La capitale provinciale de Basil était la base des opérations de l’ancien clan Jacques dans la province administrative du Nord-Ouest. A cet endroit, le clan Jacques pouvait être considéré comme les rois locaux. Durant leur rassemblement annuel, toutes les différentes branches du clan se précipitaient vers la capitale de la province.
Et dans la partie Nord-Ouest de la capitale, se trouvait un château extrêmement grand et ancien qui appartenait au clan et était leur quartier général.
….
En l’an 10 008 du calendrier Yulan. Le 14 novembre. Le château du clan Jacques avait été décoré et illuminé. Le nombre des gardes postés aux portes avaient été triplé. Ce jour marquait l’arrivée d’innombrables membres du clan de partout dans le monde.
– Grande Sœur, le château du clan est bien plus grand que le nôtre, au moins dix fois plus grand, soupira Keane avec admiration, tout en regardant au travers des rideaux des portes du carrosse.
Le carrosse contenait trois personnes. Keane, Irène, et Jenne.
Jenne regarda aussi par la porte. Acquiesçant, elle dit,
– Le clan possède clairement plus d’expert que nous à Cerre. Je me demande si Arrière-Grand-Père sera là aussi.
L’Arrière-Grand-Père dont parlait Jenne était bien évidemment McKenzie.
Chaque année, McKenzie participait au rassemblement annuel, mais il arrivait parfois qu’il n’y participe pas. Cependant, deux ans auparavant, McKenzie s’est montré. Cet aperçu avait satisfait le désir de Jenne et Keane de voir le héros adulé de tous au sein du clan.
– C’est très possible. Ce serait vraiment bien car Irène n’a jamais vu Arrière-Grand-Père. Keane tenait les mains de sa femme entre les siennes.
La caravane arriva rapidement aux portes du château avant de s’arrêter. Jenne, Keane, et Irène connaissaient tous les règles. Ils descendirent donc du carrosse.
– Jenne ! S’exclama une voix joyeuse et taquine.
Immédiatement après avoir entendu cette voix, Jenne fronça les sourcils, mais afficha juste après un sourire. Elle tourna la tête pour faire face à un jeune homme aux cheveux gominés.
– Cousin Albert [Ai’bo’te].
– Cousin Albert, dirent courtoisement Keane et Irène.
Albert donnait l’impression d’un homme très imbu de lui-même. Ayant reçu une éducation complète depuis sa plus jeune enfance, il émanait de lui l’aura propre aux anciens clans nobles, mais simplement en voyant ses yeux et son visage, on pouvait remarquer que cet homme n’était en réalité qu’un débauché au crâne vide.
Mais Albert était aussi le fils aîné du chef actuel du clan Jacques, et donc le successeur désigné à cette position suprême.
Le futur chef du clan Jacques. Avec un tel statut, qui oserait le regarder de haut et ne pas être respectueux ?
– Jenne, tu deviens de plus en plus belle avec chaque année qui passe. Keane, Irène, ne restez pas là comme des idiots, rentrez donc. Albert escorta chaleureusement Jenne et les autres à l’intérieur du château.
Parce que le rassemblement familial était fixé au 15 novembre, un certain nombre de personnes arrivaient le 14. Et durant la nuit du 14, la tradition voulait que le château du clan Jacques soit extrêmement vivant.
– Alors, Grande Sœur, encore et toujours frustrée par Albert ?
Keane entra dans la chambre de Jenne. En voyant Jenne debout devant sa fenêtre qui soupirait, il put immédiatement deviner ce à quoi elle pensait.
Celle-ci tourna la tête pour lancer un regard à son cadet. Fronçant les sourcils, elle dit,
– Albert n’a aucune bonne intention. À chaque rassemblement, il vient m’embêter. Ces jours-là ne passent jamais facilement.
– Sœurette. Keane prit sa sœur par la main. Désolé, il lui dit, – Je sais que la seule raison pour laquelle tu n’es pas partie avec grand frère Ley est parce que tu veux passer un peu plus de temps avec moi.
– Keane. Jenne ébouriffa les cheveux de Keane avec affection. Keane, tu es même plus grand que moi, maintenant.
Keane baissa silencieusement la tête.
Jenne avait pris soin de lui depuis leur enfance. Dès qu’ils étaient arrivés dans l’Union Sacrée pour échapper à leur tante, leur mère était tombée gravement malade, et Jenne s’était donc occupée de lui comme une mère l’aurait fait.
