« Palkor, le soldat avait bien dit que c’était une forêt, non ? »
« Oui, pourquoi ? »
Les deux aventuriers, côte à côte, faisaient face à ce qui ressemblait bien plus à une jungle tropicale qu’à une forêt. Ils avaient emprunté la galerie menant jusqu’à la nouvelle cavité, marchant bien plus longtemps que lors de leur expédition dans la caverne cristalline, et chaque pas avait vu augmenter incroyablement l’humidité présente dans l’air, une lourdeur progressive appesantissant leurs respirations et les faisant très vite transpirer à grosses gouttes.
Devant eux, une masse compacte d’arbres, de lianes et de plantes en tous genres s’étendait à perte de vue et semblait s’épanouir dans ce biome humide qui était éclairé par des cristaux gigantesques incrustés dans le plafond et renvoyant une lumière très similaire à celle du soleil.
Ils pouvaient entendre le bruit de la faune résonner dans la caverne, que cela soit des sifflements rapides et cadencés de plusieurs créatures invisibles à leurs yeux ou bien encore des grondements sourds provenant des profondeurs plus sombres de la jungle.
La canopée des arbres était si épaisse que l’on avait l’impression de pouvoir marcher dessus sans mettre un pied au sol, même si aucun des deux aventuriers ne s’y risquerait. Ils pouvaient apercevoir de temps à autre des mouvements furtifs dans les épaisseurs multiples du toit forestier sans distinguer ce qui les provoquait exactement.
Des odeurs florales parvenaient à leurs narines et rajoutaient encore de la vie à cet espace géant que tous deux découvraient. Il y avait un mélange de senteurs douces et sucrées, d’autres qui dégageaient des relents de terre fermentée, l’humus se formant sous les couches de fuilles mortes tombées au sol.
« On dirait vraiment une jungle tropicale de l’ancienne Terre…incroyable ! »
Marlon était d’accord avec la stupéfaction de Loki et ne put que regarder avec les yeux ronds le spectacle qui s’offrait à lui, Palkor n’étant pas en reste quant à la surprise éprouvée.
Luna, elle, reniflait avec insistance, le museau en l’air, son odorat bien plus développé que le leur devant lui apporter une pléthore d’informations différentes sur ce qui se trouvait dans cette jungle.
« Ok, on se prépare et on commence à avancer gentiment, Revenge, sinon on va prendre du retard. Mais bordel…c’est juste sublime ! »
Palkor activa en premier lieu la Sangsue de Disparition, et le voile translucide s’étendit au-dessus de leurs têtes, les cachant au reste de la vie présente dans les cavernes.
Marlon, lui, injecta une infime quantité de mana dans le Cartographe dont les Runes se mirent à briller par pulsations avant qu’il ne s’élève dans les airs, restant à proximité des deux jeunes gens mais commençant son travail de reconnaissance des lieux.
L’étape suivante fut de consulter la Sangsue Codex pour être certain qu’ils possédaient le matériel adéquat pour ce genre de biome. Il s’avéra que seules des lames bien tranchantes étaient requises pour récolter les ressources affiliées à ce biome, et aussi la capacité de faire du feu. Ils remplissaient donc tous les critères.
Marlon dégaina ensuite son épée puis vérifia que ses supports couverts de runes étaient bien prêts à l’emploi, savamment rangés dans différentes poches de sa tunique et tous tracés avec du sang d’Achaien. Quelques-uns avaient été tracés sur des morceaux de carapace, aussi bien offensifs que défensifs, mais la plupart étaient de simples parchemins, n’ayant pas assez de peau d’Achaien pour pouvoir n’utiliser que ce support.
Attachées à la ceinture qu’il portait, deux nouvelles pochettes avaient fait leur apparition, et le runiste se dit que bientôt il devrait investir dans une nouvelle tenue, avec beaucoup plus de rangements, car il arrivait à la limite de ce qu’il pouvait porter efficacement.
Dans ces pochettes, il y avait de petites lames propices au lancer ou à l’attaque rapprochée, et toutes les lames de chaque pochette était trempée dans un des deux poisons que Marlon avait créés.
Celle de gauche comprenait une vingtaine de lames trempées dans le Poison Paralysant qu’il avait mis au point quelques jours auparavant, à base de Tristalion. Il avait bien pris soin à disposer toutes les lames vers le bas et la pochette était bien faite, de petits compartiments de tissu permettant d’empêcher toute coupure accidentelle en y mettant la main.
L’autre contenait les lames trempées dans le Poison Hallucinogène, et était faite de la même manière que la première.
