Les murs autours du manoir d’Alice n’étaient pas trop hauts. En arrivant devant le mur le plus proche, Linley sauta d’un bond au sommet de celui-ci. Puis, d’un second bond, il arriva aux côtés d’Alice, comme s’il avait volé jusqu’à elle.
– Vite, allonge-toi, le pressa Alice.
Suspicieux, Linley s’assit silencieusement.
– Shhhh. Alice regarda avec prudence autour d’eux avant de finalement laisser échapper un soupir de soulagement. Elle se tourna ensuite vers Linley. C’est une bonne chose que tout le monde soit endormi. Si quelqu’un t’avait vu, j’aurais eu des problèmes.
Linley comprit soudain.
– Asseyons-nous. Si on parle en restant assis, le mur devrait empêcher qui que ce soit de nous voir. Alice sourit, ravie. Elle nettoya rapidement le sol avec un vêtement avant de s’asseoir à côté de Linley.
Linley était aussi ravi d’avoir eu la chance de rencontrer de nouveau Alice.
– Grand-frère Linley, que faisais-tu dans les rues, si tard ? Tu ne m’avais pas dit que tu es un élève de l’institut Ernst ? Que fais-tu ici, dans la ville de Fenlai ? D’un souffle, Alice lui posa plusieurs questions.
Pourquoi était-il dans la ville de Fenlai ?
Linley se sentit un peu mal à l’aise. Après tout, il ne pouvait pas vraiment dire qu’il était venu ici pour aller au Paradis de l’Eau de Jade avec trois amis, non ?
– Je suis venu avec quelques amis proches pour s’amuser dans la ville. Et là, je commençais à trouver que c’était étouffant à l’intérieur donc je suis sorti pour marcher un peu. Linley ne donna que cette moitié de vérité.
Alice acquiesça.
– Et toi Alice, tu faisais quoi debout si tard dans la nuit ? Demanda Linley.
Alice mordilla sa lèvre inférieure, impuissante.
– Je me suis endormie tôt, mais, alors que j’étais plongée dans le pays des rêves, j’ai été réveillée par mon père qui a trop bu et qui était totalement ivre. Tu ne sais pas à quel point mon père peut être excessif. Il joue tout son argent et bois tous les jours. Et une fois qu’il est ivre, il cause des problèmes à la maison. Ça m’énerve !
– Je ne peux que dire que je suis malchanceuse d’avoir un père pareil. Et toi, Linley ? Comment est ton père ? Alice regarda Linley qui était assis face à elle.
– Mon père ? Linley revit son père dans son esprit. Mon père ne joue pas. Même s’il lui arrive de boire parfois, il ne boit jamais au point d’en être soûl. Mais il est extrêmement strict. Il a toujours été comme ça, même pendant mon enfance.
Alice soupira de jalousie.
– Grand-frère Linley, tu es si chanceux. Contrairement à moi.
Sous la lumière de la lune, le jeune homme et la jeune femme continuèrent à discuter sur le balcon. De la discussion sur les pères, ils passèrent à l’éducation, puis à leur école, puis à leurs amis respectifs. Finalement, ils parlèrent des choses qu’ils faisaient avec leurs amis…
Linley était ravi de discuter avec elle. Plus ils parlaient, plus il commençait à comprendre sa vie.
Lentement, la nuit disparut et les premiers rayons du matin apparurent à l’est. L’air se remplie lentement de l’air frais du matin. Mais, Linley et Alice, immergés joyeusement dans leur conversation, ne remarquèrent pas le passage du temps. C’est seulement lorsque le soleil fut complètement levé, que les deux réalisèrent le temps qui venait de s’écouler.
– Oh, c’est déjà le jour. Seulement à ce moment, Linley se rendit compte de l’heure.
Alice se mit aussi à réaliser.
– Je suis si embarrassée, grand-frère Linley. Je t’ai forcée à me tenir compagnie toute la nuit.
Soudain, Linley et Alice s’arrêtèrent de parler. Ils sentaient que l’atmosphère était bizarre entre eux. Ils ne savaient plus quoi dire.
– Bien. Il est temps pour moi d’y aller. Linley se sentait légèrement mal à l’aise. Il ne put s’empêcher de se sentir nerveux, il se leva donc immédiatement.
– Grand-frère Linley, plus tard, tu reviendras à Fenlai ? Demanda Alice.
