La Chaîne de Montagnes des Créatures Magiques était vaste et infinie.
Linley était entouré d’anciens pins ayant vécu des centaines voire des milliers d’années. Le sol était parsemé de toute sorte de variétés d’herbes, de chardons et d’épines. Les feuilles mortes craquaient sous chacun de ses pas. Des mauvaises herbes et d’anciennes vignes étaient visibles partout.
– Avec toutes ces mauvaises herbes et ces arbres qui sont sûrement là depuis des centaines d’années, même si une créature magique se trouvait juste à dix mètres de moi, je ne serai probablement pas capable de la sentir. Linley commençait à s’inquiéter.
Papy Doehring apparut à ses côtés.
– Dix mètres ? Linley, même dans l’herbe devant toi, il pourrait y avoir une créature magique comme, par exemple, un serpent géant. Doehring Cowart se mit à rire tout en parlant.
Linley jeta inconsciemment un coup d’œil à l’herbe se trouvant à ses pieds, qui faisait presque la moitié de sa taille. Une herbe aussi épaisse et haute pouvait en effet facilement cacher un serpent. Après avoir pris une grande inspiration, Linley commença à murmurer un sort.
Soudain, une douce rafale de vent émana de Linley et se répandit dans toutes les directions avant de se dissiper.
Magie du vent – Sonde du Vent !
C’était un sort du troisième rang. Évidemment, plus le mage qui le lançait était puissant, plus l’espace couvert par le sort d’exploration était large. Lancé par un mage du troisième rang, le sort n’affectait qu’une zone d’une dizaine de mètres autour de soi, contre plus d’une centaine de mètres lorsque lancé par un mage du cinquième rang.
– Dans la centaine de mètres autour de moi, les seules créatures magiques que j’ai repérées sont : une créature magique du premier rang, un Rat Bulle et plusieurs « Scorpions de Terre » du second rang, dit Linley, sa confiance retrouvée.
Le sort d’exploration permettait de discerner les auras de toutes les créatures vivantes présentes.
– Ne sois pas trop arrogant. Une puissante créature magique peut s’enterrer sous terre et certaines créatures magiques de niveau Saint peuvent même cacher leur pouvoir, lui rappela Doehring Cowart avant de hausser les épaules. Mais, bien sûr, pour s’occuper d’une personne comme toi, pourquoi une créature de niveau Saint s’embêterait-elle à cacher son pouvoir ?
En entendant ces mots, Linley devint plus prudent.
– Prendre en embuscade des personnes en cachant son niveau réel de pouvoir ? J’ai lu que l’intelligence de certaines créatures rivalise avec celle des humains. Il semblerait que ce soit vrai, se dit Linley. Après avoir regardé sa petite Souris Fantôme, Bébé, perchée sur son épaule, sa conviction n’en fut que renforcée. Bébé a déjà un haut niveau d’intelligence. Je ne peux pas me permettre d’être imprudent.
L’air tourbillonna sous les pieds de Linley. Il venait de lancer le sort « Supersonique ».
Il se mit à avancer silencieusement. Il surveillait avec attention autour de lui, pendant que, sur son épaule, Bébé regardait aussi dans toutes les directions avec ses petits yeux noirs. Lentement, tous deux s’enfoncèrent de plus en plus dans les montagnes.
– La Chaîne de Montagnes des Créatures Magiques fait plus de dix mille kilomètres de long et à une largeur moyenne de sept à huit cents kilomètres. Dans les cent kilomètres les plus proches des extrémités, les créatures magiques sont globalement de bas niveau. Ce n’est qu’une fois la première centaine de kilomètres dépassée que l’on peut rencontrer des créatures magiques du cinquième et sixième rang. Et si l’on continue encore plus loin, des créatures de niveau sept, huit et neuf et parfois même de niveau Saint, peuvent être rencontrées.
Doehring Cowart transmettait en détail les connaissances qu’il avait de la région à Linley.
– Bien sûr, rien n’est absolu. Parfois, des créatures du neuvième rang s’ennuient et font un tour près des frontières, dit l’Archimage. Tu peux même être malchanceux et tomber sur une large meute d’une dizaine de milliers de loups. Si ça arrive, tout ce que je pourrais te dire, c’est que tu as un karma terrible.
Les lèvres de Linley se serrèrent en entendant ces mots.
Cela allait sans dire !
La Chaîne de Montagnes des Créatures Magiques était énorme. Comment pourrait-il être aussi malchanceux ? Et s’il l’était, Doehring Cowart, dont seul l’esprit avait survécu, ne pourrait même pas l’aider. Un Archimage de niveau Saint sans force magique n’avait aucun moyen d’attaquer.
– Papy Doehring, je sais déjà tout ça. Arrête de me distraire s’il te plaît, dit Linley, mécontent.
Doehring Cowart laissa immédiatement échapper un petit rire. Il caressa ensuite sa barbe blanche et se tut.
La Chaîne de Montagnes des Créatures Magiques était un endroit remplie d’anciennes montagnes et de vieux arbres. Ces derniers étaient si denses que quasiment toute la pluie était bloquée et seules quelques gouttes tombaient occasionnellement au sol.
Après avoir marché pendant plusieurs minutes, Linley confirma que la région en bordure de ce large territoire ne représentait en effet aucun danger.
Il exerça alors un peu de force dans ses jambes et, comme s’il s’était mis à flotter, sauta pour attraper une branche qui se trouvait à sept ou huit mètres du sol. Il inspecta ensuite les alentours.
– Boss, sur la droite, il y a un cochon sauvage au loin. La voix de Bébé résonna dans l’esprit de Linley.