Il avait hâte de pouvoir essayer ces lames et de voir en direct les effets et la rapidité à laquelle ils agissaient sur les Achaiens, si c’était bien les créatures qu’ils croiseraient à cet étage.
Il tata ensuite délicatement la poche de poitrine de sa tenue dans laquelle il avait entreposé deux sachets prêts à l’emploi de Lambarde Cristalline. Ce serait les premiers qu’il essaierait, plus parce qu’il avait peur d’exploser avec eux que par impatience, même s’il en éprouvait un petit peu.
Il finit ensuite par sortir de son sac la Sangsue de Mana et il l’enfila délicatement, admirant encore une fois le design très clinquant de l’artefact et sa symétrie presque parfaite.
Il finit sa préparation et jeta un coup d’œil à Palkor, qui avait enfilé maintenant toutes les Sangsues dont il allait se servir. Il ne put identifier toutes celles qu’il portait, mais chaque doigt avait une bague gravée de runes, ses avant-bras comportaient chacun deux bracelets, l’un de couleur argentée, et l’autre d’un noir de jais semblant absorber la lumière.
Enfin, une ceinture faite de métal enserrait sa taille et était également recouverte de runes, qui pulsaient légèrement alors même qu’il ne les avait pas activés. Cela et la tenue d’exploration aux teintes marrons et rouges donnaient un air guerrier à l’Apprenti, ce qui arracha un sifflement d’admiration légèrement moqueur à Marlon.
« Tu aurais presque de l’allure comme ça, hahaha. A quoi servent toutes ces Sangsues, dis-moi ? »
Palkor leva les yeux au ciel en réponse à la provocation de Marlon mais il sourit tout de même, sachant que ce n’était que taquinerie de la part de son acolyte.
« Tu verras bien ! Mais ne t’inquiètes pas, tu ne devrais pas être déçu ! J’ai fini de me préparer, on peut y aller si tout est bon de ton côté également. »
Marlon hocha la tête et leva son épée, et tous deux commencèrent à s’enfoncer dans l’amas compact de végétation qui leur faisait face et semblait plein de vie et de mystère.
L’excitation envahissait le cœur des deux aventuriers, et ils ne pouvaient attendre quant aux merveilles qu’ils pourraient découvrir dans ce biome inconnu.
Il ne leur fallut cependant que quelques dizaines de minutes pour déchanter et commencer à maudire le biome humide et tropical auquel ils devaient se confronter.
Pour avancer, ils devaient dégager un chemin à la force du poignet et couper les nombreuses plantes et lianes leur barrant le chemin. La chaleur humide combinée aux efforts qu’ils devaient fournir pour pouvoir progresser dans la jungle épaisse faisait qu’ils transpiraient tous les deux abondamment.
Marlon et Palkor s’épongeaient presque sans arrêt le front pour éviter que leur sueur ne leur coule dans les yeux et ne trouble leur vision. L’apprenti, qui ne possédait pas de lame longue, mais deux poignards acérés, trouvait la tache encore plus compliquée car il n’avait pas l’allonge nécessaire pour être à l’aise dans ces travaux d’élagage.
Pour parfaire le tout, de nombreux insectes bourdonnaient dans leurs oreilles et certains s’aventuraient même sur leur peau pour les piquer et pomper un peu de ce sang frais.
Quand l’un d’entre eux arrivait à en écraser un ou deux, une dizaine d’autres faisaient leur apparition et venaient remplacer leurs défunts compagnons. La Sangsue de Disparition ne leur servait à rien contre ces insectes, et Marlon en vint à regretter qu’ils n’aient pas prévu un répulsif quelconque pour ces bestioles envahissantes.
Qui plus est, la sève de certaines lianes tombait sur leur peau, et certaines d’entre elles s’avérèrent très urticantes, des plaques rouges apparaissant sur les morceaux de peaux dénudés des deux aventuriers.
Excédés par cette flore, et fatigués par les conditions environnementales, ils s’arrêtèrent au bout de deux heures, lesquelles leur parurent en durer dix, au bas mot.
Ils dégagèrent un petit espace de toute végétation à la force du poignet, et ce furent deux aventuriers exténués et agacés qui s’assirent sur le tapis végétal de la caverne.
« Bordel, on ne peut pas juste y mettre le feu ? Tant pis pour les ressources, on aura juste à dire que c’est une caverne dévastée… »
Palkor était au bout du rouleau, et Marlon pouvait le comprendre. Malgré l’entrainement intensif auquel ils étaient soumis à Forgeciel, la combinaison des facteurs environnants était épuisante que cela soit sur le plan physique ou sur le plan mental.