– Je reviendrai, tant que j’ai du temps libre. Il attrapa la rambarde avant de l’enjamber d’un bond. Il retomba dans la rue, qui se trouvait à une dizaine de mètres, en contrebas.
Linley ne regarda pas en arrière, il la salua de la main faiblement avant de se mettre en marche.
Alice regarda Linley partir. Seulement une fois qu’il eut disparu de la rue retourna-t-elle dans sa propre chambre.
….
Le soleil d’été du mois d’août était comme une énorme boule de feu qui cuisait le sol. Après avoir pris le déjeuner avec ses trois frères, Linley se dirigea directement vers son village natal, Wushan. Il portait avec lui son sac à dos rempli de plus de 70,000 pièces d’or en cores magiques.
– Scouik, couic. Sur l’épaule de Linley, Bébé se mit aussi à couiner d’excitation.
Linley jeta un coup d’œil à Bébé puis se mit aussi à rire. Il dit mentalement,
– Bébé, toi aussi, tu es excité à l’idée de revenir dans le village de Wushan, hein ? Au fait, je ne t’ai jamais demandé avant, mais comment et pourquoi tu es apparu dans l’arrière-cour de ma famille ?
– Je sais pas non plus. Bébé secoua sa tête, impuissant. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été dans l’arrière-cour du manoir de ta famille. Je ne sais pas qui sont mes parents. Mais je me rappelle juste d’une voix qui m’a dit « reste-là, ne va pas courir partout ».
– « Reste-là, ne va pas courir partout » ? Le cœur de Linley se mit à palpiter.
Se pouvait-il que la voix ait été celle de sa mère ou de son père ?
– Au début, je mangeais juste des pierres. Je ne voulais pas désobéir à la voix et je restais du coup dans l’arrière-cour. Puis, un jour, boss, tu m’as trouvé et tu m’as donné d’un lièvre sauvage. Dans tout le monde entier, personne ne m’a traité aussi bien que toi, boss. Je ne veux jamais te quitter, boss, renifla Bébé de son petit nez.
Linley aussi, revit dans son esprit les événements passés.
À ce moment, Bébé avait vraiment hésité à la sortie du village mais, finalement, en voyant Linley partir, il avait osé prendre la décision de le mordre et d’initier le contrat de lien d’âme.
– Ne t’inquiète pas, Bébé, nous serons toujours ensemble, d’accord ? Linley caressa avec amour la petite tête de Bébé. Celui-ci ferma les yeux de confort.
Linley ne marchait pas trop vite, voyageant à environ vingt kilomètres heures. Au moment où il arriva aux abords du village, il faisait déjà nuit. Tandis qu’il arpentait les rues du village, il entendit une voix familière…
– Vous tous, redressez et maintenez ces hanches en l’air ! Ne pliez pas ! Si l’un d’entre vous a les fesses qui touche les branches et qui se les fait colorer, il sera considéré comme ayant brisé les règles. Double punition pour ceux-là ! La voix d’Hillman pouvait être entendue de loin.
Linley tourna son regard vers eux.
Sur l’espace vide bien connu à l’est du village de Wushan, à côté d’une rangée d’arbre, un groupe d’enfants de six à seize ans se tenaient, séparés en trois sous-groupes. Sous la stricte supervision d’Hillman et des deux autres, ils étaient engagés dans un entraînement intense. Tous les enfants étaient imprégnés de sueur.
– Dans le temps, j’ai aussi fait cet entraînement. En voyant cela, Linley se sentit touché.
– Linley ? Hillman vit Linley de loin. Après avoir donné quelques instructions à Roger et Lorry, il courut immédiatement dans sa direction et étreignit chaleureusement Linley.
– Oncle Hillman, ça faisait longtemps ! Linley se sentait très heureux aussi.
– Haha, allons-y ! Allons chez toi. Seigneur Hogg sera ravi de te voir, gloussa Hillman en parlant. Il se dirigea ensuite avec Linley vers le manoir.
– Jeune Maître Linley. Roger et Lorry le saluèrent chaleureusement de loin.
– Oncle Roger, oncle Lorry. Linley les salua aussi joyeusement puis suivit Hillman.
– Linley, tu as pris un sac avec toi ? Il a l’air lourd. Qu’est-ce qu’il y a à l’intérieur ? Demanda Hillman avec un sourire en remarquant le sac sur le dos de Linley.
Linley sourit mystérieusement.
– Un cadeau, un cadeau pour mon père !