L’affection entre les deux était donc très profonde.
– Jenne, Cousine Jenne. La voix d’Albert retentit de nouveau.
Jenne et Keane froncèrent tous deux les sourcils, plus aucune trace de joie n’était visible sur leurs visages. Albert était vraiment aussi énervant et étouffant qu’un boa constrictor.
En un clin d’œil, Albert arriva sur le seuil de la porte.
– Jenne. Oh, Keane, tu es aussi là ? S’exclama Albert, lumineux. Jenne, nous organisons un petit banquet dans le hall principal. Allons-y tous ensemble, qu’en dis-tu ? J’ai demandé à ce que quelques personnes préparent de nombreuses robes magnifiques pour toi.
Jenne secoua la tête.
– Pas besoin. J’ai un peu mal à la tête et je me sens un peu mal.
– Pourquoi te sentirais-tu mal ? Laisse-moi voir. Albert s’avança rapidement, avec l’intention de toucher le front de Jenne. Celle-ci fit immédiatement deux pas en arrière.
Keane ricana sur le côté,
– Cousin Albert, ma sœur ne se sent pas bien. Laisse-la se reposer tranquillement.
Albert se tint là pendant un instant, puis rit et hocha la tête.
– D’accord.
Il regarda alors Keane,
– Keane, viens avec moi pendant un instant. Cousine Jenne, repose-toi bien. S’il y a quoi que ce soit dont tu aies besoin, préviens juste les serviteurs. Il lança un regard lourd de sens à Keane.
Ce dernier acquiesça, puis suivit Albert à l’extérieur.
Dans le jardin fleuri.
Albert et Keane marchaient côte à côte. Albert était silencieux, et Keane ne disait rien non plus.
Après un long moment…
– Keane, qu’est-ce que ça te fait d’être le gouverneur d’une ville préfectorale ? Demanda soudainement Albert.
Keane fut surpris. Lentement, il dit,
– C’est plutôt agréable.
Albert rit et hocha la tête,
– Bien sûr que c’est agréable. Tu gouvernes des millions de personnes, Keane. Tu dois comprendre que la province Administrative du Nord-Ouest toute entière ne possède que dix villes préfectorales. Des positions comme gouverneur d’une ville sont beaucoup recherchées, et de nombreuses personnes gardent leurs yeux fixés sur ces positions. Après tout, notre clan Jacques est un grand clan.
Comme s’il venait de comprendre quelque chose, Keane hocha lentement la tête.
Le clan Jacques démarrait continuellement de nouvelles branches. Naturellement, chaque nouvelle génération était plus importante que la précédente. Par le passé, la raison pour laquelle le père de Keane, le comte Wade, avait été suffisamment chanceux pour recevoir la position de gouverneur était tout simplement parce qu’il avait été en très bonne relation avec le précédent chef du clan.
En vérité, les différentes positions de gouverneur de toutes les villes étaient totalement contrôlées et décidées par le chef du clan.
Le clan Jacques avait, après tout, toute autorité sur le management de la province Administrative du Nord-Ouest.
– Keane, tu devrais savoir que bon nombre de mes plus jeunes frères sont grands maintenant. Mon troisième frère par exemple, qui n’est, en ce moment, qu’un capitaine de l’armée. Or quasiment toutes ces personnes voudraient beaucoup devenir gouverneur d’une ville préfectorale. Albert regarda Keane avec un air qui était un sourire tout en ne l’étant pas.
Keane savait ce qu’Albert laissait entendre.
– Et pas juste mes frères. Mes oncles aussi. Dans le passé, ils n’ont pas été capables de supplanter ton père, mais ils n’ont jamais abandonné.
Albert regarda Keane.
– Keane, j’ai une excellente impression de toi. Mais tu dois comprendre que pour prendre quelque chose, tu dois aussi donner quelque chose.
Keane était silencieux.
– Keane, tu es déjà devenu gouverneur, oui, mais moi, le futur chef du clan, je peux aussi te faire perdre cette position. Albert vit que Keane était silencieux, et commença à parler plus froidement.
– Cousin Albert, vas-y, présente-moi donc tes désirs. Keane se força à sourire.
Albert rit.
– Haha, tu es mon cousin. Bien sûr que je ne vais pas te forcer à faire quoi que ce soit. J’espère juste que nous pouvons encore plus approfondir notre relation. Par exemple, tu pourrais faire que ta sœur se marie avec moi. Qu’en dis-tu ?
Keane bouillonnait de rage.