Il se contenta donc de rire à la réplique de Palkor, mais celui-ci n’en avait pas terminé. Leur silence était ponctué de claques sonores censées exterminer les moustiques venant les délester de leur sang, et des grognements exaspérés sortaient de la bouche de l’Apprenti.
« Haaaaaa, c’est quoi cet enfer, sérieusement ! Ça me gratte absolument partout, et je dis bien PARTOUT. Je vais finir par m’arracher la peau ! »
Le runiste n’était pas en reste et se grattait furieusement à plusieurs endroits de son corps, certains lieux n’étant même pas censés être exposés aux piqûres !
N’en pouvant plus, Marlon sortit deux parchemins basiques et les activa, une aura de [Soin] s’invitant dans le corps des deux aventuriers. Aussitôt, ils ressentirent un soulagement non négligeable alors que les démangeaisons disparaissaient et que les plaques rouges douloureuses s’effaçaient presque instantanément pour laisser place à leur peau, intacte et dénuée de toute blessure ou brulure.
« On va essayer de se mettre un peu à l’aise, puis il va falloir qu’on trouve une autre technique pour avancer. On va s’épuiser en une journée si on continue comme cela. Et il ne faudrait pas que l’on tombe sur un Achaien. On ne voit même pas ce qu’il y a à dix mètres devant nous… »
Marlon rassura Palkor autant qu’il le put, son moral lui-même émoussé par cette progression lente au possible.
« Je confirme. Vous avez fait à peine deux kilomètres en deux heures. C’est très, très lent. Faîtes d’abord un feu, ça devrait éloigner les nuisibles. Et ensuite, tu es un runiste, non ? Trouve une solution basée sur des runes…je dis ça, je ne dis rien… »
Le runiste grogna devant le fait qu’ils n’avaient pas avancés tant que ça, et il se sentit également un peu stupide devant la réflexion de Loki. Il avait en effet tout ce qu’il fallait pour progresser dans cette jungle épaisse grâce à la magie…il se retint de se frapper le front de désarroi et se contenta de réunir des végétaux au centre de la micro-clairière qu’ils s’étaient aménagés avec Palkor.
Pour combler cette petite honte qu’il ressentait, il s’adressa à son acolyte, sur un ton sûr de lui.
« Allumons un feu. Ça devrait éloigner les insectes. Puis on verra si on peut trouver un meilleur moyen d’avancer dans cet enchevêtrement végétal. »
« Mais tu es vraiment… »
Ignorant les noms d’oiseaux que lui lança Loki, et le sentiment d’avoir totalement usurpé son compagnon, il fit un grand sourire à Palkor qui après un hochement de tête, l’aida à rassembler des morceaux de bois aussi secs que possible.
Loki lui pardonnerait.
Luna, elle, semblait être la seule totalement à l’aise dans ce décor d’enfer vert, et elle reniflait de tous les côtés, disparaissant derrière les arbres avant de revenir en bondissant et regardant son maître avec un regard plein de curiosité inassouvie.
Marlon alluma le feu en traçant une rune avec de l’encre classique sur un parchemin, et il regarda avec satisfaction la fumée épaisse s’élever du tas de végétaux, venant l’enfumer lui et son ami.
Ils s’assirent et mangèrent un morceau, burent quelques gorgées d’eau, et le runiste se rendit vite compte que malgré l’inconfort de la fumée qui leur piquait les yeux, les insectes venaient beaucoup moins prêt d’eux.
Lui et Palkor discutèrent pendant quelques minutes, se reposèrent une demi-heure, pendant laquelle Marlon réfléchit à une autre manière de progresser, puis remballèrent leurs affaires, prêt à repartir.
« Tu as déjà entendu parler de ce type de biome, Palkor ? »
« Oui, j’ai entendu parler de TOUS les types de biomes. Mais le fossé entre la théorie et la pratique est énorme. Sinon tu peux être sûr que j’aurais pris de quoi éloigner ces foutus moustiques ! »
« Je peux peut-être les éloigner plus efficacement, mais cela couterait encore plus de mana, et je ne suis pas sûr que cela soit une bonne idée alors qu’on ne sait pas réellement ce qui nous attend… »
Palkor regarda Marlon avec une lueur d’espoir dans les yeux, puis finit par secouer la tête en soupirant.
« J’aimerais vraiment te dire de le faire, mais tu as raison, la prudence avant tout…combien de temps mets-tu à remplir ta réserve de mana ? »
Marlon réfléchit pendant quelques secondes et finit par répondre d’un ton incertain.
