Avoir une discussion privée avec Alice ? Que le clan Debs se soit engagé dans la contrebande d’eau de Jade ou non, quel était l’intérêt d’avoir une discussion privée avec Alice pour déterminer ça ? Clairement, ce Merritt avait un autre objectif. Nimitz était une personne avec une grande expérience du monde. Il comprit naturellement ce qu’il se tramait.
Les yeux de Nimitz se rétrécirent tandis qu’il regardait Merritt.
Mais Merritt se reposa simplement contre le dossier de son fauteuil et ferma même les yeux comme pour se reposer. Il ne regarda même pas Nimitz. L’attitude de Merritt parlait d’elle-même : « si tu veux que les bavures de ta famille soit nettoyées, alors amène-moi Alice ».
Nimitz resta silencieux un instant puis il se mit à rire.
– Seigneur Merritt est donc un grand amateur de l’œuvre de Maître Linley. C’est compréhensible que vous vouliez discuter avec Alice. Bien, je vais rentrer et parler avec elle.
En entendant ces mots, Merritt ouvrit les yeux et sourit à Nimitz.
– Haha, dans ce cas Nimitz, vous pouvez vous en aller maintenant. Si Alice est d’accord pour avoir une bonne discussion avec moi, je pense que j’aurais une meilleure compréhension des affaires de votre clan Debs.
Nimitz se leva immédiatement avant de s’incliner avec modestie.
– Seigneur Merritt, je m’en vais donc. Je vous fais confiance pour vous occuper des affaires de notre clan Debs.
Merritt acquiesça légèrement.
Nimitz partit immédiatement, laissant le Duc Merritt seule dans la pièce.
Celui-ci murmura à voix basse tout en jouant avec son verre de vin,
– Ma déesse… Alice… Il y avait une lueur de satisfaction et d’anticipation sur son visage.
En tant que Main Droite du Royaume de Fenlai et en tant que Duc, Merritt avait un statut extrêmement élevé. Le nombre de personne ayant un statut plus haut que le sien dans le royaume pouvait être compté sur les doigts d’une main.
Une personne telle que lui pouvait quasiment profiter de n’importe quelle femme qu’il désirait.
Merritt, malgré ses soixante-dix ans, était un pervers. Il avait publiquement douze femmes à son nom, mais il était commun de dire parmi les nobles : « ses propres femmes ne sont jamais aussi intéressantes que d’avoir des maîtresses à l’extérieur ; et avoir des maîtresses n’est jamais aussi intéressant que d’avoir des femmes normalement impossible à avoir ». Celles qu’il ne pouvait pas avoir étaient les meilleures.
Mais, avec son statut, il y avait très peu de femmes qu’il ne pouvait pas obtenir. Et en même temps, il y avait aussi très peu de femmes qui le touchaient réellement.
Alice était définitivement l’une d’entre elles.
Depuis que la sculpture, « l’Éveil du Rêve » était devenue connue, dans le cœur de beaucoup, la femme de la sculpture était devenue une déesse intouchable. Pour quelqu’un du statut de Merritt, il désirait naturellement obtenir une déesse comme Alice, à ses pieds. Mais c’était réellement trop difficile.
Mais maintenant. Une opportunité s’était présentée.
– Alice. La déesse ? Merritt était incapable de réprimer son sourire. Il but une autre gorgée de vin rouge.
Assit dans sa calèche pour rentrer chez eux, Nimitz réfléchissait profondément, les sourcils froncés.
Alice était la fiancée de Kalan !
S’il demandait à Alice d’avoir une discussion privée avec Merritt, cela reviendrait définitivement au même que de l’envoyer vers un désastre. Dans le futur, s’il devait répondre aux questions de Kalan, ce ne serait pas trop grave. Mais si ceci venait à se faire savoir, l’impact que cela aurait sur le clan Debs serait énorme.
– Ugh. Si le clan est fini, à quoi sert encore la réputation ? Nimitz secoua la tête tout en soupirant.
Le clan Debs avait atteint un point critique. Si leur clan était jugé responsable de la contrebande, alors leur clan complet serait exterminé et toutes leurs possessions seraient récupérées par le roi de Fenlai. Bien que leur clan ait gardé quelques réserves hors du royaume, quasiment toutes leurs possessions se trouvaient dans le Royaume de Fenlai.
Si tout était perdu, qui sait combien d’années il faudrait avant que le clan Debs ne retrouve sa gloire passée ?
Comparé au futur du clan, qu’est-ce qu’un peu de moquerie et d’humiliation ? Ce n’était pas grand-chose. Après tout, depuis quand le cercle des nobles manquait-il de telles histoires ?
– Mais cela doit être de son plein gré. Nimitz était légèrement inquiet. Je ne peux pas la délivrer de force au manoir de la Main Droite après tout.
Nimitz s’en fichait de la chasteté d’Alice. C’était juste une femme après tout !
Mais Nimitz savait…
– Cette Alice a une relation spéciale avec Linley. Si je la forçais et que Linley le découvrait… Rien que le fait d’y penser effraya Nimitz. Linley avait un statut tout particulier dans le Royaume de Fenlai.