Il connaissait les intentions d’Albert depuis bien longtemps. Une femme aussi douce, magnifique et vertueuse que Jenne – tout particulièrement après qu’elle ait commencé son apprentissage de mage de l’eau – était une dame hypnotique pour lui.
Albert la désirait depuis tout ce temps.
Mais Albert avait déjà trente ans et possédait trois femmes. Si la sœur de Keane venait à se marier avec lui, elle ne deviendrait rien de plus qu’une concubine.
De plus, sa sœur allait suivre Linley.
– Cousin Albert, je t’ai déjà dit que ma sœur possède déjà quelqu’un qu’elle aime, dit Keane avec impuissance.
– Quelle blague, renifla Albert. Keane, si ta sœur a déjà quelqu’un qu’elle aime, pourquoi ne s’est-elle pas déjà mariée ? Et même si elle aime quelqu’un, nous pouvons juste nous en occuper et le tuer.
Albert avait désiré Jenne depuis un certain temps déjà. Non seulement elle était magnifique, mais c’était aussi une mage. Après qu’une personne se soit entraînée à la magie, leur longévité s’allongeait. Il était très probable que même lorsqu’elle aurait soixante ou soixante-dix ans, Jenne aurait toujours l’air d’avoir seulement une trentaine d’années. Albert désirait naturellement avoir une femme comme cela.
– Tu ne peux pas le tuer. La personne que ma sœur aime est un expert du neuvième rang. Keane se résolut.
– Un combattant du neuvième rang ? Albert fronça les sourcils.
C’était gênant. S’il était le chef de clan actuel, il pourrait utiliser les puissants soldats du clan pour aller tuer cet expert du neuvième rang. Mais il n’était que le successeur désigné. Les personnes à sa disposition étaient assez limitées, et n’étaient pas non plus très puissantes.
– Keane, tu ferais mieux de ne pas me mentir, dit Albert en le regardant froidement.
Keane s’inclina légèrement.
– Cousin Albert, je ne mens définitivement pas. Ma sœur l’aime. Il n’y a rien que je puisse faire à propos de ça. Cousin Albert, je ne vais pas te déranger plus que ça. Je te souhaite une bonne soirée.
Albert renifla froidement, regardant Keane s’en aller.
– Cinq ans. Albert regarda en direction de la chambre de Jenne. Cette fois, je ne peux définitivement pas laisser Jenne s’échapper encore une fois. C’est un expert du neuvième rang, et alors ? Est-ce qu’il oserait vraiment venir pour chercher des noises au clan Jacques ? Un air féroce et sauvage était visible dans les yeux d’Albert.
…..
Le lendemain, le 15 novembre au matin.
Linley se dirigeait vers les quartiers généraux du Conglomérat Dawson. En utilisant son médaillon montrant qu’il était un ancien, il put envoyer quelques personnes au village de Toit-de-Nuage pour informer Zassler et les autres qu’il allait être retardé.
Puis, Linley regagna tranquillement l’Hôtel Nile.
Il y avait plus de dix manoirs derrière l’hôtel, chacun d’eux haut et bien construit, et Linley résidait dans l’un d’entre eux.
À l’intérieur de sa cour, Linley finit de graver une sculpture, puis commença à manier son épée lourde en adamantine.
Bébé et Haeru se reposaient paresseusement sur le sol.
Après s’être entraîné avec l’épée pendant quelque temps, Linley s’arrêta, une idée soudaine lui étant venue à l’esprit.
– Cela fait un an que j’ai atteint le sommet du huitième rang. Durant ce dernier mois, j’ai toujours eu le sentiment que je suis sur le point de percer, mais pour une quelconque raison, il y a toujours quelques petites pièces qui me manquent.
Pour une personne ordinaire, percer depuis le huitième rang jusqu’au neuvième rang n’était pas un problème si important.
Mais pour les Guerriers Suprêmes, la différence entre les deux était extrêmement grande. Pour Linley qui était déjà au neuvième rang dans sa forme de Corps de Dragon, cela signifierait qu’il atteindrait le niveau Saint.
– Je ne peux pas trop me précipiter. Ma vitesse d’entraînement est déjà très rapide. Linley était toujours plutôt calme. Les yeux fixés vers le sud, Linley se mit encore une fois à penser à son cadet, Wharton. Lorsque j’atteindrai le neuvième rang, j’irai dans la capitale impériale pour retrouver Wharton. Cela fait bien, bien longtemps que je ne l’ai pas revu.
