“Mrgghlhh.
– Tu étais vraiment obligé de l’attacher ?
– Oui, il a des comptes à me rendre. Explique-toi, Thanatos, ordonna-t-elle.
– Il faut que tu lui enlèves le scotch quand même, dis-je en retirant les trois couches de scotch bon marché.
– Je suis vraiment désolé.
– Il s’est excusé, c’est mignon, dit-elle en lui mettant une droite.
– Wow, crochet du droit. Solide, commentai-je en applaudissant.
– Tu sais ce qu’il se passe pourtant quand un dieu perd son Symbole, tu le sais bien ? Non ? continua-t-elle en lui mettant un crochet du gauche.
– Crochet gauche.
– Pourquoi, commença Athéna.
– Crochet droit.
– As-tu.
– Crochet gauche.
– Fait ça ?!
– Uppercut. Uppercut ? Non, mais il ne faut pas que tu l’assommes, dis-je en la poussant sur le côté.
– Laisse-moi lui faire comprendre le poids de ses actions.
– Je crois qu’il a assez compris.
– Je suis désolé. Je voulais juste ton attention, expliqua-t-il à travers ses dents cassées.
– Mon attention, tu l’as ! dit-elle en lui écrasant le pied.
– AAAAH ! Mon petit orteil ! Elle me l’a pété !
– Du calme, du calme, on ne s’entend plus ici, lâchai-je en lui mettant une claque.
– Ne me touche pas, toi ! Même si je meurs ici, je reviendrai pour ta tête. Je la coup…
– Ferme-la. Purée. J’ai failli perdre mon titre de déesse pour ça. Saloperie. Va falloir que tu prennes des cours d’amour et de tenue, toi. Un peu de sagesse ne te ferait pas de mal, non plus.
– Qu’est-ce qu’on fait de lui ?
– Tonton m’a dit qu’on avait le droit de le tuer mais il faudra qu’on lui trouve un remplaçant.
– Tu as quelqu’un en tête ?
– Oui, bien sûr, toi.
– Moi ?
– Tu feras l’affaire.
– Je te signale que j’ai promis à ta mère de t’aider jusqu’à ce que tu sois au moins capable de battre les personnes de ta génération.
– Avec le nouvel Égide, et la lance que tu m’as faite forgée, j’en suis largement capable.
– Je n’ai pas spécialement envie d’être la mort avec un grand m.
– Ce sera toujours mieux que de travailler pour moi, non ?
– Oui, ça, c’est sûr.
– C’est vexant… À plus, Thanatos, ajouta-t-elle en le faisant disparaître d’un coup de lance.
– Tu arriveras à te faire à manger sans moi ?
– Je ne suis pas une gosse non plus. Je dois sûrement être trois fois plus vieille que toi, et encore.
– Sûrement, oui.
– Vexant. Tu viendras dîner à la maison, quand même, de temps en temps ?
– C’est vrai que même les dieux peuvent se sentir seuls.
– Oublie.
– J’essaierai de passer de temps à autre, oui, dis-je en me grattant la tête. Range-moi ce sourire. Je ne vais pas laisser ma déesse toute seule.”
Prêt à remplir ce nouveau rôle, j’allai voir Hadès. Il était à la cuisine, la sueur perlait sur son front mais sa passion se ressentait. Je m’avançai vers lui, confiant.
“Alors qui est le remplaçant ?
– Moi.
– Voilà une bonne nouvelle ! Mégère ! Au lieu de te disputer avec tes collègues, prépare un bol de plus pour mon nouvel employé !
– Où est la faux et la tunique ? demandai-je sérieusement.
– La faux et la tunique ?! Bouahahaha ! Tu as entendu Mégère ? Hahaha ! La faux et la tunique, tu me tues avec ton humour. Prends ce costume noir plutôt. Il y a un mot dedans qui explique tout. Prends également cette carte, elle t’indiquera où sont les personnes qui vont mourir et prends cette paire de chaussures, elle t’aidera à te déplacer plus vite. N’oublie pas d’être compatissant envers les mourants. Tu devrais commencer maintenant, c’est un travail qui ne connaît pas de grandes pauses.
– Merci, dis-je gêné. J’y vais dans ce cas-là.
– La faux et la tunique… répéta-t-il en boucle en riant.”
Le costume m’allait bien, pensai-je en me regardant dans le miroir. Je sortis le papier d’explications. Dessus, était décrit mon rôle. Le processus de fauchage d’âmes était automatisé maintenant, donc je n’avais pas besoin de me salir les mains. Tant mieux.
Je devais guider les âmes vers la lumière ou les ténèbres qu’elles voyaient. J’avais des lunettes faites pour ça dans une des poches de la veste, celles-ci me permettaient de voir à travers leurs yeux, enfin, leurs yeux, leurs esprits plutôt. Pour les guider, je pouvais utiliser mon énergie pour les pousser ou tout simplement, leur chuchoter la direction à prendre. Cela semblait plutôt simple, même si je ne comprenais pas pourquoi elles avaient besoin de moi si elles voyaient déjà ce vers quoi elles devaient se diriger.
Je n’allais pas me plaindre, surtout que le salaire était honorable : deux millions de Crédits par mois. J’allais pouvoir enfin passer dans le vert. Marre du travail non payé. Marre de dépenser sans gagner. Je devrais créer un syndicat.
Voilà, c’est ainsi que je devins la Mort et que mes mésaventures commencèrent.