« Si je la vide entièrement, une demi-journée. Si je fais des exercices d’absorption, deux heures. Mais c’est impossible dans un environnement aussi hostile, je suis trop coupé du monde extérieur pendant que je les fais… »
L’apprenti hocha la tête d’un air compréhensif.
« Oui, je sais. En utilisant les routines d’absorption, je peux remplir ma réserve en une heure, si elle est vide. Mais je suis une cible facile si je fais ça, tout comme toi. On verra si on peut se relayer, peut-être… »
Luna piétinait d’impatience et grognait pour presser les deux jeunes gens, tant et si bien que le runiste finit par lui dire :
« Luna, si tu veux aller explorer, libre à toi. Mais ne t’éloigne pas trop et reviens régulièrement vers nous. Si tu es attaquée, reviens vers nous aussi. Tu as compris ? »
La chimère rugit de joie quand son maître lui dit cela et vint se frotter à lui quelques instants avant de partir joyeusement et tel un boulet de canon dans les profondeurs de la forêt. Marlon comprenait ce qu’elle pouvait ressentir, après plusieurs mois enfermés dans l’Enclos.
Même s’il y avait de l’espace pour évoluer, ce n’était pas suffisamment stimulant, surtout pour une bête comme Luna. Très rapidement, il ne l’entendit plus, et il ressentit un pincement de pitié pour l’animal qui croiserait sa route. Il finirait sûrement en casse-croûte.
Telle était la loi de la jungle.
Le runiste sortit un nouveau parchemin, ayant réfléchit à ce qu’il pourrait faire pour faciliter leur avancement dans ce biome inhospitalier.
Il y traça avec du sang d’Achaien trois runes reliées ensembles et renforcées par une petite rune d’augmentation placées au centre des trois formes runiques. Il y avait les formes Terre, Mur et Souffle dessinées sur le papier, et le runiste prit une grande inspiration avant de commencer à projeter son intention plus intensément.
Il s’était rappelé une histoire vue dans le Musée du Souvenir sur Terre, une histoire liée à une ancienne religion disparue lors de la Révolution Technologique.
Un homme, dont le peuple était oppressé par un autre, avait un jour entendu la voix d’un Dieu qui lui avait donné l’espoir d’une Terre Promise. Après avoir rallié son peuple et propagé des plaies qui avaient convaincus le chef de ses oppresseurs de les laisser partir, ils traversèrent le désert, mais arrivèrent devant la mer. Une mer infranchissable, poursuivis par les esclavagistes qui voulaient leur mort.
Acculé, et prêt à se battre jusqu’à la mort, son Dieu s’adressa à lui et lui donna le pouvoir d’écarter les eaux pour permettre à son peuple de traverser et de semer leurs poursuivants.
Ce n’était bien sûr qu’une légende, mais cela avait donné une idée à Marlon.
Il figea donc son intention dans la forme voulue et y mit toute la volonté dont il était capable, activant le parchemin en y injectant un dixième de son mana.
Aussitôt le vélin s’embrasa et fut réduit en cendres, une aura couleur terre s’enfonçant dans le sol aux pieds du runiste.
Un tremblement naquit sous les deux aventuriers, et en à peine le temps d’une inspiration une vague de terre couleur ocre se souleva du sol et partit en avant, déracinant les arbres qui tombèrent sur le côté et agissant comme une lame de fond de terre qui écartait tous les obstacles sur son passage.
La forêt s’ouvrait devant les deux jeunes gens, comme la mer s’était ouverte pour cet homme dont la légende avait inspiré le runiste.
Le vacarme produit par ce glissement de terrain, cette vague terreuse, arracha une grimace aux deux aventuriers, le fracas des arbres s’écrasant se mêlant à celui des plaques de terre arrachant tout sur leur passage.
Des créatures ressemblant à de petits oiseaux s’envolèrent de la cime des arbres en poussant des pépiements indignés, leur tranquillité fauchée par ce tsunami de terre.
Une odeur de terre fraiche et d’herbe fraichement tondue monta aux narines de Marlon qui eut pendant un instant l’impression d’être cet homme dont les légendes parlaient.
Puis la vague disparut dans la terre au bout d’une vingtaine de mètres, et un chemin large comme deux hommes s’offraient à eux comme par magie, de nombreuses ressources n’attendant plus qu’à être ramassées sur le côté de cette plaie géante ouverte dans la forêt.
Seuls quelques arbres plus solides résistèrent à cette vague de terre, mais le chemin était tout de même largement plus praticable qu’auparavant.