Depuis que Wharton avait quitté la maison à ses six ans et qu’il était parti vers l’Empire O’Brien avec l’Intendant Hiri, les deux frères ne s’étaient jamais revus.
Et maintenant, Wharton avait vingt-deux ans. Dans un mois, il en aurait vingt-trois.
– Hum ? Linley se tourna soudain et regarda les murs de la résidence.
Les différents manoirs gérés par l’hôtel étaient tous assez proches les uns des autres, et chaque morceau de terre était divisé en deux manoirs. À cet instant, sur le mur séparant son manoir du manoir adjacent au sien, une petite tête venait d’apparaître qui regardait dans sa direction.
Cette invitée inattendue était une jeune fille extrêmement adorable, et agile. Ses yeux francs étaient rivés sur la Panthère Ténébreuse qui était allongée au sol.
– Woah, quelle grosse panthère. La jeune fille sauta agilement par-dessus le mur, puis s’élança vers Haeru.
– Ne la touche pas, s’écria immédiatement Linley.
La jeune femme s’arrêta, souriant et riant à Linley.
– Grand frère, je n’ai jamais vu une panthère aussi adorable et aussi grande. Est-ce que je peux la toucher, s’il te plaît ?
La jeune femme avait une tête pleine de cheveux argentés, et ses yeux étaient très intelligents. Elle avait un sourire joueur sur le visage, mais elle était vêtue d’un costume de guerrier.
Linley jaugea rapidement du regard cette femme à la chevelure argentée.
La puissance d’un guerrier était difficile à jauger d’un simple regard, mais Linley pouvait dire d’après l’aura de cette femme qu’elle était au moins une guerrière du septième rang, voire même supérieure.
– Haeru n’aime pas être touché par les autres, dit calmement Linley.
La femme à la chevelure argentée ne put s’empêcher de faire une moue, retroussant son nez tout en fronçant les sourcils,
– Hmph, je ne te crois pas. Les créatures magiques de mon professeur me laissent souvent les toucher. Elle courut directement vers Haeru.
– Grrrrr. Haeru se mit soudainement sur ses pattes, et montra ses crocs aiguisés tout en fixant froidement la jeune femme.
Cette dernière fut immédiatement effrayée, et fit deux pas en arrière en tremblant.
– Je te l’ai dit. Haeru n’aime pas être touché. Ça suffit, tu peux repartir chez toi maintenant. Linley lui demanda directement de partir.
La jeune femme à la chevelure argentée sourit d’un air charmeur à Linley.
– Mon maître m’a dit que les créatures magiques de type panthère sont toutes formidables. Donc toi, grand frère, tu dois être très puissant aussi. Je peux me battre avec toi pour voir ?
– Se battre pour voir ? Linley n’aimait pas avoir sa vie interrompue par les autres.
– Laisse-moi d’abord me présenter. Je m’appelle Danlan [Dan’lan], dit la femme avec un adorable sourire.
– Tu peux m’appeler Ley. Mais je n’ai pas de temps pour toi. Tu peux y aller maintenant. Linley parlait toujours froidement et calmement. Pour qu’une jeune fille soit une guerrière au moins du septième rang… elle ne pouvait pas être aussi simple qu’elle en donnait l’air.
Celle-ci fit la moue, impuissante,
– Oh. D’accord.
Puis elle se tourna et parti, bien que son cœur soit empli de frustration.
– Ce Linley est vraiment un mec froid. Devenir proche de lui va vraiment être difficile. Mais je ne vais pas abandonner aussi facilement non plus. Si je peux le tuer facilement, je le ferai.
La jeune fille aux cheveux argentés était bien évidemment Lyndin.
Mais en termes de tempérament, elle avait drastiquement changé, à tel point que ses subordonnés ne l’auraient reconnu. Autant dans le passé, elle était glaciale, autant là, elle affichait un air adorable et guilleret. Il était difficile de ne pas admettre que ses talents d’actrices étaient formidables.
– Oh, grand frère Ley, tu es un sculpteur ? Lyndin regarda la sculpture que Linley venait juste de compléter et accourut immédiatement avec excitation. Tout en la contemplant, elle dit joyeusement, – Mon professeur aime aussi les sculptures, mais il ne sait pas sculpter lui-même.
Tout en parlant, Lyndin inspectait attentivement la sculpture avec une grande curiosité.
Linley fronça les sourcils.
Cette jeune femme aux cheveux argentés était vraiment pénible !