Bien qu’il n’ait que le rang de Marquis, en réalité, il appartenait à l’Église de Lumière. Dans le passé, quand Clayde avait invité Linley à devenir un noble du royaume, il avait même dit qu’entre eux deux, il n’y avait pas besoin d’observer le protocole normal qu’un sujet se devait de suivre face à son roi.
Clairement, Clayde désirait garder Linley près de lui.
Et tous les nobles du royaume savaient aussi que si Linley le souhaitait, il pourrait probablement devenir un Vicaire de l’Église de Lumière. Dans quelques dizaines d’années, il serait aussi naturel qu’il devienne un Cardinal.
Le statut de Cardinal était même au-dessus de celui d’un roi !
– Je ne peux pas la forcer ! Nimitz sentit une migraine pointer. Il était inquiet à l’idée qu’Alice refuse. Il réfléchissait aux choses en s’imaginant le point de vue de Linley.
Alice avait été, après tout, le premier amour de Linley ! Si lui, Nimitz la forçait et qu’elle perdait sa chasteté, comment Linley pourrait-il ne pas exploser de rage ?
À l’intérieur du manoir du clan Debs.
La salle du clan était remplie par la plupart des membres du clan Debs. Alice et Rowling étaient là aussi. Tous attendaient le retour de Nimitz.
Ils étaient inquiets pour le futur du clan !
– Second oncle est de retour ! Second oncle est de retour ! Un homme qui se trouvait sur le palier vit Nimitz et se mit à crier.
Instantanément, tous les membres du clan se précipitèrent pour aller entourer Nimitz. Alice et Rowling échangèrent un regard puis se levèrent avant d’aller elles aussi l’accueillir.
– Second oncle, quelle est la situation ?
Nimitz regarda le groupe de personne face à lui. Avec un léger sourire, il dit,
– La situation n’est pas trop mauvaise pour l’instant. Tout le monde, rentrez dans vos résidences. Alice, reste. Je dois parler de quelque chose avec toi.
À l’intérieur du clan, Nimitz avait une grande autorité. En entendant ses mots, tout le monde partit.
Alice était quelque peu confuse, confuse de savoir pourquoi Nimitz voulait parler avec elle.
– Grande-sœur Alice, je vais retourner à ma chambre maintenant. Rowling salua Alice d’une voix douce. Après quelques minutes, la seule personne restante dans la pièce était Alice.
Nimitz s’avança dans la pièce.
– Second grand-oncle, qu’est-ce qui ne va pas ? Bégaya Alice.
Nimitz regarda Alice. Soudain, il sourit chaleureusement dans sa direction.
– Alice, ne soit pas nerveuse. Assieds-toi d’abord. Discutons. Tout en parlant, Nimitz s’assit aussi.
Pourquoi Nimitz, qui était habituellement si froid à son égard et qui la regardait toujours de haut, était-il devenu si chaleureux envers elle maintenant ?
Alice ne put s’empêcher de commencer à se sentir suspicieuse.
– Viens, assieds-toi. Le sourire de Nimitz était aimable et chaleureux.
Alice s’assit nerveusement.
Nimitz laissa échapper une longue expiration. Des rides d’inquiétudes apparurent entre ses sourcils.
– Alice, nous ne nous étions pas attendus à ce que cela arrive si tôt après vos fiançailles, entre Kalan et toi. Je ne sais pas qui complote dans l’ombre contre notre clan Debs. Si je le savais, je le tuerais. Une aura effrayante apparut sur son visage avant de se transformer en impuissance. Mais pour l’instant, la chose la plus importante est de restaurer notre nom et de libérer Kalan et Bernard.
Alice acquiesça.
Mais intérieurement, Alice restait suspicieuse.
– Pourquoi est-ce que second grand-oncle me dit ces choses à moi ?
Les yeux fixés sur Alice, Nimitz dit sincèrement,
– Alice, il y a quelque chose dont je dois te supplier.
– Me supplier ? Alice était si stupéfaite qu’elle se leva.
Le statut de Nimitz au sein du clan était tel que même le patriarche était respectueux envers lui. Et maintenant, Nimitz était en train de dire qu’il allait la supplier de faire quelque chose. Comment Alice aurait-elle pu ne pas être choquée ?
– Alice, le Seigneur Merritt est en charge d’enquêter sur les charges qui pèsent sur notre clan. Il est intrigué par toi et a demandé à te rencontrer en privée.
Nimitz dit précipitamment,
– Alice, c’est une rare et merveilleuse opportunité d’améliorer notre relation avec lui. Ce n’est qu’en réussissant à établir une bonne relation avec lui que tu pourras aider le clan. Alice, tu as grandi avec Kalan. Tu ne veux pas non plus qu’il reste en prison, n’est-ce pas ?
Alice était abasourdie.
Une rencontre privée ?