Linley se tourna pour regarder dans la direction indiquée par Bébé. En effet, à une centaine de mètres, se trouvait un sanglier sauvage à une corne qui inspectait avec attention ses environs. Si Linley n’avait pas trouvé un point de vue aussi haut, il n’aurait probablement pas vu ce Sanglier Unicorne.
– Sanglier Unicorne, une créature magique du troisième rang de l’élément terre. Le seul sort qu’il possède est la technique d’ « Harpon de Terre ». Certaines des informations à propos de cette créature revinrent à l’esprit de Linley.
– Même si ce n’est qu’une créature du troisième rang, elle peut au moins me servir de dîner. La chair de sanglier est savoureuse. Avec souplesse, Linley passait d’un arbre à l’autre tout en se rapprochant du sanglier. Du fait de la haute densité de la forêt, sa cible ne l’avait toujours pas remarqué.
Quand il ne fut plus qu’à une dizaine de mètres du sanglier, Linley descendit des arbres et s’allongea dans l’herbe. En jetant un coup d’œil à travers les hautes herbes, il pouvait toujours apercevoir le Sanglier Unicorne.
*Whoosh !*
Comme un dragon prenant son envol, Linley bondit hors de l’herbe. Au moment où le Sanglier Unicorne tourna la tête et se figea de surprise, Linley était déjà arrivé à ses côtés, tel un coup de vent. Le Sanglier Unicorne rugit et essaya de toucher Linley avec sa corne.
– Hrrg ! Linley tendit la main et attrapa la corne avant de tirer dessus et de le lancer en l’air.
L’énorme Sanglier Unicorne de plusieurs centaines de kilos se retrouva projeté à une dizaine de mètres de haut. Linley sauta pour suivre sa proie dans les airs et le frappa ensuite violemment de la jambe. Il utilisa sa jambe comme une claymore géante et frappa la tête du sanglier avec énormément de pouvoir et de vitesse.
*Thud*
Accompagné du son d’os brisés, le Sanglier Unicorne s’écrasa contre un arbre. Quand il tomba à terre, le sol vibra. Ses os étaient brisés et du sang sortait de sa bouche. Ses quatre membres eurent un dernier soubresaut avant de s’arrêter.
Tuer un Sanglier Unicorne était quelque chose de simple pour le guerrier du quatrième rang qu’était Linley.
– Même si le core magique d’une créature du troisième rang ne vaut qu’une dizaine de pièces d’or, je ne vais pas pour autant l’abandonner ici. Linley sortit son ciseau à pierre de son sac et se mit à cisailler le sanglier. Un core de couleur terre tomba au sol. Linley le ramassa puis le plaça dans son sac.
Après cela, Linley dépeça le sanglier avant de lui couper ses jambes.
Après avoir récupéré quelques branches et les avoir rassemblés en tas, Linley fit apparaître une petite flamme. Il mit ensuite les cuisses du sanglier à griller sur le feu.
La petite Souris Fantôme, Bébé, commençait à baver d’envie. Ses yeux étaient fixés sur la nourriture qui chauffait.
– Les cuisses de sanglier sont délicieuses. Boss, dépêche-toi, dépêche-toi. Pourquoi tu n’utilises pas ta magie du feu pour cuire le sanglier ? Ça ne serait pas plus rapide ?
– Ma magie du feu ? Je n’ai pas beaucoup de force magique de feu. Et en plus, quand on cuisine, chauffer à haute température n’est pas forcément mieux. Linley fit un petit sourire en parlant. Il sortit alors du sel et d’autres agréments de son sac.
Quand Linley avait été testé pour son aptitude magique, son affinité élémentaire fut définie comme exceptionnelle pour la terre et le vent, mais seulement moyenne pour le feu. Pour une personne ordinaire, avoir une affinité moyenne pour un élément était déjà bien. Mais pour quelqu’un comme Linley, il ne pouvait pas se permettre de perdre du temps et de l’énergie sur sa magie du feu.
Après tout, s’il voulait que ses compétences en magie du feu soient équivalentes à celles qu’il avait en magie du vent et de la terre, il devrait probablement y passer dix fois plus de temps.
C’est pourquoi Linley avait pris l’habitude de ne raffiner qu’une faible quantité de force magique de feu à chaque fois qu’il méditait. Il avait toutefois suffisamment de puissance pour pouvoir générer des boules de feu sans soucis.
Après avoir fini de cuire les deux cuisses du sanglier, Linley et Bébé les partagèrent tandis que Linley mit les deux autres à cuire.
– Ahh, délicieux. Bébé parlait avec enthousiasme tout en mangeant. Ce sanglier sauvage est bien meilleur que les cochons de fermes. Il a un goût plus parfumé. Mais naturellement, tes capacités decuisson jouent aussi un grand rôle, boss. Bébé était si heureux qu’il commença même à complimenter Linley.
Linley ne put s’empêcher d’éclater de rire.
– Boss, j’en veux encore. Après avoir fini une cuisse, Bébé regarda Linley avec une expression malheureuse. (NDT : comme sur l’image)
En voyant le regard malheureux de Bébé, Linley ne réussit pas à se sentir triste pour lui. Il le gronda calmement.
– Cette cuisse de sanglier était bien plus large qu’un canard. Une jambe est suffisante pour toi. Les deux autres seront pour le dîner. Après avoir parlé, Linley se tourna et ignora la tête désespérée de Bébé.
Après avoir fini de cuire les deux cuisses restantes, Linley utilisa deux larges feuilles pour les emballer avant de les placer dans son sac. Ils étaient prêts à repartir !