N’en fais pas trop non plus, Tsubaki-chan.

— Désolé, je te laisse faire. Je n’en peux plus, soupire-t-elle en esquissant un sourire.

Ne fais pas cette tête-là, idiote. Tu vas me faire rougir.

J’attrape le contenu des cartons et les accroche à l’aide de l’échelle sous le regard de Tsubaki.

Ce n’est clairement pas simple à mettre, ça.

— Fais attention à ne pas tomber, Sayuri-kun !

— Ne t’inquiète pas, je gère.

— C’est magnifique de voir l’avancée des décorations.

— Surtout quand on reste spectatrice, n’est-ce pas ?

— Pfff… marmonne-t-elle en croisant les bras.

— Et voilà, c’était la dernière.

— Bravo, Sayuri-kun, c’est vraiment joli !

Je redescends de l’échelle et fixe Tsubaki qui me tend un lait à la fraise. À cet instant, je ne sais pas ce que j’ai préféré admiré. C’est peut-être ses grands yeux couleur rubis, sa longue et soyeuse chevelure blonde ou bien sa coiffure travaillée à tel point qu’on pourrait penser à une sculpture.

 

C’est son expression embarrassée qui me rend dingue, finalement.

 

— Tiens, c’est pour te récompenser de tes efforts.

J’attrape son offrande avec appréhension.

— Merci.

Tous ses gestes sont d’une finesse exemplaire.

— Et arrête de me dévisager autant ! C’est perturbant !

— Oui, pardon. C’est juste que je suis surpris que tu me le donnes.

— Pourquoi ? Tu as bien bossé pourtant.

— Sans doute. Merci en tout cas.

Dix ans en arrière aussi j’avais fait des tas d’efforts et malgré ça, tu m’as enterré dans un cercueil.

— Pfiou, j’en ai assez, soupire-t-elle.

— Qu’est-ce qui te tracasse ?

— J’ai peur de la publicité que je dois réaliser ce weekend.

— Tu es la grande actrice Tsubaki Ai. Tu n’as pas besoin de désespérer.

— Crois-moi, c’est compliqué. Mon patron ne me lâche jamais. Ça me fait mal de devoir accepter tout ce qu’il dit !

Dix ans en arrière aussi c’était douloureux. Et pourtant, personne ne m’a aidé. Nul ne m’a écouté. Alors de quoi te plains-tu ?

— Mais tu vas réussir. Je compte sur toi, partenaire !

— D’ailleurs, Keshi se comporte mieux ces temps-ci.

— Ah ?

— Même si je ne sais pas trop ce que tu as fait, je te remercie.

— Tu tiens à elle ?

— C’est une amie d’enfance. Elle ne m’a jamais trahie une seule fois, donc oui, c’est la prunelle de mes yeux !

— Alors, prends soin d’elle.

 

Je sens déjà le goût merveilleux de ma vengeance couler entre mes dents.

 

— J’ai l’impression qu’elle est de plus en plus curieuse à propos de l’amour.

— C’est sûrement la crainte de tous les lycéens.

— De ?

— De ne pas avoir quelqu’un à qui transmettre tous ses sentiments.

— Moi, ça ne me fait pas spécialement peur.

— Pourquoi ?

— Parce que celui dont j’étais amoureuse m’a trahie.

L’angoisse monte jusqu’à ma gorge. Je traverse un chemin miné sur lequel je dois prendre le plus de précautions possible si je veux rester en vie.

— Vous tirez au flanc tous les deux. Venez m’aider plutôt, hurle la présidente.

La voilà ma porte de secours.

— J’ai déjà préparé tous les projecteurs pour créer ta fameuse ambiance festive, Sayuri-kun.

— Parfait. De notre côté, on a fini d’installer les guirlandes.

— Dans ce cas rejoignez la piste de danse, j’ai quelque chose à vous présenter !

Certaines fois, je me suis demandé pourquoi Hoshino Mi était notre présidente. À chaque fois que j’ai posé la question, la réponse a toujours été identique.

« C’est parce que c’est la plus gentille de toutes les étudiantes ! »

Montre-moi donc ce charmant atout que tu possèdes.

— Vous êtes prêt ?

D’où parle-t-elle ?

Nous levons la tête et repérons au même instant Hoshino dans la salle des commandes.

— Oui ! Vas-y !

— J’envoie !

Hoshino appuie sur un bouton qui plonge la pièce dans l’obscurité. Quelques secondes plus tard, les projecteurs s’allument et illuminent nos alentours d’une beauté inouïe. La musique se lance et j’entends notre présidente s’écrier.

— Danser ensemble, je veux voir si tout se passe bien pour ne pas gâcher la fête de demain !

Tsubaki me tend sa main et me demande.

— Tu… ?

Je refuse du visage et pose un genou à terre. Je dresse ma paume face à elle, et lui propose en laissant mes lèvres former un demi-cercle.

— M’accorderiez-vous cet honneur, mademoiselle Tsubaki ?

— Oui, s’écrie-t-elle avec enjouement.

Je me relève et nous faisons quelques pas en avant puis en arrière. Je dois résister à cette étape. Si je craque maintenant, tout mon plan s’effacera.

Joue le jeu au maximum, Fuku Sayuri !

Je danse encore et encore. Je lui montre tous mes talents et la fais tourner avec sensualité. Nos mouvements s’harmonisent au rythme de la musique.

Pourquoi sourit-elle niaisement ?

— C’est bientôt la fin de la chanson !

Nos regards se croisent, nos corps s’effleurent et nos mains se tiennent avec passion. Mais, Tsubaki en faisait trop, la sueur sur son front s’accumule sans cesse. Elle n’en peut plus. La jeune actrice trébuche et je parviens à la rattraper juste avant qu’elle ne tombe au sol. Son poids me fait perdre l’équilibre et je glisse sur la scène.

— Aie !

Mes paupières se déplient délicatement. Face à la situation, mon visage propose tout un panel de sentiments inconnus. Ma silhouette tremble et mes poils se hérissent. C’est comme si une décharge électrique s’est propagée dans l’ensemble de mon corps. J’observe Tsubaki ouvrir ses yeux qui, petit à petit, se mettent à pétiller. Ses jambes se frottent lentement aux miennes sans la moindre force.

— Sayuri-kun, bégaie-t-elle.

 

Ses lèvres sont magnifiques et si proches.

En penchant mon menton de cinq centimètres, c’est certain que je pourrais les atteindre.

 

— Sayuri-kun, bégaie-t-elle de nouveau.

 

Sa peau est douce

Son parfum sucré me rend complètement dingue.

 

Elle agrippe mon col et me demande.

— Tu n’as pas eu mal ?

— Pas du tout.

— Merci d’avoir essayé de me rattraper.

— Excuse-moi, je me relève.

— Non. Reste ici encore un peu, me propose-t-elle.

Elle ressemble à un koala, non ?

Je sens ses jambes se resserrer contre mes hanches. Je ne peux plus faire le moindre geste. L’ensemble de mes mouvements sont bloqués. Mais, finalement j’ai apprécié être sur elle. J’ai adoré danser avec elle. Et je crois que j’aurais aimé l’embrasser, ne serait-ce qu’une fois.

 

Être aux côtés de Tsubaki Ai. C’est douloureux.

 



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