Alice était quelqu’un qui avait aussi vécue dans un clan noble et elle savait très bien les choses honteuses qu’il se passait parfois au sein de la noblesse. Elle devina instantanément que cette rencontre avec le Seigneur Merritt serait très probablement bien plus qu’une simple rencontre.
– Je… je… Alice bégaya.
Nimitz supplia,
– Alice, les espoirs de notre clan entier reposent sur toi. Je peux même te garantir que tant que tu arrives à mettre le Seigneur Merritt de notre côté, tu pourras être la femme principale de Kalan.
Alice eut l’impression qu’une tempête faisait rage dans son esprit.
Elle était encore pure et chaste.
Elle avait refusé de franchir cette dernière barrière que ce soit avec Linley ou Kalan. Même après s’être fiancée avec Kalan, Alice avait continué d’insister pour attendre d’entrer dans le lit de noce avec lui et de se donner.
Mais maintenant, elle devait s’occuper du Seigneur Merritt…
– Alice, je t’en supplie. Nimitz grinça des dents avant de quitter sa chaise et de se mettre à genoux devant elle. Alice, la vie de Kalan est entre tes mains.
– La vie de Kalan ? Alice trembla.
Kalan avait grandi à ses côtés. Ces derniers mois, face au ridicule et au dédain des autres membres du clan Debs, Kalan avait été toujours là pour la protéger.
– Bien. J’accepte. Les mâchoires d’Alice se contractèrent.
Une lueur de surprise et de joie apparut sur le visage de Nimitz et il dit précipitamment,
– Merveilleux. Que dis-tu de ça ? Demain à la tombée de la nuit, je m’arrangerai pour que tu sois amenée au manoir du Seigneur Merritt.
Mais à ce moment-là, le visage d’Alice était extrêmement pâle. Elle ne répondit pas.
…
L’après-midi suivante. Un carrosse, escorté par douze chevaliers, sortit du manoir du clan Debs avant de commencer à rouler doucement en direction du manoir du Seigneur Merritt. À l’intérieur du carrosse, il n’y avait qu’une personne, Alice.
Elle était assise en silence dans le carrosse et mordillait ses lèvres. Ses mains nerveuses étaient agrippées fermement sur sa robe.
Le carrosse continuait d’avancer. Rapidement, il arriva devant les portes du manoir du Seigneur Merritt.
– Mademoiselle Alice, nous sommes arrivés. La voix du conducteur retentit depuis l’extérieur.
En entendant ces mots, le cœur d’Alice se mit à trembler. Sa main droite se déplaça jusqu’à sa taille. La fermeté de la dague d’acier qui était accrochée à sa taille, l’aida à se calmer légèrement.
Après avoir pris une profonde inspiration, Alice ouvrit la porte du carrosse avant de sortir.
À l’intérieur de la salle de réception du manoir du Seigneur Merritt.
Alice s’était habillée de manière relativement conservatrice/traditionnelle, avec une veste par-dessus sa robe. Pas à pas, Alice réussit à entrer calmement dans la salle. Elle se tourna pour regarder autour d’elle, mais elle ne vit personne à l’intérieur.
– Hrm ? Alice ne put s’empêcher de froncer les sourcils.
À ce moment-là, une servante arriva. Respectueusement, elle dit,
– Mademoiselle Alice, le Seigneur Duc est dans son étude et voudrait vous inviter à venir l’y rejoindre.
– Son étude ? Alice trembla légèrement.
Mais, sous le regard de la servante, elle s’avança tout de même pour la suivre.
L’étude était un endroit silencieux et reclus. Il y avait très peu de personnes dans cette zone du manoir. En arrivant à la porte de l’étude, Alice vit un homme d’âge mûr, blond, qui était assis derrière son bureau et qui regardait des papiers.
– C’est Merritt ? En voyant Merritt, la première impression qu’eut d’Alice était une impression de férocité. Même en étant assis à son bureau, son dos était droit et ses yeux étaient perçants.
– Seigneur Duc, Mademoiselle Alice est arrivée, dit respectueusement la domestique.
Ce n’est qu’à ce moment que Merritt leva la tête. En voyant Alice, il se leva, tout excité,
– Haha, Mademoiselle Alice, vous êtes venue ? J’ai attendu pendant un certain temps. Venez Mademoiselle Alice, je vous prie, asseyez-vous. Tout en parlant, il quitta son siège et s’avança vers Alice.
Alice fit un pas à l’intérieur de l’étude.
Elle regarda autour d’elle. Sur la droite, il y avait de nombreuses étagères couvertes de livres. Sur la gauche, il y avait un lit.
– Souvent, quand je lis ou quand je m’occupe des affaires du gouvernement, je deviens fatigué et je me repose ici, dit le Duc Merritt d’un sourire. En même temps, il marcha jusqu’à la porte de l’étude et la ferma.
En voyant la porte se fermer, ne laissant qu’elle et Merritt dans la pièce, Alice devint nerveuse.
– Seigneur Merritt, c’est mieux si nous laissons la porte de cette étude ouverte. Je ne suis pas trop habituée aux environnements sombres, dit précipitamment Alice.