Palkor regarda Marlon, sidéré, les yeux grands comme des soucoupes.
« Tu ne pouvais pas faire ça avant, sérieusement ?!?! »
« Je t’en prie. Vraiment, pas de quoi, Palkor. Ta reconnaissance est sans bornes… »
Les deux éclatèrent de rire et commencèrent à avancer, la Sangsue Codex s’agitant alors qu’ils se concentraient sur les diverses plantes arrachées devant eux et que des informations commençaient à s’afficher devant leurs yeux.
S’ils continuaient comme cela, et en prenant en compte que Marlon devait garder à tout moment plus de la moitié de son mana, ils avanceraient tout de même bien plus vite qu’auparavant, et récolteraient bien plus de matériaux tout en se fatiguant beaucoup moins.
La récolte s’annonçait fructueuse.
A une centaine de mètres de là, Deica, Talron et Narji se faufilaient avec aisance dans la forêt, utilisant une des Sangsues données par le professeur Maleterre et qui permettait de tuer les végétaux se dressant sur leur chemin.
Ils prirent bien soin de garder le silence pour ne pas se faire entendre par le duo, sachant très bien qu’ils avaient une mission à remplir. Ils les repéraient grâce à une Sangsue ressemblant à un orbe jaune permettant de repérer les signatures énergétiques telles que les Sangsue, permettant de passer outre l’écran d’occultation que leur fournissait la Sangsue de Disparition.
Maleterre leur avait promis un bonus pour leur examen d’Apprenti s’ils arrivaient à se débarrasser de l’étranger, Revenge. Et il avait largement sous-entendu que si quelque chose devait arriver au fils du Forgeur Céleste, et bien cela serait un signe du destin.
Vu la haine que le trio entretenait envers Palkor et l’immigré, ils n’avaient pas eu besoin de beaucoup d’arguments pour se laisser convaincre.
Le professeur leur avait d’ailleurs fourni plusieurs Sangsues bien au-dessus de leur rang, et Najri particulièrement se sentait fier qu’un enseignant respectable comme Maleterre lui confie une mission d’une telle importance.
Tout ce qu’ils avaient à faire, c’était d’attendre la nuit, que les deux aventuriers s’installent pour la nuit et alors ils leur tomberaient dessus, les massacrant sans pitié. Le pouvoir offensif dont ils disposaient serait difficile à contrer même pour un rang Or, alors deux simples rang Argent comme cers types, même s’ils étaient bons…ce serait une véritable partie de plaisir.
Ils chuchotèrent entre eux, mettant au point leur stratégie d’attaque, mais Najri dut calmer les ardeurs de ses deux camarades, qui montraient beaucoup d’impatience.
« Qu’est-ce qu’on attend ? Ils ne sont que deux, on est plus nombreux qu’eux, et on peut les écraser avec ce que nous a donné Maleterre ! »
« Oui, Najri, on peut le faire ! Ces types nous ont suffisamment emmerdés !»
« Taisez-vous, bande d’abrutis ! Déjà, ils ne sont pas deux, mais deux et un putain de tigre capable de bouffer l’un d’entre vous en quelques secondes. Ensuite, pourquoi se presser alors que dans quelques heures ils dormiront et que nous pourrons les massacrer sans nous fatiguer ? Et Maleterre nous a demandé de limiter l’affrontement et d’être discret. Quelle partie de tout ça vous ne comprenez pas ? Contentez vous d’écouter mes ordres au lieu d’essayer de la ramener ! Et n’oubliez pas que même si les Achaiens nous ignorent grâce au cadeau de Maleterre, nous ne sommes pas invisibles ! »
Talron et Deica baissèrent les yeux au sol, sachant que Najri avait raison, mais le stress de la situation faisait qu’ils voulaient y mettre fin le plus rapidement possible.
Ils ne revinrent plus le sujet et se contentèrent d’avancer progressivement, suivant toujours le groupe d’aventuriers qui se trouvait non loin d’eux.
Les heures s’écoulèrent, et ils maintinrent leur attention sur leur objectif, désireux de se débarrasser d’eux et de gagner les bonnes grâces de Maleterre.
Ils ignorèrent la sueur, les insectes, et les petites douleurs dues à cette escapade en jungle souterraine.
Ce qu’ils ne virent pas, par contre, c’était le félin tapi dans la végétation qui observait attentivement ces trois individus et se léchait les babines à l’idée de ce qui allait se passer, ne faisant pas un bruit, tel le prédateur qu’il se devait d’incarner.